Donnez-nous la liberté de vivre
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Description

Le Secours Catholique de Mantes-la-Jolie, dont Hubert Louis Decourt fut le responsable pendant toute la première décennie du XXIe siècle, a reçu, secouru et accompagné dans leurs démarches un nombre important de réfugiés. Les atrocités, les injustices subies, et l'espoir d'en être délivrés en étant accueillis par la France, c'est de tout cela dont l'auteur a voulu témoigner. « Donnez-nous la liberté de vivre » n'est ni un roman ni une fiction, mais la transcription la plus fidèle possible d'événements douloureux qui lui ont été rapportés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juin 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342024500
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Donnez-nous la liberté de vivre
Hubert Decourt
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Donnez-nous la liberté de vivre
 
 
 
Dans mon pays,
Les violations des droits de l’homme
Sont énormes
 
Ma vie fut menacée,
Et pour préserver mon intégrité
Et celle de ma famille
 
Je viens solliciter en France
Aide et protection
Qui m’apporteront la liberté
De vivre !
 
 
 
 
Prologue
 
 
 
Lundi matin, neuf heures moins cinq
À travers la porte vitrée qui va bientôt s’ouvrir, on peut distinguer un petit groupe de personnes qui attendent qu’on ouvre. Bien que l’heure soit matinale, il y a déjà beaucoup de monde, malgré le froid et la pluie.
 
Comme d’habitude, une majorité de femmes et d’enfants en bas âge. Ici, au Secours Catholique de Mantes la Jolie, tout le monde est reçu sans discrimination de religion, origine ou apparence.
 
Trois matins par semaine, la même scène se répète. «  Bonjour, entrez, asseyez-vous, dites aux enfants d’être moins bruyants… Vous aurez tout à l’heure tout loisir d’exprimer vos besoins et l’un de nos Bénévoles Accueillants vous recevra personnellement, et fera tout pour vous satisfaire au mieux des possibilités du jour. »
 
Recevoir, écouter, échanger, redonner confiance, c’est-à-dire de l’espoir, voilà la préoccupation première des Accueillants.
Bien entendu, l’Épicerie Sociale et la Boutique de Vêtements sont également là pour apporter une aide matérielle immédiate.
 
Les cas sont nombreux, les situations très diverses, mais reflètent toujours détresse, pauvreté, précarité…
 
Des familles déchirées à cause d’un papa qui a perdu son travail et n’arrive pas à en trouver un autre. Un loyer, une quittance EDF, la cantine, qu’on ne peut plus payer
Les abandons, les séparations, les mamans seules avec un ou plusieurs enfants en bas âge
 
Si beaucoup de personnes viennent des quartiers voisins, l’Association reçoit également des hommes, des femmes et des enfants venant d’arriver en France, poussés hors de leur pays par la guerre et la misère.
 
Dans la première décennie du XXI e  siècle, ils seront originaires de plus de cinquante pays différents venant chercher aide et refuge.
 
Faut-il que les évènements subis soient terribles pour qu’une jeune femme avec son enfant décide de quitter son pays pour une destination lointaine, se séparant de tout ce qu’elle aimait et lui était familier ?!!
 
Faut-il que les circonstances soient dramatiques pour qu’un mari, un père, soit obligé de se sauver de chez lui ?!!
 
Pour obtenir l’autorisation de rester en France, chaque Réfugié doit convaincre les Services de l’immigration (préfecture, OFPRA) qu’il lui est absolument impossible de continuer à vivre dans son pays où sévissent les persécutions, emprisonnements, violences, assassinats.
 
Le Secours Catholique de Mantes, au cours de ces années, a reçu nombre de récits de ces Réfugiés, rapportant les atrocités subies, et l’espoir d’en être délivrés en étant accueillis par la France.
 
Voici donc, parmi tant d’autres, quelques-uns de ces témoignages que l’auteur a voulu rapporter, afin que la mémoire demeure à jamais vivante.
 
 
 
Génocide au Rwanda
 
 
 
On ne peut pas comprendre le génocide du Rwanda sans connaître son histoire
 
Est-ce l’arrivée des colons à la fin du XIX e siècle qui a commencé à mettre le feu aux poudres ?
 
Pour Yves Ternon, «  la réalité est bien plus compliquée. Les Européens ont toujours eu une vision ethniste de l’Afrique. Lorsque les Allemands arrivent au Rwanda, la situation historique complexe de ce pays leur échappe ».
 
Le royaume du Rwanda fonctionne avec des lignages qui s’ordonnent autour du roi. Les responsabilités qui sont attachées à certains lignages se transmettent de génération en génération. C’est dans ce contexte que très progressivement apparaissent les notions de Tutsi (les responsables du royaume et les militaires), de Hutu (plus pauvres, ils avaient des responsabilités subalternes), et tout en bas de l’échelle, les Twa (1 % de la population (constitués de potiers, chasseurs et cueilleurs).
 
Après un bref intermède de colonisation allemande de 1895 jusqu’à la Première Guerre mondiale, ce sont les Belges qui obtiennent un mandat pour le Rwanda et le Burundi. Ils sont accompagnés par les Pères blancs, évangélisateurs.
 
