Le Lion et le Moucheron
308 pages
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Le Lion et le Moucheron , livre ebook

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Description

Voici l’histoire des marranes, juifs portugais et espagnols convertis au catholicisme, qui s’installèrent au XVIIe siècle à Toulouse. Jusqu’à la condamnation au bûcher de six femmes et douze hommes parmi eux. À travers leur saga familiale, c’est le climat politique et spirituel des provinces au siècle de Louis XIV qui est ainsi reconstitué. En persécutant les marranes, la France s’est-elle privée d’une chance de grandeur et de puissance ? « Le refus de l’économie marchande, l’incapacité de construire un système bancaire et plus généralement capitaliste, le repli sur soi, voilà des défauts de la France ; la passion des offices, la pusillanimité, l’amour du despotisme, voilà des défauts des Français. »Professeur à l’université de Paris-VI, membre de l’Académie des sciences, Jacques Blamont est l’auteur de Vénus dévoilée et de Le Chiffre et le Songe. Histoire politique de la découverte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2000
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738186751
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ÉDITIONS ODILE JACOB , FÉVRIER  2000
15, RUE SOUFFLOT , 75005  PARIS
EAN : 978-2-7381-8675-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À la mémoire d’Eugène Causse, Montpelliérain, imprimeur, protestant, honnête homme. Et à son fils Jean-Pierre, mon ami.
Remerciements

Ma reconnaissance va d’abord à M. Gérard Nahon, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, qui a bien voulu relire mon manuscrit et me faire de nombreuses remarques et suggestions. Je dois beaucoup à mes conversations avec Mme Michèle Escamilla-Colin, à son beau livre et aux informations qu’elle m’a transmises. M. René Souriac, professeur à l’université de Toulouse-Le Mirail, a eu l’amabilité de me recevoir et de m’indiquer quelques pistes. Mme Norma Perry, professeur à l’université de Reading, m’a éclairé sur une famille anglo-espagnole. Mme Rose Blanche Escoupérié-Merle m’a fourni des informations sur un de mes « clients » marseillais. Rudie Cortissos m’a transmis de précieux renseignements sur la congrégation d’Amsterdam.
Plusieurs archivistes m’ont aidé de la façon la plus efficace et la plus désintéressée : M. Pierre Gérard, directeur des Archives départementales de Haute-Garonne ; Mme Catherine Marion, directrice des Archives départementales du Cantal ; Mme Liliane Chauleau, directrice des Archives départementales de la Martinique ; Mme Wilhelmina C. Pietersee, directrice des Archives municipales d’Amsterdam. Je garde une pensée émue à la regrettée Marcelle Cabanne qui a découvert pour moi certains contrats aux Archives départementales de la Gironde. Mmes Monique Théron-Navatelle et Colette Dandigeos ont déterré d’intéressantes pièces respectivement aux Archives départementales de l’Hérault et des Landes. Mme Magda Combes, aux Archives municipales de Toulouse, a vérifié plusieurs références avec un aimable dévouement.
De brillantes amies, Juliette Blamont et Valérie Lécuyer, m’ont prêté main forte dans l’analyse des problèmes soulevés par ce livre. Odile Jacob s’est personnellement intéressée à sa publication.
Enfin ma fidèle collaboratrice Rose Mauve m’a apporté sans se décourager une aide irremplaçable comme elle l’a fait pour mes autres travaux, se jouant des difficultés de la tâche et des innombrables repentirs qui ont marqué l’écriture du texte. À Claudie Blamont est dû l’agencement délicat des tableaux généalogiques.
À tous, merci du fond du cœur. J’espère que le produit de ces efforts ne les décevra pas trop.
 
Lorsque je me suis résolu à mettre en forme les matériaux d’archives que j’avais accumulés sur les marranes de Toulouse, deux voies s’ouvraient : soit montrer sans fard la vie du XVII e siècle à partir des documents quasi bruts, soit en faire un roman historique avec des personnages et des situations imaginés : Auguste Maquet ou Alexandre Dumas...
Incapable de me décider, j’ai demandé conseil à mon ami Jérôme Lindon, qui m’a recommandé d’adopter une démarche sans concessions, car l’intérêt de l’histoire que je voulais raconter reposait sur son authenticité. D’où ce livre. Mais en même temps que je remercie Jérôme de m’avoir indiqué la direction que j’ai suivie et que je crois avoir été la bonne, je dois prévenir le lecteur qu’il ne doit pas s’attarder aux contrats utilisés comme soubassement du récit (et qui ont été imprimés en petits caractères), mais suivre le fil général d’une aventure mystérieuse dont la complexité ne se laisse saisir que par une réflexion menée au moins au deuxième degré.
On ne peut guère lire l’histoire sans concevoir de l’horreur pour le genre humain.
V OLTAIRE ,
Dictionnaire philosophique Article « Idole, Idolâtre, Idolâtrie ».
Remarques préliminaires

