Panorama sur l'histoire de l'extrême droite et du fascisme en France

Allain Graux

Description

L’auteur, dans cet essai, en retraçant l’histoire de l’extrême-droite et du fascisme, montre les différences  et les points communs, la porosité entre ceux qui agissent dans cet espace, et le danger que représente l’oubli. Des similarités entre la période des années 1930 et celle que nous vivons actuellement, dans un contexte de grave crise économique et politique qui aiguise les frustrations et les sentiments d’injustice. Cette similitude avec des évènements du passé qui ont fait sombrer des Etats européens et du Monde dans une catastrophe épouvantable, devrait inquiéter tous ceux qui se réclament des idéaux  républicains, de la démocratie, des libertés, de l’égalité. Si la stigmatisation outrancière des partis de la droite extrême n’apporte que peu d’effet, d’intérêts, auprès de gens qui vivent dans les difficultés au quotidien, la banalisation par certains grands médias des idées nationalistes, racistes, même repeintes de vernis marin, contribuent à la dégradation de l’esprit républicain et de la solidarité.Il est à craindre, légitimement, que les réponses inadéquates apportées tant par la social-démocratie que par la droite libérale, finissent par produire des effets politiques analogues et dont on ne peut pas mesurer toutes les conséquences néfastes. Le rappel de l’histoire, des évolutions économiques, sociales, sociologiques, est un moyen de réfléchir aux conséquences d’un vote éventuel pour ceux, celle que l’on n’a pas encore essayé. En fait, les solutions proposées par ces extrêmes ont déjà été essayées et ont conduit au pire. Nombre de commentateurs devraient s’en souvenir avant de tendre un micro complaisant…

Sujets

• Politique
• Fascisme

Informations

• Publié par: Editions Les points sur les i
• Date de parution: 10 septembre 2015
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782359301359
• Langue: Français

