Quand l’histoire nous prend par les sentiments
117 pages
Français

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Description

Il ne faut pas avoir peur des émotions collectives, ces formidables moteurs de l’histoire. Avec un véritable talent de conteurs, Anthony Rowley et Fabrice d’Almeida font revivre les grands événements à travers le vécu des contemporains, les puissants et les dirigeants, mais aussi les humbles et les anonymes. De la panique à Pompéi à l’hébétude du 11 septembre 2001, de la fièvre de la ruée vers l’or à l’angoisse des Londoniens secoués par les crimes de Jack l’Éventreur, de l’enthousiasme au moment de la chute du mur de Berlin à l’espoir suscité par l’élection de Barack Obama en 2008, voici vingt histoires de l’histoire qui rendent aux sentiments leur juste place. Grâce à cette approche inédite, une image réaliste et savoureuse du passé surgit. Elle révèle la fabrique des sentiments collectifs, ce mécanisme par lequel les sociétés traversent les grandes mutations, les crises et les guerres, les révolutions scientifiques et les changements dans les mœurs. Longtemps historien à Sciences Po Paris, Anthony Rowley a publié de nombreux ouvrages, notamment sur la gastronomie, comme Une histoire mondiale de la table. Fabrice d’Almeida, professeur à l’université Panthéon-Assas (Paris-II), est spécialiste de la propagande et du nazisme. Son dernier ouvrage paru est Ressources inhumaines. Les gardiens des camps de concentration et leurs loisirs. Ensemble, ils ont précédemment signé Et si on refaisait l’histoire ?. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 mars 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738177216
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, MARS 2013 15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7721-6
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Avertissement
Introduction
Chapitre 1 - Le chagrin - Les premiers morts de la guerre du Péloponnèse. Hiver 431 av. J.-C.
L’adieu aux morts
Le premier des derniers hommages
La démarche du deuil
Chapitre 2 - La panique - À Pompéi, 79 ap. J.-C.
Du jamais vu sur la baie de Naples
Des païens au bord du volcan
Après la catastrophe
Chapitre 3 - L’amour - Le choix de sainte Agnès 303 ap. J.-C
Sacrifier aux dieux de la cité
Un rival tout-puissant
La défaite d’Éros…
… et le triomphe de la charité
Chapitre 4 - La hantise - La peste noire 1348
Cent quinze millions de morts en quatre mois
Macabres recettes
Une calamité céleste
Chapitre 5 - La béatitude - Le banquet du pape Léon X 13 septembre 1513
Effets spéciaux
À plumes ou à poils, à deux ou à quatre pattes
Chapitre 6 - La compassion - La ratification de l’édit de Nemours 18 juillet 1585
Chapitre 7 - L’effroi - La terre tremble à Lisbonne 1er novembre 1755
Un ministre énergique
Chapitre 8 - La (grande) peur - L’été 1789 en France
La liberté par les flammes
Un complot aristocratique ?
Chapitre 9 - L’excitation - La bataille d’Hernani 25 février 1830
Devant les censeurs
Une agression en règle
« Monstrueux comme Hernani »
Chapitre 10 - La fièvre - La ruée vers l’or 1848
Une Amérique pavée d’or
Les Français s’emballent
Trois passions dans un bateau
Chapitre 11 - L’angoisse - Jack l’Éventreur terrorise Londres 1888
Le crime est fils du vice
L’inquiétude monte à Whitechapel
Initiatives tous azimuts
Les honneurs de la une
Meurtre en chambre
Un autre visage de Londres
Chapitre 12 - La joie - L’été 1914
Une image d’Épinal
Le retour des préfets
Union sacrée
Le sourire et le doute
Chapitre 13 - La honte - Le traité de Versailles 28 juin 1919
Chapitre 14 - Le dégoût - Les scandales financiers des années 1930
Chapitre 15 - La nostalgie - L’Algérie au cœur 1962-2012
L’exode et le gâchis
Le goût de l’enfance
Une jeunesse contrainte
Les promesses du bled
Chapitre 16 - La tristesse - L’assassinat de John F. Kennedy 22 novembre 1963
Le mythe Kennedy
Chapitre 17 - L’émerveillement - Le premier homme sur la Lune 21 juillet 1969
Chapitre 18 - L’enthousiasme - La chute du mur de Berlin 9 novembre 1989
Chapitre 19 - L’hébétude - Les attentats du 11 septembre 2001
Retrouver un sens
Chapitre 20 - L’espoir - L’élection de Barack Obama 4 novembre 2008
Conclusion
Notice bibliographique
Chapitre 1. Le chagrin
Chapitre 2. La panique
Chapitre 3. L’amour
Chapitre 4. La hantise
Chapitre 5. La béatitude
Chapitre 6. La compassion
Chapitre 7. L’effroi
Chapitre 8. La (grande) peur
Chapitre 9. L’excitation
Chapitre 10. La fièvre
Chapitre 11. L’angoisse
Chapitre 12. La joie
Chapitre 13. La honte
Chapitre 14. Le dégoût
Chapitre 15. La nostalgie
Chapitre 16. La tristesse
Chapitre 17. L’émerveillement
Chapitre 18. L’enthousiasme
Chapitre 19. L’hébétude
Chapitre 20. L’espoir
Conclusion
Remerciements
Des mêmes auteurs chez Odile Jacob
Avertissement

