Un imprimeur dans l’Europe des Lumières
436 pages
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Description

En 1765, l’Europe lettrée découvre, intriguée, un nom inconnu dans l’adresse des dix derniers volumes de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : Chez Samuel Faulche & Compagnie, Libraires & Imprimeurs, A Neufchastel. Disparus l’auguste aréopage de la librairie parisienne et le nom de la Ville de Paris. Il s’agit bien sûr d’une fausse adresse. Samuel Fauche, libraire à Neuchâtel, n’est ici qu’un prête-nom, une astuce des éditeurs de l’Encyclopédie pour contourner la censure parisienne.
Singulier destin que celui de ce libraire de province. Bourgeois miséreux, élevé dans une Maison de Charité, il s’arrache à sa condition en choisissant le commerce du livre qui lui vaut une ascension sociale remarquable. Simple boutiquier à ses débuts, il devient éditeur puis imprimeur en créant avec d’autres associés la puissante Société typographique de Neuchâtel, spécialisée dans la réimpression pirate de la littérature des Lumières qu’elle diffuse sur le grand marché européen.
À la tête de sa propre entreprise, Fauche mène ensuite une double activité : respectable, en publiant de prestigieux ouvrages scientifiques ; hautement illicite, en diffusant des livres obscènes dans le monde souterrain de la librairie interlope.
Sa réputation lui procure des contacts flatteurs et le privilège de recevoir à sa table des savants et des écrivains célèbres : tels Mirabeau qui vient lui offrir son Essai sur le Despotisme ; Louis Sébastien Mercier, son Tableau de Paris, Saussure ses Voyages dans les Alpes.... S’il est d’abord le récit d’une vie peu ordinaire aux accents romanesques, liée à une tumultueuse saga familiale, ce livre fait aussi revivre une multitude d’acteurs européens de la librairie et de l’imprimerie de l’Ancien régime en un tableau coloré et pittoresque.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782889501038
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Livreo-Alphil, 2022
Rue du Tertre 10
2000 Neuchâtel
Suisse
© Nouvelle Revue neuchâteloise
 
 
www.alphil.ch
 
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
 
 
ISBN : 978-2-88950-101-4
ISBN PDF : 978-2-88950-102-1
ISBN EPUB : 978-2-88950-103-8
 
 
Avec le soutien de la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2024.
 
Illustration de couverture : Neuchâtel, vue prise du Crêt, par Henri Courvoisier-Voisin (1757-1830), vers 1780-1790, gouache, 29,5 x 53 cm. Collection privée.
 
Responsable d’édition : Sandra Lena


À la mémoire de Jacques Rychner Pour Caroline et Madeleine qui m’ont sans cesse encouragé dans l’écriture de ces pages


« Neuchâtel était jadis le lieu où l’on imprimait les ouvrages politiques et philosophiques les plus hardis. C’est de là que la lumière s’est répandue dans tout le monde. »
Jacques-Pierre Brissot de  Warville, Le Patriote français , 28 octobre 1790.


