La Patrie de Narcisse
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La Patrie de Narcisse , livre ebook

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Description

Par un de nos plus grands érudits peut-être en matière d’Antiquité grecque, voici une étonnante enquête pour retrouver les traces bien réelles de la figure de Narcisse. On connaît le mythe, on sent sa présence dans l’art et la littérature à toutes les époques. Mais comment s’est-il construit ? Quel rôle jouait-il ? À quelle époque remonte-t-il ?Au bout du chemin, on y découvrira sa véritable patrie, en Grèce bien sûr, dans la region d’Érétrie, petite cité disparue de l’île d’Eubée, qui fait l’objet d’intenses recherches archéologiques. Et c’est le visage même de Narcisse qui sort modifié de cette exploration. Car derrière l’aimable jeune homme qu’ont fait connaître les poètes et les peintres de l’époque hellénistico-romaine, relayés par une foule d’écrivains et d’artistes à travers les âges, une puissante divinité de la nature se profile, née durant la protohistoire de la Grèce. La mythologie éclairée par l’archéologie et l’épigraphie. Denis Knoepfler est titulaire de la chaire d’épigraphie et d’histoire des cités grecques au Collège de France, après avoir été professeur d’archéologie classique et d’histoire ancienne à l’Université de Neuchâtel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738198532
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cet ouvrage s’inscrit dans le cadre de la collection du Collège de France chez Odile Jacob.
© ODILE JACOB, SEPTEMBRE 2010
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9853-2
ISSN : 1265-9835
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
« J’arrivai enfin dans un bosquet où je trouvai une fontaine ombragée d’un pin magnifique et plus élevé que tous les arbres du jardin. La fontaine coulait dans une pierre de marbre sur le rebord de laquelle, en amont, se voyait une inscription en petites lettres qui disait : ICI SE MOURUT LE BEAU N ARCISSE . »
Guillaume DE L ORRIS ,
Le Roman de la rose aux vers 1423-1436  (texte mis en français moderne par André Mary).
À la mémoire de Martine, compagne des séjours au pays de Narcisse et du temple enfoui d’Artémis vagabonde.
Avant-propos

