Religion et pouvoir
266 pages
Français

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Description

Religion et pouvoir. Les relations qui lient ces deux composantes d'une société ont toujours représenté un enjeu fondamental, aussi bien source de conflits que d'enrichissement réciproque.

Cet ouvrage collectif pose à ce sujet de nombreuses questions. Comment autorités civiles et religion – dans ses multiples manifestations – cohabitent-elles ? Dans quels domaines les autorités civiles interviennent-elles ? Selon quelles modalités ? Quel rôle jouent les élites ? Et finalement, de quelle manière ces dynamiques construisent-elles et façonnent-elles la société urbaine ? Dans le contexte des bourgs et des villes du Corps helvétique, un ensemble d'états profondément marqués par des différences et des contrastes (d'ordre politique, socio-économique, culturel-linguistique ou confessionnel), observe-t-on des continuités qui permettent de parler d'un long Moyen âge ou doit-on plutôt relever des ruptures ?

Il ressort de cette étude un aperçu des relations entre les pouvoirs urbains et la religion fort complexe et nuancé, pouvant intéresser non seulement le spécialiste – voire le passionné d'histoire, mais également toute personne attentive aux phénomènes sociaux actuels.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9782889300730
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre


Mathieu Caesar, Marco Schnyder ( d ir.)







Religion et pouvoir
Citoyenneté, ordre social et discipline morale dans les villes de l’espace suisse (xiv e -xviii e siècles)

















Éditions Alphil-Presses universitaires suisses
Copyright






© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2014
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse





www.alphil.ch
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch



ISBN : 978-2-88930-073-0



Publié avec le soutien :
– du Fonds national suisse de la recherche scientifique ;
– de la Maison de l’histoire de l’Université de Genève.

Diebold Schilling le Jeune, Luzerner Chronik , (1513), Schwur der ­bürgerlichen Luzern (Serment des bourgeois de Lucerne). © Zentral- und Hochschulbibliothek Luzern, Sondersammlung / Korporationsgemeinde Luzern.




Responsable d’édition : Inês Marques
A VANT - PROPOS
Les réflexions proposées dans ce volume trouvent leur origine dans les fréquentes discussions entre les éditeurs au sujet des ­sociétés urbaines à partir de deux cas concrets : les bourgs de Lugano et Mendrisio pendant l’Ancien Régime et la ville de Genève à la fin du Moyen Âge 1 . Le point de rencontre de ce dialogue – la nature du pouvoir, des élites dirigeantes comme des institutions municipales – a nourri une réflexion enrichissante sur la place que la religion et les problèmes de mœurs occupaient dans ces sociétés. Dans quels domaines les autorités civiles interviennent-elles ? Quel rôle jouent les élites ? Selon quelles modalités ? Observe-t-on des continuités qui permettent de parler d’un long Moyen Âge ? Ou doit-on plutôt relever des ruptures ? Et finalement, de quelle manière ces dynamiques ­construisent-elles et façonnent-elles la société urbaine ? 2
Les contributions de cet ouvrage collectif ont pour ambition d’élargir le cadre de ces réflexions à l’échelle de l’espace helvétique, afin de mesurer sur une longue durée spécificités, évolutions et divergences entre les différents centres urbains suisses. Cette genèse a largement déterminé les axes de recherche proposés aux intervenants, ainsi que la périodisation et le cadre spatial retenu. Depuis les ­derniers siècles du Moyen Âge, dans de nombreuses villes de l’Europe occidentale, l’implication des autorités civiles dans la vie religieuse et dans la police de mœurs devient une pratique courante. L’intervention dans la vie des couvents, le contrôle des confréries, la promotion de la prédication et des processions urbaines ne sont que quelques exemples d’actions parmi d’autres. Un des points communs de cette politique réside dans la volonté de soumettre tout citoyen (laïc ou ecclésiastique) à l’ordre social et moral voulu par les pouvoirs civils. L’action des autorités vise en définitive à la formation de bons citoyens, voire de bons chrétiens, les deux éléments n’étant pas dissociables.
Réfléchir à une « échelle suisse » pour une période où la configuration du Corps helvétique est encore mouvante implique d’inclure des territoires qui entretiennent des relations diverses et variables dans le temps avec les cantons suisses. Ainsi, à côté de contributions traitant de villes qui, depuis l’époque médiévale, font partie de la Confédération en tant que chefs-lieux des cantons homonymes (comme Fribourg, Bâle, Berne, Lucerne et Zurich), on trouvera des réflexions portant sur des villes alliées (comme Genève, Mulhouse ou Neuchâtel) ou sur des centres urbains sujets (Lausanne et Lugano). Au-delà des appartenances politiques communes, ces cas présentent plusieurs différences : linguistiques, démographiques, institutionnelles et, depuis le début du XVI e siècle, confessionnelles. À ces clivages historiques, il faut encore ajouter les décalages historiographiques existant entre ­médiévistes et modernistes, ainsi que ceux découlant des ­influences des écoles historiographiques des trois régions linguistiques entourant la Suisse. Les acquis historiographiques récents ont remis en question le paradigme d’un État s’imposant « d’en haut » sur ses citoyens et ont montré combien il est aussi nécessaire de cerner les apports « d’en bas » 3 . Il était donc important de dégager un tableau dynamique des interventions dans le domaine religieux n’excluant pas les apports des citoyens – les notables locaux avant tout – et des différents corps intermédiaires, aussi bien civils qu’ecclésiastiques.
Loin de constituer un obstacle, toutes ces différences permettent au contraire un dialogue intense et fructueux entre historiens provenant parfois d’horizons très différents. Le travail de recherche dont cet ouvrage collectif rend compte a ainsi été l’occasion de vérifier la portée et la pertinence de concepts couramment utilisés par les historiens, même si de manière inégale d’une école à l’autre. « Religion civique », « Sozialdisziplinierung », « contrôle social », « citoyenneté » ne sont que quelques-unes des expressions qui jalonnent les textes ici rassemblés. Autant de concepts et de questionnements dont Pierre Monnet rappelle, en introduction, la complexité et les enjeux épistémologiques.
Les thématiques centrales de l’ouvrage – la relation entre autorités municipales et la religion de manière générale, en insistant spécifiquement sur le « disciplinement social » – sont abordées selon différentes perspectives et à de multiples échelles. Kathrin Utz Tremp se penche sur les rapports entre la municipalité de Fribourg et le curé de la seule paroisse urbaine. Mathieu Caesar et Odile Kammerer s’interrogent sur la place de la religion civique et sur la nature de l’ordre social voulu par les autorités dans deux villes alliées (Genève et Mulhouse). À son tour, Olivier Richard analyse dans une perspective comparative les fonctions du serment en tant qu’instrument de gouvernement dans les villes de Zurich, Berne, Lucerne et Bâle. Stéphanie Manzi et Antonietta Moretti s’intéressent respectivement au rôle des couvents dans la société urbaine et à leurs rapports avec les autorités civiles dans la ville de Lausanne et dans le bourg de Lugano. Davide Adamoli et Marco Schnyder posent ensuite leurs regards sur la réalité du bourg de Lugano à travers le prisme du phénomène confraternel et de la prédication. Pierre-Olivier Léchot retrace l’expérience du pasteur réformé Jean-Frédéric Ostervald au sein de l’Église de Neuchâtel. Nicole Staremberg, enfin, s’interroge sur les enjeux politiques et sociaux du contrôle des mœurs dans la ville sujette de Lausanne à l’époque des Lumières.
La richesse des contributions témoigne de la pertinence de ce questionnement comme de la fécondité de la démarche comparative adoptée. Certes, tout n’a pas été dit – cette publication ne vise d’ailleurs pas l’exhaustivité – et beaucoup reste encore à faire, mais nous espérons néanmoins que les articles ici rassemblés puissent contribuer à nourrir la recherche. L’intérêt des thématiques abordées et des approches adoptées ainsi que la tentative réussie de répondre à un questionnement commun, tout en partant de perspectives fort différentes, sont enfin illustrés par François Walter. Dans cette contribution conclusive, dense et invitant à élargir les réflexions, Walter met en lumière la complexité des pratiques de construction du lien social dans un contexte urbain.
Il nous est agréable, enfin, de remercier toutes les institutions qui ont soutenu et rendu possible cette publication, à savoir la Faculté des lettres de l’Université de Genève et, en particulier, le Département d’histoire générale, la Maison de l’histoire et la Commission ­administrative du rectorat, ainsi que le Fonds national suisse de la recherche scientifique 4 . Les contributions réunies dans ce volume ont fait l’objet d’une peer review . Que les deux relecteurs trouvent ici, au nom de tous les auteurs, l’expression de notre reconnaissance.


1 S CHNYDER Marco, Famiglie e potere. Il ceto dirigente di Lugano e Mendrisio tra Sei e Settecento , Bellinzona : Casagrande, 2011 ; C AESAR Mathieu, Le pouvoir en ville . Gestion urbaine et pratiques politiques à Genève (fin XIII e -début XVI e siècle) , Turnhout : Brepols, 2011.

2 D UMONS Bruno, H OURS Bernard (dir.), Ville et religion en Europe du XVI e au XX e siècle : la cité réenchantée , Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, 2010.

3 Cf. B LOCKMANS Wim, H OLENSTEIN André, M ATHIEU Jon (ed.), Empowering Interactions. Political Cultures and the Emergence of the State in Europe 1300-1900 , Farnham : Ashgate, 2009 et B OSCANI L EONI Simona, O STINELLI Paolo (a cura di), La chiesa “dal basso” : organizzazioni, interazioni e pratiche nel contesto parrocchiale alpino alla fine del medioevo , Milano : Franco Angeli, 2012.

4 Une première version des textes ici réunis a été présentée et discutée dans le cadre du colloque intitulé Former un bon citoyen. Ordre social et discipline morale dans les villes de l’espace suisse ( XIII e - XVIII e siècles) qui s’est déroulé à l’Université de Genève les 18 et 19 janvier 2013.
V ILLE ET CITOYENNETÉ . E N GUISE D’INTRODUCTION
P IERRE M ONNET
On peut lire dans le Paradis de la Divine Comédie de Dante, chant VIII, ligne 115, un passage qui pourrait opportunément introduire ces réflexions liminaires consacrées aux rapports qui se nouent entre ces deux objets d’une histoire politique et sociale européenne de longue durée que sont la ville d’une part et la notion de citoyen de l’autre : « Dis-moi, et si l’homme était sur terre sans vivre en citoyen, serait-ce pire ? Oui dis-je, ici nul besoin de raison » 5 . Dans ce texte, comme une trentaine d’années plus tard sur les fresques du Bon Gouvernement de Sienne 6 , la citoyenneté participe bien du paradis politique citadin. Et pourtant, au regard de la situation de Florence autour de 1300, Dante lui-même, condamné par contumace au bûcher, privé de tous ses biens et exilé, aurait eu bien des motifs de ne pas se fier aux bienfaits pourtant si admirablement vantés de la cit

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