La France et la Suisse
230 pages
Français

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La France et la Suisse , livre ebook

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230 pages
Français

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Description

La France et la Suisse se sont intimement fréquentées depuis avant même le début de l'ère chrétienne, tardant longtemps à fixer leur identité nationale propre. Ce cousinage direct ou indirect depuis l'époque gallo-romaine jusqu'à nos jours témoigne de l'entrelacement de multiples racines matérielles et intellectuelles. La naissance en 1979 d'un canton francophone, le Jura, matérialise cette confluence dans la durée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 56
EAN13 9782296497177
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La France et la Suisse
Une histoire en partage, deux patries en héritage
Historiques
Dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland


La collection « Historiques » a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d'étude et des périodes historiques.
Elle comprend trois séries : la première s’intitulant « travaux » est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la deuxième intitulée « sources » a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien ; enfin, la troisième, « essais », accueille des textes ayant une forte dimension historique sans pour autant relever d’une démarche académique.

Série Travaux

Jean-Paul AUTANT, De la mobilisation à la victoire. 1939-1946. Un singulier parcours sous l’uniforme durant le second conflit mondial , 2012.
Christian FEUCHER, Ali Bey, un voyageur espagnol en terre d’islam , 2012.
Mélanie GABE, Accoucher en France. De la libération aux années 1960 , 2012.
Jean-Marc SERME, Andrew Jackson, l’homme privé. Émotions et sentiments d’un homme de l’Ouest , 1767-1845, 2012.
Gilles GÉRARD, Famiy Maron ou la famille esclave à Bourbon (île de la Réunion) , 2012.
Bernard CAILLOT, L’Angleterre face aux Bourbons dans la Guerre d’Indépendance Américaine. Paradoxe dans l’Europe des Lumières , 2012.
Alain COHEN, Le Comité des Inspecteurs de la salle , 2011.
Franck LAFAGE, Le théâtre de la Mort , 2011.
Clément LEIBOVITZ, L’entente Chamberlain-Hitler , 2011.
Peter HOSKINS, Dans les pas du Prince Noir. Le chemin vers Poitiers 1355- 1356, 2011.
Janine OLMI, Longwy 1979, Pour que demeure la vie , 2011.
Fabrice MOUTHON, L’homme et la montagne, 2011.
Fernando MONROY-AVELLA, Le timbre-poste espagnol et la représentation du territoire , 2011.
François VALÉRIAN, Un prêtre anglais contre Henri IV, archéologie d’une haine religieuse, 2011.
Manuel DURAND-BARTHEZ, De Sedan à Sarajevo. 1870-1914 : mésalliances cordiales , 2011.
Georges ASSIMA
La France et la Suisse
Une histoire en partage, deux patries en héritage



L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96102-9
EAN : 9782296961029

Charles Gleyre : Les Romains passant sous le joug des Helvètes en 107 avant J.-C. près d’Agen, 1858.

