La Famille et troubles emotionnels des jeunes
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La Famille et troubles emotionnels des jeunes , livre ebook

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Description

Selon l’Organisation mondiale de la santé, de 10 à 20 % des enfants et des adolescents dans le monde souffrent de troubles mentaux. Quelle place occupe la famille dans ce constat ? Ce livre explore, dans une perspective critique, son rôle prépondérant dans la santé mentale des jeunes et leurs troubles émotionnels. Fondé sur des avis d’experts reconnus et des données probantes, cet ouvrage remarquable et solidement documenté se veut aussi une prise de position en faveur de l’orientation centrée sur la famille. On y trouvera l’analyse de plusieurs psychopathologies infantiles — dont certaines en lien avec de nouvelles réalités sociales comme l’obésité et la cyberdépendance —, des études de cas et un modèle d’entretien permettant d’accéder à l’intimité des familles et d’intégrer leurs proches à la démarche clinique.
Le Dr Claude Villeneuve est pédopsychiatre, psychanalyste et thérapeute de la famille au CHU Sainte-Justine, Université de Montréal.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 novembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760633575
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Villeneuve, Claude, 1939- La famille et les troubles émotionnels des jeunes ISBN 978-2-7606-3355-1 1. Malades mentaux - Relations familiales. 2. Familles des malades mentaux. 3. Enfants - Psychopathologie. I. Titre. RC455.4.F3V54 2014 616.89’156 C2014-942135-4 Mise en pages et epub: Folio infographie ISBN (papier): 978-2-7606-3355-1 ISBN (pdf): 978-2-7606-3356-8 ISBN (epub): 978-2-7606-3357-5 Dépôt légal: 4 e trimestre 2014 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2014 www.pum.umontreal.ca Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC). Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
Introduction
«La grandeur d’un métier est peut-être, avant tout, d’unir des hommes: il n’est qu’un luxe véritable, et c’est celui des relations humaines.»

