L Entente cordiale dans le siècle
230 pages
Français

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L'Entente cordiale dans le siècle , livre ebook

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Description

Il y a un siècle, la France et la Grande-Bretagne scellaient leur destin et leur histoire par un accord d’une portée aussi exceptionnelle que durable. Depuis cette date, l’Entente cordiale continue de témoigner d’une commune aspiration à diffuser dans le monde les valeurs de la démocratie, des droits de l’homme et de l’état de droit. Publié simultanément dans les deux pays grâce au Conseil franco-britannique, cet ouvrage réunit les témoins d’hier, les acteurs d’aujourd’hui et les meilleurs analystes de cette entente, parfois houleuse, mais toujours préservée, entre les deux nations. Parmi les historiens, hommes politiques et journalistes, de nationalité française ou britannique, qui nous offrent ici leurs contributions croisées : Dominique de Villepin et Jack Straw ; Jean François-Poncet, Hubert Vedrine et Douglas Hurd ; Christopher Andrew, Jean-Jacques Becker, Maurice Druon, Alistair Horne, Roy Jenkins, Pierre Messmer, Maurice Vaisse. Jacques Viot, ambassadeur de France, préside la section française du Conseil franco-britannique. Giles Radice, ancien député travailliste et aujourd’hui membre de la Chambre des Lords, préside la section britannique du Conseil franco-britannique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2004
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738183682
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , MARS  2004
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-8368-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Comité de rédaction présidé par Jacques Viot et Giles Radice

Jean-René BERNARD
Sylvie BLUMENKRANTZ
Douglas JOHNSON
Ann KENRICK
Jean-Marie LE BRETON
Richard MAYNE
Peter PETRIE
Robert TOMBS
Maurice VAISSE
Préface

L’Entente cordiale et nous
D OMINIQUE DE V ILLEPIN
 
Une certaine conviction
J ACK S TRAW
L’Entente cordiale et nous :  l’accord de 1904 au miroir d’un siècle  d’histoire franco-britannique
par Dominique de Villepin,  ministre des Affaires étrangères

C’est dans sa totalité qu’il faut juger d’un événement historique.
Georges Clemenceau.