Photo J.-C. Ducret, Musée Cantonal des Beaux-Arts, Lausanne
PROLOGUE : VERS UNE LECTURE SYCHRONE DE L’HISTOIRE DE FRANCE ET DE LA SUISSE
1. Un matériau humain et physique généreusement partagé
Une filiation commune dans un espace aux frontières politiques et naturelles mouvantes
Ceci n’est pas un conte mais le récit de notre histoire, dont je me fais le simple narrateur. Commençons par une question : qu’est-ce qui a poussé le Président suisse et six chefs de gouvernements cantonaux à célébrer au Sénat de la République à Paris, le 19 février 2003, le bicentenaire de l’Acte de Médiation remis par Bonaparte aux délégués de toute la Suisse 1 qu’il avait réunis dans sa capitale pour décider de l’avenir institutionnel de leur pays ? Son acte d’autorité clôturait leurs vaines délibérations, reflet de leurs contradictions politiques et culturelles, et tournait définitivement la page de la République helvétique que les armées de la Révolution lui avaient imposée en 1798 sur le modèle du Directoire. Cet heureux dénouement scellait de plus l’entrée des cantons d’Argovie, des Grisons, de Saint-Gall, du Tessin, de Thurgovie et de Vaud dans la Confédération, dont le nombre inchangé depuis 1513 passait de 13 à 19. Toutefois cette initiative n’était pas le seul fait du Premier Consul et s’inscrivait bien davantage dans une continuité historique 2 . Une question qui mérite donc qu’on s’y attarde.
À l’inverse, l’histoire moderne a-t-elle violé une lointaine et bénéfique tradition lorsqu’elle a cédé à la flambée des nationalismes modernes déclenchée par cette même Révolution française ? L’érection de barrières juridiques rigides tranchant des aires géographiques et culturelles jusque-là continues a eu pour effet de séparer, bien souvent, des familles humaines qu’un même fil historique a très longtemps rattachées les unes aux autres. Sans nier le rôle déterminant de forces parfois aussi implacables que la volonté de puissance de certaines individualités, il paraît légitime de faire remonter à la surface des filiations qui ont marqué de leur empreinte depuis les Celtes, dans la durée, les femmes et les hommes d’aujourd’hui dans une région bien précise du Vieux Continent.
La France et la Suisse se sont intimement fréquentées pendant plus de deux millénaires, depuis avant même le début de l’ère chrétienne, période durant laquelle ces deux entités, qui ont tardé longtemps à fixer leur identité politique finale, à plus forte raison nationale, la recherchaient en suivant des voies en apparence si divergentes. La composante occidentale du vaste bassin qu’elles recouvraient cédait irrésistiblement à une volonté monarchique centripète, pas nécessairement centralisatrice, cependant que celle qui est située plus à l’Est se regroupait selon un phénomène d’aimantation tout à fait original par la diversité des pièces rapportées à l’ensemble. Toutefois, ce qui est valable pour le tout ne l’a pas forcément toujours été pour chacune de ses parties et un profond processus de sac et de ressac a longtemps laissé incertain tout au long de leur histoire le sort des uns et des autres dans ce vaste espace et, dès lors, leur destination ultime. Le cousinage direct ou indirect qui relie la Suisse à la France est ainsi très antérieur au Pacte fédéral de 1291 et même au sacre de Hugues Capet. Cette proximité humaine est peut-être déterminante pour expliquer pourquoi les armées des rois de France se sont enfoncées sans relâche plus au nord ou plus au sud de la Confédération dans leurs vastes entreprises d’expansion territoriale, si l’on excepte la détestable et très brève période de son occupation entre 1798 et 1803 lors de la Révolution française. Rien de comparable aux velléités de reconquête, quelque peu masochistes, entretenues par les Habsbourg, tout ducs, rois ou Empereurs qu’ils puissent être, pendant des siècles envers leurs sujets de « Haute-Allemagne ».
Le rôle des hommes d’État et d’autres personnalités publiques éminentes est plus facile à différencier que celui des populations dans des unités territoriales aux dimensions alors plus modestes que celles de nos références actuelles et aux contours fort instables. Les dissimilitudes dans ces processus étaient accentuées à leur tour par le mode d’inféodation relativement complexe des habitants avant la Révolution française, qui à un seigneur, qui à une ville-État, l’un et l’autre faisant office à la fois de leviers des conquêtes territoriales et de socle des interdépendances individuelles. La vague de fond révolutionnaire ne modifiera pas diamétralement les données de la situation, tant celle-ci était attendue, si pas universellement souhaitée, sur les deux versants de l’Arc jurassien, et tant elle aura, de plus, constitué la résultante des interactions continues entre les populations et les élites qui peuplaient ces régions. Les frontières mettront de ce fait de longs siècles à se figer et ont nourri bien des fois, à l’issue d’un cheminement incertain, d’inévitables regrets. L’abandon douloureux pour ses habitants d’une partie de la Savoie en 1860 par la Confédération suisse sera une forme très particulière du prix très lourd payé à son puissant et impérial voisin par gain de paix. Ce renoncement consacrait parallèlement l’effacement du fait régional face à la dynamique portant sur le devant de la scène les États dits nationaux. Le temps long de Fernand Braudel sera celui d’un temps partagé. Le temps présent aura davantage évolué vers un temps éclaté. Mais dans tout le continent européen, et à l’écoute de l’Union Européenne, l’actuel retour de régions transfrontalières vient légitimer une vision du développement des sociétés, qui apparaîtra comme une correction d’une période plus récente, et relativement courte, sans pour autant remettre v

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