À l’été 2009, Anthony Rowley et moi-même avions eu l’idée d’une série de courts textes relisant certains grands événements de l’histoire humaine à partir de la grille des émotions collectives. Les premiers essais ont excité notre curiosité et notre désir d’aller plus loin dans la réflexion. Ainsi est né le projet de ce livre. Nous devions rendre l’ouvrage en décembre 2011.
Un matin d’octobre 2011, alors qu’il venait précisément d’achever le chapitre sur la gourmandise sous Léon X, une crise cardiaque a emporté Anthony. Cette perte a été immense pour tous ses proches, sa compagne, sa famille, ses amis. Elle m’a laissé orphelin d’un complice avec lequel je partageais toujours plus étroitement les aventures intellectuelles et des moments d’une joie intense. Je crois que ma manière de faire mon deuil a consisté à vouloir achever l’ouvrage commencé.
Relire les textes d’Anthony n’a pas été sans émotion. Nous en avions parlé, mais sa manière d’écrire était si spécifique que je ne m’attendais pas à telle tournure ou comparaison. J’ai donc rassemblé les chapitres qu’il avait conçus, écrit ceux qui m’étaient dévolus et tenté aussi de rédiger l’un des sujets qu’il n’avait pas eu le temps de coucher sur le papier, mais dont je pensais qu’il lui aurait plu de le voir fini : la bataille d’ Hernani et les passions qu’elle avait soulevées. Finalement, le livre est achevé et je suis extrêmement heureux de voir publier ce témoignage de la pensée originale d’Anthony Rowley. Voir son nom à côté du mien en couverture me donne l’impression de prolonger dans le culte des livres que nous partagions la vigueur de notre amitié.
Certains chapitres imaginés par Anthony n’ont pu être rédigés et sans doute l’ouvrage souffre-t-il de quelques manques, mais tel qu’il est, il m’a paru indispensable de le publier comme une manière de dire mon affection profonde pour mon coauteur et celui qui fut mon éditeur. Ses admirateurs reconnaîtront sans peine son style dans les chapitres 4, 5, 6, 10, 13, 14, 18 et 19. Ils pourront critiquer ma prose dans les chapitres 1, 2, 3, 7, 8, 9, 11, 12, 15, 16, 17 et 20. Je crois que nous étions tous deux, comme toujours, disposés à accepter les faiblesses de l’autre, comme le font entre eux les amis véritables.
 
