La bataille de Charleroi, 100 ans après...
199 pages
Français

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La bataille de Charleroi, 100 ans après... , livre ebook

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Description

Le souhait des organisateurs de ce colloque a été de s’inscrire dans les commémorations de la Grande Guerre en tant qu’acteur contribuant à la réflexion et au débat. Sur les deux jours du colloque, les nombreuses communications de très grande qualité ont permis de nous éclairer sur le contexte de cette première guerre mondiale, les événements qui se sont déroulés dans la région de Charleroi, l’impact démographique de la guerre, la question de la faim et de la survie, le fonctionnement des industries de Charleroi, la vie syndicale, le regard des élites sur la guerre, la sortie de la guerre, la mémoire de ce conflit... L’approche est donc résolument pluridisciplinaire.

Cette rencontre souligne l’intérêt des commémorations qui accomplissent un devoir de mémoire et servent aussi une action utile, tournée vers l’avenir. Pour les académiques, c’est une opportunité de dynamiser la recherche. Pour la société, c’est l’occasion de tirer des enseignements et de transmettre des valeurs.

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Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782803104505
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA BATAILLE DE CHARLEROI, 100 ANS AP RÈS
A , CTES DE COLLOQUES CHARLEROI, 22ET23AOÛT2014
La bataille de Charleroi, 100 ans après
Préface de Paul Magnette
Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques
Académie royale de Belgique
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0450-5
© 2014, Académie royale de Belgique
Mémoire de la Classe des Lettres, Collection in-8°, série IV tome VII N° 2097
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
L'Aurore - Editions numériques rue de Derlaine, 12 - 4537 Seraing-le-Château (Belgique) contact@laurore.net www.laurore.net
Informations concernant la version numérique ISBN 978-2-87569-176-7 A propos L’Aurore est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
PRÉFACE
PAULMAGNETTE Ministre-Président de la Région wallonne Bourgmestre de Charleroi et Membre de l’Académie royale de Belgique
Qui a dit que Charleroi n’était pas une ville universitaire ? Le colloque qui s’y est tenu laisse plutôt penser que c’est même une métropole interuniversitaire qui réunit la crème de nos hautes institutions. Réunir un tel panel est particulièrement positif pour l’image de Charleroi et renforce notre stratégie de présence universitaire. L’enseignement sera une priorité de cette législature car il s’agit du meilleur investissement dans l’avenir. Qu’il me soit donc permis de remercier chaleureusement les organisateurs de cet événement : le Centre d’Action Laïque de Charleroi et André et Béatrice Lierneux-Garny. Nous sommes réunis pour évoquer la bataille de Charleroi, un siècle jour pour jour après l’événement. Cette rencontre souligne l’intérêt des commémorations qui accomplissent un devoir de mémoire et servent aussi une action utile, tournée vers l’avenir. Pour les académiques, c’est une opportunité de dynamiser la recherche. Pour la société, c’est l’occasion de tirer des enseignements et de transmettre des valeurs. Cette conception est au cœur du programme de commémoration élaboré en Wallonie et à Bruxelles et qui s’égrainera au cours des cinq ans à venir. Comme Ministre-Président, j’accorderai à ce dossier l’attention qu’il mérite car c’est le rôle des pouvoirs publics que d’intervenir en la circonstance. Pour soutenir, relayer, diffuser et coordonner… Pas au-delà ! Pas pour insuffler un déterminisme national comme au temps des Kurth et des Pirenne. Pas plus pour organiser une relecture anachronique de l’Histoire. Michelet affirmait que « l’histoire, qui est le juge du monde, a pour premier devoir de perdre le respect ». C’est ce que la société attend de vous : de l’analyse et de la prise de distance, en sachant qu’on est toujours inscrit dans une collectivité à qui les enseignements du passé sont utiles. C’est particulièrement vrai chez nous car la Wallonie a longtemps souffert d’amnésie et que ce n’est pas ainsi qu’on construit l’avenir et, comme le soulignait le Maréchal Foch, « parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». Le colloque qui s’est tenu à Charleroi a été l’occasion d’évoquer les stratégies de Lanrezac et von Bülow, le rôle de cette bataille de Charleroi à la veille de celle de Mons et du martyr de Dinant mais surtout de mettre ces éléments factuels en contexte. Car de l’histoire bataille à celle des mentalités, de celle des grandes figures à celles du quotidien, il n’y a pas de rupture mais bien la déclinaison des mille facettes d’une réalité humaine, donc éminemment complexe.
