Le Roi Njoya
410 pages
Français

Le Roi Njoya , livre ebook

410 pages
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Description

Le Roi Njoya voulut tirer profit de sa rencontre avec l'Occident. Il avait cherché à s'approprier le monde de l'Autre et le fondre dans le sien dans une alchimie qui allait donner naissance à un nouvel être au confluent des cultures. Et voilà Njoya l'Africain acceptant son hybridité comme valeur de civilisation par laquelle il conquiert le monde et s'y positionne positivement en se dépouillant des scories, pour une synthèse intelligente des valeurs.

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Date de parution 01 septembre 2014
Nombre de lectures 64
EAN13 9782336355313
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Colloque international Roi Njoya
LE ROI NJOYA Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine
16/07/14 17:36
Le roi Njoya
Colloque international Roi Njoya Le roi Njoya
Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine
Avant-propos de H. Komidor Njimoluh Préface de Jacques Fame Ndongo
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03938-1 EAN : 9782343039381
Avantpropos
Ce livre est une somme d’actes scientifiques construits à l’occasion du colloque international organisé par l’université de Yaoundé I sur "La place du Roi Njoya dans l’historiographie africaine et l’impact de sa contribution sur l’évolution de la civilisation africaine".
Ce colloque international en hommage à Njoya, 17e roi de la dynastie de Nshare Yen dans le royaume bamoun au Cameroun, doit sa tenue les 27 et 28 novembre 2013 à la volonté politique du président camerounais Paul Biya qui a fait de l’université camerounaise l’hôte d’une telle assise scientifique de haut niveau, où se sont retrouvés des chercheurs de différentes disciplines scientifiques et provenant de plusieurs pays.
Ce colloque a reçu l’encouragement et le patronage de l’UNESCO. Madame Irina Bokova, Directrice généralede l’UNESCO, a saluéimportante« cette initiative qui contribue à promouvoir la vie et l’œuvre du Roi Njoya, sources d’inspiration pour la jeunesse africaine. Ce grand homme qui, sa vie durant, n’aura eu de cesse de préconiser le dialogue descultures fut sans conteste un visionnaire et une personnalité marquantede l’histoire africaine.À cet égard, je ne peux que féliciter les organisateurs pour cette démarche qui s’inscrit pleinement dans nos efforts de promotion de la tolérance et de la compréhension mutuelle entre les peuples ».
La réalisation de cette assise scientifique à Yaoundé aura bénéficié du geste singulier et de l’acte de mécénat d’un panafricaniste engagé, leprésident congolais, Son Excellence, Monsieur Denis Sassou Nguesso.
Je me dois ici de revenir à mon propos liminaire lors de l’ouverture dudit colloque qui a l’avantage de permettre au lecteur de ce livre de suivre le cheminement historique ayant amené à la « résurrection » de Njoya.
C’est une histoire de jeunesse, quand dans les années soixantedix, fréquentant l’université de Yaoundé, l’unique à l’époque au Cameroun, je réussissais à inviter mes maîtres dans mon village à Foumban, capitale du royaume bamoun, le royaume de Njoya, défunt monarque de cette contrée africaine dont se célèbrent cette année les 80 ans de la disparition.
Les maîtres du jeune étudiant étaient entre autres : ceux qui ne sont plus, les professeurs Melone (Thomas et Stanislas), les professeurs Ngango Georges, Bot Ba Ndjock, puis les vivants, toujours grands maîtres de leur espèce : les professeurs Bwele Guillaume, Njoh Mouelle Ebenezer, Marcien TowaSponsorisés par le chef de la fondation française et chancelier de l’université d’alors, le professeur Jean Imbert, tous se retrouvaient souvent à Foumban autour du regretté sultan Seidou Njimoluh. Animée par l’attachement filial et
l’amitié pour ce18e roi des Bamoun et digne héritier de Njoya, cette équipée avait pris goût pour la fantastique épopée du roi Njoya. Et nous pensions déjà à l’époque à une structure scientifique pour célébrer et perpétuer sa mémoire. Un embryon de l’Institut Roi Njoya, très vite soutenu par Léopold Sedar Senghor, était mis en place et siégeait en permanence à la résidence de passage du roi Njimoluh à la Briqueterie (quartier de Yaoundé).