Ce livre est dédié aux amateurs d’histoire et de gastronomie qui entretiendront la mémoire du grand intellectuel que fut Anthony Rowley, ainsi qu’à sa petite-fille Athénaïs.
Introduction

Le 4 mars 1640, vers midi, le chancelier Séguier, troisième personnage politique après Louis XIII et le cardinal de Richelieu, approchait de la ville de Coutances en Normandie. Son escorte était composée d’une imposante troupe qui venait de reprendre en main Bayeux, puis Saint-Lô. Or Coutances s’était soulevée. Quelques jours plus tôt, Charles Nicole, le receveur des impôts et taxes de la ville, avait laissé ses hommes d’armes entrer dans une église où se déroulait un baptême pour d’obscures poursuites. Inquiet, le prêtre s’était enfui et avait cherché refuge chez des bourgeois de la bonne ville. Ces derniers avaient tenté de s’interposer pour protéger le prélat, mais deux d’entre eux avaient été tués et un troisième blessé par les gardes qui avaient aussi molesté des passants accourus. Tout cela avait « grandement alarmé, ému et irrité le peuple ». L’agitation avait gagné les villages voisins, ameutés par le tocsin. Si bien qu’à la nuit, Charles Nicole, ses hommes et sa famille fuient leur grande demeure, tandis qu’une foule hostile se rassemble au centre-ville laissant présager ce que les officiels de l’Ancien Régime appellent une « émotion populaire », autrement dit une révolte. Rapidement, les paysans, artisans et bourgeois armés de bâtons et de faux décident de mettre à sac la maison du percepteur et le mouvement tourne à l’insurrection. Le lieutenant du baillage arrivé le lendemain échoue à disperser les mutins. Il écrit en urgence au gouverneur qui finit par envoyer un nouveau responsable pour rétablir le calme. Pour Séguier, l’affaire est claire. Le pouvoir a été chahuté et il doit être restauré dans sa puissance. Comme dans les autres villes de Normandie agitées par la révolte, il faut trouver les meneurs, les exécuter et faire sentir partout la main du roi. Nul n’échappera à l’impôt.
Le chancelier tourne ces idées en son for intérieur quand, en arrivant dans les faubourgs de Coutances, il entend une clameur s’élever. Des centaines de femmes vêtues de blanc sont agenouillées. Les unes pleurent, les autres, le visage déformé par la tristesse, crient leur inquiétude. D’abord figées, elles s’avancent bientôt vers lui en implorant sa miséricorde. Le grand homme d’État reçoit les suppliques le visage impassible. Il n’est guère enclin à la clémence. Pourquoi ne pas raser la cité et en détruire les habitants, puisqu’il en a le pouvoir ? À l’inverse, il pourrait se montrer généreux, afin de régler la situation rapidement et d’affirmer à peu de frais la grandeur de la monarchie.
En vrai juriste et garde des Sceaux, il choisit de faire passer la justice, fût-elle expéditive. Le jour même, il ordonne l’arrestation des auteurs des exactions, ceux qui ont pillé la maison de Nicole et ont achevé le beau-père de ce dernier d’un coup de pistolet, après l’avoir fait traîner par un cheval. Jugés et condamnés, dès le lendemain, les coupables sont pendus sur la place du Marché à blé. Pour l’occasion, il a fallu dresser une potence à quatre branches. Rapidement, le 7 mars 1640, Séguier et ses hommes repartent. Coutances est pacifiée, mais la colère gronde encore dans d’autres villes comme Avranches où le chancelier fait détruire plusieurs maisons en représailles. Les révoltés se font appeler « nu-pieds », du nom de guerre choisi par leur chef, Jean Nu-pied, prétendument général. Ils sont bientôt écrasés et supprimés. Ils avaient voulu faire céder Richelieu et Séguier par la force et le passage à l’acte. Leur défaite manifeste le nouveau cours absolu de la monarchie qui impose désormais ses taxes sans concession aux sujets du roi. Déjà, l’État et ses serviteurs devaient com

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