AVANT-PROPOS
KEVINSALADÉ Président du Centre d’Action Laïque de Charleroi
Ce colloque sur la « Bataille de Charleroi, 100 ans après », qui s’est tenu dans l’auditorium de l’Université du Travail à Charleroi les 22 et 23 août 2014, n’aurait jamais pu voir le jour sans l’initiative citoyenne des historiens André et Béatrice Lierneux-Garny. Je voudrais donc avant tout rendre hommage à leur dynamisme et leur constante implication dans ce projet en particulier, mais aussi dans toute une série de démarches qui contribuent à interroger le passé, le présent et le devenir de la région de Charleroi. Le Centre d’Action Laïque de Charleroi a souhaité s’inscrire dans ces commémorations en tant qu’acteur contribuant à la réflexion et au débat. Sur les deux jours du colloque, les nombreuses communications de très grande qualité ont permis de nous éclairer sur le contexte de cette première guerre mondiale, les événements qui se sont déroulés dans la région de Charleroi, l’impact démographique de la guerre, la question de la faim et de la survie, le fonctionnement des industries de Charleroi, la vie syndicale, le regard des élites sur la guerre, la sortie de la guerre, la mémoire de ce conflit… C’est donc avec une approche résolument large que nous avons abordé toutes ces questions qui se posent au sujet de la Grande Guerre dans la région de Charleroi, avec également des comparaisons avec des situations extérieures. C’est ce devoir de mémoire que le Centre d’Action Laïque de Charleroi a souhaité questionner. La Première Guerre mondiale a vu émerger quelques caractéristiques de l’horreur au vingtième siècle qui devraient nous obliger à ne pas relativiser ce qui s’est passé durant ce siècle. Premièrement, alors que, jusque-là, les conflits étaient des conflits locaux, parfois e comme au XIX siècle en Europe, des conflits continentaux, les deux grandes guerres sont des guerres mondiales. L’homme s’est doté du pouvoir de mondialiser la guerre. La première forme de mondialisation n’est pas économique mais militaire, guerrière. L’irruption massive de la science et de la technique est une donnée essentielle de ce conflit. Cette technicisation extrême coupe l’homme d’avec le monde du vivant, lui fait oublier les règles les plus élémentaires. L’orgueil de l’homme trouve dans la technique cette illusoire joie de penser l’instrumentalisation de la nature et le dépassement de la condition humaine. Ce nouveau rapport de l’homme au monde est essentiellement un héritage dévoyé de la pensée des Lumières qui repose sur une idéologie du progrès. Mais ce progrès par la connaissance, qui se voulait être un instrument du bonheur, a été détourné au profit de la destruction de l’humanité. C’est donc à un travail du souvenir qu’il faut s’atteler, maintenant que les survivants de cette horreur ont à peu près tous disparu. C’est à nous de reprendre le flambeau pour que cette monstruosité ne sombre pas dans l’oubli et qu’elle ne devienne pas un chapitre comme un autre dans l’histoire du monde. Ce conflit montre que l’homme est capable des plus grandes hauteurs morales comme de l’atrocité la plus totale et il nous renvoie dans le miroir de notre conscience. Qu’est-ce que l’homme quand il est capable de produire de telles atrocités ? L’homme est cet être particulier qui se fournit l’idée de lui-même d’après laquelle il va gouverner son rapport à soi et son rapport aux autres. C’est dans cette autonomie morale — pour parler comme Kant — que l’homme va trouver sa liberté, cette liberté qui consiste en la possibilité de choisir entre le bien et le mal en ayant l’obligation de choisir le bien. Ce renoncement au respect de la condition de l’homme à l’occasion, notamment, des deux grands conflits mondiaux, constitue une grande leçon pour la démocratie. À l’heure où nous voyons de par le monde de plus en plus de citoyens prêts à céder aux appels des extrémismes de tous bords, politiques ou religieux, il est temps de se souvenir et de rappeler à la société son passé et à l’homme en général cette possibilité qui a existé pour lui de traverser le Rubicon de la