Évoquant plutôt la courtoisie du gentleman ou de l’honnête homme, le terme d’Entente cordiale ne reflète pas vraiment le changement profond qu’a introduit dans l’histoire cet accord signé en 1904 entre la France et la Grande-Bretagne.
Car, entre la première nation du continent et la maîtresse incontestée des mers, c’est une rivalité presque ancestrale qui opposait les deux rives de la Manche. De la guerre de Cent Ans à 1815 en passant par l’affrontement entre Guillaume d’Orange et Louis XIV, nos relations ont bien souvent plongé l’Europe dans la guerre et la détresse, sans que jamais l’une ne l’emporte définitivement sur l’autre. Fontenoy, Yorktown, Trafalgar, Waterloo : autant de batailles où nos héros respectifs se sont illustrés.
Si les affrontements qui nous divisent ont toujours revêtu cet aspect fratricide, c’est parce que nous partageons les mêmes valeurs. Face à l’aspiration à la gloire et à la grandeur qui a toujours habité nos deux pays, face au patriotisme puissant de nos deux peuples et à notre irréductible souci d’indépendance, d’autres principes ont su nous unir. De Locke à Montesquieu, c’est la même exigence de tolérance et le même attachement aux libertés fondamentales qui animent nos penseurs. Longtemps les esprits libéraux français, de Benjamin Constant à Mme de Staël, ont tourné leur regard vers l’Angleterre, où ils voyaient l’exemple d’un régime politique pondéré, que nos dirigeants n’avaient pas encore su instaurer. Et pourtant, à Fachoda, en 1898, la rivalité est à nouveau vivace : personne ne doute de l’imminence d’une guerre que l’on devine plus redoutable encore que celles qui ont précédé. La surenchère se lit partout, dans la presse, dans l’opinion publique, dans ces campagnes haineuses orchestrées par les milieux nationalistes et le « parti colonial ». La tension atteint son comble entre deux peuples qui n’ont plus alors qu’une vision déformée l’un de l’autre. Le préjugé et la caricature règnent.
Dès lors, l’aboutissement de l’Entente cordiale signifie avant tout le triomphe de la volonté politique et du travail diplomatique. Pour résister aux sirènes bellicistes, il aura fallu bien de la détermination, de l’acharnement même, aux artisans de cet accord, dont nous mesurons aujourd’hui combien il a changé le cours de l’Histoire. C’est ce fil rouge de la patience, de l’indépendance d’esprit et de la conscience historique que nous invite à suivre le présent ouvrage, tout au long des échanges lucides entre hommes d’État français et britanniques. Identifier les désaccords, ne pas éluder les problèmes, telles étaient les dispositions de Paul Cambon lorsqu’il arriva à Londres à la fin de 1898 avec la ferme résolution de solder les questions égyptienne et marocaine. « Je crois que la brièveté et la netteté dans les propos sont plus du goût des gens d’ici que toutes les précautions diplomatiques » : sa correspondance privée devançait de cinq ans l’esprit de l’Entente cordiale ; mieux encore, elle nous indique, sur le ton de la confidence, la marche à suivre avec un siècle d’avance.
Aujourd’hui, dans la pratique des diplomaties française et britannique, l’habitude de la concertation et du dialogue est solidement inscrite. Le protocole a évolué, les enjeux se sont transformés, mais une conviction demeure, qui fut celle de Delcassé et qui est la nôtre : à tout différend doit correspondre une solution négociée. La grande révolution qu’a inaugurée la signature de cet accord, n’est-ce pas d’avoir permis que notre siècle de diplomatie commune ne soit perturbé que par des « mésententes cordiales » ? Parce qu’elle a permis de faire de la Manche cet espace de liberté et de franchise nécessaire à tout dialogue, l’Entente cordiale mérite qu’on la commémore, un siècle plus tard. Car l’esprit qui a présidé à sa signature construit un cadre dont nous restons tributaires, nous l’avons vu à Saint-Malo et, l’an dernier encore, au sommet du Touquet.
Cet esprit nous a permis de traverser ensemble les épreuves du XX e siècle. Unis durant la Première Guerre mondiale, nous avons partagé l’enfer des tranchées avant d’emporter côte à côte la victoire. La Résistance française n’oubliera jamais la dette contractée à l’égard de la Grande-Bretagne, d’où lui parvenait le 18 juin 1940 le premier message d’espoir. Elle n’oubliera pas non plus Churchill incarnant la survie d’une Europe qu’on croyait anéantie. La France sait ce qu’elle lui doit, ainsi qu’aux combattants britanniques qui laissèrent leur vie sur les rivages de Normandie.
Si nos deux pays ont fait le choix de l’Europe, ce ne fut pas toujours avec le même objectif. Engagée dans une réconciliation historique avec l’Allemagne, la France a éprouvé, la première, le besoin de lier son destin à une Europe unie. La Grande-Bretagne, elle, a longtemps hésité avant de rejoindre une entreprise qui lui a longtemps inspiré méfiance et prudence. Au cours de notre aventure européenne, nous avons connu des désaccords ; l’impatience qu’éveillent en France les réticences de la Grande-Bretagne face à la monnaie unique n’a eu d’égale que l’agacement que suscitent outre-Manche les positions de la France au sein de l’Alliance atlantique. Mais, chaque fois, l’amitié qui nous lie, les valeurs que nous avons en commun, l’expérience historique qui nous unit nous ont permis de surmonter ces obstacles.
L’année qui vient de s’écouler n’a-t-elle pas illustré cette relation faite de franchise et d’exigence ? Lors de la crise irakienne, nous nous sommes séparés sur des enjeux fondamentaux face au choix de la guerre ou de la poursuite du désarmement par la voie des inspections. Et pourtant, pendant cette même année, nous avons fait preuve de solidarité dans une étape essentielle de l’histoire de l’Europe : l’élargissement à dix nouveaux pays et le projet de Constitution. Sur le dossier de la politique de défense commune, l’initiative engagée par la France avec l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg a suscité de nouveau la controverse ; mais, là encore, le dialogue l’emporte, et les discussions en cours démontrent que le chemin reste ouvert pour un accord. Si nous avons réussi chacun à jouer notre rôle, malgré des différends que nous n’avons jamais cherché à minimiser, c’est parce que nous partageons en fin de compte un même esprit de responsabilité.
L’Entente cordiale fête son premier siècle. Pour renforcer une entente, il faut créer en permanence les conditions de la confiance, l’entretenir et la développer. Le dernier sommet franco-britannique, le 24 novembre 2003 à Londres, en est l’illustration. L’approfondissement de notre coopération sur la défense, l’Afrique ou l’immigration, le lancement de nouvelles initiatives en matière de santé, de recherche et d’environnement, portent la marque de cet engagement mutuel. C’est dans cet esprit que le président de la République a souhaité que nous fassions de l’année 2004 celle de la « confiance cordiale » entre le Royaume-Uni et la France, ouvrant un nouvel âge dans la relation franco-britannique.
Nous le voyons, l’Entente cordiale est bien plus qu’une simple page de l’Histoire. Elle est devenue une manière de vivre ensemble une relation complexe, parfois difficile, toujours riche de possibilités. Elle reste le meilleur témoignage de la nécessité, pour nos deux pays comme pour nos deux peuples, d’être à l’écoute l’un de l’autre ; car c’est en restant nous-mêmes tout en sachant entendre l’autre que, Français et Britanniques, nous savons peser sur l’avenir de l’Europe et, au-delà, sur les affaires du monde.
Une certaine conviction
par Jack Straw,  secrétaire d’État au Foreign Office

Jamais deux pays n’auront entretenu une relation aussi influencée par l’Histoire que le Royaume-Uni et la France. Nous en prenons tous conscience très tôt dans notre vie. En effet, dès leur plus jeune âge, les enfants britanniques et français connaissent les mêmes grandes dates : 1066, 1789, 1914 et 1945. Ils apprennent que leurs deux pays n’ont pas été de simples spectateurs, mais les acteurs de quelques-uns des moments forts qui ont façonné notre continent et notre monde.
L’importance de notre relation s’impose à tout secrétaire d’État au Foreign Office. Pendant les années de guerre, ma résidence officielle, à Londres, fut habitée par le général de Gaulle, dont le portrait est toujours là, rappel permanent du lien créé entre nos deux pays durant les heures les plus sombres en Europe.
La publication de cet ouvrage commémore une autre date phare dans les relations franco-britanniques : le centenaire de la signature de l’Entente cordiale. L’Entente fut, dans une large mesure, un produit de son

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