Les complications digestives chroniques de la radiothérapie (c’est-à-dire survenant au moins 3 mois après une irradiation) sont essentiellement liées au développement d’une fibrose transmurale et vasculaire évolutive. Ces mécanismes font préférer le terme d’« entérocolopathie radique » à celui communément utilisé mais inapproprié d’« entérocolite radique ». Ces lésions sont rarement réversibles. Les formes aiguës d’entérocolopathie radique (liées à une destruction épithéliale par les radiations ionisantes, et à l’inflammation) sont généralement réversibles, et ne sont pas détaillées dans ce chapitre. La problématique des cancers (notamment digestifs) radio-induits n’est pas abordée dans cette section.Épidémiologie et facteurs de risqueLa radiothérapie abdominopelvienne est le plus souvent utilisée pour les cancers urogénitaux (gynécologiques, de prostate ou de vessie), certains cancers digestifs (anus, rectum) et les lymphomes. Les complications digestives chroniques de la radiothérapie sont le plus souvent consécutives à la radiothérapie externe. Leur incidence est peu connue. L’irradiation pelvienne semble plus souvent responsable de lésions radiques (rectopathie radique chronique dans 5 à 20 % des cas) que l’irradiation abdominale (2 à 5 % d’entérocolopathies radiques) [6].Certains facteurs de risque de complication digestive de la radiothérapie sont liés aux patients, et sont probablement sous-tendus par une susceptibilité génétique (mutations des gènes de détection des lésions d’ADN ou de réparation d’ADN). Ces mutations introduisent le concept de radiogénonique, science dont l’objet est de prédire les variations individuelles dans la radiosensibilité et d’en faire découler des protocoles individualisés de radiothérapie. Certaines maladies sont identifiées comme à risque particulier, probablement liées à leur origine génétique (anémie de Fanconi, ataxie-télangiectasie). Certains gènes ou polymorphismes de sensibilité sont en cours d’identification. Par ailleurs, certaines associations morbides apparaissent comme des facteurs de risque de complications radiques : artériopathies, maladies de système, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, infection par le VIH [4]. D’autres facteurs de risque ne sont pas liés aux patients, mais à la technique d’irradiation : volume traité (minimisé par une meilleure définition spatiale de la zone à traiter grâce à l’imagerie moderne en deux et en trois dimensions), délivrance de la dose (optimisable par fractionnement des doses, modulation d’intensité, stéréotaxie, prise en compte des mouvements des patients et des organes, entre les séances et en cours de séance). Une chimiothérapie ou une chirurgie concomitante semblent à risque accru de toxicité radique [4]. Il ne semble pas exister de lien entre la survenue d’une complication aiguë de l’irradiation thérapeutique et le risque de complication tardive digestive.
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