En plus des conversions, on observe un transfert de responsabilités vers 10 % de Tutsis, créant de ce fait dès 1920 une élite, au sein de cette « ethnie ».
Dans les années 1930, l’histoire du pays est réécrite de toutes pièces. On imagine que les Tutsis ne sont pas des locaux, mais des immigrés. On les appelle « les juifs de l’Afrique », venus pour s’implanter dans le territoire rwandais chez les Hutus.
 
La catastrophe commence lorsque la carte d’identité matérialise l’appartenance : chacun doit se définir Tutsi ou Hutu. (celle-ci sera utilisée en 1994 pour identifier et tuer les Tutsis) 1
L’attentat du 6 avril 1994
Ce jour-là, en fin de journée, le président Juvénal Habyarimana rentre à Kigali à bord de son avion personnel, un Mystère-Falcon fourni par la France et piloté par un équipage français.
 
Il revient d’une rencontre régionale liée aux accords d’Arusha où il a accepté de mettre en place les institutions de transition sans que le CDR y soit représenté.
Juste avant de décoller, il a proposé à son homologue burundais de l’accompagner, et de lui prêter son avion jusqu’à Bujumbura.
 
D’après l’audition de François Léotard devant les députés français, le président Mobutu aurait dû se trouver lui aussi à cette rencontre régionale, mais aurait refusé au dernier moment.
L’avion transportait également des dignitaires du régime rwandais, dont le chef d’état-major, le général Nsabimana.
En phase d’atterrissage à Kigali, selon les versions, des roquettes depuis le camp militaire de Kanombé, ou des missiles depuis la colline de Masaka, sont tirées sur l’avion.
 
L’avion s’écrase non loin de l’aéroport, en partie sur le terrain de la résidence présidentielle, il n’y a aucun survivant.
Les responsabilités dans l’attentat
Elles sont encore en 2010 mal établies. La provenance des missiles qui auraient détruit l’avion présidentiel est sujette à une controverse d’autant plus vive que cet événement met en cause, selon les hypothèses et leurs variantes, sept pays : Belgique, Burundi, États-Unis, France, Ouganda, Rwanda et Zaïre.
 
 
 
Témoignage : Lors du déclenchement de la guerre et du génocide, je me trouve en vacances scolaires chez mes parents à Nyakabanda. Mon père, commerçant distributeur de bières et limonades, doit se rendre à la brasserie de Gisenyi (Bralirwa) pour y faire sa commande. Il décide alors de nous embarquer avec lui.
Mon frère et moi partons de Kigali le 9 avril 1994 avec mon père et son chauffeur. À Gisenyil, il nous laisse dans sa propriété où sont entreposées les caisses en attente d’être acheminées, et nous sommes confiés à l’un de ses collaborateurs.
Deux mois plus tard, nos parents nous rejoignent à Gisenyi.
 
Lors de la sortie du pays en juillet, nous nous rendons à Goma, où nous restons jusqu’en septembre 1994.
Étant donné la situation très délicate des réfugiés rwandais au Congo, mon père, ne craignant rien du nouveau pouvoir, décide alors de revenir au pays pour reprendre ses activités commerciales.
 
Nous arrivons à Kigali le 20 septembre après un périple de quatre jours. Sur place, nous retrouvons entrepôt et maison saccagés mais inoccupés.
Mes parents possédaient par ailleurs deux autres maisons qu’ils avaient construites à Rugenge pour les louer à des particuliers. Celles-ci avaient été malheureusement occupées illégalement par la famille d’un substitut et de son oncle, procureur. Ce dernier était un ami proche de mon père avant les évènements douloureux, et il connaissait presque tout sur notre famille.
Ayant cru à des rumeurs selon lesquelles toute notre famille aurait été massacrée par les Interahamwes sur la route de Kigali, ils s’étaient donc emparés de notre maison.
Ils ont été désagréablement surpris de notre retour !!
 
Étant donné l’insécurité qui régnait en cette période de règlement de comptes, mon père, craignant le pire, s’est abstenu de tout commentaire et a momentanément renoncé à réclamer ses biens, et a redémarré d’une manière restreinte son activité commerciale en mars 1995.
 
Mon frère et moi avons repris le chemin de l’école à la rentrée, respectivement en biochimie au groupe scolaire de Zaza, et à l’école d’infirmières à Gitwe. Quant à ma mère, elle s’est retrouvée femme au foyer, alors qu’elle était avant les événements cadre administratif chargée de l’encadrement des enseignants.
 
Après le retour forcé des réfugiés du Congo en 1996, la question des maisons occupées illégalement a embarrassé le pouvoir en place. Beaucoup de propriétaires se sont vus refuser de regagner leur maison. La plupart de ceux qui ont osé lever la voix pour réclamer leur bien ont été accusés souvent à tort d’avoir participé au génocide, et jetées en prison. D’autres ont été tuées « gratuitement ». D’autres portées simplement disparues…
 
En 1998, mon père, encouragé par les revendications de la masse, et avant de recourir aux autorités compétentes, se ...

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