Au-delà des mers : Tome II : 1815-1831
98 pages
Français

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Au-delà des mers : Tome II : 1815-1831 , livre ebook

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Description

Ce deuxième tome couvre les années 1815 à 1831. Cet ouvrage n’est pas à proprement parler un livre d’histoire. C’est à travers la vie simple de Gaspard Dufourg, arpenteur, que l’on découvre l’histoire de l’Ile de la Réunion, tour à tour Ile Bourbon puis Bonaparte. Gaspard Dufourg, maintenant bien implanté dans l’île, y a fondé une famille. Il traverse les années de tumulte qui suivent l’occupation anglaise, les épidémies et les cyclones, les tiraillements entre petits possédants et grands planteurs, l’esprit naissant d’une liberté, celle des esclaves bien sûr mais aussi celle de la presse et des idées nouvelles avec la création des Francs-Créoles. Celle aussi des procès qui resteront dans l’histoire tel celui de Furçy ou l’arrivée des engagés, cette nouvelle forme de travail, afin de remplacer la main-d’oeuvre dans les champs de cannes par des familles entières venues d’Inde principalement ou de Chine. Gaspard Dufourg verra également naître de grandes idées de progrès industriels avec les prémices d’un grand port ou le futur tracé d’une ligne de chemin de ceinture afin de desservir les bourgades le long du littoral ouest, ses habitants et leurs diverses productions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312133621
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Au -delà des mers
Arnaud Mora
Au -delà des mers
Tome II : 1815-1831
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
Le Messie
Au-delà des mers – Tome I – 1782-1815
Sauveteur en mer
Crédit de couverture.
© François Chandellier , Plan de la ville de Saint - Denis (détail), 1808, Archives nationales d’outre-mer, fonds du Dépôt des fortifications et des colonies, Réunion .
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-13362-1
Avant-propos
Ce deuxième tome couvre les années 1815 à 1831. Cet ouvrage n’est pas à proprement parler un livre d’histoire. C’est à travers la vie simple de Gaspard Dufourg, arpenteur, que l’on découvre l’histoire de l’Ile de la Réunion, tour à tour Ile Bourbon puis Bonaparte. Gaspard Dufourg, maintenant bien implanté dans l’île, y a fondé une famille. Il traverse les années de tumulte qui suivent l’occupation anglaise, les épidémies et les cyclones, les tiraillements entre petits possédants et grands planteurs, l’esprit naissant d’une liberté, celle des esclaves bien sûr mais aussi celle de la presse et des idées nouvelles avec la création des Francs-Créoles. Celle aussi des procès qui resteront dans l’histoire tel celui de Furçy ou l’arrivée des engagés, cette nouvelle forme de travail, afin de remplacer la main-d’oeuvre dans les champs de cannes par des familles entières venues d’Inde principalement ou de Chine. Gaspard Dufourg verra également naître de grandes idées de progrès industriels avec les prémices d’un grand port ou le futur tracé d’une ligne de chemin de ceinture afin de desservir les bourgades le long du littoral ouest, ses habitants et leurs diverses productions.
Tous les personnages et les lieux qui apparaissent dans cet ouvrage sont inspirés de faits réels. Je me suis attaché à retranscrire l’histoire de mon héros dans l’Histoire, la grande. Que les lecteurs me pardonnent par avance s’ils trouvaient tout de même des incohérences de date ou de lieu.
