Haïti ou l’histoire d’un peuple
282 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Haïti ou l’histoire d’un peuple , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
282 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Après avoir évoqué le passé difficile d’Haïti, l’asservissement des masses noires, la colonisation et la lutte pour l’indépendance, l’ouvrage nous rappelle que le peuple haïtien, victime de bien des vicissitudes, est malgré tout parvenu à construire peu à peu sa propre culture. Expliquant l’ensemble des tares de cette nation, Jean-Marc Lanave se penche sur des problèmes majeurs tels que la déforestation, la pollution, la faiblesse du système économique et les problèmes d’insécurité. La nation défaillante n’est jamais parvenue à sortir le pays du marasme économique et si, à ce jour aucun gouvernement ne réussit jamais ce pari, c’est que des circonstances historiques et des crises politiques successives ne le lui permirent point.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 octobre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748387186
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Haïti ou l’histoire d’un peuple
Jean-Marc Lanave
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Haïti ou l’histoire d’un peuple
 
 
 
 
Préface
 
 
 
C’est en séjournant sur la terre d’Haïti que j’ai pu en comprendre la complexité, que je me propose d’exposer ici. Avant toute chose, il faudra évoquer les origines du peuplement de l’île, l’une des plus belles qui fût, mais où la terre s’abreuva peut-être plus qu’ailleurs de sang humain. Sur cette terre, la population aborigène fut rapidement dévorée par la conquête de la colonisation et elle assista à l’introduction d’hommes et femmes africains, nègres inconnus, qui parvinrent non sans douleur à l’émancipation puis au triomphe de leur Liberté. L’histoire dira la cruauté de la servitude noire pour justifier la primauté économique des nations européennes, elle dira la révolte victorieuse des opprimés, révolte inspirée par notre Révolution française. S’il y eut dans l’histoire universelle beaucoup d’événements dramatiques, l’histoire du peuple d’Haïti passa presque inaperçue. L’arrivée du Gênois Colomb en 1492 marqua un tournant fatidique en amorçant la graduelle extinction des indigènes et autorisant la traite de l’Africain. Celui-ci devint alors le personnage central d’une tragédie qui s’inscrit, en dépit de la Liberté gagnée au prix du sang, dans un processus de lutte des classes et de supériorité des races. Il ne fallut pas moins de quatre cents ans pour que les grandes puissances, préoccupées d’abord par l’accumulation de richesses, daignent accepter et reconnaître un statut d’homme à l’esclave noir. Toute l’histoire d’Haïti démontre bien que, en dépit d’une indépendance durement gagnée, cette nation n’a jamais pu être économiquement libre, pas même à ses débuts.
Par l’écriture de ce modeste ouvrage, je me propose de vous faire découvrir de nombreux événements qui ont jalonné et marqué cette histoire. Je me suis également appliqué à faire des approches culturelles et cultuelles qui participent au fondement de l’esprit haïtien.

L’auteur devant le palais présidentiel en juillet 2008
 
 
 
 
Introduction
 
 
 
En février 2008, cela faisait quatre mois que je me trouvais à Port-au-Prince. Spectateur d’une société qui ne semblait pas avoir évolué, continuellement au contact direct de ses habitants, j’avais perçu rapidement l’ensemble des difficultés éprouvées par les Haïtiens. Je savais que seul un esprit étroit pouvait se persuader que « ces gens-là » étaient différents et que personne ne pourrait rien y changer. Je savais, au fond de moi, que j’aurais pu être l’un d’eux. Beaucoup de choses se sont passées et j’ai constaté en les côtoyant qu’ils ne vivaient pas pour demain mais plutôt pour le jour même avec l’espoir du pain quotidien. J’ai appris que celui qui n’a rien est celui qui donne le plus. La rédaction de ce livre fut donc une idée qui me traversa non point l’esprit mais le ventre et le cœur, car à mesure que le temps passait je découvrais stupéfait qu’à notre époque, un pays d’Amérique centrale, un pays libre, une république pouvait présenter un visage aussi hideux que celui d’Haïti. Le monde est devenu ce qu’il est, dénué de sensibilité et de douceur, violenté dans ses vertus cardinales, exempt de charité et ignorant la fraternité, les grandes puissances ne regardant qu’en direction du profit, et j’ai vu sur place à quel point ce monde-là est impitoyable. En observant la société haïtienne, il me vint même à l’idée que notre monde, le monde que nous laisserions à nos enfants, pourrait un jour ressembler à cela. Jusqu’aux siècles précédents, ignorance, iniquité et cupidité n’ont eu d’autre alternative que morts et souffrances. Aujourd’hui me semble comme hier, et demain qu’en sera-t-il ? Aujourd’hui, rien n’a vraiment changé ; n’allons surtout pas nous fier aux apparences car vous savez aussi bien que moi qu’elles sont souvent trompeuses. L’intelligence du cœur ne se trouverait-elle que chez une minorité de notre humanité ? Notre humanité est en souffrance, la Nature se meurt lentement, l’eau manquera et la nourriture certainement aussi. N’allez pas croire que je suis pessimiste, ou que j’ai l’intention de nuire à quelqu’un ; je souhaite simplement ouvrir les yeux de quelques lecteurs plus avertis que d’autres. La terre d’Haïti est l’exemple vivant de tout ce dont l’Homme est incapable. Incapable de protéger l’environnement, incapable de nourrir ses enfants, incapable d’endiguer la misère. Haïti est un formidable laboratoire à ciel ouvert, peut-être un lieu d’expérimentations, qui sait ? En tout cas, un lieu certainement propice aux projets et aux plans. Faut-il rappeler que ce pays fut le berceau d’une humanité douce et libre, jusqu’aux jours où nos Européens d’Espagnols débarquèrent pour y semer un grand lot de malheurs et l’esclavage ? Le prix du sang contre celui de l’or des Indiens. Rapidement, Haïti vit arriver sur son sol des Africains extirpés de leur terre natale, qui allaient permettre aux puissances européennes de prospérer jusqu’au XIX e siècle. Cet esclavage déshumanisant allait consolider des liens de fraternité entre ethnies différentes, créant au fil du temps un langage commun, le créole. Grâce à leurs prêtres, ils pratiquèrent longtemps leur religion qui, aux yeux de leurs maîtres ignorants, ne consistait qu’en danses et diableries. Pour ne point être inquiétés, ils finirent par mêler aux esprits de leur culte vaudou certains de nos saints catholiques ; il en résulta ainsi un syncrétisme salvateur. Lorsque ces populations asservies furent assez nombreuses et pourvues de grands hommes, elles brisèrent leurs chaînes et eurent l’outrecuidance de choisir la Liberté en risquant d’y laisser leur vie. Après bien des luttes, ce peuple noir aux sangs mêlés parvint finalement à l’indépendance et constitua la première république noire des Amériques, renonçant ainsi à la France à jamais. Je n’ose croire que personne ne soit touché par une histoire telle que celle qui se déroula en Haïti, par les faits qui ont marqué le XX e siècle et ceux qui surviendront encore, car les signes actuels ne laissent présager rien de bon pour l’avenir de ce petit peuple.
 
