Les accidents d’exposition (AE) à un agent viral sont classés en fonction de leur contexte de survenue en :– professionnels : chez les professionnels de santé dans le contexte de soins (AE-professionnels) ;– non professionnels : même s’ils peuvent survenir dans un contexte professionnel autre (pompiers, police, personnel d’entretien…), il s’agit d’accidents en dehors du milieu de soins. Les principaux sont :– sexuels (AE-sexuels), parfois classés en « volontaires » et « liés à une agression sexuelle (viol) » ;– accidentels (AE-accidentels) : ils comprennent tous les accidents d’exposition survenant chez des enfants et chez des professionnels, en dehors du monde de la santé (personnel de ménage, policiers, entre autres) ;– ceux survenant chez les usagers de drogues par voie intraveineuse (AE-UDIV).Nous ne disposons plus en France de données concernant le nombre ou la qualité des prescriptions des traitements post-AE. Il a été estimé que 15 000 à 20 000 personnes consultent chaque année dans les suites d’un accident d’exposition. Au service d’accueil des urgences de l’hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris), nous avons constaté une augmentation du nombre de consultations pour accident d’exposition (+300 %), avec pour les AE-sexuels une hausse de 75 %, notamment chez les hommes ayant des rapports avec des hommes (+126 %), mais aussi chez les hétérosexuels (+46 %) [0]. Les AE-UDIV sont exceptionnellement en cause (< 1 %).
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Extrait
S08P01C06 • Accidents d’exposition aux agents viraux transmissibles par le sang ou par transmission sexuelle
Chapitre S08P01C06 0 06 0 Accidents d’exposition aux agents viraux transmissibles par le sang ou par transmission sexuelle 6 0 P01C S08
E C NRIQUE ASALINO
Les accidents d’exposition (AE) à un agent viral sont classés en fonc tion de leur contexte de survenue en : • professionnels : chez les professionnels de santé dans le contexte de soins (AEprofessionnels) ; • non professionnels : même s’ils peuvent survenir dans un contexte professionnel autre (pompiers, police, personnel d’entretien…), il s’agit d’accidents en dehors du milieu de soins. Les principaux sont : – sexuels (AEsexuels), parfois classés en « volontaires » et « liés à une agression sexuelle (viol) » ; – accidentels (AEaccidentels) : ils comprennent tous les accidents d’exposition survenant chez des enfants et chez des professionnels, en dehors du monde de la santé (personnel de ménage, policiers, entre autres) ; – ceux survenant chez les usagers de drogues par voie intraveineuse (AEUDIV). Nous ne disposons plus en France de données concernant le nombre ou la qualité des prescriptions des traitements postAE. Il a été estimé que 15 000 à 20 000 personnes consultent chaque année dans les suites d’un accident d’exposition. Au service d’accueil des urgences de l’hôpital BichatClaude Bernard (Paris), nous avons constaté une aug mentation du nombre de consultations pour accident d’exposition (+300 %), avec pour les AEsexuels une hausse de 75 %, notamment chez les hommes ayant des rapports avec des hommes (+126 %), mais aussi chez les hétérosexuels (+46 %) [1]. Les AEUDIV sont excep tionnellement en cause (< 1 %).
Qualité de la prise en charge des accidents d’exposition
En France, un dispositif de prise en charge des accidents d’exposi tion et d’accès à un traitement postexposition au VIH (TPE) existe depuis 1998, aussi bien pour les AEprofessionnels que les pour AE non professionnels. Les recommandations sont régulièrement actuali sées, les dernières datent de 2017 [9]. La qualité du dispositif de prise en charge repose sur l’évaluation du respect des indications du traite ment postexposition au VIH et les modalités de suivi, c’estàdire l’existence d’une filière posturgence identifiée avec des référents for més au suivi de ces situations. Le dispositif de prise en charge initial s’appuie sur les services d’accueil des urgences pour assurer un accès permanent aux soins des victimes d’un accident d’exposition. D’autres structures assurent également la prise en charge des accidents d’expo sition, notamment des services de médecine et de maladies infec tieuses, des centres de dépistage et des unités de soins dans les centres pénitentiaires. Cette prise en charge initiale nécessite de respecter la confidentialité du patient, de garantir l’accès aux molécules antirétro
virales, d’assurer un triage et un accès rapide aux soins (l’indication du traitement postexposition doit être considérée comme une urgence thérapeutique), la formation des équipes médicales et paramédicales à la prise en charge des AES et la sensibilisation des équipes de soins à des valeurs éthiques (nondiscrimination des accidents d’exposition sexuels par exemple). Même si l’intérêt du traitement postexposition au VIH est discuté, des arguments multiples (efficacité des modèles animaux, prévention de la transmission maternofœtale, réduction de 80 % de la transmission chez les professionnels de santé) plaident en sa faveur, et compte tenu des données concernant les premières phases de l’infection par le VIH, la possibilité de faire avorter une primoinfection dépend de la mise en route la plus précoce du traitement postexposition au VIH, idéalement dans les toutes premières heures [3, 4, 6, 10, 11]. La mise à disposition de stratégies de prévention par le traitement préexposition [5] ne doit pas compromettre l’accès aux traitements postexposition. Ces deux approches doivent être complémentaires.
Prise en charge des accidents d’exposition aux urgences
Les services d’accueil des urgences sont au centre du dispositif de prise en charge des accidents d’exposition. Ils doivent mettre en place des pro cédures garantissant la formation et la sensibilisation de leur personnel au respect de la confidentialité, établir des partenariats et des parcours organi sés de soins entre le service d’accueil des urgences et les services de méde cine, de maladies infectieuses, la médecine du travail, le laboratoire de virologie et la pharmacie, afin d’assurer la qualité et la continuité des soins. Des évaluations des pratiques professionnelles doivent régulière ment être conduites afin de garantir la qualité du tri, le respect de la confidentialité, le respect des indications du traitement postexposi tion au VIH, l’accès à l’ensemble des antirétroviraux, la possibilité d’un avis spécialisé, et la qualité du circuit de suivi aussi bien pour les AE professionnels que pour les AEnon professionnels. Il est également recommandé d’assurer une prise en charge globale, incluant l’accès à une consultation avec un psychologue. La prise en charge des accidents d’exposition et la prescription d’un traitement postexposition au VIH doivent être considérées comme des urgences thérapeutiques. L’efficacité de celuici dépend de la pré cocité de sa mise en route, idéalement dans les 4 heures suivant l’acci dent d’exposition [3, 4, 6]. Le tri au service d’accueil des urgences doit donc garantir des délais d’attente très courts garantissant un accès à un traitement antirétroviral adapté dans les délais les plus brefs. La typo logie de l’accident d’exposition (professionnel ou non professionnel) ne doit pas être prise en compte dans le tri.
Accidents d’exposition professionnels ou accidents d’exposition au sang
Les accidents d’exposition au sang (AES) sont définis comme tout contact avec du sang, ou un liquide biologique contenant du sang, et comportant : – soit une effraction cutanée (piqûre d’aiguille, blessure…) (acci dent percutané) ;