Le présent essai est, à certains égards, un texte de circonstance, puisque le noyau en est constitué par une conférence que l’auteur a été amené à prononcer le 15 mars 2008 lors d’une cérémonie organisée au Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds en Suisse : il se voyait alors attribuer le prix 2008 de l’Institut neuchâtelois, organe culturel de la République et canton de Neuchâtel, en considération de l’ensemble de ses travaux dans le domaine de l’épigraphie, de l’archéologie et de l’histoire grecques. Pour une telle occasion, il lui avait paru opportun de traiter d’un sujet qui pût susciter d’emblée quelque écho dans l’esprit des auditeurs, tout en permettant de donner un exemple significatif de la diversité des voies d’approche auxquelles un chercheur a naturellement recours dans l’exercice des disciplines que cet Institut, pour la première fois depuis la création du prix en 1964, avait tenu à distinguer en honorant l’un de ses représentants locaux : montrer ce qui – au-delà des aspects les plus conventionnels d’un mythe largement connu du grand public – fait toute la spécificité d’une tradition remontant à un passé très reculé. La démarche était néanmoins périlleuse, puisqu’il fallait, face à un auditoire forcément très composite, éviter un double écueil, en veillant d’un côté à ne pas désarçonner les profanes par des observations trop techniques ou trop savantes et, de l’autre, à ne pas lasser, par de trop fréquents et inutiles rappels, les personnes qui cultivent, à un titre ou à un autre, l’étude de l’Antiquité gréco-romaine.
Lors de la transformation de cette conférence en un petit livre un peu plus solidement charpenté et étoffé, on a pris soin de conserver le caractère premier de l’exposé oral, sans l’alourdir par des notes faisant référence à des travaux modernes et contemporains, en renonçant même à introduire dans le texte des appels de note, qui sont autant d’incitations à couper le fil d’une lecture continue. Mais on s’est également soucié de fournir au lecteur plus exigeant ou simplement plus curieux la possibilité, au terme de chacun des sept chapitres, de se reporter par lui-même à l’essentiel de la bibliographie dans les divers domaines traversés par cette recherche pluridisciplinaire. D’où aussi l’appendice épigraphique proposé in fine à l’usage de qui ne se laisse pas rebuter par la (relative) technicité d’une publication d’inscriptions grecques : car s’il n’est nullement indispensable de consulter cet appendice pour suivre l’exposé général (ou même pour en faire la critique !), les documents, anciens et nouveaux, réunis là pour la première fois n’en constituent pas moins le fondement de l’hypothèse émise sur l’origine, au moins géographique, du mythe de Narcisse dans sa version la plus ancienne et la plus authentique.
L’auteur ne se serait pas cru autorisé, en effet, à reprendre un texte esquissé pour une occasion très particulière s’il ne s’agissait pas, avant tout, de porter à la connaissance du public les conclusions d’une enquête amorcée il y a fort longtemps déjà, mais comme ravivée aujourd’hui par une entreprise archéologique en cours. Voici plus de trente ans que des trouvailles faites par lui l’ont conduit vers le héros Narcisse, divinité bien plus ancienne qu’on ne le croit communément, attachée à une région – et à elle seule – par des racines bien plus profondes que la tradition mythographique, dans son état actuel, ne le laisse soupçonner de prime abord. Le fait est que des fouilles amorcées tout récemment, à son initiative, dans l’île d’Eubée par l’École suisse d’archéologie en Grèce sont venues renforcer, de manière sans doute décisive, la localisation qu’il avait proposée naguère d’un assez fameux sanctuaire de la déesse Artémis Amarusia , c’est-à-dire d’Amarynthos, sur un site antique très prometteur ; or, justement, ce hieron , cet emplacement consacré, se trouve entretenir un lien des plus étroits – encore que très largement méconnu jusqu’ici – avec la figure et le culte de Narcisse. Autour de ce thème se sont ainsi cristallisées diverses enquêtes de topographie et d’histoire dont le point de départ se situe aux alentours de l’année 1970 : si, malgré le temps écoulé, cette recherche ne peut assurément pas encore être considérée comme parfaitement aboutie (mais le sera-t-elle jamais ?), elle paraît avoir atteint désormais un degré de vraisemblance – ou disons en tout cas de cohérence – qui justifie sans doute la décision prise de lui donner une certaine publicité. Car enfin quel serait le sens du travail des archéologues, des épigraphistes et plus généralement des historiens de l’Antiquité s’ils n’avaient pas à rendre compte, périodiquement, des résultats de leurs découvertes et de leurs réflexions devant la société qui, après tout, les emploie à son service ?
Il reste à l’auteur l’agréable devoir de remercier les personnes et les institutions qui ont facilité la publication de ce petit livre : en premier lieu M. Jean-Jacques Rosat qui, au Collège de France, en a été d’emblée un lecteur très perspicace – comme on pouvait l’attendre d’un philosophe capable de se mouvoir dans les sphères les plus variées de la pensée – et dont les conseils éditoriaux ont été extrêmement précieux. Sa gratitude va aussi, bien entendu, à la directrice des éditions Odile Jacob et à ses collaborateurs, en particulier à M. Jean-Luc Fidel. Plusieurs institutions, musées et bibliothèques, méritent également sa reconnaissance pour l’avoir autorisé à reproduire une photo des œuvres ou monuments dont elles sont dépositaires ; sur ce point, ses remerciements vont très spécialement à M. Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur du musée Jacquemart-André à Paris, qui – en hommage à la mémoire de l’ancien président de la commission chargée de réformer et, par là, de sauver cette fondation de l’Institut de France, l’helléniste François Chamoux, maître très cher – a tenu à ce que le panneau représentant Narcisse sur le plafond peint par Girolamo Mocetto soit mis à disposition de l’éditeur aux conditions les plus favorables 1 .
Enfin, au moment de donner son texte à l’impression, comment l’auteur pourrait-il omettre de dire tout ce que ce petit livre doit à sa femme, hélas décédée le 30 septembre 2009 : car à chacune des étapes de la recherche sur la cité et le territoire d’Érétrie depuis 1968, Martine Knoepfler, née Buchet, s’est trouvée à ses côtés, présente qu’elle a été aussi bien au moment de la découverte, en 1975, de l’inscription qui a donné le branle à toute l’enquête sur Narcisse que lors de la mise au jour, en 2007, des premiers vestiges du sanctuaire recherché – le plus souvent avec elle –, pendant plus de quarante ans de vie commune. Au surplus, c’est elle qui aura été, sur son lit d’hôpital, la première auditrice, sinon toujours lectrice, du texte alors désormais rédigé de La Patrie de Narcisse .

1 - Pour l’illustration de l’ouvrage, l’auteur est particulièrement redevable à Mme Jeanne Pérou, des Éditions Odile Jacob ; l’ont aidé également dans cette tâche Mme Delphine Ackermann (Université de Neuchâtel), MM. Thomas Estrier (Bibliothèque générale du Collège de France), Adrian Robu (chaire d’épigraphie et d’histoire grecques du Collège de France), Mario Puccio (Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel) et Thierry Theurillat (École suisse d’archéologie en Grèce, Lausanne).
Introduction

En dépit du recul des études classiques, et même si, de temps à autre, on le déclare « mort », Narcisse demeure présent parmi nous, tout au moins comme métaphore d’un amour de soi passionné et exclusif, sinon comme prénom usuel (car les individus prénommés Narcisse, encore bien présents sur les monuments aux morts de la Première Guerre mondiale, se font rares depuis le milieu du XX e  siècle ; et rien n’assure au surplus qu’un tel nom leur ait été donné en mémoire du héros antique, puisqu’un saint évêque Narcisse, personnage historique incontestable, est fêté le 29 octobre dans la tradition catholique). De la permanence du mythe de Narcisse, en effet, il y a bien des témoignages variés, jusque dans la presse de boulevard, à l’affût des narcissiques idoles de notre temps : ne voyait-on pas tout récemment encore sur la page de couverture d’un magazine français à grand tirage le portrait d’une douzaine de Narcisse ( sic ) de la vie politique, artistique et culturelle (à charge pour les lecteurs de mettre un nom, plus ou moins illustre, sous chacune des effigies, qui, à l’intérieur du journal, étaient du reste passées à vingt-quatre, preuv

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