Les universitaires cités plus haut en faisaient partie. Et je me souviens que le professeur Bwele Guillaume, le premier, puis le professeur Njoh Mouelle et enfin le docteur Ndam Njoya Adamou y avaient joué respectivement le rôle de secrétaire général. C’est à cette occasion qu’il se révéla nécessaire pour le sultan Njimoluh, ami et protecteur des universitaires, de relancer l’étude de l’écriture et de la langue Shumom inventées par Njoya, le 17e roi des Bamoun, et de faciliter des rencontres et débats académiques sur Njoyaet l’histoire des Bamoun. À ces rencontres et débats académiques de Foumban, se sont illustrés entre autres le révérend père Engelbert Mveng, Claude Tardits, Maurice Tadadjeu, Mouctar Thierno Bah, Martin Zachary DjeumaC’est donc des années soixantedix que date l’idée d’une réflexion surNjoya avec les universitaires. Mon aventure allait continuer sur les bords de la Seine à Paris où, boursier de l’UNESCO puis conseiller à l’Ambassade du Cameroun en France, je côtoyais des notoriétés comme le Directeur général Mathar Mbow, MrsPouchpadass d’origine indienne et Bamat d’origineet plus tard afghane Joseph KiZerbo, tous curieux de connaître Njoyal’Africain inventeur d’écriture et bâtisseur de palais.Me retrouvant à Brazzaville, j’ai revisité mes souvenirs de jeunesse. Grâce aux conditions favorables et aux commodités pour l’actionqui m’ont été offertes par le président Paul Biya, j’ai pu renouer avec mon aventure de ressusciter un esprit extraordinaire, Njoya, qui, à mon avis, partagé par des savants à la suite de Joseph KiZerbo, du père Mvenget d’autres, est un des véritables précurseurs de la renaissance de l’Afrique.Njoya est certes, souverain des Bamoun, mais il est devenu très vite, de par son génie créateur,une des icônes reconnues de l’Afrique, une des marques déposées du Cameroun dans la mémoire de l’Afrique.Tout jeune souverain, avec les moyens de sa politique, Njoya avait tôt éprouvé la nécessité d’une forme de communication et de pérennisation de son action. Il lui vint la création de l’écriture avant l’avènement de l’Occident dans l’espace bamoun. Cette écriture allait connaître son évolution et donner naissance à une langue, le Shumom, tout aussi prodigieuse que l’écriture.Au contact de l’Occident, en occurrence les Allemands, l’esprit curieux et inventif de Njoya, s’intéressant à la bicoque del’administrateur allemand à
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Buea, l’amena à engager son peuple, sous sa direction, selon son plan, à réaliser un palais à l’honneur de son peuple et par des Bamoun formés dans les écoles professionnelles créées par lui Njoya et non des écoles d’architecture d’Europe.
Njoyavoulut tirer profit de sa rencontre avec l’Occident, non pas pour se contenter de consommer les produits des Occidentaux qu’il appréciait par ailleurs, mais pour se donner le défi d’en faire autant, voire de concurrencer positivement l’Autre (l’Européen…), et de se protéger, lui et son peuple, de l’aliénation, de la perte de sa liberté.
La force de l’Autre venant de sa capacité à produire le sens, à mettre à disposition les produits de sa fabrication, les biens matériels et valeurs spirituelles, Njoya crut au génie de son peuple et à son génie propre pour se donner le pouvoir d’être producteur de sens. Son approche de l’Autre, sa vision de son environnement et l’idée qu’il se faisait de la grandeur de son peuple, de sa propre liberté, tout cela l’incita à jouer le mécène des Hommes qu’il éduqua à son génie et qui devinrent à leur tour des génies bâtisseurs, forgerons, tisserands, maçons, scribes…Sous Njoya, la case ronde bamoun devint la maison spacieuse rectangulaire plus commode à l’expression de la vie. Et la qualité de la vie alla de pair avec de nombreuses innovations artistiques: l’enrichissement de la musiquebamoun de plusieurs compositions en langue Shumom, l’introduction de l’algaita d’origine sahélienne. L’émergence d’une classede scribes, le développement de métiers divers permettant à une frange lettrée et professionnalisée de la population de vivre de ses œuvres, encouragea l’atteinte par les Bamoun d’un niveau de civilisation remarquable. Les réformes multisectorielles révolutionneront la sphère politique, l’agriculture et l’économie, l’art de vivre, ainsi que la transformation et/ou l’urbanisation de la cité de Foumban…, ce sont autant d’aspects civilisationnels à ajouter à l’actif deNjoya, inventeur d’un moulin à maïs, géographe, géopolitiste qui réalisa une carte de son royaume. Il excella dans le mécénat et l’encouragement par des prix d’excellence aux artisans. Il transforma la médecine et la pharmacopée par souci d’amélioration de la santé de son peuple, et ce faisant, il introduisit une profonde réforme de mentalité, une révolution dans la conception cosmique et cosmologique des Bamoun. Cette nouvelle vision du monde allait connaître son apogée avec la rencontre d’autres conceptions, celles chrétienne et musulmane ; Njoya sut gérer cette rencontre des religions dans son royaume par la création d’une troisième voie, celle syncrétique du «’NwetNkwète »’, en fait véritable fondement métaphysique ayant pour corollaire l’adoption d’attitude critique sans émerveillement autre que la curiosité épistémologique pour un choix dicté par le souci de sauvegarde de sa liberté et de l’autonomie de son peuple.Et voilà Njoya, l’Africain, compris à travers ses œuvres immenses, l’homme en situation, à la rencontre des civilisations, réagissant au choc des mondes
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(l’Afrique, l’Occident et l’Orient), avec une posture positive face à ce qui constituait déjà la genèse de la globalisation que nous vivons aujourd’hui.Njoya avait cherché à s’approprier le monde de l’Autre et le fondre dans le sien, dans une alchimie qui allait donner naissance non à un Janus biface à la double culture, mais à un nouvel être au confluent des cultures, retrouvant son bonheur dans le métissage absolu des cultures, dans l’appropriation de l’essentiel chez l’Autre, et surtout dans la conformité de l’être et de son environnement en mutation permanente. Il ne s’agissait pas pour Njoya d’absurdes confrontations civilisationnelles, mais de nécessaires concurrences dans le champ de la production des sens, par la quête des paradigmes de l’excellence.Et voilà Njoya l’Africain, acceptant son hybridité comme valeur de civilisation par laquelle il conquiert le monde et s’y positionne positivement en se dépouillant des scories pour une synthèse intelligente des valeurs.
