Le Génie de Pasteur au secours des poilus
506 pages
Français

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Le Génie de Pasteur au secours des poilus , livre ebook

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Description

Pasteur et ses disciples, comme Roux, Yersin, Calmette et d’autres encore, ont mis au point des vaccins et des sérums qui ont permis de lutter contre les infections et de vaincre enfin les épidémies mortelles de la peste, de la diphtérie et du typhus. Mais ce que nous ignorions, et que nous révèlent Annick Perrot et Maxime Schwartz dans ce livre, c’est comment toutes ces découvertes ont aussi sauvé des vies durant la guerre de 1914-1918. Sans Pasteur et ses successeurs, les armées auraient très vite été décimées par la typhoïde ou le paludisme. En imposant vaccination et mesures d’hygiène, ils ont ainsi radicalement changé le sort de la Grande Guerre. C’est sous le feu et les bombes que ces savants d’exception ont cherché à mettre la science au service de l’histoire. Et c’est à leur rencontre que nous sommes ici conviés. Annick Perrot est conservateur honoraire du musée Pasteur. Elle est l’auteur, avec Maxime Schwartz, de Pasteur et ses lieutenants et de Pasteur et Koch. Maxime Schwartz est biologiste moléculaire. Il a été directeur général de l’Institut Pasteur. Il a publié Comment les vaches sont devenues folles, Des microbes ou des hommes, qui va l’emporter ? (avec François Rodhain) et La Découverte du virus du sida (avec Jean Castex). 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 mars 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738163479
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, MARS 2016 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6347-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Annick Perrot dédie cet ouvrage à la mémoire de son oncle Adalbert, Maxime Delaloy, voltigeur de la 18 e Cie, 284 RI (armée d’Orient), tué le 10 mai 1917, au nord de Kupa (Grèce).
 
Et Maxime Schwartz à celle de son grand-oncle Maxime Berr, capitaine d’artillerie de la 25 e  Batterie, tué à la position de la batterie, près d’Auberive, à l’est de Reims, le 2 mai 1917. Le frère jumeau de Maxime, Raymond Berr, mourra en déportation avec son épouse Antoinette et sa fille Hélène, lors de la guerre suivante, en 1944-1945.
S’il m’était permis, Monsieur le Président, de terminer par une réflexion philosophique, provoquée en moi par votre présence dans cette salle de travail, je dirais que deux lois contraires semblent aujourd’hui en lutte : une loi de sang et de mort qui, en imaginant chaque jour de nouveaux moyens de combat, oblige les peuples à être toujours prêts pour le champ de bataille, et une loi de paix, de travail, de salut, qui ne songe qu’à délivrer l’homme des fléaux qui l’assiègent.
L’une ne cherche que les conquêtes violentes, l’autre que le soulagement de l’humanité. Celle-ci met une vie humaine au-dessus de toutes les victoires ; celle-là sacrifierait des centaines de mille existences à l’ambition d’un seul. La loi dont nous sommes les instruments cherche même, à travers le carnage, à guérir les maux sanglants de cette loi de guerre. Les pansements inspirés par nos méthodes antiseptiques peuvent préserver des milliers de soldats. Laquelle de ces deux lois l’emportera sur l’autre ? Dieu seul le sait. Mais ce que nous pouvons assurer, c’est que la science française se sera efforcée, en obéissant à cette loi d’humanité, de reculer les frontières de la vie.
Louis P ASTEUR, discours prononcé lors de l’inauguration de l’Institut Pasteur, 14 novembre 1888.
Préface