 
 
Chapitre I
 
 
 
Le drapeau d’Haïti

Le drapeau de la nation haïtienne est bleu et rouge avec un encart central de couleur blanche ; dans cet encart figure l’emblème du palmiste surmonté d’un bonnet phrygien, et entouré à son pied de six drapeaux et de deux canons avec leurs boulets. Sur un bandeau on peut lire la devise suivante : « L’union fait la force. » Ce drapeau fut créé à l’Arcahaie le 18 mai 1803.
Données générales :
-  Capitale  : Port-au-Prince
-  Superficie  : 28 000 km 2
-  Population estimée à 9 millions d’individus environ (la population n’étant pas totalement recensée)
-  Langues parlées  : français et créole
-  Revenu national brut mensuel par habitant : 450 dollars US
-  Espérance de vie  : 55 ans environ
 
Haïti est une république indépendante depuis le 1 er janvier 1804, dotée d’une constitution de type parlementaire qui fut approuvée par référendum populaire le 29 mars 1987. Elle comprend un président, deux chambres élues au suffrage universel et un premier ministre responsable devant les Chambres. Le président ne peut être élu pour deux mandats successifs et le pouvoir judiciaire est indépendant. Cette constitution donne des pouvoirs accrus aux autorités locales. Le droit de vote est accordé à tous les citoyens de plus de dix-huit ans. Le pouvoir législatif est exercé par deux chambres : le Sénat et la Chambre des députés.
 
Haïti est divisé en dix départements  : Artibonite, Centre, Grande-Anse, Nord, Nord-Est, Nord-Ouest, Ouest, Sud, Sud-Est et Nippes. En Haïti, il est commun de dire qu’il existe un onzième département représenté par la diaspora (les Haïtiens vivant à l’étranger : au Canada, aux USA, en France).
La grande majorité de la population est sans emploi et survit difficilement.
De l’âme du peuple haïtien
Si, d’une manière générale, l’histoire conserve de ce pays l’image réductrice des « tontons macoutes », Duvalier, Cédras et Aristide, Haïti est connu aussi pour sa misère, ses gangs et ses émeutes de la faim. Il serait toutefois navrant de rester sur de telles images et d’éluder ainsi l’histoire du peuple d’Haïti, nation qui gagna sa Liberté non sans douleur et terribles sacrifices. Lorsqu’on arrive dans ce pays en ignorant tout de sa culture, il ne faut pas se laisser duper par des considérations erronées, mais il faut faire l’effort d’aller à la rencontre de l’autre, cet « inconnu ». En Haïti, les rencontres sont simples et directes et n’allez pas penser que l’Haïtien le fait par intérêt — c’est le cas de quelques-uns bien entendu, mais d’une façon générale l’approche est désintéressée. L’Haïtien est généralement noir de peau car il a sa souche en Afrique occidentale, mais il y a des mulâtres, des métis, des Européens et descendants d’Européens. Avec son franc-parler, sa langue créole façonnée au rythme des infortunes du temps, l’Haïtien semble surgir d’on ne sait où ; on se rend compte qu’il n’est ni africain, ni antillais, ni français, ni américain, mais il est un peu de tous ceux-là à la fois. Le peuple haïtien a l’air d’un petit enfant enlevé à sa famille et que l’on a abandonné sur une île sans espoir de retour. Retour, d’ailleurs, qui était perçu comme une promesse aux ancêtres dont l’âme, dit-on, devait un jour revenir en terre d’Afrique. Ces ancêtres-là vécurent les pires malheurs, les pires atrocités, avant de parvenir aux Antilles

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents