Marie-Antoinette et Madame du Barry
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Marie-Antoinette et Madame du Barry , livre ebook

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Description

L’archiduchesse Marie-Antoinette avait épousé, le 16 mai 1770, le Dauphin petit-fils de Louis XV. Elle avait trouvé installée à la Cour la comtesse du Barry, présentée au mois d’avril de l’année précédente. Au souper de la Muette, la veille du mariage, la favorite s’était assise avec la famille royale, et Marie-Antoinette ayant demandé la charge de cette dame, on lui avait répondu qu’elle avait pour fonction « de distraire le Roi ». « Alors, avait répondu la jeune fille avec la candeur de ses quinze ans, je veux être sa rivale. » Une rivalité s’engageait, en effet, tout autre qu’elle ne l’attendait, entre cette innocence et ce vice, une lutte sourde d’abord, bientôt visible et touchant aux plus hauts intérêts de la politique.




Cette édition possède une mise en page en grands caractères destinée à faciliter la lecture.

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Informations

Publié par
Date de parution 14 mai 2023
Nombre de lectures 8
EAN13 9782384551255
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MARIE-ANTOINETTE ET MADAME DU BARRY




PIERRE DE NOLHAC

Alicia Editions
Table des matières



Avant-propos

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5
Avant-propos



L ’archiduchesse Marie-Antoinette avait épousé, le 16 mai 1770, le Dauphin petit-fils de Louis XV. Elle avait trouvé installée à la Cour la comtesse du Barry, présentée au mois d’avril de l’année précédente. Au souper de la Muette, la veille du mariage, la favorite s’était assise avec la famille royale, et Marie-Antoinette ayant demandé la charge de cette dame, on lui avait répondu qu’elle avait pour fonction « de distraire le Roi ». « Alors, avait répondu la jeune fille avec la candeur de ses quinze ans, je veux être sa rivale. » Une rivalité s’engageait, en effet, tout autre qu’elle ne l’attendait, entre cette innocence et ce vice, une lutte sourde d’abord, bientôt visible et touchant aux plus hauts intérêts de la politique. Des documents récemment parus et quelques autres inédits encore permettent de compléter les anciens récits de ces curieux épisodes de l’histoire du règne 1 .
Il y a maintenant deux femmes à la cour de Louis XV pour appeler en même temps et presque sur le même rang l’attention publique. Elle s’y passionne vite et devient curiosité sympathique ou dénigrement, suivant les intérêts, les vues politiques, les habitudes morales de chacun. Avant l’arrivée de Marie-Antoinette, on ne parlait que de Mme du Barry ; c’est un soulagement pour beaucoup d’honnêtes gens de pouvoir songer, en se tournant du côté de Versailles, à une figure sans souillure, à une jeune et pure image qui laisse place à tous les rêves, à tous les espoirs des bons citoyens. On se met à voir dans l’enfant venue d’Allemagne, étrangère à toutes les intrigues et d’une grâce accueillante et fière qui gagne les cœurs, la contradiction vivante de la favorite. La politique aidant, la Dauphine prenant Choiseul en amitié et en aversion Mme du Barry, les esprits se groupent naturellement autour des deux noms féminins que la Cour leur offre, et ce choix d’étendard semble bien d’accord avec les mœurs de ce siècle où règne la femme. C’est ainsi que Marie-Antoinette, ignorante des choses de France et peu soucieuse de politique, devient presque sans le savoir l’idole de la nation ardente et sentimentale qu’elle est appelée à gouverner. Un danger sortira pour elle de cet excès même : elle aura été jetée trop tôt, par les circonstances, dans la lutte des partis, elle aura semé, Dauphine encore, la rancune à côté du dévouement, et tous ces germes divers lèveront un jour autour de son trône.



1   Le fond de la narration reste la correspondance de Mercy-Argenteau, publiée par M. d’Arneth et Geffroy et qu’on n’a pas encore, semble-t-il, utilisée complètement ; on peut la contrôler aujourd’hui par l’important appendice de la nouvelle correspondance publiée par MM. d’Arneth et Flammermont. Nous n’avons pas à mentionner ici les autres sources imprimées, mais il est juste de reconnaître le précieux contrôle trouvé dans le Secret du Roi , de M. le duc de Broglie, et la Question d’Orient au XVIIIe siècle , de M. Albert Sorel. Les sources inédites consultées pour cet article se réduisent au journal de Hardy, à la Bibliothèque nationale, et à quelques dossiers de la série O1 des Archives nationales (lettres de Louis XV, de la duchesse de Villars, correspondance du directeur général des Bâtiments du Roi).
Chapitre Un



M me du Barry entre, dès les premiers jours, dans la vie de Marie-Antoinette. Aux plus anciennes lignes conservées de la correspondance avec Marie-Thérèse, on lit ce nom qui y reparaîtra si-souvent : « Le Roi a mille bontés pour moi, et je l’aime tendrement, mais c’est à faire pitié la faiblesse qu’il a pour Mme du Barry, qui est la plus sotte et impertinente créature qui soit imaginable. Elle a joué tous les soirs avec nous à Marly ; elle s’est trouvée deux fois à côté de moi, mais elle ne m’a point parlé et je n’ai point tâché justement de lier conversation avec elle ; mais quand il le fallait, je lui ai pourtant parlé. » Et dans la même lettre : « J’ai écrit hier la première fois au Roi ; j’en ai eu grand’peur, sachant que Mme du Barry les lit toutes, mais vous pouvez être bien persuadée, ma très chère mère, que je ne ferai jamais de faute ni pour elle, ni contre elle. » On verra ce que va peser dans l’avenir cette très sage résolution.
Le séjour de Marly était difficile pour la jeune Dauphine et plein de petites embûches pour sa candeur. Tous les yeux étaient fixés sur elle, et chaque regard demandait comment elle allait se comporter envers une femme de qui ni son âge ni son éducation ne lui permettaient de se faire une exacte idée. Louis XV surtout était impatient de s’assurer qu’il n’y aurait pas discordance d’humeur entre la favorite devenue nécessaire à ses habitudes et l’aimable princesse qui venait ramener un peu de jeunesse et de vie dans le milieu longtemps assombri de sa famille. Le château où on avait conduit Marie-Antoinette, quelques jours après le mariage, était fort petit ; toute la famille royale y vivait réunie, un peu à l’étroit, et si le Roi avait fait choix de cette résidence, ce n’était pas seulement pour distraire l’archiduchesse de ses regrets de fille et de sœur, mais encore pour voir de plus près et à chaque instant sa nouvelle petite-fille et l’habituer à fréquenter la favorite.
Avec Louis XV, tout allait bien ; l’enfant avait cette gaieté spontanée qu’aucun souci grave n’avait altérée, un besoin irrésistible d’aimer, de plaire, d’enthousiasmer, un désir d’être joyeuse qui s’épanouissait au premier rayon. Mise à l’aise par des bontés paternelles, par les attentions que le Roi charmé multipliait, elle se laissait aller à de naïfs sentiments de reconnaissance ; elle lui disait « mon papa » et lui sautait au cou. Mais près de Mme du Barry, cette femme d’un ton si différent des autres personnes de la Cour et si familière avec le Roi, Marie-Antoinette se sentait une gêne d’instinct et de répulsion. En vain la folâtre comtesse, qui savait endosser le respect en même temps que le grand habit, se montrait avec elle d’une déférence aisée, d’une prévenance toujours en éveil ; cette charge mystérieuse, qui n’avait pas d’équivalent à la cour de Vienne et dont on ne parlait autour d’elle qu’avec des moues et des réticences, lui inspirait une défiance, une hostilité qui s’irritait de l’inconnu. Les trois Mesdames, ses nouvelles tantes, les seules personnes de la famille royale dont l’exemple put guider son inexpérience, n’adressaient jamais la parole à Mme du Barry, évitaient de la regarder, de s’approcher d’elle et, en présence même de leur père, prenaient des mines effarouchées au moindre propos d’une dame de sa société particulière.
Du Dauphin, semble-t-il, aucun conseil à tirer : c’est un esprit taciturne, sauvage, qui a l’air d’obéir aveuglément à M. de la Vauguyon, son gouverneur, et comme il ne parle jamais à aucune femme, il ne marque pour...

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