Remerciements
C e livre est le fruit de longues recherches stimulées par les travaux et les encouragements de Robert Darnton et Jacques Rychner, hélas trop tôt disparu. Je leur dois ma passion pour l’histoire du livre et ses multiples acteurs. Redevable, je le suis aussi aux historiens de ce pays dont les travaux m’ont permis de préciser certains aspects du contexte neuchâtelois. Il me plaît de relever ici les noms de Jean Courvoisier, Frédéric Eigeldinger, Maurice Evard, Charly Guyot, Philippe Henry, Jean-Pierre Jelmini, Roland Kaehr, Michèle Robert, Denise de Rougemont, Louis-Édouard Roulet, Rémy Scheurer, Maurice de Tribolet.
J’ai aussi une pensée pour mes compagnons de route, historiens du livre et de la lecture, qui m’ont souvent accompagné dans mes recherches. Parmi d’autres, me viennent à l’esprit les noms de Rossella Baldi, Paul Benhamou, Roger Chartier, Jean-Daniel Candaux, Alain Cernuschi, Silvio Corsini, Jeffrey Freedman, Paul Marie Grinevald, Frédéric Inderwildi, Otto S. Lankhorst, Bernard Lescaze, Jean-Dominique Mellot, Robert Netz, Renato Pasta, Daniel Roche, Jean Sgard, Pierre-Yves Tissot, François Vallotton, Dominique Varry, Jeroom Vercruysse, Françoise Weil…
En 2010, Henry Fauche, descendant de Samuel, a eu la bonté de me confier les papiers de ses ancêtres dont l’apport à cet ouvrage s’est révélé essentiel. Je tiens à lui adresser ici toute ma gratitude ainsi qu’à sa famille.
De nombreux conservateurs, archivistes et bibliothécaires ont facilité mon travail dans les archives pour retrouver les traces de Samuel Fauche. Je tiens à remercier tout particulièrement : à la Bibliothèque publique et universitaire, son directeur, mon successeur et ami Thierry Chatelain, Martine de Ceuninck, responsable du département des manuscrits, Anne-Lise Veya, assistante-conservatrice, Alain Maeder, conservateur des livres anciens, et Elizabeth Sandoval Manoussakas, surveillante attentive au bureau de la Salle de lecture ; aux Archives de l’État de Neuchâtel, Lionel Bartolini, archiviste cantonal et tout son personnel toujours si accueillant ; aux archives de la Ville de Neuchâtel, Olivier Girardbille, archiviste, qui m’a permis, grâce à ses vastes connaissances, de mettre la main sur des lots de manuscrits qui dormaient, soigneusement ficelés, dans ses riches dépôts ; à la Bibliothèque de Genève, le bienveillant personnel du département des Manuscrits, et en particulier Paule Hochuli, conservatrice, Barbara Prout, archiviste, et Céline Strub, agente en information documentaire.
Mes premières recherches m’avaient conduit loin de Neuchâtel, à Paris, à la Bibliothèque nationale et aux Archives nationales de France ; aux Pays-Bas, aux Archives royales de La Haye et à la Bibliothèque universitaire de Leyde. Je me souviens avec gratitude de l’aide que j’ai reçue dans ces institutions, entre autres de Jean Favier, Emmanuel Le Roy Ladurie, Christiane Berkvens-Stevelinck et Bernard Woelderink.
Grâce à Paul Benhamou, j’ai été mis en contact, à Savannah, avec la Georgia historical Society qui m’a fourni de précieux renseignements pour mon sujet.
Ma reconnaissance va également aux particuliers et aux institutions qui ont mis à ma disposition des documents pour illustrer cet ouvrage : Gilles Attinger, Jules Aubert, Patrick Grandchamp, Henry Fauche, Martin Leiser, la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel, par les bons soins de Thierry Dubois-Cosandier, le Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel (Vincent Callet-Molin), les Archives de la Ville de Neuchâtel (Olivier Girardbille), le Musée militaire de Colombier, le Musée de Grenoble (Guy Tosatto, conservateur), le Musée des beaux-arts de Dijon.
Je souhaite aussi remercier Alain Cortat et les Éditions Alphil d’avoir accepté de co-éditer cet ouvrage avec la Nouvelle Revue neuchâteloise en mettant à ma disposition leurs belles compétences. J’ai beaucoup apprécié la supervision si pertinente et bienveillante de Sandra Lena, responsable de cette édition et le travail de correction de Sarah Ohana.
Enfin, je tiens à exprimer ma profonde gratitude à Marie-Claire Attinger, Paul Jambé, Caroline et Madeleine qui ont accepté de lire ces pages et dont les remarques et les conseils m’ont été très précieux.


