La Douleur chronique
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La Douleur chronique , livre ebook

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Description

Quand il est question de douleur chronique, on constate rapidement les limites du modèle traditionnel de la relation médecin-patient. C’est pourquoi il importe de promouvoir un modèle de soins centré sur le patient, l’encourageant à devenir un partenaire engagé dans la gestion de sa santé. Mais ça ne va pas de soi.
Les textes regroupés ici s’articulent autour de trois grands axes thématiques : la psychothérapie, l’anthropologie et la diffusion du savoir. L’intérêt d’un tel regroupement est qu’il permet de varier les points de vue et d’aborder la douleur dans toutes ses dimensions : psychique, anthropologique, historique, éthique, religieuse ou sociale. Dans cette optique interdisciplinaire, la prise en charge de la douleur est une donnée fondamentale à l’aune de laquelle doivent être repensées la formation et la pratique des professionnels de la santé. C’est cet effort de concertation que l’on retrouve dans ce livre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 septembre 2011
Nombre de lectures 10
EAN13 9782760627086
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Colloque francophone sur la douleur (2 e ῀ : 2010 ῀ : Limoges, France)
La douleur chronique ῀ : une approche interdisciplinaire ῀ : actes du Colloque francophone sur la douleur, 14 et 15 octobre 2010, Limoges, France
Textes présentés lors du deuxième Colloque francophone sur la douleur, tenu à Limoges, France, les 14 et 15 oct. 2010.
Comprend des réf. bibliogr.
ISBN 978-2-7606-2273-9
ISBN (epub) 978-2-7606-2708-6
ISBN (pdf) 978-2-7606-2707-9
1. Douleur - Congrès. 2. Douleur crhonique - Traitement - Congrès. 3. Soins intégrés de santé - Congrès. I. Beaulieu, Pierre, 1958- . II. Titre.
RB127.C623 2010 616’.0472 C2011-941705-7
Dépôt légal ῀ : 3 e trimestre 2011 Bibliothèque nationale du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2011
Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition.
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
IMPRIMÉ AU CANADA EN SEPTEMBRE 2011
Introduction
P IERRE B EAULIEU
epenser la douleur ῀ : c’est sous ce titre qu’ont été publiés aux Presses de l’Université de Montréal les actes d’un premier colloque francophone sur la douleur qui s’est tenu à Montréal en septembre 2007. La perspective interdisciplinaire a également guidé la seconde rencontre sur le même sujet qui s’est déroulée à Limoges en octobre 2010, sous le parrainage de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD). Des conférenciers de plusieurs horizons y ont présenté leurs travaux à un public réceptif, lui-même issu des différentes sphères du domaine de la santé, ce qui a donné lieu à des échanges diversifiés, mais dont l’objectif commun était de demeurer attentifs à la parole des malades.
Tous les textes regroupés dans ce livre sont issus des conférences prononcées lors du colloque de Limoges et articulent la question de la douleur autour de trois grands axes thématiques ῀ : la psychothérapie, l’anthropologie et la diffusion du savoir. L’intérêt d’un tel regroupement est qu’il permet de multiplier les points de vue et d’aborder la douleur sous une variété de dimensions ῀ : psychique, anthropologique, historique, éthique, religieuse ou sociale. Dans cette optique, la prise en charge de la douleur est une donnée fondamentale à l’aune de laquelle doivent être repensées la formation et la pratique des professionnels de la santé. Chacun des auteurs réunis dans ce livre s’efforce de souligner l’importance de considérer des aspects plus rarement abordés de la douleur chronique, tout en jetant les bases de nouvelles avenues de recherches, par exemple du côté de la neurobiologie, de la pharmacologie et de l’éducation.
Les limites du modèle traditionnel qui se concentre essentiellement sur la maladie à combattre sont bien connues. C’est pourquoi on est à la recherche d’un modèle de soins qui favorise une approche soutenue, intégrée et centrée sur le patient, l’encourageant à devenir un partenaire engagé dans la gestion de sa santé et des soins qui y sont associés. Toutefois, avant de parler d’autonomie ou d’engagement, il convient de traiter de l’effectivité des choix d’intervention. Ça ne va pas de soi et demande un véritable effort de concertation.
Merci aux conférenciers qui ont accepté de nous livrer leurs textes – notamment au professeur Richard Trèves qui a remplacé à la dernière minute un conférencier retenu ailleurs – et aux modérateurs qui ont permis des synthèses et des discussions de haute volée ῀ : Philippe Bertin, Philippe Nubukpo, Philippe Scherpereel, Gérard Terrier, Jean-François Therme et Françoise Wolf. Un grand merci également à l’Association Limousine d’Anesthésie-Réanimation (ALAR), qui a permis l’organisation de la rencontre ῀ ; à Delphine Doré et Allison Patfoort, du service d’anesthésie-réanimation du CHU de Limoges, pour leur engagement constant et leur participation à l’accueil et au soutien des conférenciers, dont étaient par ailleurs responsables Jean-Philippe Peyrodes et Yohan Desbordes. Leur aide à tous fut très appréciée.
Ce colloque n’aurait pas eu lieu sans l’apport financier de nos partenaires industriels. Merci au laboratoire pharmaceutique Pfizer, en premier lieu, qui a participé activement au symposium sur la diffusion du savoir et la douleur neuropathique, et à Abbott, Boehringer-Ingelheim/Lilly, Expanscience, MSD, Mundipharma, Nycomed, Pierre Fabre, Prostrakan, Sanofi-Aventis, Solvay-Pharma et Therabel. La confiance et l’indépendance totales qu’ils nous ont accordées ont été le gage du succès.
Merci, finalement, à Antoine Del Busso et à l’équipe des Presses de l’Université de Montréal, qui ont su à nouveau nous soutenir dans la publication de ce deuxième recueil.
PSYCHOTHÉRAPIES ET DOULEUR
Douleur, culture de la douleur et psychanalyse
C YNTHIA F LEURY
ourquoi faire référence à la psychanalyse pour dire la douleur ῀ ? Pourquoi avoir recours à la psychanalyse dans une clinique de la douleur ῀ ? Il y a rarement de douleur corporelle sans douleur du sujet. Et parfois vice versa . Travailler sur l’un, c’est nécessairement travailler sur l’autre.
Dans son ouvrage consacré à la douleur et l’amour, Jean-Claude Nasio évoque en introduction le cas de cette patiente venue le voir, en analyse, pour la douleur de ne pas réussir à avoir un enfant. Trois ans après, elle lui annonce qu’elle est enfin enceinte ῀ : « ῀ Nous avons réussi. ῀ » Le nous englobant sans doute plus que le couple. Explosion de joie. Suivent le temps de la grossesse et l’accouchement. Ce jour où elle lui téléphone, radieuse, pour lui dire que son bébé est né. Et ce jour où elle lui téléphone à nouveau pour lui dire, d’un souffle à peine audible, qu’il est mort ce matin à la clinique et qu’on ne sait pas de quoi. Pendant quelque temps, la jeune femme ne se manifeste plus. Puis un jour, elle revient. « ῀ Épuisée, écrit Nasio, elle était incapable de se déplacer seule, et on avait dû l’accompagner jusqu’à la salle d’attente. En allant l’accueillir, j’y découvris une femme transformée par la détresse. Elle n’était qu’un corps impersonnel, exténué, vidé de toute force, ne tenant qu’aux seules images omniprésentes de son bébé saisi dans toutes les scènes où il était encore vivant. Son corps incarnait parfaitement le moi exsangue de l’être endolori, un moi affaissé, suspendu au souvenir très vif de l’enfant disparu. […] Nous savons, poursuit Nasio, que cet état de douleur extrême, mélange d’évidement du moi et de contraction en une image-souvenir, est l’expression d’une défense, d’un sursaut de vie. Nous savons aussi que cette douleur est le dernier rempart contre la folie. Que dans le registre des sentiments humains, la douleur psychique est en effet l’ultime affect, la dernière crispation d’un moi désespéré qui se tétanise pour ne pas sombrer dans le néant. ῀ »
La douleur, ultime affect qui protège l’individu de la folie. La douleur comme ultime lien au monde et à soi. Alors là, quitter la douleur sera impossible, c’est le dernier refuge de l’âme. Tout autant que le refuge de l’esprit. Alors là, l’enjeu pour le psychanalyse, cela va être de permettre à l’analysant de reconstruire, hors la douleur, un monde de non-folie, par le biais de la parole, des silences, du transfert, par le biais du temps réapproprié, car le temps de la séance est une ressaisie du temps, un temps où l’analysant peut dire son impossibilité à être dans le temps de la société et de la vie, mais soudainement dans ce temps de la séance, il reprend la main sur le temps, c’est-à-dire qu’il perçoit la possibilité d’avoir un temps allié de la conscience.
Donc déjà empêcher le non-basculement dans la folie.
Il n’y a là nulle performance de l’analyste. Il n’y a rien de technique.
Nasio poursuit ῀ : « ῀ À ce moment, notre lien se réduisait à pouvoir être faibles ensemble. ῀ » Infime chose, direz-vous. Loin de là, vous savez à quel point la souffrance éloigne les êtres et écrase la solidarité. Comment il devient insupportable de souffrir et de continuer à être ensemble. Pourtant la résilience, comme elle est parfois nommée, passe par le tiers, l’autre. Passe par quelque chose qui renvoie à ce « ῀ ensemble ῀ ».
La souffrance irradie l’autre. Alors Nasio reçoit les radiations. Les psychanalystes ne sont pas immunisés contre les radiations. Mais c’est là aussi que se situe leur risque. Être un analyste, ce sera recevoir les (ir)radiations, faire parler la douleur de l’autre, l’écouter. Et, petit à petit, faire coexister cette douleur avec autre chose. Un « ῀ autre chose ῀ » qui s’appelle chez Proust le temps retrouvé. Qui peut se nommer l’amour, qui peut se nommer le goût de la vie et des autres.
J’évoque ici Proust car il a très bien su décrire ce que la mort de l’autre, l’autre aimé, provoque dans le sujet. Ce sont les pages d’ Albertine disparue . Au final, on voit bien que l’une des difficultés majeures avec le deuil c’est qu’il ne renvoie pas à l’événement passé. L’affaire du deuil c’est l’avenir, c’est le temps qui se déroule désormais devant soi, et sans l’autre. Bien sûr c’est la nostalgie du temps avec l’autre. Mais ce qui fait mal, ce qui tue, c’est la douleur de toutes ces confrontations avec les réminiscences de l’autre. Et ces réminiscences de l’autre disent moins quelque chose de l’autre que quelque chose du moi. Non le narrateur ne va pas vivre une fois pour toutes la mort d’Albertine. Ou plus précisément, il va vivre une fois l’annonce de cette mort faite, mille fois, deux mille fois, n fois, la mort de chaque narrateur ayant vécu un moment avec Albertine. À chaque réminiscence, à chaque regard posé sur un objet, un rayon de lumière, un angle de la pièce, une rue de la ville, à chaque contact avec tout ce qui l’entoure, le narrateur va vivre s

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