Pau Ville anglaise
238 pages
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Pau Ville anglaise , livre ebook

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Description

Au XIXe siècle, la ville de Pau a connu un destin étonnant de station hivernale, attirant des touristes en provenance du monde entier. La réputation de son climat, bénéfique pour toutes les affections pulmonaires, lui procurait un premier type de clientèle. Mais la gamme extrêmement variée de sports, sa vie musicale, théâtrale, mondaine, permettaient à tous les autres de goûter un plaisir de vivre d’une qualité rare. Ces promenades historiques, à travers Pau, ville anglaise (car à l’époque de la reine Victoria, c’était la Gentry britannique qui donnait le ton), restituent au grand public l’ambiance d’un monde révolu et une matière de réflexion sur le poids d’un passé qui conditionne encore en partie la vie dans la capitale du Béarn, à la fin du XXe siècle.


Pau, ville anglaise, publié pour la première fois en 1979, était un ouvrage de référence devenu introuvable. Vingt ans après, Pierre Tucoo-Chala l’actualise en y adjoignant un nouveau chapitre pour une deuxième édition.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782824050799
Langue Français
Poids de l'ouvrage 59 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

9HSMIME*aaccdb+
TUCOO CHALA
P i e r r e T U C O O - C H A L A
PAU Ville Anglaise
PAU
RA095-B
Même auteur, même éditeur :
Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays. Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain Pour la présente édition : © EDR/EDITIONS DES RÉGIONALISMES ™ — 2010/2013 EDR sarl : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 CRESSÉ
ISBN 978.2.8240.0223.1 Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’amé-liorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.
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PIERRE TUCOO-CHALA
PAU VILLE ANGLAISE
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AVANT-PROPOS a première édition de ce livre remonte à 1979, vingt ans déjà et il BouleLvard des Pyrénées témoin plus vivant que jamais de l’époque de « Pau a paru opportun d’en faire une seconde, avec quelques retouches, en cette année 1999 marquant le centenaire de l’achèvement du ville anglaise », Boulevard débouchant sur le Palais d’Hiver, devenu le Casino Beaumont dont les travaux sont en cours d’achèvement. Ce destin étrange et passionnant d’une ville qui, de la fin des guerres napoléoniennes à 1914, est devenue un centre touristique international, à la fois climatique, sportif et mondain, de plus en plus cosmopolite, commence sous la Restauration. Si la venue de Lord Selkirk à Pau est un peu le fait du hasard, il n’en fut pas de même pour une Mrs Hay qui vint s’y établir vers 1823 comme nous l’apprend cette notice du journal le Mémorial des Pyrénées en date du 7 mars 1843 : é « Ué àé ’ûé àé àgàŝé ô ŝgûé, M Hày vé é ôû â Pàû, é 3 é cé ôŝ, àŝ û ágé àŝŝéz àvàc. Eé à ïxé àŝ ôé vé épûŝ pûŝ é vg àŝ, é ŝ’y à à àppcé pà ûé gàé bô é cœû é ûé ôûé é ûàŝ ààbéŝ. Aûŝŝ béàûcôûp ’àbàŝ ŝé ŝô-ŝ épéŝŝŝ é ŝé jôé â ŝéŝ ôbéûx côpàôéŝ û, ŝàé, û ô éû éŝ ééŝ évôŝ. U éŝ é éŝ é M Hày â à écôàŝŝàcé û pàyŝ, c’éŝ ’àvô pûŝŝàé côbû â û àŝ ôŝ ûŝ ûé bàé côôé Bàûé. éŝ Agàŝ ôûvàé é côŝàé céz éé û àppû é û àccûé épéŝŝŝ. M Hày àŝŝé éûx ïéŝ, û éô ŝàŝ ôûé é ’ààcéé ûé éû èé àvà vôû àû Bà ». Débuts timides semble-t-il de la station mais qui devient à la mode dans les années 1838-1842 marquées à la fois par la publication du traité du Docteur Taylor et la venue de Mrs Ellis et de Miss Costello dont les livres eurent également une influence certaine sur son essor. La preuve en est fournie par la plus ancienne statistique dont nous disposons grâce auMémorial des PyrénéesNous publions ci-après le recensement de ladu 2 janvier 1848 : « population étrangère de Pau, au 31 décembre 1847. En le rapprochant de celui qui avait été fait à la fin de 1846 et que nous reproduisons également, on trouve que le nombre d’étrangers qui sont venus passer l’hiver dans notre ville a augmenté de 64 : 1847  Maîtres DomestIques Tota Fàçàŝ 149 84 233 Agàŝ 199 135 334 Eŝpàgôŝ 23 6 29 Aéàŝ 2 » 2 Acàŝ 6 2 8 Sûŝŝéŝ 13 10 23 Pôôàŝ 11 3 14 Bégéŝ 1 » 1  404 240 644
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Fàçàŝ Agàŝ Eŝpàgôŝ Sûŝŝéŝ Acàŝ Bégéŝ àéŝ Pôôàŝ
1846 Maîtres DomestIques
140 149  36  17  5  7  6  16
 86  88  13  7  5  3  »  3
Tota
225 237  49  24  10  10  6  19
 376 105 580 er Il faut ensuite attendre le 1 décembre 1851 pour disposer d’un autre do-er cument, une liste des étrangers présents au 1 décembre. Elle ne s’intéresse qu’aux maîtres et permet d’en comptabiliser 330 dont 150 Anglais et 80 Français.Ainsi les Français non Palois étaient considérés comme des étrangers au même titre que les Allemands (bien distingués dans cette brochure des Prussiens), les Polonais, étranger étant l’équivalent d’hivernant. J’ai moi-même établi les statistiques pour les années 1877-1878. Pourquoi dans ces conditions retenir l’expression « Pau ville anglaise » ? C’est parce qu’ils donnèrent le ton à la station d’hiver, y imposèrent leur genre de vie, et tout particulièrement la pratique des sports au point que slogan e « Pau reine des sports » s’imposa au début du XX siècle. Ces Anglais même quand ils furent débordés numériquement par les Français et financièrement par les Américains, s’installèrent chez nous selon des principes équivalents à ceux mis en pratique par les sujets de Sa Majesté, sous toutes les latitudes, e au XIX siècle, en y transposant leur modèle de société. Convaincus, à juste titre, de leur supériorité dans tous les domaines, et tout particulièrement en celui de la sociabilité, ils apprirent aux indigènes — la presse paloise d’alors employait ce terme sans aucun complexe — et aux autres membres de la colonie hivernale les règles du savoir-vivre, pendant laseasonmême tout, et au long de l’année pour ces familles anglo-béarnaises qui avaient fait de no-tre province leur seconde patrie. Dans ces conditions il semble utile dans un ouvrage destiné au grand public point nécessairement au courant des recherches récentes sur la société victorienne, de tracer, en avant-propos, un rapide tableau du genre de vie des groupes sociaux moyens et supérieurs disposant des revenus suffisants pour venir passer l’hiver à Pau depuis l’An-(1) gleterre, l’Écosse ou l’Irlande .
*** Victorieux de la France napoléonienne, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande a connu un essor extraordinaire dans tous les domaines sous le règne de Victoria (1837-1901). Quelques chiffres suffiront à le démontrer :
1. Pôû pûŝ é àŝ ŝû céé ûéŝô vô Môcà CHAROT, Rôà MARX,La socîété vîctorîenne, Pàŝ, Cô, 1978.
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Mŝ Eŝ. Djâ côûé é Agééé côé éé é ééŝ é côé pôûŝé ’û ŝŝôàéû véà é ŝé ŝgûé é Pôyŝé, Mŝ Eŝ à pôŝ pôû é péé P.-A. Gàûgû â à véé é ŝô vôyàgé é Bà. À pà é céé ôé W. Hà à gàv é éŝŝ ûé ôûŝ épôûŝôŝ àvéc ’àûôŝàô é à Nàôà Pôà Gà-éy é ôéŝ. Dèŝ ŝô àvé Mŝ Eŝ àppé pà é côàŝé éé à àûé ’ûé ààbé jéûéŝŝé é ’pûŝéé é céàŝ ààéŝ véûŝ â Pàû àŝ û éé éŝpô : é ééà à é ôé àvé â Pàû ôûŝ Ûéŝ ŝûpŝ àû ôé é ôé péèé pôéàé é vô… àû û é â éŝûéûé é jôû àvàçà, ûé àé’Agàŝ éŝpécàbéŝ é gàŝ ŝé péŝŝà é écô ’û céà éôûŝébàèŝ àà (Cé Pàc û cáéàû)… Cé àŝŝébéé và éŝ péŝôéŝ àééŝ ’ûé àbéŝŝé gèé â à ààé ŝàŝ éŝpô ; ô éŝ vô ŝé càûfà àû ŝôé, ŝ’àppûyà ŝû éŝ bàŝ é céûx û àûàé vôûû, ŝ céà à pôŝŝbé, éŝ ààcé â à ôbé. C’éŝ û ŝpécàcé àcôûé, bé ûé jôûŝŝà ŝôûŝ céàŝ àppôŝ, é écôé céé càgôé é ôŝ ŝébàbéŝ àŝ û é cô, àcôûé àvéc é côàŝé éé éŝ ŝgéŝ ’ûé vé é vôé é pŝŝéé àppàé àŝ é côpŝ ûà àvéc ’àéû, à céŝŝé, ’éxûbàcé ’û pàyŝàgé ŝôûà ôû àûôû. Côbé  éŝ àcôûé é vô é ààé ŝôàé û à éŝ cé pàŝ côé ŝ’ éŝŝàyà ’vé ŝô éé ôé ôû é pôûcàŝŝé é àé é à ŝà û vé ôûjôûŝ ŝô éé. E àcôûé àûŝŝ é vô éŝ ééŝ ééé céŝ, éŝ pôûŝéŝ, éŝ ïéŝ, éŝ ŝœûŝ û ŝô véûéŝ â, péû-êé, pôû ôû. Màŝ ’àûé pà c’éŝ û ŝpécàcé ûé ’ô é ŝàûà côépé ŝàŝ éŝ ŝééŝ é gàûé é é jôé ûà ô péŝé û’ éxŝé ûé éé éé àccéŝŝbé â à é péŝôéŝ véûéŝ ’àéûŝ… D’û c ô vô c à Làé é à ŝà, é pàŝ ŝôé, é éôûvéàû ŝûccà â ’àŝpéc àà, ’û àûé c ô vô éŝ vêééŝ é éû ôû û ŝôàé àlg pôû ôûŝ é ûé ôû à  và ».
sans tenir compte des millions d’émigrants la population passe d’un peu plus de 18 millions en 1841, à 37 en 1901 ; en une quarantaine d’années la richesse nationale est doublée. L’Angleterre est à l’avant-garde de la techno-logie provoquant la révolution industrielle : chemin de fer, voies navigables, construction du tube londonien (le premier chemin de fer métropolitain
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souterrain), duCristal Palacedont l’ossature de fer et de verre inspira toute l’architecture fonctionnelle et une part de l’art 1900 (jusques et y compris lePalmarium du Palais d’hiverde Pau), de navires en fer propulsés par hélice, progrès décisifs en agriculture (mécanisation et sélection des races). La rénovation des techniques commerciales suit également : de l’invention du timbre-poste aux annonces publicitaires en passant par les sociétés anonymes à responsabilité limitée permettant à de hardis capitalistes de se lancer dans les affaires sans risquer la ruine de leur famille en cas de faillite. La fameuse exposition universelle de Londres en 1851, voulue par le prince Albert, mari de Victoria, démontra au monde entier que l’Angleterre, atelier du monde, avait une avance technologique énorme dont leCristal Palaceédifié pour la circonstance devint le symbole. Cette politique d’investissements financiers (laCity avec ses banques et ses compagnies d’assurance domine le marché financier mondial et la livre sterling acceptée directement par tous les commerçants palois sert de base aux échanges internationaux) et de matière grise, entraîne un enrichissement prodigieux qui a des conséquences directes sur le tourisme.Avant 1789, seule l’aristocratie des grands propriétaires terriens pouvait venir longuement sur le Continent, organiser pour ses enfants leGrandTour(avec pour pôles d’attrac-tion la France, de Paris à la Méditerranée, et l’Italie) complément indispensable de leur éducation. Désormais la bourgeoisie peut participer à ce qui devient une véritable ruée sur l’Europe occidentale, surtout quand les chemins de fer permirent plus commodément de gagner les Pyrénées en quelques dizaines d’heures. À partir de 1860, Thomas Cook, et bien d’autres émules, propo-sent des tours à des prix très abordables pour ceux qui savaient profiter de l’expansion. En 1878 quand Paris organisa une exposition universelle, Cook draina dans la capitale française 75.000 visiteurs d’outre-Manche. Le tourisme prend donc une allure de phénomène de masse, portant sur des milliers d’individus ; toutes les activités tournées vers ce secteur connurent au e milieu du XIX siècle unboomà celuiproportions gardées, comparable, toutes que nous avons vécu après la Deuxième Guerre mondiale. Des raisons mé-dicales renforçaient ce besoin de migration : la tuberculose faisait des ravages terribles et seul un changement de climat, vers des pays plus chauds, semblait susceptible d’adoucir, sinon de guérir, ces terribles affections pulmonaires. Dans ces conditions, même des familles relativement peu aisées n’hésitaient pas à mobiliser leur argent pour tenter de sauver un être cher. Au même moment lecomfortfaisait des progrès foudroyants outre-Manche. Par exemple l’eau courante était rare en 1840 dans les maisons ; dès 1870 une salle de bains est indispensable dans une demeure aisée ; l’éclairage au gaz encore réservé aux immeubles de bonstandingvers 1880 se retrouve dans les habitations de la petite bourgeoisie en 1890 ; le tout-à-l’égout, les W.C. se multiplient également. Dans ces conditions les touristes anglais sont difficiles : pour les retenir il faut faire des investissements et progresser sans cesse. À ces installations assurant une hygiène de base, il faut ajouter : salles
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de billards, fumoirs, salons de lecture, de musique, sans oublier une abondante décoration florale. Partout, pour attirer la clientèle, surgissent des hôtels aux noms révélateurs d’Angleterre, BristolpuisVictoria. En hôtel ou en appartement, les Britanniques solidement appuyés sur leur livre sterling « la plus puissante des artilleries », note le caricaturiste Bertall dans son chapitre consacré à Pau ville anglaise en 1875, imposent leurs goûts. Strictement hiérarchisée, la société victorienne avait élaboré des schémas, des règles de bonne conduite répandues par de multiples magazines enseignant l’art de tenir sa maison, sa famille, son jardin. Il existe toute une littérature de ce type, duBook of good Societyd’Isabella Beeton (vendu à 60.000 exemplai-res l’année de sa parution en 1861 après un succès déjà considérable sous forme de feuilleton-supplément de l’English woman’s Domestic Magazineen 1859-1860) à l’Etiquette of good Societyde 1893. Quelques thèmes principaux définissent aux yeux de tous les règles de la respectabilité, en fonction de son rang social découlant directement de sa fortune. Retenons-en trois principaux et voyons comment ils furent appliqués à Pau : la domesticité, l’ordonnance des repas, l’habillement féminin. Une véritable dame se doit de diriger sa maison, sans jamais s’abaisser elle-même au moindre travail ménager. Elle dispose donc d’une petite armée de domestiques dont le nombre sera proportionnel aux ressources de son mari. À partir de 150 livres annuelles une bonne à tout faire s’imposait, plus une jeune servante. Si vous disposiez de 500 livres de revenus c’eût été déchoir que de ne point avoir en plus une cuisinière (chargée de faire les achats au
« é « Sôé é Pàû », ôgàpé ŝàûé é Côûôûy pûbé àŝ é Fûé », éx-« Jéà û  » û 2 à 1867. Cé ôcûé à ïgû àŝ ’éxpôŝô Pàû vé àgàŝé û Rôàŝé â à Béé Épôûé (vô cààôgûé, p. 81).