Préface
L e beau livre de Michel  Schlup nous ouvre de nouvelles perspectives hautes en couleur et riches en enseignements sur le  XVIII e  siècle. Grâce à des monographies innombrables, nous connaissons les moindres détails de la vie des grands philosophes, comme Voltaire, dont la Voltaire Foundation vient de terminer l’édition de ses Œuvres complètes en 205 volumes. En revanche, nous ignorons l’existence de la plupart des gens qui les liaient à leur public. Bien que les intermédiaires culturels, surtout les éditeurs et les libraires, aient joué un rôle crucial pendant le siècle des Lumières, ils ont échappé à la recherche. Quelques noms – Marc-Michel  Rey à Amsterdam, Gabriel  Cramer à Genève, Charles-Joseph  Panckoucke, « l’Atlas de la librairie », à Paris – ont survécu à l’usure du temps. Mais nous avons besoin de connaître les petites gens de l’édition, ceux qui faisaient et contrefaisaient une bonne partie des livres destinés au grand public. Michel  Schlup a révélé l’importance de ce sujet avec sa biographie de Samuel Fauche, un éditeur marginal et fascinant, partenaire, puis concurrent, de la Société typographique de Neuchâtel ( STN) à la veille de la Révolution française.
Fauche est un homme du peuple. Fils d’un tailleur, et sans grande culture, il débute comme relieur, se fraie un chemin dans la librairie, et termine comme éditeur des Œuvres de Rousseau et du naturaliste Charles  Bonnet. Il n’a pas bonne réputation. Rousseau le dit « bête », et Bonnet se méfie de lui à tel point qu’il utilise le ministre Daniel de  Meuron comme intermédiaire dans leurs tractations. Fauche est connu surtout dans la librairie pour son commerce en livres dits « philosophiques », terme utilisé par les professionnels pour désigner les ouvrages les plus prohibés : traités athées, libelles politiques ou encore ouvrages pornographiques. Il édite l’ Essai sur le despotisme de Mirabeau, alors prisonnier au Château de Joux, une forteresse près de Pontarlier. Pendant qu’il est partenaire de la STN, il travaille pour son propre compte, glissant secrètement quelques exemplaires de Thérèse philosophe et du Gazetier cuirassé , deux ouvrages ultra-« philosophiques », dans les balles de la Société, ce qui mène à une rupture avec ses associés. Indépendant depuis 1773, Fauche monte une imprimerie et suit son bonhomme de chemin, en s’associant et se querellant avec ses fils et son gendre.
Michel  Schlup nous fait apprécier le caractère acariâtre et roué de son homme, mais il n’exagère en rien. Au contraire, sa narration, vive et fascinante, ne s’éloigne jamais de la réalité, puisée rigoureusement dans des documents riches et divers, depuis les archives de la STN à celles de la Ville et de l’État de Neuchâtel, sans oublier les cinq grandes boîtes de manuscrits des descendants de Samuel Fauche.
Malgré les particularités propres à Fauche, je trouve pour ma part que son cas est assez typique des libraires marginaux spécialisés dans l’édition de livres français tout au long du « Croissant fertile » reliant les villes d’Amsterdam, Bruxelles, Liège, Cologne, Kehl, Bâle, Berne, Neuchâtel, Lausanne et Genève. Ce territoire comprend des maisons éminentes, telles que celles de Marc-Michel  Rey et Gabriel  Cramer, où règne l’honnêteté. Mais la fourberie est partout, parce que la plupart de ces éditeurs vivent de la contrefaçon, et la grande majorité des livres sur le marché français, peut-être les deux tiers, sont contrefaits.
Les archives de la STN révèlent des tours et des astuces sans nombre. On annonce un livre qu’on va contrefaire simplement pour sonder le marché, quitte à abandonner le projet si la réponse est décevante ; ou on l’annonce pour éviter qu’un autre libraire ne l’entreprenne ; ou encore pour faire chanter un concurrent en promettant de laisser tomber l’édition s’il accepte de fournir quelques centaines d’exemplaires à bon marché. Les éditeurs pratiquent l’espionnage commercial pour savoir ce qui se prépare dans d’autres maisons. Ils corrompent les ouvriers d’autres imprimeries afin d’obtenir des épreuves pour des éditions rivales. Quand ils échangent des livres avec d’autres éditeurs – une pratique cruciale, car les éditeurs sont aussi des marchands en gros, qui vendent un peu de tout –, ils cachent ceux de leurs fonds qui se vendent le mieux et exigent les meilleures ventes des fonds de leurs partenaires. Les règlements de compte déclenchent des disputes amères, et il existe de véritables guerres commerciales, notamment entre les éditeurs rivaux de l’ Encyclopédie et des Œuvres de Rousseau. Le monde

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