La canne à sucre
On en voyait maintenant partout. Mon beau-père aurait dit « culture facile, mais qui ne nourrit pas son homme ». Il aurait eu raison, la culture de la canne à sucre se développait mais par contre l’île ne pouvait plus subvenir à ses besoins alimentaires. Au dernier recensement, nous étions plus de soixante-huit mille habitants. Effrayant, comment allions-nous nourrir tout ce monde ? J’en étais là de mes pensées quand j’arrivai à la case, notre modeste maison sur le chemin de la Source, ce lieu-dit qui était jadis dans les écarts de la ville et qui était maintenant rattrapé par la culture intensive et l’urbanisation galopante. Le petit ruisseau qui partait de la retenue d’eau un peu plus haut et qui alimentait les fontaines des jardins du Roy ainsi qu’une partie de Saint-Denis en eau courante était maintenant canalisé. Les anciens potagers du gouverneur un peu plus bas n’existaient plus, remplacés par des habitations. Les magasins des Ingénieurs du Roi avaient également pris place en cet endroit. Seul subsistait encore le petit cimetière sur la côte, la batterie et le camp des Noirs d’État, ceux qui servaient le Gouverneur. Et en face de chez nous, il y avait de la canne, toujours de la canne, à perte de vue jusqu’aux contreforts des pentes de Saint-François, à croire que l’on allait se nourrir de sucre à présent ! On apercevait encore de loin en loin quelques champs de café ou de giroflier voire de coton et quelques potagers mais ils se faisaient de plus en plus rares.
– Gaspard, te voilà enfin !
– Bonsoir Marie.
– Bonsoir mon aimé. Je n’ai pu rapporter du marché qu’un pauvre paquet de brèdes, il n’y avait plus de lard ni de volailles. Il nous reste bien quelques pois mais nous n’irons pas loin avec ça.
– J’ai entendu dire qu’un bateau devrait arriver avec des vivres, principalement de la viande salée et des biscuits de mer. Au moins, ils pourront nourrir la garnison et les milices en espérant que cela ne fasse pas se soulever la population parce qu’on y est presque, à l’insurrection ! Ils parlent également d’une distribution à la population sous le contrôle d’hommes en armes, qui devrait avoir lieu sur la place devant le palais du Gouverneur.
– Je suis inquiète, il ne nous reste qu’un quart du bac de farine et le potager ne donne pas grand-chose non plus en cette saison. Si toutefois ces bateaux tant promis arrivent, qui va recevoir à manger ? Je ne crois que modérément à la distribution au peuple et dans tous les cas, tu le sais, nous n’aurons pas de quoi tenir bien longtemps même avec quelques biscuits militaires ou des salaisons. Il faudrait de nombreux bateaux pour nous nourrir tous.
– Nous allons prendre les devants, Marie et ne compter comme toujours que sur nous-mêmes : demain, je pars à la chasse ! Jean-Baptiste prendra la mer de son côté en profitant de l’absence de houle australe. Espérons que nous aurons un peu de gibier ou du poisson… Vu la disette qui guette, le Gouverneur a levé les interdictions de chasse et de pêche afin de ne pas se mettre la populace à dos.
– Je vais voir de mon côté si je ne peux pas trouver des brèdes sauvages ou quelques baies. Cela me rappellera mon enfance quand nous partions avec maman dans la montagne ramasser ce que nous trouvions. Je compte bien revenir avec un panier plein et faire quelques réserves.
– Fais attention, je ne suis pas tranquille de te savoir seule dans les hauts. Si tu vois le temps se gâter dis-je en regardant le ciel pour l’instant d’un bleu intense, tu reviens au plus vite te mettre à l’abri.
– Je resterai sur le sentier de Saint-François et rentrerai avant la nuit, dit-elle avec un sourire et puis on n’est pas encore à la saison des pluies, une simple averse ne me fait pas peur.
– Prends un sabre au moins dis-je sans pouvoir masquer mon inquiétude.
– Je ne suis plus une enfant, Gaspard, et tu sais que je m’y connais pour me défendre.
– Il y a beaucoup de maraude en ce moment, les gens ont si faim ! Je m’inquiète Marie, voilà tout. Ils en voudront plus à ton panier qu’à ta vie.
– En restant sur les grands chemins, la milice sera là, n’aie aucune crainte pour moi.