condition humaine en perpétrant les plus grandes atrocités. Je tenais également à remercier très chaleureusement la Ville de Charleroi et en particulier son bourgmestre Paul Magnette, ainsi que Françoise Daspremont, Échevine en charge des Associations patriotiques : le soutien constant des autorités communales a fortement contribué à la concrétisation et au succès de ce projet. Enfin,last but not least, ma gratitude va à l’Académie royale de Belgique et singulièrement à son Secrétaire perpétuel Hervé Hasquin, pour avoir accepté de présider une séance, d’intervenir et de publier les actes de ce colloque dans cette prestigieuse collection. La trace matérielle que constitue ce livre contribuera à la perpétuation de cette mémoire collective.
LA BELGIQUE ENTRE L’ALLEMAGNE ET LA FRANCE À LA VEILLE DE LA GRANDE GUERRE
MICHELDUMOULIN Professeur honoraire à l’Université catholique de Louvain Membre de l’Académie royale de Belgique
Sans même s’arrêter à la question qui continue à faire débat des responsabilités des uns et des 1 autres dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale , il s’avère assez malaisé de replacer le cas de la Belgique dans le contexte des années qui précèdent le conflit. En effet, la mémoire, amnésique de ce qui précède l’été de 1914, se révèle être un puissant facteur d’occultation de l’histoire. C’est ce qu’illustre le contenu des allocutions prononcées à l’occasion de la célébration du centenaire du début du conflit, notamment au mémorial interallié de Cointe le 4 août 2014. Après avoir déploré les souffrances dues à la guerre et rendu hommage à la mémoire des victimes de celle-ci, les orateurs passent au temps présent pour évoquer la réconciliation entre les peuples incarnée par la construction européenne. Il n’est donc nulle part question, si ce n’est dans le discours du président de la République fédérale d’Allemagne rappelant que 2 l’invasion de la Belgique par les armées de son pays avait ouvert la boîte de Pandore , de la e situation au début du XX siècle. Bien plus, le président de la République française, en évoquant « le lien de sang que rien ne viendra dénouer » qui se crée en août 1914 entre la 3 France et la Belgique , verrouille en quelque sorte l’accès à la réalité historique qui précède cette date sacralisée. Une réalité dont nous allons tenter de rappeler quelques aspects. 2 En 1910, la Belgique dont la superficie est de 29 451 km compte 7,4 millions d’habitants. 4 L’empire allemand et la France en comptent respectivement 64,9 et 39,6 millions . Au point de vue des langues parlées, le recensement de 1910 établit que 38 % des habitants ne parlent que le français, 43 % que le flamand, 11 % déclarant parler les deux langues. Notons au passage que 2,25 % de la population recensée affirment parler l’allemand, soit de manière exclusive soit en association avec une autre langue. Dans ce dernier cas, la pratique 5 est plus répandue chez les francophones que chez les flamands . L’existence de deux communautés linguistiques donne lieu à trois types de discours au moins. Le premier, souvent associé, nous le verrons, à l’affirmation d’une volonté expansionniste, peut être illustré par un exemple. Le 28 octobre 1911, à l’occasion de la fête de clôture de l’Exposition de Charleroi, Ernest Gérard, secrétaire général du ministère des Chemins de fer, Postes et Télégraphes, déclare :
L’Exposition de Charleroi a été une grande manifestation de la puissance économique de la Nation belge […]. L’orgueil que nous pouvons concevoir de porter ce nom de Belge, que nous avons su, à travers les siècles, faire respecter, grâce à notre indomptable volonté d’être indépendants, d’être travailleurs, d’être nous-mêmes enfin, cet orgueil noble, nous 6 le devons aux qualités […] propres à notre race .
Mais deux autres discours se font entendre. Aussi bien au Nord qu’au Sud du pays, la nation et la race belges sont au cœur d’une vive agitation des esprits. LaLettre au roi de Jules
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