Lettre à Emeraude
58 pages
Français

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Lettre à Emeraude , livre ebook

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Description

"Quel choc ce fut pour moi, qui n'étais en rien préparé à voir ton sort basculer en l'espace de quelques secondes. Dans ma tête, les questions s'entrechoquent : l'être aimé, l'être chéri est-il toujours présent dans ce corps qui ne me reconnaît pas ? Les gestes d'amour et de tendresse ont-ils toujours le même sens si ce corps que je cajole me perçoit désormais comme un étranger ? Quels critères faut-il établir pour juger si l'accompagnement du malade est bon ou mauvais ?... Comment respecter ta liberté de conscience ? Et surtout, comment définir ton intérêt et, si tu en as encore, tes désirs ?".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 143
EAN13 9782336273822
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lettre à Emeraude

Georges Othily
Du même auteur
Harmonies d’Ébène (SLND).
La Région Guyane (L’Harmattan, 1984) en collaboration avec Élie Castor.
La Guyane, les grands problèmes, les solutions possibles (Éditions caribéennes, 1984).
Tragédie à Cayenne (Éditions caribéennes, 1987).
René Jadfard ou l’Éclair d ’ une vie (Éditions caribéennes, 1989).
La Guyane , une ambition, un avenir (Éditions caribéennes, 1989).
Histoire de la France équinoxiale (L’Harmattan, 1994) J’assume tout (L’Ibis Rouge, 2006)
Bertène Juminer, une vie, un destin (L’harmattan, 2007) Chlore Constant , un dialecticien de l ’ aventure (L’harmattan, 2009)
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296085800
EAN : 9782296085800
Sommaire
Page de titre Du même auteur Page de Copyright PRÉFACE PROLOGUE Chère Émeraude, POSTFACE
PRÉFACE
L’émotion nous étreint dès le sous-titre qui résume en une phrase brève la nature de cette terrible maladie de la fin d’un siècle et du début d’un autre, cette maladie dont l’évocation est encore plus terrible que le mal aussi terrifiant qu’est le cancer.
La maladie d’Alzheimer, le « cancer » de l’âme : Elle confronte la famille, mais aussi les proches (amis et soignants) à une situation qu’il est nécessaire d’appréhender à chaque instant, elle exige en effet un accompagnement permanent.
L’auteur exprime avec l’amour qu’il porte à son épouse cette nécessité de garder le contact verbal, mais aussi tactile, odorant même, ce qu’il a compris spontanément et que les médecins recommandent afin de ne pas rompre le fil ténu qui, tel celui d’Ariane, évite au patient de se perdre dans ce labyrinthe séparateur, puisque l’incarcération créée par la maladie est inexorable.
« Aimez, aimez, tout le reste n’est rien », d’après La Fontaine : L’amour de Georgia et d’Émeraude, transparent à chaque ligne, est frappant, car ne faiblissant pas dans l’adversité qui les accable. Parente, amie, médecin, confidente d’Émeraude, je le vis avec eux.
Le rôle du médecin est d’aider aussi la famille. Les soignants se demandent toujours si le malade perçoit et comprend ce qui est fait, ce qui est dit. L’agnosie (trouble de la reconnaissance des objets et des visages) perturbe le malade et l’empêche d’identifier une personne, un objet. L’apraxie (trouble de la réalisation des gestes) s’oppose à la bonne utilisation des mains et on ne peut donner de réponse satisfaisante à ce questionnement douloureux évoqué par l’auteur. C’est le doute en toute action qui étreint la famille, les accompagnants, les amis qui ne veulent pas perdre ce mince contact établi, ce contact que, à l’instar du mari d’Émeraude, je ne veux pas rompre sans m’interroger en tant que médecin.
La vie, si riche, d’Émeraude, se poursuit dans l’action que mène l’homme qui a partagé sa vie pour faire avancer le regard que le monde médical, politique et sociojuridique porte sur la maladie d’Alzheimer. Les recherches progressent. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, souhaite faire de la lutte contre cette maladie une priorité nationale.
Émeraude, grande musicienne, « Émeraude, pierre d’espoir » peut dire comme son compatriote Saint-John Perse dans son poème à l’Étrangère : « Non point des larmes — l’aviez-vous cru ? Vous qui chantez — c’est notre chant — Vous qui chantez tous bannissements au monde, ne me chanterez-vous pas un chant du soir à la mesure de mon mal ? Un chant de grâce pour mes lampes, un chant de grâce pour l’attente... » Une belle lettre pour Émeraude, qui ne pourra la lire ; mais je vous invite, lecteur, à le faire pour mieux comprendre cette maladie.