Aujourd’hui, l’Africain est confronté à un monde unifié et en perpétuel changement, et l’Africain d’aujourd’hui n’est plus l’ancêtre d’hier. Il est le produit du nègre malaxé par la traite des esclaves et la colonisation. Il est le produit de l’écoleoccidentale et se côtoie avec une identité africaine atrophiée. Il est un être au carrefour des valeurs sans la synthèse desquelles il n’a pas de choix propres. Il est un être qui attend de mourir pour renaître autrement, revêtu de la modernité mondialisée, avec sa capacité de producteur de sens, pour mériter le strapontin audevant de la scène d’un monde en développement permanent qu’il se doit d’influencer par son apport créateur.
Il nous appartient, Africains, d’accepter de mourir pour renaître avec desarmes efficaces, capables d’apporter la concurrence dans un combat de survie que nous propose le monde tel qu’il est aujourd’hui. Y atil dans la mémoire africaine des modèles, des parangons ? Assurément des Njoya, on en trouve dans les fonds de notre patrimoine africain. Ils sont des modèles de fierté et de dignité pour l’Afrique. Nous renaîtrons désormais avec des comportements nouveaux: être à l’heure, tenir parole, mettre sa curiosité au service de la connaissance, savoir acheminer et améliorer la gestion du courrier, voilà quelques exemples d’attitudes à adopter à notre prochaine renaissance. Le simple respect de l’heure est déjà en soi une révolution dans les mentalités.À quand la nouvelle école africaine pour propager la nouvelle sémantique et inculquer les nouvelles valeurs ? Àquand l’école de la libération pour la renaissance africaine débarrassée des scories de la colonisation et du passé ? À quand la recodification de nos valeurs pour nous permettre à nouveau d’identifier le bien du mal, de réussir notre transcendance ? Les Njoya de la mémoire de notre Afrique nous font espérer, à condition d’aller aussitôt en besogne, nous, Africains, qui n’avons plus droit au retard.
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En retard, nous le sommes déjà trop. Il faut que dans une civilisation, il existât des hommes pour remettre en cause, parce que dit Fougeyrollas « dans une civilisation où il n’existerait plus personne pour présentifier le philosopher, l’idée de libération serait obscurcie, et les libertés relatives menacées radicalement à l’intérieur même de l’Homme».
Rendons grâce à ceux qui nous ont permis de nous retrouver aujourd’hui autour d’un thème du genre. Professeur Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur, vous avez cru en ce projet et salué l’initiative qui est devenue vôtre. Sans cette sympathie pour la chose de l’esprit et cette maturation scientifique qui est la vôtre, ce projet n’aurait pas connu cette ampleur et ce début de réalisation. Et les scientifiques venus d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, votre appétitpour le savoir nous a amenés ici pour un festival de l’esprit, pour que la réflexion sur Njoya nous place au seuil d’une nouvelle spiritualité, la cogitation pour notre devenir commun au sein d’un monde pluriel et concurrentiel.
Sa Majesté le sénateur sultanroi des Bamoun, digne héritier de Njoya, vous avez par votre agrément paternel admis que notre père à tous, le père de tous les Bamoun sans exception, la sève fédératrice et l’objet de fierté des Bamoun, s’élève en partage dans l’enceinte universitaire pour appartenir désormais à l’intemporel, à l’universalité.
Permettezmoi de remercier tous nos donateurs, dont la générosité nous a été indispensable pour la mise en forme du projet : la compagnie ECAIR  Equatorial Congo Airlines, les fondations MTNCongo et MTNCameroun, la Société nationale de raffinage du Cameroun, l’École nationale d’administration et de magistrature du Cameroun, le Mémorial Savorgnan de Brazza à Brazzaville…
Les correspondances encourageantes de certains gouvernements africains qui ont salué le projet, notamment le gouvernement de la République de Guinée équatoriale et le gouvernement du Sénégal.
Déterminante a été la contribution exceptionnelle dans le genre du très africain président de mon pays d’accréditation,Son Excellence Dénis Sassou Nguesso. C’est au nom des relations les meilleures si heureusement entretenues entre le Cameroun et le Congo, entre les grands leaders africains que sont Paul Biya et Sassou NGuesso, qui se respectent et s’estiment réciproquement, qu’un geste aussi significatif que déterminant a été possible.
Njoya est avec les Duala Manga Bell, Charles Atangaga, Martin Paul Samba, King Akwa, les célèbres lamibés du nord qui ont résisté à la pression coloniale, une figure emblématique de l’histoire nationale camerounaise, que le Cameroun offre en quotepart à la mémoire de l’Afrique.
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