C’est dans ta tête
103 pages
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C’est dans ta tête , livre ebook

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Description

Comme tant d’autres femmes, Valérie Bidégaré s’est fait dire par son médecin que son mal était « dans sa tête ». Pourtant, c’était bien son corps qui était malade. Il lui aura fallu souffrir et s’acharner pendant des années, faire ses propres recherches et insister pour obtenir enfin un diagnostic et un traitement.
Comment se fait-il qu’aujourd’hui, les femmes aient encore autant de difficulté à être prises au sérieux et à être adéquatement soignées lorsqu’elles souffrent de maladies gynécologiques? Pourquoi certains mythes (que les femmes sont plus émotives et moins rationnelles, que c’est normal de souffrir pendant les règles, etc.) ont-ils la couenne aussi dure? Pourquoi plusieurs médecins sont-ils dépassés par les enjeux de santé féminine?
Dans cet essai très personnel, l’autrice raconte son histoire et va à la rencontre de plusieurs spécialistes pour tenter de répondre à ces questions et proposer des pistes de solution.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mars 2023
Nombre de lectures 7
EAN13 9782764449424
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même autrice
Les Supermamans , Québec Amérique, 2022.


Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon et Éric St-Pierre, éditeurs

Conception graphique et mise en pages : Nathalie Caron
Révision linguistique : Isabelle Pauzé et Sabrina Raymond
Illustration en couverture : pikisuperstar / freepik.com
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

C’est dans ta tête : pourquoi minimise-t-on la douleur des femmes ? / Valérie Bidégaré.
Noms : Bidégaré, Valérie, auteur.
Collections : Essai (Éditions Québec Amérique)
Description : Mention de collection : Essai
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20220034354 | Canadiana (livre numérique) 20220034362 | ISBN 9782764449400 | ISBN 9782764449417 (PDF) | ISBN 9782764449424 (EPUB)
Vedettes-matière : RVM : Bidégaré, Valérie—Santé. | RVM : Diagnostics obstétricaux. | RVM : Erreurs de diagnostic—Récits personnels. | RVM : Femmes—Examens médicaux. | RVMGF : Récits personnels.
Classification : LCC RG103.8.B53 2023 | CDD 618.1/075—dc23

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2023

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2023.
quebec-amerique.com



Ta douleur d’hier est ta force d’aujourd’hui.
Paulo Coelho


Avertissement
Les femmes dont il est question dans ce livre sont cisgenres, mais les problèmes qui sont abordés peuvent être expérimentés par toutes les personnes nées avec une anatomie féminine. Aussi, cet essai a été rédigé dans une perspective essentiellement hétérosexuelle. On associe souvent la douleur vécue durant les relations sexuelles à la pénétration, et cela a teinté non seulement l’échantillonnage de témoins, mais aussi le discours de l’autrice et des personnes interrogées. Évidemment, les femmes homosexuelles, de même que les personnes trans ou non binaires, peuvent tout à fait souffrir des enjeux de santé physique et psychologique abordés dans cet ouvrage, et nous espérons qu’elles y trouveront malgré tout de l’information pertinente et du réconfort.


Chapitre 1
C’est dans ma tête !?
Mon cœur battait la chamade lorsque je suis entrée dans le bureau de la médecin. Un cabinet immaculé qui m’était beaucoup trop familier. Les murs étaient blancs, le bureau et les chaises aussi. Même le petit squelette en plastique, qui trônait au fond de la pièce, à proximité de la table d’examen, puis le papier qui la recouvrait affichaient des coloris ivoire. Rien n’était chaleureux entre ces quatre murs. Je me suis assise. J’étais incapable d’immobiliser ma jambe droite, signe d’une nervosité grandissante. Les mains moites, la bouche sèche, je scrutais la pièce comme si je m’y étais trouvée pour la première fois, et pourtant… Des bruits de pas ont résonné dans le couloir, m’extirpant de mes pensées. À leur approche, l’angoisse m’a submergée. Je fondais tant d’espoir sur ce rendez-vous médical ! Je rêvais d’obtenir des réponses à mes questions, mais surtout que l’on puisse enfin mettre des mots sur ce mal qui me rongeait depuis beaucoup trop d’années. Du plus profond de mon intimité jusque dans les moindres recoins de mon cerveau, il s’immisçait dans chacune des parcelles de mon être. Injectait son venin dans mon organisme incapable de lui résister.
Une jeune femme arborant un uniforme de couleur marine a franchi le pas de la porte. Le stéthoscope rouge qui pendait à son cou s’agitait au rythme de ses mouvements. La généraliste a pris place derrière son bureau et m’a saluée en souriant. « Enfin, un peu de chaleur dans cette froideur », ai-je songé. J’étais impatiente de connaître les résultats de mes derniers examens, et très fébrile à l’idée d’amorcer le tant attendu processus de guérison. Mais l’espoir, qui gonflait dans mon cœur comme un ballon rose, a vite éclaté.
— Alors, ma chère, les résultats de tous les examens sont normaux. Il n’y a rien qui cloche. C’est dans ta tête ! a froidement lâché la Dre Lapierre 1 .
Ces mots m’ont soufflée comme une grenade qu’on aurait lancée dans ma direction. J’ai été prise d’un vertige, puis des bouffées de chaleur m’ont envahie. J’étais sans voix. L’incompréhension a rapidement cédé sa place à la colère, et des larmes se sont mises à couler sur mes joues.
— C’est impossible ! ai-je réussi à vociférer.
Je pleurais maintenant sans retenue. Un joli filet muqueux avait même eu le temps de se frayer un chemin de ma narine jusqu’à ma lèvre supérieure. De toute beauté. La Dre Lapierre ne croyait pas que les douleurs gynécologiques atroces qui m’accablaient au quotidien puissent camoufler une autre pathologie. Elle était catégorique : ces symptômes étaient reliés à des règles anormalement abondantes, longues et handicapantes, que l’on qualifie de « ménorragies » dans le jargon médical. Persévérer à croire que j’avais quelque chose de plus grave, ça, c’était dans ma tête. Elle m’a tendu un bout de papier sur lequel figuraient les noms des deux mêmes médicaments qu’elle me prescrivait depuis près de trois ans, soit un antidouleur et un coagulant, ce qui, pensais-je, revenait à poser un diachylon sur une plaie béante. Le sourire empathique qui se dessinait sur le visage de la Dre Lapierre ne réchauffait plus du tout mon âme. J’aurais aussi bien pu être en train de m’adresser à un mur. J’ai pris l’ordonnance des mains de ma médecin de famille avant de me lever d’un bond, furieuse. Mes larmes, ma morve et moi sommes sorties du cabinet, tandis que j’étais plus déterminée que jamais à prouver à cette fichue médecin que ma souffrance avait un nom, qu’elle était bien réelle et que non, ce que j’endurais ne se passait pas DANS MA TÊTE !

