Le Juste de la Wehrmacht
140 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Juste de la Wehrmacht , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
140 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Si l’ouvrage de S. Malkès se donne comme témoignage historique sur la condition juive dans une Vilnius placée sous le joug nazi, il veut encore et surtout mettre dans la lumière l’action de K. Plagge qui permit à de nombreux juifs d’échapper à l’extermination. Un être auquel S. Malkès lie intimement son existence. Pour preuve : cette biographie reconstituée de Plagge qui fait suite au propre récit de vie de l’auteur, qui rend aujourd’hui un impérissable hommage à celui pour qui il obtint le titre de Juste parmi les nations en 2005.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 novembre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748395983
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Juste de la Wehrmacht
Simon Malkès
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Le Juste de la Wehrmacht
 
 
 
Je dédie ce livre à ma fille Nathalie, à son époux Jean-Michel et à leurs enfants , Jérémie et Clara.
 
 
 
Préface de Serge Klarsfeld
 
 
 
Le récit de Simon Malkès est d’abord une saga familiale dans le cauchemar sanglant de la Shoah à Vilna où, grâce à la surprenante bienveillance à l’égard des Juifs d’un officier supérieur de la Wehrmacht, les parents Malkès et leur fils unique ont pu survivre, ainsi qu’une centaine d’autres Juifs.
Simon avait 14 ans en 1941 ; il a attendu longtemps après sa retraite pour entreprendre une enquête minutieuse et des multiples démarches afin de rendre l’hommage dû à son sauveur allemand, Karl Plagge. Probablement est-ce la réussite de sa vie personnelle et professionnelle qui a suscité cette tardive reconnaissance exprimée par la remise solennelle de la Médaille des Justes décernée à titre posthume à Karl Plagge en 2005 à Jérusalem. Quant à Karl Plagge il est mort en 1957, quand il était encore trop tôt pour que les survivants le recherchent et le remercient ; l’Europe de l’immédiat après guerre était hérissée de frontières difficiles à franchir et les rescapés de la Shoah tentaient alors de reconstruire leur existence en Europe, en Israël, aux États-Unis ou ailleurs. Le temps devait passer pour qu’un groupe de ces survivants se rende compte qu’ils devaient leur vie à l’Allemand et que celui-ci la leur avait préservée pour des raisons désintéressées, tout simplement par humanité. Certes il était membre du parti nazi depuis 1931 ; certes il avait voté Hitler, mais il n’avait pas donné sa voix à la Shoah. Dans le III e Reich, il y avait des nazis qui n’étaient pas méchants et des bourreaux qui n’avaient pas la carte du Part. Karl Plagge avait choisi de rester humain.
Après l’invasion de l’URSS et des États Baltes, il avait été placé à Vilna en Lituanie à la tête des ateliers de réparation des véhicules militaires. Il avait 44 ans ; il était ingénieur en mécanique, il avait combattu en 1914-1918.
 
À son poste, il employait non seulement des Allemands mais aussi environs 500 Juifs qui, incrédules trouvaient dans les ateliers de Plagge de la sécurité pour eux et pour les membres de leurs familles, une nourriture convenable et un comportement des Allemands contrastant avec le déchaînement de violence qui s’abattait sur les Juifs de Vilna conduits presque tous au fil du temps dans la forêt aux fosses communes de Ponar, où a été anéantie cette communauté Juive de Vilna, la Jérusalem du Nord, une communauté qui s’est distinguée entre toutes par sa résistance intellectuelle et spirituelle et par ses héros, parmi lesquels Wittenberg, qui se rendit aux SS pour éviter des représailles et se suicida au cyanure, Abba Kovner et Ytzak Arad, futur général israélien et directeur de Yad-Vashem.
Arguant de la nécessité du travail qu’il accomplissait et de la compétence de ses travailleurs Juifs, Plagge a réussi par des multiples et habiles démarches à les conserver auprès de lui, malgré la volonté des SS de se débarrasser de tous les Juifs, quel que fut leur intérêt pour l’économie de guerre.
Plagge eut même l’immense mérite de conduire en personne dans sa voiture la mère de Simon à l’hôpital, où elle put rester à l’abri pendant six mois jusqu’à la libération de Vilna. Ce sauvetage décida finalement Yad Vashem à accorder la Médaille des Justes à un officier allemand, membre du parti nazi, qui fut le Schindler de Vilna.
Quelque temps avant la libération, quand Plagge prévint ses protégés que l’armée allait faire retraite et qu’ils allaient être confrontés aux SS et à leurs complices lituaniens, Simon, son père et quelques familles amies se réfugièrent dans une cachette aménagée en prévision de la circonstance. Ils s’y entassèrent dans des conditions vite devenues si insoutenables qu’il leur fallut tuer de leurs mains et devant leurs enfants un couple hystérique qui risquait leur perte à tous.
En juillet 1944, les Soviétiques s’emparent de Vilna. Une nouvelle vie commence, qui continue encore pour Simon en 2012 et c’est un des grands mérites de ce récit de la traversée de la Shoah que de ne pas s’arrêter quand l’oppression fait place à la liberté et de nous faire savoir ce qu’a fait de sa vie ce garçon de 17 ans, l’un de très rares, grâce à Karl Plagge, à avoir non seulement été préservé, mais ses parents aussi. Cette happy end n’exigeait-elle pas de celui qui en avait bénéficié un engagement particulier pour justifier le miracle ? Il semble que les adolescents compagnons de Simon ont décidé comme lui de mettre leur intelligence et leur énergie au service d’une cause très simple : je n’ai pas survécu pour rien et je ferai tout ce que je peux pour devenir un homme. Je ne citerai pas les autres cas que Simon cite ; l’exemple de Simon suffira. Le milieu où il vivait dans les années trente était aisé, Simon parlait yiddish, hébreu et polonais. Pendant les trois années d’occupation, il a appris l’allemand. Il commence ses études d’ingénieur à Lodz de 1947 à 1949 et les poursuit pendant trois ans à Munich. Bon fils, il rejoint ses parents qui se sont entre-temps installés à Paris et il apprend le français. Plus tard ingénieur confirmé de haut niveau dans l’électronique, habitué à faire de longs séjours dans de nombreux pays, l’anglais devient sa langue de travail. Simon n’a pas arrêté d’étudier, de progresser, d’innover. À la retraite, il se consacre bénévolement à l’ORT, institution qui enseigne de nombreux métiers techniques et qui a tant accompli pour les Juifs de milieux modestes dans le monde entier. La retraite permet à Simon de réfléchir à l’Odyssée qu’a été sa vie et à prendre conscience que ce qu’il doit à ce Major allemand ne peut pas rester qu’un souvenir : cet exemple doit être connu et apparaître comme un rayon de lumière dans la fenêtre de la Shoah à Vilna. Les anciens adolescents des ateliers de réparation des camions allemands se regroupent malgré les distances et grâce à Internet.
Ils reconstituent ce que furent la personnalité et la carrière de Plagge ; ils écrivent, ils publient et ils parviennent à le faire sortir de l’anonymat et le rendre exemplaire, comme il le méritait, si l’on se réfère à une lettre envoyée par lui en 1948 au seul survivant ayant pris contact avec lui à l’époque.
" Comme sont étranges et énigmatiques les chemins dans lesquels la vie nous conduit. Constamment mes rêves et mes pensés étaient préoccupés par ceux qui étaient si proches de mon cœur en ces temps si difficiles : où peuvent-ils être ces gens qui ont grandi dans mon cœur".
Ces gens eux aussi étaient proches de son cœur et ils l’ont prouvé. Karl Plagge est désormais pour les Juifs un Allemand rare et exemplaire et ceux dont il a sauvé la vie, l’ont à leur tour sauvé d’une mort anonyme et définitive.
Sa vie posthume sera utile et féconde.
Serge Klarsfeld
 
 
 
Lexique
 
 
 
Prononciation de l’orthographe polonaise
Polonais
Français
sz
ch
cz
tch
c
tz
rz
j
u
ou
Holszany
Holchany
Gerszon
Guerchone
Jagmin
Yiagmine
Wojczyk
Voïtchik
Liuba
Liouba
Trocki
Trotzki
Rudnicka
Roudnitzka
Straszuna
Strachouna
Chapunes (yiddish)
Hapouness
Mickiewicza
Mitzkevitcha
Subocz
Soubotch
Gens
Guense
Ciasna
Tsiasna
 
 
 
Introduction
 
 
 
Vu que mes années d’adolescence se sont déroulées en Pologne, j’ai écrit les noms de villes, de rues et de personnes en polonais. Afin de permettre au lecteur français de prononcer convenablement ces noms, j’ai joint en annexe un petit dictionnaire de prononciation.
J’espère que ce modeste ouvrage, que vous parviendrez à lire en quelques heures, vous permettra d’apprendre et de comprendre ce qui s’est déroulé dans l’Est de l’Europe entre 1939 et 1944, d’abord sous l’occupation soviétique, puis sous le joug nazi.
En outre, Vilnius la capitale de la Lituanie, était avant la Seconde Guerre mondiale une ville à moitié sainte, surnommée la Jérusalem du Nord par Napoléon et Jérusalem de Lituanie par les Juifs. Cette ville rayonnait dans le monde juif par sa culture et son enseignement laïc et religieux. Parmi les 65 000 Juifs d’avant la Shoah, seulement 200 à 300 survécurent, mais cette culture fut effacée de la surface de la Terre.
Je dois ma survie au major de la Wehrmacht Karl Plagge, pour qui j’ai obtenu en 2004 à titre posthume, la médaille de Juste parmi les nations. Il est à signaler qu’il n’y a que 2 % de Justes allemands, sur un total de 20 200.
 
 
 
Chapitre 1. Ma jeunesse à Wilno et à Holszany (1930-1939)
 
 
 
Je suis né à Wilno, en Pologne. Contrairement à Paris ou Londres, Wilno a durant des siècles changé de propriétaire : elle a appartenu successivement aux Lituaniens, aux Russes, aux Polonais, aux Allemands, puis de nouveau aux Russes, pour revenir, de nos jours, aux Lituaniens. Chaque nouvel occupant s’est empressé de transformer son nom : Wilno en polonais, Vilna en russe et en allemand, Vilnius en lituanien, Vilne en yiddish, nom qui n’a jamais changé. Mes parents, tout comme mes grands-parents, y sont nés, à l’époque des tsars. Il en résulte que nous parlions tous trois langues : le russe, le yiddish et le polonais.
 
Mon père, Abram Malkès et ma mère Rasia, née Badasz, se sont rencontrés en 1924-1925 dans cette ville. Après leur mariage, ils se sont installés au 14, rue Zawalna. Mon père possédait un magasin d’électricité et d’équipements électriques, domestiques et industriels non loin de là, a

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents