L’histiocytose à cellules de Langerhans est une maladie polymorphe se caractérisant par une infiltration tissulaire de cellules présentant des marqueurs et des propriétés ultrastructurales identiques à celles des cellules de Langerhans de la peau.Les premières formes de la maladie ont été décrites entre les années 1920 et 1940. Diverses entités ont alors été rapportées :– d’une part, la maladie de Hand-Schüller-Christian touchant les enfants d’âge moyen et les adolescents, comportant une exophtalmie, des lésions lytiques du crâne et un diabète insipide ;– d’autre part, la maladie de Letterer-Siwe se manifestant chez le petit enfant par un rash purpurique, une hépatosplénomégalie, des adénopathies et des cytopénies d’évolution souvent fatale ;– enfin, le granulome éosinophilique osseux où la prolifération histiocytaire est accompagnée par un infiltrat éosinophilique, souvent d’évolution favorable.Bien que très différentes sur le plan clinique, ces maladies avaient en commun les mêmes caractéristiques histopathologiques. De ce fait, l’hypothèse qu’il s’agisse en fait d’une seule et même maladie à des stades évolutifs distincts a été retenue, et ces entités ont été regroupées par Lichtenstein en 1953 sous le terme d’histiocytose X, le X soulignant l’origine incertaine des histiocytes. Ultérieurement, le développement de la microscopie électronique permit d’établir la similarité des histiocytes présents au sein des lésions avec les cellules de Langerhans de la peau, ces deux types cellulaires présentant au sein de leur cytoplasme des structures particulières appelées granules de Birbeck. Par la suite, le groupe de l’Histiocyte Society rebaptisa la maladie histiocytose à cellules de Langerhans dans les années 1980.
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Extrait
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Médecine interne
Chapitre S03P01C28 Histiocytose à cellules de Langerhans de l’adulte
MDEMENTHO ATHILDE N
8 C2 1 P0 3 0 S
28 C 01 03P S
Lhistiocytose à cellules de Langerhans est une maladie polymorphe se caractérisant par une infiltration tissulaire de cellules présentant des marqueurs et des propriétés ultrastructurales identiques à celles des cel lules de Langerhans de la peau. Les premières formes de la maladie ont été décrites entre les années 1920 et 1940. Diverses entités ont alors été rapportées : dune part, la maladie de HandSchüllerChristian touchant les enfants dâge moyen et les adolescents, comportant une exophtalmie, des lésions lytiques du crâne et un diabète insipide ; dautre part, la maladie de LettererSiwe se manifestant chez le petit enfant par un rash purpurique, une hépatosplénomégalie, des adénopathies et des cytopénies dévolution souvent fatale ; enfin, le granulome éosinophilique osseux où la prolifération his tiocytaire est accompagnée par un infiltrat éosinophilique, souvent dévolution favorable. Bien que très différentes sur le plan clinique, ces maladies avaient en commun les mêmes caractéristiques histopathologiques. De ce fait, lhypothèse quil sagisse en fait dune seule et même maladie à des stades évolutifs distincts a été retenue, et ces entités ont été regroupées par Lichtenstein en 1953 sous le terme dhistiocytose X, le X souli gnant lorigine incertaine des histiocytes. Ultérieurement, le dévelop pement de la microscopie électronique permit détablir la similarité des histiocytes présents au sein des lésions avec les cellules de Langerhans de la peau, ces deux types cellulaires présentant au sein de leur cytoplasme des structures particulières appelées granules de Birbeck. Par la suite, le groupe de lHistiocyte Society rebaptisa la maladie his tiocytose à cellules de Langerhans dans les années 1980. Ces données historiques illustrent laspect polymorphe de la mala die, avec des présentations cliniques très variées, allant dune atteinte monotissulaire unique à une atteinte systémique. Le diagnostic repose principalement sur lanatomopathologie, et le pronostic et la gravité varient selon les atteintes. Lhistiocytose à cellules de Langerhans est une affection rare détiologie à ce jour inconnue. La découverte récente de lactivation constante de la voie RASRAFMEKERK dans les V600E lésions et la présence dune mutationBRAFchez la moitié des patients a permis une avancée importante dans la compréhension des mécanismes impliqués. Le fait que certaines de ces mutations se retrouvent dans dautres formes dhistiocytoses dites « non langerhansiennes » (notamment la maladie dErdheimChester) per met aujourdhui denvisager une nouvelle vision de ces maladies, qui seraient regroupées au sein dun même groupe [6].
Épidémiologie
Les connaissances épidémiologiques sur lhistiocytose à cellules de Langerhans sont pauvres. On ne dispose que de très peu de données dans la littérature sur son incidence. Des études nont été menées que
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chez lenfant et il ny a aucune donnée sur sa prévalence chez ladulte ou chez lenfant. Cest une pathologie rare avec, à titre indicatif, un taux dincidence annuelle allant de 2,6 à 8,9 pour 1 000 000 chez les enfants. Une étude rétrospective multicentrique incluant 274 patients adultes retrouvait une discrète prépondérance masculine (52 %) avec un âge moyen au diagnostic de 35 ans (±14 ans). Au total, 47 % des patients étaient fumeurs, avec un taux grimpant à 77 % chez les patients avec atteinte pulmonaire. Parmi les patients, on retrouvait 31,4 % de formes monotissulaires (dont près de la moitié étaient des atteintes pulmonaires isolées) et 68,6 % de formes systémiques [1].
Pathogénie
Du fait des similarités immunohistochimiques et ultrastructurales avec la cellule de Langerhans de lépiderme, il était considéré que les cel lules histiocytaires pathologiques infiltrant les tissus au cours de la mala die dérivaient dune activation anormale ou dune transformation néoplasique des cellules de Langerhans. Les avancées des dernières années permettent aujourdhui dinfirmer cette hypothèse. Les granules de Birbeck et la langérine (CD207), longtemps considérés comme spé cifiques des cellules de Langerhans de lépiderme, sont en fait aussi expri més dans dautres cellules de la lignée des phagocytes mononucléés. Ainsi des cellules dendritiques (CD) CD207+ ontelles été identifiées à létat basal dans des tissus lymphoïdes et non lymphoïdes qui peuvent être touchés par lhistiocytose à cellules de Langerhans. Des cellules den dritiques exprimant le CD1a et la langérine peuvent aussi se différencier à partir de monocytes circulants en contexte. Une étude menée en 2010 sur les profils transcriptomiques des cellules histiocytaires pathologiques des patients a montré quelles avaient beaucoup plus de similarités avec les précurseurs immatures des cellules dendritiques myéloïdes quavec les cellules de Langerhans de lépiderme. Lhypothèse actuelle est donc que laccumulation des cellules histiocytaires pathologiques au sein des tissus serait liée à un recrutement de précurseurs hématopoïétiques myéloïdes du sang périphérique sous leffet du GMCSF et de chimiokines (CCL20 et CCL2) qui se différencieraient dans les tissus atteints. Ces cellules prolifèrent peu localement, mais sont moins sensibles à lapop tose, ce qui contribue à leur persistance dans les lésions. Lanalyse trans criptomique montre quelles expriment fortement les transcrits de diverses métalloprotéases (MMP1, MMP9 et MMP12) dont lexpres sion protéique a été confirmée en immunohistochimie, ce qui pourrait expliquer le caractère destructeur des lésions. Une autre question est de savoir si lhistiocytose à cellules de Langer hans est un processus néoplasique ou inflammatoire réactionnel. Le fait que certaines formes soient dévolution bénigne ou spontanément régressive, le caractère polymorphe de linfiltrat inflammatoire observé au sein des lésions ainsi que labsence de mitoses anormales plaident en faveur du caractère inflammatoire. Dans ce cadre, la relation étroite entre la forme pulmonaire de ladulte et le tabagisme soulève la question du rôle exact du tabac dans le déclenchement de la maladie pulmonaire. Dune part, le tabac induit laccumulation de cellules CD1a+ dans le poumon, y compris chez le sujet sain fumeur. Dautre part, il stimule la production locale de cytokines telles que le TNFα, le GMCSF, le TGFβet la chimiokine CCL20, qui sont aussi exprimées dans les lésions dhistiocytose à cellules de Langerhans pulmonaire et favorisent le recrutement, la différenciation et lactivation des cellules dendritiques. La nicotine augmente la sécrétion dostéopontine, dont la quantité est