Corse : la fin des mythes
303 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Corse : la fin des mythes , livre ebook

-

303 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Vous ne trouverez rien dans ce livre sur le FLNC, les enquêtes inachevées, l'affaire Erignac, la dérive mafieuse... mais tout sur les mythes qui ont fait la Corse et qui, maintenant, la défont. La Corse indépendante, pourquoi pas ? Mais pas pour de mauvaises raisons ! La question corse est ballottée depuis des décennies entre mythes et calculs pour le plus grand profit de quelques-uns. Non, la Corse ne fut pas privée de son indépendance ! Non, elle ne fut pas une colonie ! Non, les Corses ne furent pas sacrifiés délibérément en 14-18 ! Se fabriquer un passé mythique c'est surtout se défausser, éviter de penser un avenir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2008
Nombre de lectures 129
EAN13 9782336260105
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296055391
EAN : 9782296055391
Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland
Série « Globalisation et sciences sociales » dirigée par Bernard Hours
La série « Globalisation et sciences sociales » a pour objectif d’aborder les phénomènes désignés sous le nom de globalisation en postulant de leur spécificité et de leur nouveauté relatives. Elle s’adresse aux auteurs, dans toutes les disciplines des sciences humaines et sociales, susceptibles d’éclairer ces mutations ou évolutions à travers des enquêtes et des objets originaux alimentant les avancées théoriques à réaliser et les reconfigurations disciplinaires consécutives.
Ouvrages parus
Michel ADAM, L’Association image de la société. Le modèle associatif et ses enjeux, 2008.
Romain GRAËFFLY, Logement social et politique de nondiscrimination en Europe, 2008.
Bruno THIBERGE (Sous la dir.), La question des compétences sociales et relationnelles, 2007.
Anne PINOCHE-LEGOUY, Le Souci de la dignité. L’appel silencieux des aînés dépendants, 2007.
E. BAUMANN, L. BAZIN, P. OULD-AHNIED, P. PHELINAS, M. SELIM, R. SOBEL (sous la dir. de), La Mondialisation au risque des travailleurs, 2007.
Daniel IAGOLNITZER, Le droit international et la guerre, 2007.
Pierre GRAS (Sous la dir.), Histoire(s) de relogement, 2007.
Pascaline GABORIT (Sous la dir.) Les Hommes entre travail et famille, 2007.
Pierre TEISSERENC, Nilton MILANEZ, Sônia Barbosa MAGALHAES (sous la direction de), Discours, savoir et pouvoir dans le Brésil contemporain, 2007.
Corse : la fin des mythes