L’inconstance de l’orthographe employée au XVII e siècle, en particulier pour les noms propres (il en subsiste des traces dans le texte, surtout quand il s’agit de citations dans des contrats), a été corrigée par des décisions un peu brutales. Tous les noms se terminant par èz ou ès ont été écrits avec la finale es (sans accent, que la prononciation peut rétablir). Une uniformisation aussi poussée que possible a été adoptée pour l’index.
Les historiens transcrivent en général les écrits anciens dans une graphie moderne sans tenir compte de l’orthographe initiale. Nous ne les avons pas suivis sur ce point, car il nous a paru indispensable de souligner la différence radicale qui nous sépare des idées, du langage et des mœurs du XVII e siècle. Des contrats qui marquaient si fort la vie de nos ancêtres s’échappe alors un témoignage distant, souvent plein d’un charme étrange qui semble embellir les faits et gestes de chaque jour.
La plupart des actes cités seront identifiés par référence au notaire qui les a établis ; par exemple, un contrat établi par l’étude Portes est présenté comme un « contrat Portes ».
Il est beaucoup question d’argent dans ce livre. Nous avons adopté les rapports de change suivants entre la livre tournois, monnaie de compte en France, et les autres monnaies : environ 13 avec la livre sterling, 2 avec la monnaie hollandaise, appelée ici florins (ou gulden), 6 avec le ducat (la valeur 13 vient du Dictionnaire de l’Académie Française, 1694).
Pour se représenter l’équivalence de la valeur d’une livre (écrite ici L) au XVII e siècle en francs légaux de l’an 2000, le lecteur pourra adopter 1 L = 100 F, sans oublier que l’économie, les produits, les besoins, les mœurs, les échelles sociales n’ont rien de commun.
Les prix seront exprimés selon la notation de l’époque, en livres, sols (une livre vaut vingt sols), deniers (un sol vaut douze deniers).
Exemple : la notation 1-10-9 L signifie une livre dix sols neuf deniers, ou 1L 10s 9d.
Abréviations


ABCM
ABCT
ADBR
ADG
ADH
ADHG
ADL
ADPA
AGS
AHN
AMBa
AMBx
AMD
AMiAE
AMiFOM
AMiM
AMM
AMT
AN
AP
BMBx
BN
GAA
Archives de la Bourse de Commerce de Marseille
Archives de la Bourse de Commerce de Toulouse
Archives départementales des Bouches-du-Rhône
Archives départementales de la Gironde
Archives départementales de l’Hérault
Archives départementales de la Haute-Garonne
Archives départementales des Landes
Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
Archivo general de Simancas
Archivo Historico Nacional, Madrid
Archives municipales de Bayonne
Archives municipales de Bordeaux
Archives municipales de Dax
Archives du Ministère des Affaires étrangères
Archives du Ministère de la France d’Outre-mer
Archives du Ministère de la Marine
Archives municipales de Marseille
Archives municipales de Toulouse
Archives nationales
Archives de la Préfecture de Police de Paris
Bibliothèque municipale de Bordeaux
Bibliothèque nationale
Gemeentelijke Archiefdienst van Amsterdam
L’auteur au lecteur

En reconstituant mon arbre généalogique, j’ai découvert en 1985, parmi mes cinq cent douze ascendants de la neuvième génération, le nom d’Isaac Jamart, converti en 1685 avec tous ceux de la Religion Prétendue Réformée qui habitaient le village de Roucy en Champagne, près du Chemin des Dames :

Le 23 janvier 1710, décédé au château Isaac Jamart, portier dudit château, âgé de soixante-douze ans, sans avoir voulu recevoir aucun sacrement. Son corps a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse le 25 du courant, en considération de ses deux enfants bons catholiques, sans chants et sans prières publiques, par ordre de M. le Grand Vicaire, par moi prêtre curé de Roucy soussigné Nicolas Enart en présence de Jean Gosselin, Nicolas Morel, Jean Merlivat.
À peu près au même moment, remontant une lignée venue de Hollande à Paris en 1809, j’exhumai un autre ancêtre parmi ces cinq cent douze, Roque de Leon, originaire de Toulouse. Surpris de voir une longue correspondance avec les Archives d’Amsterdam aboutir à un passé prénatal dans le Languedoc, c’est dans ma propre bibliothèque que j’ai rencontré, en feuilletant le livre de Bernhard Blumenkranz, le procès pour judaïsme dont cet homme avait été le principal accusé en 1685 et qui n’avait pas attiré mon attention.
Deux victimes simultanées de l’absolutisme : ainsi ma haine de l’intolérance et de l’arbitraire plongeait-elle ses racines dans mon héritage. J’ai voulu en savoir davantage sur le condamné surgi de l’oubli comme un fantôme de papier.
Les historiens racontent volontiers la vie des grands personnages ; les hommes obscurs les occupent moins. On lit cependant avec amusement les notices qui accompagnent des livres comme les Historiettes de Tallemant des Réaux où des baronnes, des procureurs, des petits maîtres sont présentés avec tous les détails que l’érudition a déterrés. Ces gens-là sortent difficilement de leur tombe. Un acte notarié, qui n’a peut-être exigé qu’une heure dans une journée très occupée et qui a été aussitôt oublié, reste la seule trace d’un passage sur terre et ce dans le meilleur des cas. Une existence commence par le testament d’un cousin et s’arrête soudain à des rubans portés un jour d’été dont la couleur aura frappé un ami à la plume facile. Ces profils perdus offrent l’attrait mystérieux d’une passante qu’on ne reverra plus tandis que son sourire nous accompagnera pour toujours.
Parmi les existences obscures, celles des personnes qui ont choisi de dissimuler leur identité, leur foi, leur essence, attirent par leur opacité volontaire. Peut-on percer leur secret sans posséder aucun indice ? Un policier peut-il confondre

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