Extrait

Collection
Point de rep re
Dirig e par Fouad Nohra
Panorama sur l histoire sur l histoire de l extr me droite et du fascisme en France
Droits r serv s
ISBN : 978 - 2 - 35930 - 135 - 9
Les points sur les i
16 Boulevard Saint-Germain
75005 Paris
www.i-editions.com
Allain Graux
Panorama sur l histoire de l extr me droite et du fascisme en France
PR SENTATION
Je n assimile pas le parti lepeniste aux nazis, cependant j ai voulu dans cet essai, en retra ant l histoire de l extr me droite et du fascisme, montrer les diff rences et les points communs, la porosit entre ceux qui agissent dans cet espace, le danger que repr sente l oubli des similarit s entre la p riode des ann es 1930 et celle que nous vivons actuellement, dans un contexte de grave crise conomique et politique qui aiguise les frustrations et les sentiments d injustice. Cette similitude avec des v nements du pass qui ont fait sombrer des tats europ ens et du Monde dans une catastrophe pouvantable, devrait inqui ter tous ceux qui se r clament des id aux r publicains, de la d mocratie, des libert s, de l galit .
Si la stigmatisation outranci re des partis de la droite extr me n apporte que peu d effet, d int r t, aupr s de gens qui vivent dans les difficult s quotidiennes de la pauvret , de la mis re, avec un sentiment d abandon, de peur, d injustice sociale, la banalisation par certains grands m dias des id es nationalistes, racistes, antir publicaines, m me repeintes de vernis marin, contribuent la d gradation de l esprit r publicain, de la solidarit .
Il est craindre, l gitimement, que les r ponses inad quates apport es tant par la social-d mocratie que par la droite lib rale, finissent par produire des effets politiques analogues et dont on ne peut pas mesurer toutes les cons quences n fastes.
Le rappel de l histoire, des volutions conomiques, sociales, sociologiques, est un moyen de r fl chir aux cons quences d un vote ventuel pour ceux, celle que l on pas encore essay s. En fait, les solutions propos es par les extr mes ont d j t essay es et ont conduit au pire. Nombre de commentateurs devraient s en souvenir avant de tendre un micro complaisant
L EXTR ME DROITE EN F RANCE
La pente naturelle est souvent de qualifier de fasciste, les r gimes et les partis qui se r clament d une id ologie nationaliste. Tout r gime autoritaire n est pas fasciste. Utiliser ce terme tort et travers, c est le banaliser et finalement rendre inaudible toute critique, jug e excessive, des mouvements d extr me droite.
I . QU EST - CE QUE LE FASCISME ? 1
L organisation : C est un parti interclassiste dont l l ment dominant est constitu par des jeunes gens des classes moyennes, un parti milice, paramilitaire, arm . Il vise la R volution nationale par des proc d s vari s : violence, m thodes l gales, compromis avec les groupes dirigeants.
L id ologie : il est antimat rialiste, anti-individualiste, antilib ral, anti-d mocratique, antimarxiste. Il invoque une mystique qui se fonde sur la volont de puissance, la subordination compl te l tat. C est une fusion compl te de l individu dans la masse de la Nation dont il faut neutraliser les l ments trangers qui sont inassimilables par essence.
L objectif est de forger un homme nouveau, aux vertus militaires : d vouement, esprit guerrier, ob issance aux ordres du chef.
Institutionnel : toute opposition est interdite. C est un r gime de parti unique dont la d fense est assur e par une milice qui s lectionne et encadre les masses. Ce sont les membres du parti qui fournissent les cadres de l tat. Tout le pouvoir vient du chef choisi pour son charisme et investi de fa on sacrale.
Social et conomie - Son credo c est le corporatisme qui rassemble dans une m me organisation syndicale les patrons et les salari s, sous le contr le de l tat. Les syndicats libres sont interdits.
C est un r gime conomique lib ral dirigiste, contr l par l tat qui devient le bras arm du Capital.
La politique ext rieure est celle d une puissance expansionniste et imp rialiste.
Il faut conjuguer tous ces aspects pour correspondre la d finition du fascisme, distinguer du nationalisme dont il s inspire id ologiquement.
Les fondements sociaux et culturels du nationalisme.
Le malaise des classes moyennes apr s la premi re guerre mondiale
Avant 1914, une partie importante de la population vivait de ses rentes : la rente fonci re procur e par les loyers d immeubles, les int r ts des dividendes du capital plac chez les notaires ou en bourse. C tait un compl ment au revenu qui servait de retraite aux gens ais s en dehors des salari s de la fonction publique, seuls b n ficiaires d une pension.
Or de 1914 1926, l inflation cons cutive la guerre a lamin les revenus du capital, ceux du fermage pay s en argent contribue l exode rural. Les loyers sont soumis un moratoire et maintenus un niveau tr s bas par le pouvoir. Les investissements en Fonds russes se sont envol s avec la R volution bolchevique de 1917. En dix ans, la rente revenu fixe a diminu des 4/5 e avec le Franc Poincarr . Le co t de la vie est multipli par 5.
Les groupes sociaux perdants, bourgeois, petits bourgeois, commer ants, artisans, prouvent un vif ressentiment contre les nouveaux riches, contre les politiciens " pourris , contre les fonctionnaires qui eux, ont maintenu leur traitement. On les appelait les " budg tivores . Les patrons de PME 2 , secteur sensible et important, prosp re pendant la guerre et apr s, jusqu en 1920, subissent une volution jug e n faste de l conomie. Dans les villes, les commer ants subissent la concurrence des Grands Magasins succursales multiples.
En 1928, c est la cr ation des assurances Sociales, et en 1930 c est la crise conomique mondiale, l effondrement de la Bourse, la mont e du ch mage. Elle se termine politiquement et socialement en France, par la victoire du Front Populaire aux lections l gislatives, les grandes gr ves de 1936 dont les avantages sociaux obtenus (cong s pay s, salaires), s ils sont b n fiques pour la classe ouvri re, p sent sur les b n fices des artisans et des PME. La client le de classes moyennes du parti Radical, exige de quitter le gouvernement de Front populaire. Pour celles-ci, la crainte d un bouleversement social est aliment e par le d veloppement du Parti communiste alli la SFIO (le PS), des partis collectivistes, " des partageux qui menacent la propri t . A partir de 1932, c tait l angoisse, la recherche d un homme fort pour restaurer l ordre et la stabilit du pouvoir " Petit-bourgeois . Ce n est cependant pas l attitude de l ensemble des classes moyennes qui ont une culture r publicaine. La France est sortie militairement victorieuse de la guerre et n a pas subi une hyper inflation comme en Allemagne.
Pendant la guerre, la droite contestataire et antir publicaine a ralli l Union sacr e et son chantre Maurice Barr s ; le Bloc national est vainqueur des lections de 1919. Cette droite extr me et nationaliste n a cependant pas disparu. En 1930, la faveur de la crise, elle prolif re et vitup re. Elle tente comme en Italie et en Allemagne de faire adh rer les Anciens Combattants sa cause. Dans ces pays, l extr me droite recrute ses troupes de choc parmi les officiers et sous-officiers, les militaires d class s. En France, ils repr sentent 6,5 millions d hommes jeunes, de 20 50 ans, sur 11 millions d lecteurs. Ils se rassemblent dans des associations :
L ARAC, proche du PC ;
La F d ration Nationale des Combattants R publicains, proche des Radicaux et des socialistes ;
L Union Nationale des Combattants, droite ;
L Union F d rale des Anciens Combattants, au centre-gauche.
Ces mouvements regroupent 3 millions de membres. Ils expriment une volont de perp tuer l union nationale qui pr sidait et a conduit la victoire pendant la guerre. Ils ne comprennent pas et condamnent les divisions politiciennes. Aux luttes politiques pour le pouvoir, sur un fond de crise conomique et sociale, s ajoutent les scandales (affaire Stavisky 3 ) qui conduisent l antiparlementarisme. Cependant, ils veulent plus am nager le r gime que le renverser, le rendre plus autoritaire, restaurer l ordre mais rejettent la dictature et le parti unique. Ils se pr sentent en conciliateur et d fenseur de l int r t national. La mod ration de ces objectifs proches de ceux des classes moyennes contraste avec la virulence des propos de la droite et de l extr me droite qui vont essayer de s appuyer et d utiliser l tat d esprit des anciens combattants, d exploiter leur patriotisme d u et le danger allemand avec la mont e du nazisme revanchard, la r occupation de la rive gauche du Rhin.
Mais les AC qui ont souffert dans les tranch es sont assez loign s, en majorit , du militarisme ; ils ne d filent pas au pas cadenc pour les c r monies de l armistice du 11 novembre. Leur souci est d viter la guerre et ses horreurs. Ils soutiennent les efforts dans ce sens d Aristide Briand et de la Soci t des Nations (SDN). En 1938, ils sont munichois. Ils ne sont pas patriotes au sens de D roul de 4 , mais cultivent l amour d une France aux valeurs humaines, h rit es de la R volution de 1789 et de la d claration des droits de l homme. Ces sentiments accompagnent une bonne conscience morale sur la responsabilit de la d claration de guerre et ils appuient leur pacifisme sur la satisfaction et les avantages du vainqueur.
Le r le des intellectuels 5 .
Des intellectuels sont sensibles des th mes comme :
La critique du parlementarisme ;
Le renforcement de l ex cutif ;
La recherche d une troisi me voie entre le capitalisme et le socialisme collectiviste ;
La condamnation de l individualisme ;
La consolidation de la paix en Europe, la r conciliation franco-allemande.
A gauche : - Avec Pierre Dominique en 192