Bonne nouvelle : voici un nouveau Perrot-Schwartz !
Annick Perrot, conservateur honoraire, veilla longtemps sur le musée Pasteur, tandis que Maxime Schwartz, par ailleurs biologiste de renommée mondiale, dirigea douze ans l’Institut Pasteur. C’est dire s’ils connaissent leur sujet. Mais le savoir n’est pas suffisant. Le romancier que je suis veut qu’on l’entraîne et qu’on l’emporte.
Depuis leur premier livre, Pasteur et ses lieutenants , je ne manque pas une de leurs enquêtes. Car ce duo Perrot-Schwartz n’a pas son pareil pour raconter la science, changer l’histoire des découvertes en de palpitants voyages vers l’inconnu et présenter les savants comme autant de Maigret, missionnés par la société pour débusquer le coupable, à savoir le microbe meurtrier.
Je vous recommande chaudement le récit du duel entre Pasteur et Koch (celui du bacille). Vous y verrez que la recherche n’adoucit pas forcément les mœurs.
Mais la Grande Guerre ? Quel rapport avec ledit Pasteur, décédé fin 1895, c’est-à-dire près de vingt ans avant le début des hostilités ? Poser la question, c’est oublier que, avant de mourir, Pasteur avait créé un institut, chargé de continuer son œuvre de vie. Lequel institut n’allait jamais se révéler aussi utile qu’au moment où une folie meurtrière allait s’emparer des hommes.
L’objet de ce livre passionnant est de raconter, du côté de ceux qui s’acharnaient à soigner, l’histoire de ces années où l’on s’acharnait à tuer. Premier objectif : sauver le maximum de blessés. Alors que les armes avaient nettement progressé, dans la malfaisance, depuis le dernier conflit majeur (1870), alors que la plupart des chercheurs avaient été mobilisés et que les laboratoires étaient vides.
Les pasteuriens vont redoubler d’énergie. Et jamais, pour lutter contre la gangrène, les travaux d’identification des agents contaminants ne seront menés avec plus d’ardeur, jamais les règles d’hygiène ne seront rappelées et mises en œuvre avec autant d’obstination. Comment faire admettre aux militaires et à leurs médecins qu’on meurt autant d’infections que par le fait des balles et des obus ?
En même temps que sont validées, hélas à la plus grande échelle qui soit, les hypothèses de Pasteur, de nouvelles pratiques de chirurgie et d’hospitalisation sont, nécessité oblige, développées : services d’urgence, isolement des contaminés, lancement d’autochirs, noms donnés à de véritables salles d’opération roulantes.
Les tranchées non plus ne sont pas bonnes pour la santé. On y attrape la typhoïde, le typhus, de terribles grippes. Faute de trouver au plus vite des parades, les généraux n’auront bientôt plus personne à opposer à l’ennemi. Il faut des vaccins et des sérums, toujours plus de sérums, donc toujours plus de chevaux, par milliers. Et les poux, porteurs de l’agent du typhus (notamment), et les rats, toujours plus nombreux et plus gras tant la nourriture de cadavres est abondante, comment s’en débarrasser ? On va appeler au secours des microbes ravageurs, si possible inoffensifs pour l’homme. Et le paludisme, qui va ravager en quelques mois des milliers de soldats de l’armée d’Orient ? Sans la généralisation de la quinine dans la soupe du soir, le front de l’Est cédait, et le sort de toute la guerre en était changé.
Quelles aventures que toutes celles-là, quels portraits de personnes admirables ! Oui, chacune de ces histoires est un roman vrai, plein de bruit, de fureur, de désespoir et d’humanité.
Et, dans ce climat de mobilisation générale, d’unité nationale face à l’ennemi, le successeur de Pasteur, Émile Roux, offre à Marie Curie l’aide de l’institut qu’il dirige et une partie (importante) de ses dotations financières. En outre, il la convainc d’accepter un médecin, Claudius Regaud, comme collaborateur. Marie Curie ira porter la radiologie au plus près du front. À l’arrière, Claudius Regaud créera le premier centre hospitalier universitaire.
Mais la chimie qui soigne peut aussi devenir la chimie qui tue. Dans ce domaine, l’avance de l’Allemagne est grande. Elle ne va pas s’en priver pour lancer sur le champ de bataille toutes sortes de gaz, plus nocifs les uns que les autres. Tant bien que mal, la France relèvera le défi. Et l’Institut Pasteur participera à cette compétition morbide.
 
Annick Perrot et Maxime Schwartz ne cachent rien et jamais ne ralentissent le rythme. Les informations et les épisodes se succèdent en rafales. On croyait avoir déjà beaucoup lu sur 1914-1918. Ce livre, fruit d’une formidable enquête, nous en fait, sans complaisance, découvrir d’autres réalités. Et le plus terrible, peut être, est que ces quatre années d’horreur allaient obliger la médecine à gagner en efficacité. Seule conséquence bénéfique de ce qui fut l’une des expériences humaines les plus accomplies de la Déraison.
Erik Orsenna, de l’Académie française.
Introduction

Ce livre conte une histoire jamais encore ou peu abordée, celle de la confrontation, dans l’urgence, de la science et de la guerre – un choc brutal. Une histoire d’hommes arrachés à leur laboratoire, à leurs patientes recherches, et qui se trouvent soudain face au cataclysme déversant par milliers ses victimes. Ces hommes, des élèves de Pasteur, des « pastoriens », méconnus, oubliés, se sont engagés dans la défense de la patrie, pas seulement en allant se battre sur le front, comme certains le feront, mais aussi et surtout en tirant parti des enseignements de leur maître à tous, Louis Pasteur, et des résultats de leur propre recherche, pour sauver des vies et soulager les combattants de leurs souffrances. C’est donc une histoire de la victoire de la vie sur la mort que nous allons raconter ici.
Chaque chapitre montrera l’action de ces pastoriens en vue d’apporter une solution à un drame particulier. Ce sera la lutte contre la typhoïde, qui fait des milliers de victimes dès les premiers jours, ou bien l’application de la sérothérapie pour prévenir le tétanos, qui entraîne la mort dans des souffrances horribles, ou bien encore la mobilisation contre les poux porteurs du typhus.
Toutes ces opérations ne seront pas couronnées de succès, mais beaucoup le seront. Et, parfois, lorsque la guerre sera finie, les enseignements qui en auront été tirés feront progresser la science.
Nos précédents ouvrages, Pasteur et ses lieutenants et Pasteur et Koch , ont mis en lumière quelques-uns des collaborateurs directs de Pasteur, les Duclaux, Roux, Metchnikoff, Calmette ou Yersin, dont l’œuvre a été quelque peu éclipsée par celle du maître, mais dont le souvenir ne s’est pas totalement effacé. Les pastoriens évoqués dans les lignes qui suivent font partie des grands oubliés de l’histoire. Ce sont des savants, et nous rappellerons leur œuvre, mais ce sont aussi des hommes, dont nous tenterons de brosser le portrait.
Espérons que ce livre contribuera à leur redonner une place dans la mémoire collective.

Le calme avant la tempête.
Le président de la République, Raymond Poincaré (au centre à droite), le Dr Roux (au centre à gauche) et différentes personnalités officielles, lors de la célébration du 25 e anniversaire de l’Institut Pasteur, le 15 novembre 1913.
CHAPITRE 1
Le calme avant la tempête

Mardi 11 novembre. En 1913, ce n’est bien évidemment pas encore un jour férié. L’Institut Pasteur est en ébullition. Partout on fait le ménage, on range les paillasses, on dépoussière les reliures des livres,

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