Un matin, longtemps avant ce rendez-vous fatidique, j’ai ouvert les yeux. Allongée dans mon lit, j’ai tourné le regard vers la timide lueur de soleil qui perçait à travers les rideaux. Le voilage valsait doucement sous le souffle du vent qui s’infiltrait par la fenêtre laissée entrouverte. La brise transportait avec elle une odeur d’herbe fraîchement coupée, signe que l’été était à nos portes. Jusque-là, cet effluve m’avait toujours apaisée et réconfortée. Mais cette journée-là, il me révulsait et les rayons du soleil, aussi faibles étaient-ils, me vrillaient le nerf optique de douleur. Je ressentais une vive brûlure dans les yeux et un élancement lancinant irradiait jusqu’à mon cerveau. Mon crâne menaçait d’exploser. Et ce n’était encore rien comparé à la douleur qui torturait mon intimité. Mes ovaires, mon utérus, mon ventre et mon dos me faisaient atrocement souffrir. Sans trop comprendre ce qui m’arrivait, j’ai remonté les couvertures par-dessus ma tête et j’ai tourné le dos à la fenêtre. En bougeant, j’ai senti une longue coulée chaude et visqueuse entre mes jambes. J’ai soulevé les couvertures et j’ai vu une mare de sang se répandre sur les draps. Je me suis levée d’un bond et j’ai couru jusqu’à la salle de bain, cherchant désespérément une serviette hygiénique. Je n’ai trouvé qu’un tampon. Mes réserves étaient à sec, puisque mes règles suivantes n’étaient pas prévues avant au moins deux semaines.
C’était du moins ce que mes calculs me permettaient de croire. Le sang coulait abondamment entre mes jambes, au point d’altérer la couleur de l’eau de la cuvette, qui tournait maintenant au rouge pâle. L’inquiétude me gagnait et des questions fusaient à toute vitesse dans ma tête. Qu’est-ce qui pouvait bien m’arriver ? Jamais les symptômes associés à mes règles n’avaient été d’une telle intensité, d’une telle violence. J’ai inséré le tampon dans mon vagin, et je me suis épongée du mieux que j’ai pu avant de tirer la chasse et de me glisser dans la douche. Il fallait bien nettoyer mes cuisses tachées de sang. Le jet d’eau brûlant a légèrement apaisé ma douleur. J’ai bien tenté d’en savourer les bienfaits, mais j’avais la tête ailleurs.
Dès l’apparition de mes premières règles, mon flux avait toujours été abondant. Les saignements persistaient pendant sept interminables jours. Les comprimés d’ibuprofène parvenaient à peine à atténuer la douleur qui irradiait de mon ventre au bas de mon dos. Puis, il n’était pas rare que ma protection flanche et que de petites taches rouges imbibent mon pantalon. N’est-ce pas gênant pour une adolescente qui fait son entrée au secondaire ? La honte ! Une fois les règles passées, c’étaient les céphalées qui prenaient la relève en plein milieu de mon cycle, et ce, pour une durée de trois jours, bien précisément. Jamais plus. Jamais moins. Je n’avais jamais consulté un médecin à propos de mes douleurs menstruelles, de l’abondance ni de la durée de mes saignements, parce que je suis une femme, avec tout ce que ça implique. Tout ce que je vivais était normal, non ? En revanche, j’avais pris un rendez-vous avec ma médecin de famille de l’époque afin de lui parler de ces migraines qui me pourrissaient la vie tous les mois. À la douleur qui irradiait dans tout le côté droit de ma tête, du cou jusqu’au front, s’ajoutaient les nausées, les vomissements, l’intolérance au bruit et à la lumière, puis les larmoiements. Des symptômes très handicapants puisque, pendant ces trois fameux jours, malgré la prise de médicaments, je parvenais à peine à être fonctionnelle. Mon lit et mon sofa étaient mes meilleurs amis. À l’époque, l’omnipraticienne avait posé un diagnostic de migraines. Il n

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