Lucie Cousturier, les tirailleurs sénégalais et la question coloniale
346 pages
Français

Lucie Cousturier, les tirailleurs sénégalais et la question coloniale , livre ebook

346 pages
Français

Description

A Fréjus, en 1916, Lucie Cousturier, artiste peintre, a rencontré quelques-uns des 40000 tirailleurs dits sénégalais venus combattre pour la France pendant la Grande Guerre. A Fréjus, en 2008, des historiens, des humanistes se sont rassemblés pour mieux faire connaître cette femme exceptionnelle et les tirailleurs qu'elle alphabétisa avant de les voir partir pour le front. Sont jointes des lettres inédites adressées au peintre Paul Signac et à l'humaniste Léon Werth, ainsi que de nombreuses illustrations et des fac-similés de manuscrits.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 406
EAN13 9782296215146
Langue Français
Poids de l'ouvrage 15 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LUCIE COUSTURIER,
LES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS
ET LA QUESTION COLONIALEEn couverture:
Personnage du monument aux tirailleurs sénégalais sculpté par Yvon
Guidez et inauguré sur lefront de mer de Fréjus en 1994.
Cliché: Patricia Little - Conception: Roger Little
(Ç)
L'Harmattan, 2008
5-7, rue de l'Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.ft
harmattan l@wanadoo.ft
ISBN: 978-2-296-07348-7
EAN : 9782296073487Sous la direction de
Roger LITTLE
LUCIE COUSTURIER,
LES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS
ET LA QUESTION COLONIALE
Actes du colloque international tenu à Fréjus
les 13 et 14 juin 2008,
argumentés de lettres adressées à
Paul Signal et Léon FVerth
L'HarmattanLucie Cousturier, Autoportrait
peint vers 1905-1910, huile sur bois, 34,92 x 26,51 cm.
Indianapolis Museum of Art,
don du Docteur et Madame M D. Ratner.
Cliché du musée, reproduit avec son autorisation.
Nos remerciements à Mme Ruth V. Roberts et à M James D. Ravin.A V ANT-PROPOS:
UNE INCONNUE CHEZ ELLE
A Fréjus, en 1916, l'artiste peintre Lucie Cousturier
(18761925) a rencontré quelques-uns des trente à quarante mille
tirailleurs dits sénégalais venus s'installer dans l'agglomération
Fréjus-Saint-Raphaël avant d'être envoyés au ITontcombattre pour
la France. Cette « Force noire », préconisée en 1910 par le colonel
Mangin pour suppléer les troupes ftançaises en cas de guerre, avait
déjà une longue histoire, remontant plus loin même que la création
officielle, en 1857, sous l'impulsion de Faidherbe et la plume de
Napoléon III, du premier bataillon des Tirailleurs sénégalais. Son
arrivée massive en France, véritable marée noire, était pour
beaucoup de Français un choc et une source de peur: on ne
connaissait les Noirs que par un ouï-dire déformant et réducteur.
La rencontre de Lucie Cousturier avec les soldats afucains a
donné lieu chez elle à un effort exceptionnel de compréhension,
d'ouverture et d'enseignement, ce dernier pour combler les lacunes
linguistiques de ceux qui ne connaissaient que leurs langues
indigènes et «l'espéranto militaire» qu'on appelle le
«petitnègre». Ce baragouin comportait les avantages que souligne plus
loin le lieutenant-colonel Champeaux: d'une part un parler
commun aux troupes largement illettrées venues de toutes les colonies
des Afuques occidentale et équatoriale françaises et d'autre part
une langue qui leur permette de comprendre les commandes. En
même temps, et c'est ce qui a le plus touché Lucie Cousturier, il
empêchait tout contact autre que physique avec les Français et
ajoutait une barrière de plus entre les peuples.
Le témoignage de cette peur transformée en rencontre se
décline dans un remarquable récit publié en 1920 sous le titre Des
inconnus chez moi, ouvrage capital pour une meilleure
compréhension de ce que peut être l'ouverture vers l'autre, très précisément
celle qui nous révèle l'humanité commune partagée entre les
tirailleurs et Lucie Cousturier. Se constituant institutrice, celle-ci a
su accueillir, comprendre et aider ceux-là en les alphabétisantLà n'était nullement sa formation. même si c'est devenu une
vocation qui a bouleversé sa vie jusqu'à obtenir du ministère des
Colonies une mission pour retrouver ce qu'elle appelle, dans
l'autre volet de ses écrits sur les Mricains, publié en 1925, Mes
inconmls chez eux. L'esquisse biographique que nous offie ici
Adèle de Lanfranchi s'attache surtout. et pour cause, à sa peinture.
Son maître, devenu ensuite son ami, était Paul Signac, et son
admiration pour l'œuvre de Georges Seurat la portait vers un style
pointilliste qu'on appelle le divisionnisme et qui caractérise
nombre d'artistes néo-impressionnistes. C'est pour cela que nous
ouvrons ce volume par une série d'études en histoire de l'art. Celle
de Claire Maingon situe Lucie Cousturier par rapport au
mouvement néo-impressionniste. Celle de Janos Riesz éclaire son côté
africaniste par le biais des travaux de Carl Einstein. Nous nous
efforçons nous-même de faire en quelque sorte le pont entre son
regard de peintre et son évocation littéraire de ses élèves.
Notre deuxième partie part de généralités historiques sur les
tirailleurs sénégalais pendant la Première Guerre mondiale - et
c'est Marc Michel, le grand spécialiste de la question. qui nous
propose ici un résumé de son immense savoir - pour évoluer, en
passant par les tirailleurs à Fréjus (Antoine Champeaux), et les
tirailleurs à l'écran (Sada Niang), vers une mise en situation
intellectuelle de Lucie Cousturier, d'abord par rapport aux colonies
(votre serviteur), ensuite dans le contexte des aventurières et
voyageuses qui l'ont précédé en Afrique (Berny Sèbe), et enfm
dans celui des intellectuels de gauche de son temps (Elsa Geneste).
Là s'arrêtent les communications du colloque, auxquelles nous
ajoutons chemin faisant de brefs compléments d'information: sur
la maison des Cousturier à Fréjus que Bernard Pradeau a retrouvée
suite à nos indications, sur Carl Einstein avec des extraits de son
livre sur La Sculpture nègre, sur le petit-nègre, et sur le massacre
de Thiaroye vu par ceux qui ont été amenés à le commettre.
Nous avons en outre obtenu, à notre grande joie, l'autorisation
de publier pour la première fois les lettres que Lucie Cousturier a
adressées d'une part à Paul Signac (c'est le volet artistique qui se
prolonge de la sorte) et d'autre part à Léon Werth (poursuivant
ainsi l'engagement intellectuel et humain de notre point de mire).
Pour clore le volume, nous reprenons le magnifique hommage
nécrologique rendu par Léon Werth à Lucie Cousturier.
6Au terme de nos préparatifs du colloque et de ce volume qui en
résulte, nous avons plaisir à exprimer notre gratitude à tous ceux
qui les ont rendus possibles. Les édiles et les instances fréjusiennes
ont soutenu moralement et financièrement une opération envisagée
dès octobre 2001 et réalisée en juin 2008. En tout premier lieu, je
nomme Alain Langlaude, bibliothécaire de la ville maintenant à la
retraite, qui a expérimenté avec moi les montagnes russes du
parcours, me soutenant dans les montées comme dans les
descentes. Une fois à bord, à partir de 2007, Françoise Cauwel,
adjointe déléguée à l'animation culturelle, aimablement secondée
par Cécile Vincenti et Brigitte Chouchane, s'est de plus en plus
enthousiasmée pour le projet. Sa baguette devait, comme celle d'un
chef d'orchestre, entraîner dans un grand mouvement symphonique
les animateurs et acteurs culturels de l'agglomération
Fréjus-SaintRaphaël. Ils se sont joints aux membres du comité de pilotage
présidé par Françoise Cauwel - Antoine Champeaux, Alain
Langlaude, Bernard Pradeau et moi-même - après les deux
réunions qui ont consolidé le partenariat entre ma fougue et celle
des compétences locales. Leur inventivité a donné lieu à un
péricolloque inspiré par la lecture chez les jeunes de Des inconnus chez
moi et par le thème de la transformation de la peur de l'autre en
rencontre, thème d'une actualité évidente.
Les actes du colloque sont augmentés, nous l'avons vu, de deux
série de lettres inédites. Que soient chaleureusement remerciés
pour leur autorisation Madame Françoise Cachin, petite-fille du
peintre Paul Signac, et Monsieur Claude Werth, fils de l'auteur
d'un Clavel soldat antimilitariste et d'un Cochinchine anticolonial.
Et que Madame Marina FeITetti-Bocquillon, responsable des
Archives Signac, reçoive également l'expression de ma vive gratitude
pour son aide dans le dernier déchiffrement d'une graphie parfois
impénétrable.
Le « dream team» des conférenciers a été modifié au fil des
reports des dates du colloque - automne 2007, février 2008, enfin
juin 2008 - à cause d'obligations incontournables, mais si
substituts il y a eu, ils ne sont pas moins talentueux et savants que
l'équipe prévue au départ. Les collègues venus de tous horizons
(Allemagne, Anglete1Te,Canada, la France entière... sans parler de
l'Irlande) pour refléter les multiples facettes de notre propos se
trouvent i

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