Marc de Cursay
Sommaire
Page de Copyright Questions Contemporaines Page de titre Epigraphe Avertissement Introduction - Le mythe de la dette et l’angoisse de ne pas être A la recherche de la nation corse La langue, enjeu de libération ? La Révolution de Corse, phare des Lumières ? Paoli, quel père pour quelle patrie ? Conquête coloniale, vraiment ? D’un Corse empereur à l’Empire corse La guerre de 14-18, un mythe Janus Ah ! Le bon temps des colonies ! Résistance et question juive, le département exemplaire La vieille tentation du repli identitaire Chute de la maison Corse et travail de deuil La contamination des mythes Sortir du dernier mythe Conclusion Pourquoi la mayonnaise n’a pas pris ANNEXES BIBLIOGRAPHIE
Il faut que l’historien, démêlant cette confusion, se prononce contre la voix publique et lui fasse avouer l’erreur
Augustin Thierry, Lettres XIX sur les communes d’Amiens, de Soissons et de Sens, in Lettres sur l’histoire de France, 7è éd. Just Tessier, 1842
Avertissement
La lecture de cet ouvrage va peut-être irriter, déranger ou même scandaliser car il met à mal beaucoup d’idées reçues et de mythes. Pourtant il ne faut pas entendre ce terme de façon systématiquement négative. Un mythe n’est pas nécessairement faux. Il peut être le souvenir d’événements réels, en tout ou partie ; il est surtout l’histoire de ce qu’une communauté a retenu de l’événement ou l’enseignement qu’elle en a tiré. Néanmoins, il peut être aussi le résultat d’une construction idéale permettant à une communauté de se définir par rapport à une origine afin de se supposer un destin.
Dans le cas de la Corse, je me suis plus attaché au dévoilement des mythes qu’à reconstituer l’histoire de leur émergence ou de leur fabrication pour une raison simple : ces mythes sont récents, leur motivation est souvent claire. Pour en citer un, le mythe du sacrifice des Corses dans les batailles de la Grande Guerre fut d’abord magnifié pour souligner l’adhésion sans restriction des Corses à la France, s’agissant d’une province annexée depuis peu et conservant des caractéristiques typées. Cette vision a été paradoxalement renforcée par le retournement qui en a été fait depuis une trentaine d’années revenant ainsi aux racines même du corsisme politique de l’entre-deux-guerres, à savoir que le sacrifice consenti est désormais présenté par les plus déterminés parmi les corsistes comme un sacrifice subi.
Nous le verrons, tous ces mythes tournent autour du sacrifice d’une région présentée comme une colonie. Pour enfoncer le clou, nos champions de la victimisation ratiocinent au sujet des railleries ou des moqueries touchant les Corses en butte à un racisme anti-Corse larvé, moqueries qui affectent pourtant d’autres régions, que l’on pense aux Bretons têtus, aux raides Alsaciens ou à la pingrerie supposée des Auvergnats, railleries « anti-corses » que, sans pudeur, d’aucuns assimilent à l’anti-sémitisme. Tous ces mythes ont une fonction politique qui saute aux yeux. Nous sommes en face d’un essai de construction d’une histoire fondatrice d’un projet de séparation, à la manière de ces divorces où les couples accumulent les postures victimaires et les griefs pour alimenter le ressentiment. Dès lors que ce dévoiement paraît préjudiciable à une exacte appréciation de la réalité corse et, par conséquent, à l’élaboration d’un véritable projet pour la Corse, ce projet fût-il celui de l’indépendance, il devenait nécessaire, tant qu’il est temps, de dénoncer ces illusions. La posture victimaire pétrifie la réflexion sur un passé reçu comme une malédiction et une dette inextinguible, ce qui amène les intéressés à ne pas réellement se poser la seule question qui vaille, celle de l’être.
C’est la question sur l’être qui permet de construire un destin pour la communauté ; c’est en sachant quel est mon point d’attache ultime que je reconnais le choix que je dois faire au regard du destin de l’île. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, je puis m’interroger sur ses conditions de développement, la question institutionnelle en découlant. Or, jusqu’à présent, c’est l’inverse qui se produit : n’est-il pas remarquable que les plus décidés des séparatistes n’ont jamais pu véritablement proposer un projet économique ? Certes, on a eu droit à des propositions constitutionnelles, à des variations sur le thèmes de la Constitution de Paoli, à des propositions ponctuelles sur tel ou tel sujet, mais jamais de vision d’ensemble sur les chances de l’insularité, sur les conditions du développement, sur les apports d’un destin économique décentré et détaché de la France, pas même de simulations sur les conditions de croissance des activités des secteurs de biens échangeables.
Vous avez compris le sens de ma démarche. Regardons la méthode. On reprochera un parti pris de comptable, de pinailleur voire de révisionniste. Parlons net. Rien n’est plus aisé que de construire une histoire mythique à coup d’affirmations péremptoires ou de références à la transmission du souvenir des grands-pères et arrière-grands-pères, personnages familiaux dont le témoignage ne saurait être mis en doute dans les contrées de tradition orale. C’est ainsi que le témoignage d’un seul devient la rumeur de quelques uns et celle-là, l’histoire de tous. Gratter dans les recoins fait petit et misérable et l’on se trouve dans la situation d’un aveugle obligé d’explorer une pièce centimètre par centimètre avant de pouvoir dire qu’il n’y a rien dedans. Là où le mythe s’installe aisément, sans combattre, sans rien démontrer, si l’on a l’ambition de l’explorer pour lui donner sa véritable dimension, il faut pour chaque pierre enlevée mettre sur la table une quantité impressionnante de preuves. Or, la preuve négative est la plus difficile à trouver: en effet, comment prouver qu’une décision n’a pas été prise ou qu’un fait n’a jamais eu lieu ? Si vous ne trouvez aucun document ou aucune trace, cela signifie-t-il que rien n’a été décidé ni fait, ou cela signifie-t-il que vous n’avez encore rien trouvé ou que la décision ne fut jamais mise par écrit ?
Pour pouvoir prouver, l’historien doit effectuer une critique des formes, développer une compétence exégétique, s’interroger sur la chaîne de transmission, travailler sur la vraisemblance des témoignages, des séries de données, des écrits. Pour autant les traces écrites elles-mêmes ne sont pas une garantie absolue ; elles peuvent tout aussi bien

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents