"Inter Arma Helvetia"
199 pages
Français

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Description

Retranchée derrière sa neutralité, la Suisse échappe à la conflagration générale. Isolée sur le plan politique, elle n’est pas pour autant hermétique aux drames humains qui se jouent de l’autre côté de ses frontières. Si la Confédération et le Comité international de la Croix-Rouge prennent des mesures humanitaires pour atténuer les souffrances, la société civile suisse n’est pas en reste.


Exhumant des sources inédites, cet ouvrage met en lumière un chapitre méconnu de l’histoire suisse de la Grande Guerre : la mobilisation humanitaire des acteurs privés. Entre 1914 et 1918, la population suisse s’engage avec une vigueur et une spontanéité parfois déconcertantes dans des actions de secours internationales. Par centaines, les bonnes oeuvres helvétiques viennent en aide aux réfugiés, aux prisonniers de guerre, aux familles de disparus, aux internés civils et militaires, aux orphelins, aux mutilés ou encore aux populations des régions occupées menacées par la famine.


L’épreuve de la guerre transforme en profondeur les pratiques de la bienfaisance, ouvrant la voie à une véritable massification de la charité. Par son rôle pivot, la neutralité tient une place centrale dans ce vaste mouvement, auquel se mêlent des enjeux relatifs à la cohésion nationale et aux sympathies internationales. En effet, au-delà des considérations de solidarité avec les victimes de la guerre, les activités humanitaires suisses sont aussi investies par les propagandes étrangères et instrumentalisées à des fins diplomatiques.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782889303892
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2021
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse
 
 
www.alphil.ch
 
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
 
 
DOI : 10.33055/ALPHIL.03158
 
ISBN papier : 978-2-88930-357-1
ISBN EPUB : 978-2-88930-389-2
 
 
 
Publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique.
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2024.
 
Illustration de couverture : Henri Muyden, Helvetia accompagnant des réfugiés à travers la frontière suisse , 1915 (Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale, Berne).
 
Responsable d’édition : Sandra Lena


À Léa, Anaïs et Florentin


Remerciements
C e livre, adapté d’une thèse de doctorat soutenue en septembre 2018 à l’Université de Fribourg, doit beaucoup à l’encadrement avisé et bienveillant du professeur Alain Clavien, à l’origine du projet. Je tiens à lui exprimer toute ma gratitude pour ses conseils, sa disponibilité et sa confiance. Avant d’arriver à maturation, ce travail a été nourri par de stimulantes discussions menées dans le cadre de divers colloques et journées d’études : mes remerciements vont aux chercheuses et chercheurs qui m’ont orienté et soutenu dans mon cheminement intellectuel. Je pense tout particulièrement à mon collègue Alexandre Elsig, avec qui j’ai partagé le projet de recherche consacré à l’histoire de la Suisse durant la Première Guerre mondiale. Je tiens également à remercier les membres de mon jury de thèse, les professeurs Claude Hauser (président), Pierre Purseigle (rapporteur), Roman Rossfeld et Jean-François Fayet (assesseurs) pour leurs précieux commentaires. Merci enfin à tous les doctorant-e-s, les assistant-e-s et les professeur-e-s du domaine d’histoire contemporaine de l’Université de Fribourg avec lesquels j’ai eu plaisir à échanger sur mon sujet et bien d’autres. Et pour conclure, je n’ai pas de mots assez forts pour exprimer ma reconnaissance à mon épouse et à l’ensemble de ma famille pour leur soutien inestimable.


Liste des abréviations
ACICR
Archives du Comité international de la Croix-Rouge (Genève)
ACV
Archives cantonales vaudoises (Chavannes-près-Renens)
AEF
Archives de l’État de Fribourg (Fribourg)
AEG
Archives d’État de Genève (Genève)
AEvF
Archives de l’Évêché, diocèse de Fribourg, Lausanne, Genève (Fribourg)
AFS
Archives fédérales suisses (Berne)
AGR
Archives générales du Royaume (Bruxelles)
AIPG
Agence internationale des prisonniers de guerre
APJF
Association catholique internationale des œuvres de protection de la jeune fille
BIF
Bureau international féministe de Lausanne
BRIC
Bureau de rapatriement des internés civils
BSPG
Bureau de secours aux prisonniers de guerre
BVL
Bibliothèque de la ville du Locle (Le Locle)
CB
Comité bernois
CCAIB
Comité central d’assistance aux internés belges en Suisse
CICR
Comité international de la Croix-Rouge
CRB
Commission for the Relief of Belgium
CRS
Croix-Rouge suisse
CSB
Comité central suisse de secours aux Belges
CSSS
Comité suisse de secours aux Serbes
DFEP
Département fédéral de l’économie publique
DPF
Département politique fédéral
FORES
Fédération des Œuvres de secours résidant en Suisse en faveur des prisonniers français et belges
MCS
Mission catholique suisse
SDN
Société des Nations
SSS
Société suisse de surveillance économique
SSUP
Société suisse d’utilité publique
SUPFS
Société d’utilité publique des femmes suisses
UCJG
Unions chrétiennes de jeunes gens
UPB
Union patriotique belge
Remarque : Pour des questions de lisibilité, toutes les citations tirées de l’allemand ont été traduites en français.


Introduction
A u terme de quatre longues années de repli, marquées par un isolement politique accru et un assujettissement économique inflexible, la Suisse parvient à se faire admettre dans le camp des vainqueurs lors de la Conférence de la paix de Paris de 1919. Elle adhère ensuite à la Société des Nations (SDN) à la suite de l’acceptation par le peuple du référendum du 16 mai 1920. Les garanties obtenues par ses diplomates sur l’instauration d’une neutralité différentielle jouent un rôle déterminant sur le résultat du scrutin. En se ralliant à cette organisation internationale de sécurité collective et de maintien de la paix, la Suisse intègre aussi un projet politique global, promu par les puissances victorieuses.
En parallèle, la Croix-Rouge suisse (CRS) devient membre de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge. Celle-ci, initiée par les Croix-Rouge des pays alliés, entend faire perdurer, en temps de paix, les dynamiques humanitaires mises en place pendant le conflit. Portant en elles l’idéal wilsonien d’un monde pacifié par la coopération entre les peuples, ces deux nouvelles organisations décident d’établir leur siège à Genève. De ce fait, la Suisse devient la nation hôte de deux organismes supranationaux majeurs, créés dans le giron des vainqueurs de la guerre. Une trajectoire qui interpelle par sa singularité : comment expliquer que la Suisse, dont la neutralité fut malmenée et la souveraineté économique bafouée pendant la guerre, obtienne ensuite une telle marque de reconnaissance internationale ?
L’esprit de charité, miroir de l’âme helvétique ?
Giuseppe Motta, le conseiller fédéral tessinois, incarne la transition entre la période de la guerre et celle des années 1920. Il inaugure l’entrée de la Suisse dans cette ère nouvelle de solidarité et de coopération internationales où, selon le slogan de sa campagne d’affichage publicitaire en faveur de la SDN, l’acier des épées de la veille est refondu pour devenir les socs des charrues de demain (voir p. 13). À la tête des affaires extérieures de la Confédération pendant vingt ans, il personnifiera cet idéal helvétique empreint d’ouverture, de neutralité et d’engagement humanitaire, en se présentant en quelque sorte comme le représentant du pays à la SDN et en accédant au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en 1923. Dans un discours prononcé à l’occasion du Congrès de la Ligue des Croix-Rouge le 7 mars 1920 à Genève, Motta, alors président de la Confédération, déclare :
«  Le gouvernement fédéral considère comme un privilège, et attache par conséquent le plus grand prix à ce que le Comité international continue à personnifier et à faire rayonner dans le monde la mission humanitaire de la Suisse. […] Seules la charité et l’entr’aide sont divines et leur symbole immortel est la croix. La croix blanche de la Suisse et la croix rouge, emblèmes des conventions de Genève, sont deux sœurs .   » 1
Dans l’immédiat après-guerre, les références au rôle humanitaire joué par la Suisse dans le conflit se multiplient 2 . Elles apparaissent tant dans la bouche des hommes politiques que sous la plume des journalistes ou sous le pinceau des artistes, à l’exemple de l’affiche publicitaire réalisée par le peintre neuchâtelois Jules Courvoisier qui représente les allégories de la Suisse et de la Croix-Rouge sous les traits de deux sœurs jumelles (voir p. 14). Puisé dans l’expérience helvétique de la guerre, véritable matrice de l’identité politique et sociale suisse du XX e  siècle, ce rapprochement symbolique entre les deux bannières – celle de la politique et celle de l’humanitaire – reflète une réalité qui prend forme dans le double avènement de la Ligue et de la SDN et qui, dès lors, imprègne profondément les imaginaires collectifs 3 .


« Peuple suisse, c’est ton devoir, entre dans la Soc

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