Néanmoins partout ce n’était que début de famine, de pauvres bougres se battaient pour une miche de pain noir quand la paroisse distribuait ce que l’on avait pu faire cuire avec le peu de farine qui restait. Les paysans des hauts ne venaient au marché qu’avec de maigres récoltes et le Gouverneur , malgré ses demandes incessantes, ne parvenait pas à obtenir de l’aide. Comme toujours, nous étions les parents pauvres des Mascareignes , un coin de France isolé de tout. Aucun bateau n’était venu nous apporter quoi que ce soit depuis des mois et les Anglais de l’île voisine, devenue l’Île Maurice depuis que nous avions perdu ce bout de France , ne nous étaient pas d’un grand secours. Ils devaient être dans les mêmes conditions que nous sûrement. Les rares embarcations qui abordaient en ces temps difficiles n’étaient pas mieux loties et les marins réclamaient eux aussi de quoi se ravitailler. Je me demandais comment nous allions faire dans les jours qui venaient. Certains parlaient d’émeutes dans le sud où à Saint - Pierre un magasin avait été dévalisé par une foule enragée et comme l’intervention de la milice n’avait pu empêcher le pillage il avait fallu faire donner l’armée. Nous attendions avec impatience la nouvelle saison des récoltes et les pluies à venir en espérant échapper à un cyclone qui finirait par nous laisser morts de faim. Il nous restait bien nos deux poules, fort chétives elles aussi, elles ne donnaient plus d’oeufs, allait-t-il falloir les sacrifier en dernier ressort ? Je rentrai dans notre case et me dirigeai vers notre garde-manger pour contempler tristement les étagères vides quand j’entendis notre voisin appeler depuis le perron de la varangue. Je sortis et allai à sa rencontre.
– Bonjour Ursule.
– Gaspard, comment vas-tu ?
– Comme nous tous je suppose, un creux à l’estomac et pas grand-chose pour le remplir.
– C’est notre lot à tous mais il y a bien pire dit-il en hochant la tête.
– Quoi donc ?
– Les gens de maison et les travailleurs quoi, sans parler de ceux des champs.
Ursule ne parlait que par courtes phrases et sans jamais pouvoir prononcer le mot exact de la condition des êtres qu’il évoquait.
– Les esclaves ?
– Oui répond-il, ils sont les derniers à recevoir de quoi manger.
– Que pouvons-nous faire ? Le Gouverneur est-il au courant ?
– Tu connais les autorités, même après le départ des Anglais, elles sont aux ordres des grands propriétaires. Alors la condition de ces gens…
– Je vois. Mais vu la valeur mobilière de ces Noirs, les grandes familles seront je pense les premières servies si un bateau accostait enfin notre île. Ils ne peuvent se permettre de perdre leur main-d’oeuvre et c’est un cercle vicieux, pas de travailleurs dans les champs, pas de récolte et pas de récolte, pas de nourriture.
– En attendant, il y a parait-il, entre autres, une dame qu’Annick a rencontrée et qui leur vient en aide du côté de l’Est. Nous n’avons pas grand-chose mais on a donné un petit peu.
– Et tu viens me voir pour que je participe, c’est ça ?
– C’est comme tu peux Gaspard mais je connais tes convictions.
– Tu ne te trompes pas et je suis sûr que Marie serait d’accord. Nous n’avons pas grand-chose, le seul moyen c’est de partir dans les hauts chercher quelques baies sauvages, un peu de chasse ou alors la pêche. Je vais accompagner Jean-Baptiste en mer dans les jours qui viennent, il est bon marin, il possède une embarcation, espérons que le poisson soit au rendez-vous. En attendant, demain je pars chasser. Je te promets de donner une partie de nos prises, ils pourront faire au moins une marmite.
– Je vais à la chasse aussi et Annick part dans les hauts, allons-y ensemble si tu veux.
– Marie y va aussi, dans les hauts, comme beaucoup, retrouvons-nous ici si tu veux, demain juste avant l’aube.
– Ma femme les rejoindra et nous verrons bien, Gaspard, en espérant que cette période de pénurie ne dure pas. C’est en

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