La présence indienne aux États-Unis
250 pages
Français

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La présence indienne aux États-Unis , livre ebook

250 pages
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Description

Cet ouvrage intègre l'histoire des Indiens à celle des Etats-Unis, plaçant sources et documents primaires, cités en anglais, au centre de la réflexion (textes fondateurs, réformes, traités, discours des présidents américains et des dirigeants et orateurs indiens). Ces documents sont remis dans leur contexte historique. En retraçant la politique des Etats-Unis envers les premiers Américains, désormais citoyens, ce livre démontre avec force la pérennité de leur présence.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2015
Nombre de lectures 20
EAN13 9782336397405
Langue Français
Poids de l'ouvrage 22 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nelcya DELANOË Joëlle ROSTKOWSKI
La présence indienne aux ÉtatsUnis
Anthologie d’un défi à l’oubli
L ’ a i r e
a n g l o p h o n e
La présence indienne aux États-Unis
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-07002-5 EAN : 9782343070025
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Nelcya DELANOË Joëlle ROSTKOWSKILa présence indienne aux États-Unis Anthologie d’un défi à l’oubli Préface d’Élise Marienstras
L'Aire AnglophoneCollection dirigée par Serge Ricard Cette collection entend s'ouvrir aux multiples domaines d'un vaste champ d'investigation, caractérisé par la connexion idiome-culture, auquel les spécialistes formés en langues, civilisations et littératures dites “anglo-saxonnes” donnent sa spécificité. Il s'agira, d'une part, de mieux faire connaître des axes de recherche novateurs en études britanniques, américain-es et canadiennes et, d'autre part, de répondre à l'intérêt croissant que suscitent les cultures anglophones d'Afrique, d'Asie et d'Océanie — sans oublier le rôle de langue véhiculaire mondiale joué par l'anglais aujourd'hui. A cette fin, les domaines privilégiés seront l'histoire des idées et des mentalités, la sociologie, la science politique, les relations internationales, les littératures de langue anglaise contemporaines, le transculturalisme et l'anglais de spécialité. Dernières parutions Michel MOREL,Éléments d’axiocritique. Prolégomènes à l’étude du texte et de l’image, 2015. Clémentine THOLAS-DISSET,Le cinéma muet américain et ses premiers récits filmiques, 2014. Marie-Claude FELTES-STRIGLER,L’indien millionnaire, Renaissance d’une tribu, 2014. Claire DELAHAYE, Serge RICARD,L’héritage de Théodore Roosevelt : impérialisme et progressisme (1912-2012), 2012 John MULLEN,La chanson populaire en Grande-Bretagne pendant la Grande Guerre (1914-1918), The show must go on, 2012.Annie OUSSET-KRIEF,Les Juifs américains et Israël. De l’AIPAC à JStreet, 2012. Daniel GALLAGHER,D’Ernest Hemingway à Henry Miller. Mythes et réalités des écrivains américains à Paris (1919-1939), 2011. Fiona McMAHON,Charles Reznikoff, Une poétique du témoignage, 2011. Emma RENAUD,Mary Beale (1633-1699). Première femme peintre professionnelle en Grande-Bretagne, 2010. Timothy WHITTON,Ken « » et la Mairie de Londres.le rouge DuGreater London Councilà laGreater London Authority,2010.
PRÉFACE Cet ouvrage, qui s’annonce modestement comme une anthologie, atteint des objectifs plus ambitieux. Au rebours de tant de siècles de déni de la présence indienne au monde, Nelcya Delanoë et Joëlle Rostkowski s’attachent à suivre le chemin que tracent les études d’ethnohistoire, s’accordant en cela à la pensée des Amérindiens eux-mêmes, dont elles transmettent les paroles. Le titre de leur ouvrage annonce les idées fortes qui courent à travers ces pages : non, les Indiens 1 ne se sont pas « évanouis » sous la pression d’une civilisation colonisatrice conquérante. Non, ils n’ont pas subi passivement une histoire qui en faisait de pures victimes. Oui, ils sont un peuple, ou des peuples (distinction importante sur laquelle il faudra revenir), animés d’un vouloir-vivre qui leur a permis de résister aux tentatives de destruction et de « naturalisation ». La politique qui fut longtemps menée à leur encontre, en prétendant les absorber dans la culture américaine, visait à les dépouiller de la leur et à les transformer comme – si l’on peut oser cette comparaison - on transforme, pour mémoire et pour gloire, le gibier chassé en trophée « naturalisé », en n’en gardant que l’apparence bourrée d’artifice. Le projet de « naturaliser » les Indiens, qui avait été adopté par la politique américaine dans le grand mouvement assimilationniste de la fin du XIXe siècle, visait en les réifiant à les priver de leur propre identité, pour tout dire, de leur humanité. Nelcya Delanoë et Joëlle Rostkowski campent sur des positions et une méthodologie qui s’apparentent à la « nouvelle histoire indienne » : comme leurspairs de notre temps, elles reconnaissent aux Amérindiens la position de
1  «The Vanishing Indian» est devenu une expression ambivalente : mort annoncée par la victoire de «La» civilisation, selon des auteurs comme Tocqueville ou des politiciens comme Jefferson ou Jackson, elle nourrit la nostalgie et le mythe d’un monde révolu dans les peintures de George Catlin (1796-1872) ou les photographies de Edward S.Curtis (1868-1952).
