La Franc-Maçonnerie mère du colonialisme
166 pages
Français

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La Franc-Maçonnerie mère du colonialisme , livre ebook

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Description

Comment la franc-maçonnerie a-t-elle, en Indochine, réagi au phénomène colonial ? Comment l'a-t-elle même parfois suscité ? Puis, une fois abordé le comment, l'auteur interroge également : pourquoi cette franc-maçonnerie, qui a associé son nom à bien des causes d'émancipation politique, humaine et intellectuelle, a-t-elle continûment lié son sort à un système, le colonialisme, dont le fondement même était l'inégalité ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 36
EAN13 9782296473331
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Franc-Maçonnerie
mère
du colonialisme


Le cas du Vietnam
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56500-5
EAN : 9782296565005

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Claude GENDRE


La Franc-Maçonnerie
mère
du colonialisme


Le cas du Vietnam


Préface
d’Alain RUSCIO
À la mémoire de mon grand-père,
Jean GENDRE (1886-1965),
Chevalier de l’Ordre du Dragon de l’Annam.
« Les colonies sont faites pour être perdues.
Elles naissent avec la croix de mort au front. »

Henry de Montherlant. Le Maître de Santiago.
(Livre de poche n° 1172, p. 48)
Préface
Ce ne sont pas de minces questions qu’aborde Claude Gendre dans ce livre passionnant : comment la franc-maçonnerie a-t-elle, en Indochine, réagi au phénomène colonial ? comment l’a-t-elle même parfois suscité ? Puis, une fois abordé le comment, il interroge également : pourquoi cette franc-maçonnerie, qui a associé son nom à bien des causes d’émancipation politique, humaine et intellectuelle, a-t-elle continûment lié son sort à un système, le colonialisme, dont le fondement même était l’inégalité ?
L’auteur, d’ailleurs, dans sa conclusion, quitte les seuls rivages indochinois et explore d’autres zones de l’Empire. Ce qui nous laisse espérer, peut-être, une suite plus généraliste, à condition bien sûr que les Archives s’ouvrent totalement entre temps.
Sujet fort intéressant, d’autant qu’il a été bien souvent, trop souvent (la bibliographie en atteste), délaissé par la recherche historique.
Pourtant, un temps, à lire l’auteur, qui cite des sources irréfutables, tout le haut personnel, à commencer par les gouverneurs généraux (sauf Sarraut, il est vrai homme d’exception) furent des frères.
On se permettra de chicaner l’auteur sur telle ou telle affirmation : peut-on par exemple à bon escient affirmer que l’ « alliance entre francs-maçons républicains et monarchistes cléricaux en faveur d’une expansion coloniale de la France » est « proprement surréaliste » ? Outre l’anachronisme du terme, l’idée même ne nous convainc pas : c’est justement parce que les valeurs coloniales – hiérarchie des races, des civilisations et des cultures – formaient l’air du temps idéologique d’une époque qu’elles étaient partagées par tous, de la droite à une large frange de la gauche – donc des francs-maçons, avec d’heureuses exceptions (Camille Pelletan) signalées par l’auteur.
La vérité est que ces hommes politiques, ces intellectuels étaient plus racialistes que racistes, selon la subtile distinction opérée par Pierre-André Taguieff : ils considéraient certes que des traits permanents distinguaient les races entre elles, que l’une, la blanche, avait des droits et des devoirs, mais cela n’entraînait ni toujours, ni fatalement, le glissement vers le racisme sordide, destructeur, porteur d’extermination de l’Autre. D’où l’apparente aisance intellectuelle, qui nous paraît aujourd’hui hypocrisie, avec laquelle ils conciliaient ces théories avec la fraternité liée à l’appartenance maçonnique.
L’autre terreau maçonnique de la colonisation fut la foi sans bornes, partagée par tous les grands esprits de l’époque, en la science. Comme celle-ci, lorsque s’ébaucha la conquête, était indubitablement plus développée en Occident que dans le reste du monde, la notion de mission de l’Homme blanc, chargé de mener l’humanité entière vers la civilisation, grâce à cette science, ne pouvait qu’être acceptée avec enthousiasme par les frères.