Saint-Exupéry, Terre des hommes, 1939, p. 35

L’accélération des changements qui caractérise notre époque crée des turbulences à l’échelle planétaire et a des conséquences énormes sur les diverses sphères d’activités humaines. Les progrès techno-scientifiques et les changements socioéconomiques qui alimentent cette tourmente n’épargnent pas les familles dans leur quotidien et la façon d’éduquer et de soigner les enfants. Ce remue-ménage s’accompagne de changements dans la parentalité et la famille, de l’apparition de nouvelles manifestations psychopathologiques qui exigent des modifications dans la compréhension et le traitement de certains troubles émotionnels des enfants. Par ailleurs, les traitements actuels témoignent de la prédominance du paradigme biomédical qui met l’accent sur le diagnostic et sur la psychopharmacologie. Les contrecoups de cette vague de fond ne sont pas sans effets pervers. Ces changements peuvent mener au réductionnisme avec le risque d’évacuer l’importance des facteurs psychosociaux. On pourrait alors assister à la «dépsychologisation» des troubles émotionnels, tant dans la subjectivité de l’enfant que dans son intersubjectivité avec ses proches. Certains parlent de médicalisation de l’enfance.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2001), les troubles mentaux des jeunes sont un problème de santé publique majeur. La prévalence mondiale de ces troubles chez les enfants et les adolescents varie entre 10 et 20% (Kieling et al. , 2011), et dans 5 à 9% de ces cas, les jeunes présentent une perturbation sévère (OMS, 2001). La gravité de ces problèmes jointe à l’augmentation de la demande et au manque de services en santé mentale plaide en faveur d’une meilleure utilisation des aidants naturels, en particulier la famille, pour la prévention comme pour le traitement de ces conditions.
Il faut également tenir compte du fait que la demande d’aide psychologique pour les jeunes dépend fortement de la demande sociale qui exige que le clinicien non seulement soigne l’enfant mais également apaise tout malaise psychique ou familial. Cette demande d’aide est d’ailleurs à divers degrés une demande qui concerne la famille. Les soignants ne peuvent donc se concentrer uniquement sur l’enfant malade, car ses proches ne peuvent être laissés de côté, quelles que soient la problématique et l’orientation thérapeutique.
Donner davantage de pouvoir aux aidants naturels est un moyen d’alléger le système de soins et peut-être lui permettre d’éviter la banqueroute. S’ils sont soutenus, les aidants naturels peuvent en effet régler eux-mêmes certains problèmes, ce qui a pour effet de diminuer les demandes et de moins solliciter les soignants. Cependant, avec la professionnalisation des soins, les parents ne se sentent plus autorisés à agir comme ils avaient coutume de le faire auparavant face à telle ou telle situation problématique.
Loin de contrer la croissance exponentielle des besoins et des coûts en santé, les réformes actuelles dans les systèmes de santé des pays occidentaux alimentent celle-ci. On propose ainsi des solutions basées sur ce que Toffler et Toffler (2007) appellent des hypothèses de l’ère industrielle, c’est-à-dire qu’on vise à accroître le rendement et à accélérer la «chaîne de montage médicale» (p. 235), en passant moins de temps auprès du patient, par exemple.
Le rôle de la famille est d’autant plus d’actualité que les soins de première ligne et les soins à domicile, deux priorités actuelles en santé, sollicitent grandement la famille sans fournir le soutien dont elle a besoin pour aider la personne malade. Un plus grand recours à la famille ne permet évidemment pas de régler des problèmes tels que le chômage, le racisme et le manque de justice sociale, mais il peut cependant être souhaitable dans les services de base relatifs aux problèmes de santé mentale et dans le traitement de certains malaises liés à la modernité.
La famille doit être étudiée en tant que telle, mais elle ne constitue pas un sujet à la mode. Dans certains milieux cliniques ou de recherche, on considère la famille comme faisant partie du décor, on envisage d’autres perspectives plus séduisantes ou encore on ramène la famille à la relation mère-enfant.
Le but de cet ouvrage est d’explorer dans une perspective critique le rôle joué par la famille dans la santé mentale des jeunes, l’apparition de leurs troubles émotionnels et le traitement de ces derniers. Désireux de prendre en compte la complexité de ces troubles, nous avons opté pour une lecture plus globale, dite systémique. La santé mentale de l’enfant est considérée ici comme fonction de l’interaction de l’enfant avec son environnement, principalement la famille. Nous étudierons en particulier les facteurs familiaux de protection et de risque, des éléments déterminants dans les problèmes émotionnels chez les enfants et dont l’influence est encore mal mesurée. Il s’agit là de l’angle sous lequel nous traiterons le sujet. De nombreux autres facteurs de protection et de risque sont à considérer, le statut socioéconomique par exemple, mais nous nous concentrerons en tant que clinicien sur les facteurs familiaux parce que le travail avec la famille fait partie du quotidien en clinique.
Ce livre milite aussi en faveur d’une approche centrée sur la famille, comme celle que nous suivons dans nos interventions cliniques. Nous espérons ainsi amener les cliniciens à s’intéresser davantage à la famille et aux interventions qui font appel à celle-ci, même si elles n’ont plus la cote aux États-Unis en psychiatrie. Nous aborderons ces sujets sous un angle opérationnel et, pour donner plus de rigueur à notre propos, nous nous servirons des nouvelles connaissances apportées par les cliniciens et par les thérapeutes de la famille et aussi de données probantes issues de la recherche contemporaine. La médecine fondée sur les données probantes suscite d’ailleurs un mouvement d’envergure mondiale et est devenue un discours prédominant en psychiatrie. Nous suivons les recommandations de la Presidential Task Force de l’Association américaine de psychologie (APA, 2006) concernant la pratique fondée sur les données probantes. L’APA définit cette pratique comme l’intégration de l’expérience clinique et des meilleurs travaux de recherche publiés jusqu’à aujourd’hui (études rigoureuses, randomisées et utilisant une méthodologie adéquate).
Dans la première partie de l’ouvrage, nous discutons de certains éléments généraux concernant la famille et de leurs rapports avec l’enfant. Ainsi au chapitre 1, nous abordons certaines composantes familiales de base particulièrement importantes pour le clinicien et le chercheur et nous décrivons succinctement l’influence de la famille sur la santé mentale de l’enfant, notamment l’équilibre entre les facteurs familiaux de risque et de protection. Au chapitre 2, nous rappelons que la famille a subi des transformations importantes au cours des dernières décennies. Le système familial est éclaté et instable. L’ampleur des changements survenus peut porter à penser que la famille se désagrège, qu’on ne peut s’y fier et qu’elle ne survivra pas. La famille aurait-elle perdu ses caractéristiques de base et serait-elle moins influente que dans le passé?
Qu’en est-il des rapports entre la famille et la clinique? Ce sujet est également abordé dans la première partie du livre. Nous discutons au chapitre 3 de la pertinence d’un recours plus fréquent à la famille pour remédier aux déficiences des réseaux d’aide officiels. Utiliser les ressources familiales est d’autant plus logique que l’efficacité des interventions attribuant un rôle à la famille dans la prévention et le traitement est maintenant clairement montrée par des données probantes.
Au chapitre 4, nous abordons les facteurs sous-jacents à la marginalisation de la famille. La tradition de la médecine occidentale et la vague biologique avec ses multiples contraintes exercent une emprise sur le clinicien et desserrent les liens avec la famille. Le praticien est bombardé par une quantité phénoménale de données scientifiques. Il lui est difficile d’échapper à la tyrannie de la doctrine qui prétend que tout se joue dans les premières années de la vie de l’enfant, faisant fi de divers facteurs, entre autres familiaux, qui influent sur le jeune tout au long de son développement. Sans remettre en question les pratiques en psychiatrie infanto-juvénile, force est de constater par ailleurs que certaines de ces pratiques peuvent parfois conduire à des abus, par exemple à l’usage intempestif des psychotropes. Nous discutons au chapi

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