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sujets de leur propre histoire. En empathie avec les autochtones, elles les suivent dans la persistance avec laquelle ils ont lutté et luttent encore contre l’outrage fait à leur identité et à leur dignité. L’histoire immédiate clôt l’ouvrage non sans poser au lecteur des questions majeures : lorsqu’en 2007, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la 2 Déclaration des droits des peuples autochtones , n’a-t-on pas sauté brusquement, de l’histoire infra-nationale ainsi que multiculturelle des autochtones aux États-Unis, à une mondialisation de la question de l’autochtonie et de ses rapports aux États qui sont aujourd’hui sommés par la morale onusienne de restituer aux premières nations leurs biens et leurs droits ? Histoire mondialisée, histoire immédiate, histoire en devenir, les questions qui se sont posées quant aux autochtones d’Amérique ne se posent-elles pas à neuf lorsque l’on crée une catégorie qui englobe les autochtones de par le monde ? On peut d’ores et déjà dire que la question états-unienne de l’autochtonie a pris une dimension mondiale. Reste toutefois, - et nos deux historiennes ne négligent pas cette question cruciale - que le concept d’autochtonie est de plus en plus ambigu à mesureque seposent de façon de plus en plus complexe des problèmes d’identité individuelle et collective nouveaux : dans sa dernière partie, en effet,La présence indienne aux États-Unisentraîne dans un nouveau nous questionnement sur l’identité et l’appartenance nationale des autochtones américains tout en laissant, bien entendu, en suspens la réponse à la question : qui peut prévoir ce que réservera l’avenir à la Déclaration de 2007 ? Quel sera son poids sur l’histoire des nations ? Pour l’heure, le souci et le devoir du chercheur en études amérindiennes est de démontrer la réalité d’une lutte menée sans discontinuer par les autochtones contre les tentatives de destruction physique et spirituelle qui ont été menées à leur encontre. Ce qu’ils ont été, ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils sont devenus, c’est au cours d’une histoire qu’ils ont partagée avec celle de la nation qui s’est créée sur leur sol et qui a tenté d’absorber leur histoire dans la sienne.
2 Voir le chapitre IX où sont traitées l’historique et le texte de la Déclaration des droits des peuples autochtones par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2007.
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Or, ce que disent les Amérindiens du déroulement de cette histoire dans l’environnement américain, c’est la longue résistance qu’ils ont menée contre les violences, les offenses, le déni qui fut fait de leur présence sur le continent américain et de leurs droits à poursuivre une existence reconnue à l’égal de tous les peuples de la planète. En retour, si leur histoire fait partie de celle des États-Unis, l’histoire des États-Unis serait inconcevable hors de la présence des Indiens. C’est sur les terres de chasse et de culture, sur les lieux de vie des peuples autochtones que les colonies dépêchées par les monarques européens ont pris racine et ont prospéré. C’est dans la rencontre avec ceux qu’il a nommés par mégarde des « Indiens » que le monde euro-américain a élaboré sa conception d’un Autre qui lui serait hostile, inférieur, étranger par essence. C’est lors de l’adoption du budget fédéral par le Congrès qu’est votée jusqu’à nos jours la part qui sera versée au Bureau des Affaires Indiennes chargé de distribuer les subventions aux réserves au pro-rata de leur population. Il serait donc aberrant de continuer à ignorer cette population d’exception, paradoxalement mais inéluctablement, insérée dans l’activité politique fédérale. L’anthologie polyphonique de cet ouvrage ne se contente pas de restituer la vérité d’une histoire commune;elle met en évidence lapersonnalité de ces peuplesqui ont réussi,par-delà l’affrontement mortel avec leurs envahisseurs, à imposer la vitalité de cultures renaissantes dont la présence est aussi singulière que multiple. Car réintégrer les peuples autochtones dans l’histoire américaine ne signifie pas pour autant abolir leur spécificité ou nier leur dynamisme propre, y compris même aux moments de leur plus grande faiblesse, lorsque des épisodes comme le massacre de Wounded Knee en 1890 les désignaient comme pures victimes d’une histoire dans laquelle les États-Unis figureraient à jamais les vainqueurs. Certes, le mode de la tragédie selon lequel se joue l’histoire amérindienne comporte une grande part de vérité et il ne faut pas oublier que c’est en tant que victimes que les autochtones ont figuré dans l’histoire à double face des États-Unis. Mais l’histoire exclusivement victimaire qui occupa longtemps l’historiographie dominante ne doit plus étouffer la réaction des Indiens au mal qui leur fut porté : « le défi à l’oubli » que se veut cet ouvrage est aussi une réhabilitation par une mise en lumière de ce qui fut longtemps celé : la présence des Indiens qui ne se laissa jamais effacer, par exemple des