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marché et d’en rendre compte à sa maîtresse) et une bonne d’enfants. À partir de 750 livres, les domestiques masculins font leur apparition ; ils sont aussi nombreux que les servantes à 2 ou 3.000 livres avec 8 hommes (maître d’hôtel, valet, cocher, 2 palefreniers, valet de pied, 2 jardiniers) et 8 femmes (dame de compagnie, cuisinière, 2 caméristes, nurse, bonne d’enfant, aide-cuisinière, blanchisseuse). Au sommet de l’échelle de la fortune (à partir de 4 000 à 5 000 livres) une véritable petite armée de 13 hommes et 11 femmes était sous les ordres de la maîtresse de maison. Les Palois ont rapidement compris l’ampleur du marché du travail ainsi ouvert. Certes tous les hivernants n’avaient pas des demeures assez vastes et des fortunes suffisamment importantes pour entretenir comme chez les Hutton 40 personnes au service de 5, mais hôtels, pensions de familles, se devaient d’avoir une profusion de personnel, et la majorité des hivernants installés dans des appartements recrutaient au moins une bonne et une cuisinière. Une savoureuse caricature de Coutouly, datée du 2 mai 1867, donne une idée de cette véritable foire aux domestiques provoquée par l’arrivée des British. La scène est dominée par un baromètre, dont l’aiguille est bloquée au Beau fixe, encadré par la formule touristique par excellenceLe Soleil de Pau. Ce dernier porté par deux angelots prend la forme d’une pièce de 20 francs. Avec des bouquets d’arbres comme toile de fond, la scène principale montre au centre un couple venu d’outre-Manche, pour le moins caricaturé, entouré par une foule d’indigènes ayant revêtu leurs plus beaux atours, multipliant leurs courbettes dans l’espoir d’obtenir un engagement ; pour attirer le chaland, même un chien fait le beau devant deux jeunes filles dans leur costume du dimanche, pendant qu’un notable à la dernière mode Napoléon III contemple la scène d’un air dédaigneux. En bas la devise de la cité d’Henri IV (« la défense de la ville et de ses habitants ») s’enroule autour d’un écusson où les armes de la cité ont été remplacées par une autre formule clef :Appartements au Midi. On n’aurait su mieux figurer la transplantation dans notre région de cette manie de la domesticité de la société victorienne, souvent même au-delà des besoins réels, pour tenir son rang. Le grand repas de cérémonie obéit de plus en plus à des règles fondamen-tales dominées par la surabondance des mets proposés, avec l’application d’un principe essentiel : chaque service doit présenter le même type de nourriture sous deux formes de préparation. Par exemple il faut deux pota-ges ; l’un clair ou consommé, l’autre épais ou en purée. Pour les poissons, le convive aura simultanément ou successivement le choix entre des poissons frits, bouillis ou grillés.Venait ensuite le couple viande-volaille et gibier, avec en général deux légumes d’accompagnement. Pour terminer, les entremets étaient sucrés et non sucrés ; les sorbets s’opposaient toujours aux glaces à la crème. Les plateaux de fruits clôturaient ces agapes, autant rite que repas, e et vers la fin du XIX siècle, 8 plateaux pour 18 convives était la règle. Quand l’Hôtel Gassionà Pau fait figurer sur ses réclames cuisine anglaise, quand on
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