Au XIX ème et durant une grande partie du XX ème siècle, on pouvait adhérer à la théorie des races tout en continuant à se prétendre humaniste. Que l’on se garde cependant aujourd’hui de sourire de ces théories de nos aïeux : ils avaient sur certains de nos contemporains l’immense avantage de n’être pas hypocrites ! Il y avait, dans cet étalage de bonne conscience, une croyance, quasi une foi, en des progrès infinis de l’humanité, sous la direction des plus avancés sur cette voie, les Blancs.
On relèvera en particulier la qualité d’information de cet ouvrage. Les notices biographiques seront, pour les curieux, pour les chercheurs (et pour les maçons !) une source précieuse, désormais incontournable, de renseignements.
Il est cependant un point historique sur lequel j’ai attiré, lors d’une amicale conversation, l’attention de Claude Gendre. Chacun étant resté sur ses positions, je me dois de préciser la mienne.
Voici. L’auteur donne longuement la parole à une dame, la veuve du lieutenant-colonel Tutenges, qui accompagnait Ho Chi Minh lors de son voyage en France, à l’été 1946, afin de finaliser les accords du 6 mars de la même année. On sait que ce voyage, hélas, se solda par un échec et préluda au déclenchement de la guerre (bombardement de Haïphong, 23 novembre 1946).
M me Renée Tutenges évoque diverses conversations, à Paris, à ce moment, dont celles menées avec Vo Nguyen Giap, « fermé, distant et en désaccord fréquent avec son président ». Or, j’affirme que le général n’est jamais venu en France, pas plus en 1946 qu’auparavant, pour des études supérieures, ou ensuite, pour des missions officielles. Je m’appuie, pour être aussi affirmatif sur les articles de la presse parisienne de l’époque, qui citent abondamment Ho Chi Minh et Pham Van Dong, jamais Giap, sur toutes les études historiques parues depuis un demi-siècle, par exemple sur celles de Philippe Devillers {1} ou de Stein Tonnesson {2} les meilleurs connaisseurs de cette période. Enfin, il se trouve que je connais bien le général Giap, qui m’a fait l’honneur de me recevoir, de m’accorder de très nombreux entretiens, qui ont d’ailleurs fourni la substance d’un ouvrage biographique récent {3} . Nous avons parlé de cette période, plus précisément de ces années 1945-1946. Giap a évoqué devant moi des figures françaises marquantes, d’Argenlieu, Leclerc … Jamais, à aucun moment, il n’a parlé d’une présence en France. Je ne me permets évidemment pas de prétendre être propriétaire de la vérité. Mais je dis qu’il y a là un faisceau de témoignages qui permettent le certitude.
Que l’on m’entende bien : ce n’est pas l’honnêteté intellectuelle de M me Tutenges que je mets en cause. Mais, praticien de l’histoire contemporaine, j’ai moi aussi souvent recueilli des témoignages oraux qui se sont révélés approximatifs, et je sais trop combien la mémoire humaine est faillible. Mme Tutenges a fort bien pu, avec les années, confondre. D’autant que, dans la suite du récit, on apprend qu’elle est revenue à Hanoï. C’est là, me semble-t-il, qu’elle a pu rencontrer Giap.
J’introduirais une seconde réticence. Si l’amitié vraie entre un couple de Français et Ho Chi Minh, même en cette veille de conflit, est chose vraisemblable – on pense au couple Aubrac, exactement à la même époque –, on imagine tout de même mal ce vieux routier de l’Internationale communiste, habitué à la plus stricte clandestinité depuis des décennies, faire des confidences d’ordre politique à une femme « dont le mari faisait fonction de directeur de cabinet du Haut-commissaire et fut responsable du renseignement militaire français à Hanoï », comme le précise Claude Gendre. Ou alors, Ho était suprêmement habile et voulait faire passer un message aux autorités françaises. Ce qui n’est, après tout, pas impossible. Mais il ne s’agirait alors même pas d’un second degré : d’un troisième, d’un quatrième ?
Tout cela pour dire que nous ne croyons pas un seul instant à la thèse d’un Ho Chi Minh nationaliste maquillé en communiste. Par respect pour l’engagement communiste de Ho, jamais démenti du congrès de Tours à son dernier souffle. Par respect également de la vérité historique.
Par contre, je souscris à la thèse – si c’est là l’affirmation implicite de Claude Gendre – qu’il a été un communiste atypique, a mille lieues des machines à face humaine

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