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rapports du Bureau des Affaires Indiennes, ou des correspondances entre hommes politiques, ou des archives des États qui se fondèrent par spoliation des territoires autochtones, ou des Actes du gouvernement fédéral qui leur doit, par substitution de propriété et de souveraineté, sa légitimité nationale. Partie prenante (ou plutôt donnante ou dérobée) de l’histoire américaine, les Amérindiens ont donc joué une partie à deux avec l’État-nation américain, dont ils ont été jusqu’au siècle dernier désignés, au pire comme L’Adversaire ontologique ou L’Envers du Bien qu’incarne la nation providentielle ; au mieux, comme L’Ancêtre primitif, le Premier venu, le Primitif innocent ; puis, plus récemment, L’Authentique allié de la nature vierge. Tous stéréotypes aujourd’hui rejetés grâce à la volonté des Indiens de se défaire de l’image mythique qui venait justifier un traitement politique et social discriminant. Les mêmes Amérindiens, tout en se reconnaissant, d’un bout à l’autre du continent, défigurés et maltraités par un ennemi commun qui les vouait à une même destinée funeste, parvinrent aussi, outrepassant la politique pan-indianiste de résistance, à faire reconnaître par le monde que « les Indiens » sont en effet pluriels, non seulement par leur démographie croissante (5,2 millions au recensement de 2010), mais aussi et surtout par leur diversité ethnique, ou nationale, reconnue aujourd’hui par le gouvernement fédéral et les instances internationales comme « tribus, bandes, villages, nations, réserves »... Du fait qu’elles ont eu affaire, au cours de leur histoire, à un État-nation avec lequel elles ont eu et ont encore des rapports de « gouvernement à gouvernement » comme le soulignent les visites que font les chefs de tribus à Washington, depuis l’ère du premier président des États-Unis, George Washington, jusques et y compris à celle du président Obama, la multiplicité et la diversité de ces populations se doublent, jusqu’à un certain point, d’une unicité de leur destin, lequel faillit être complètement interrompu dans la fin du XIXe siècle. Le phénix, symbole omniprésent, les montre renaissant de leurs cendres grâce à leur résistance continue au cours des siècles, à ce que l’on appelle leur résilience ou leur résurgence, selon le choix lexical du moment.
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Il est utile ici de mentionner que l’ouvrage de Nelcya Delanoë et Joëlle Rostkowski est une nouvelle version d’un livre paru une première fois dans les années 1980, et réédité. Comme tel, il bénéficie, dans son évolution au cours du temps, de l’insertion progressive dans le nouveau courant historiographique, Faisant fi de l’histoire victimaire, du stéréotype, de la réification des victimes, la nouvelle histoire amérindienne, alliée à l’ethnohistoire, restitue aux Amérindiens, comme on l’a dit plus haut, leur propre rôle d’acteurs de l’histoire, répondant ainsi aux revendications qu’ils ont partagées avec les minorités américaines au temps des années de révolte contre la guerre du Vietnam et le déni de la démocratie. Cette nouvelle histoire, cette affirmation de soi, elle fut endossée et initiée par de grands auteurs amérindiens, cités ici dans l’anthologie, tels que Luther Standing Bear ou Vine Deloria Jr. et tant d’autres. Les historiens et les ethnologues, réunis sous le terme d’ethnohistoriens, ne sont pas sans avoir contribué à cette réhabilitation des Amérindiens. Ainsi, N.Delanoë et J.Rostkowski ne renient pas une ancienne tradition qui, à 3 l’instar de Teri McLuhan , s’appuyait sur une présentation admirative de discours, de poèmes, de prophéties et de divers textes indiens, les dotant ainsi d’un statut d’icones largement mythifiées. N.Delanoë et J.Rostkowski, en revanche, sans renier cette tradition, donnent à leur anthologie un support épistémologique plus rigoureux, et en font l’instrument d’une ethnohistoire qui cherche à faire dialoguer les deux interlocuteurs d’une histoire partagée. En parcourant les textes deLa présence indienne aux États-Unis,on entend la voix des autochtones résonner à l’unisson du commentaire donné en contexte par les historiennes, et lui apporter un surcroît poétique qui est le propre de « la voie indienne ». C’est ainsi qu’en filigrane se dessinent dans les textes qu’elles ont réunis la présence et l’histoire d’une identité autochtone. Suivant la « voie indienne » de la mémoire qu’elles inscrivent en exergue dans l’introduction, les deux ethnohistoriennes font entendre les multiples, les innombrables « voix » indiennes qui chuchotent d’un bout à l’autre des grandes Plaines la prophétie du Paiute Wovoka, lorsque celui-ci, dans les années 1880, annonçait l’ultime retour du bison et des Indiens morts. 3 Teri McLuhan,Touch the Earth(Simon & Schuster), tr.fr.,Pieds nus sur la terre sacrée, Paris, Denoël, 2001.
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