Docteur Marie-Thérèse Lacombe
« La femme est l’avenir de l’homme »
Aragon
PROLOGUE
Émeraude, Ma Très Chère et Très Précieuse Émeraude, j’ai décidé de t’écrire cette longue lettre, que tu ne liras pas, toi dont l’esprit a quitté le corps, sans doute pour toujours, mais que je continue d’aimer, comme au premier jour, et que je continuerai d’aimer, jusqu’à mon dernier souffle, peut-être parce que je reste persuadé que, tout au fond de toi-même, il reste un petit bout de conscience, comme une chandelle veillant au fond de cette grotte abritant notre intimité.
Mais pourquoi t’ai-je rebaptisée Émeraude ? Pour au moins deux excellentes raisons. La première est que tu es née en Guadeloupe et que cette merveilleuse île, ou mieux cet incomparable archipel d’îles — papillon posé sur la mer, ou encore « Karukera » — l’île aux belles eaux — est sertie de la couleur de cette pierre, « plus verte que le songe » a dit ton compatriote Saint-John Perse, ce poète que nous aimons tous deux, lui aussi fou de ce lieu enchanteur, vert et translucide où, ensemble, nous avons été heureux, lorsque nous nagions côte à côte dans l’insouciance de notre jeunesse ou, l’âge mur venu, lorsque nous nous promenions, main dans la main, dans sa luxuriance végétale, en regardant grandir nos enfants. N’était-ce pas du reste à une émeraude à tailler que pensait le futur secrétaire général du quai d’Orsay, lorsque, adolescent à Pointe-à-Pitre, dans ses « Images à Crusoé », il vit dans cette terre encerclée par la mer l’image de l’homme isolé, qui doit recréer le monde à son image, j’ajouterai, pour ma part, Émeraude, à la tienne ?
N’avons-nous pas, à tant de reprises, tenté, ensemble, de résoudre le fabuleux mystère de Saint-John Perse en lisant « Exil », « Vents », « Amers », « Anabase » ou « Chant pour un équinoxe », savourant à chaque page le sublime onirisme de cette transfiguration de l’âme par une langue recréant les frémissements extérieurs que l’homme seul sait saisir pour bercer les mouvements de sa pensée ? Ce que nous avons éprouvé de conserve par le cœur comme le corps, seul nous deux pouvons le savoir, mais l’émeraude peut sans aucun doute symboliser la fusionnalité de notre couple.
Ensuite parce que — tous les initiés le savent ! — ce fut sur « la table d’émeraude » que fut jadis gravé le nom ineffable, celui que l’on ne prononce pas et que, par voie de conséquence, celle-ci, depuis sa conception, dit-on par Apollonius de Tyane, symbolise depuis la révélation absolue, la science de toutes choses. Et pas seulement en Occident puisque même, de notre côté de l’Atlantique — je veux bien sûr parler de notre monde caraïbéen et amazonien — l’émeraude était depuis toujours connue par les Sud-Américains, en particulier chez les Aztèques qui l’avaient baptisée « Quetzallzli », l’associée de l’oiseau quetzal aux longues plumes vertes, symbole du renouveau printanier.
Pour les alchimistes, l’émeraude était par excellence la pierre d’Hermès, le messager des dieux et le Grand Psychopompe, qui savaient qu’elle est « la rosée de mai, mais que cette rosée n’est elle-même que le symbole de la rosée mercuriale, du métal en fusion au moment où, dans la cornue, il se transforme en vapeur » (Goul, 203). Ne fût-ce pas encore une émeraude qui tomba du front de Lucifer lors de sa chute et une émeraude, à nouveau, que porta à son doigt Napoléon, le jour de son sacre à Notre Dame, autre chef d’État à l’avoir adopté, après Néron, qui se servait de la sienne comme loupe, pour combattre cette myopie dont il souffrait ? En tout cas, c’est bien elle qu’arbore le Tout-puissant de « l’Apocalypse » de Jean, « comme une vision de jaspe vert ou de cornaline ; un arc-en-ciel autour du trône est comme une vision d’émeraude, et c’est peut-être dans une émeraude, pensent certains, que, pour toutes ces raisons, le Graal fut taillé pour recueillir le sang du Christ.
Pierre de la connaissance secrète et sacrée, l’émeraude constitue la cratophanie élémentaire, l’expression du renouveau périodique des forces positives de la terre, symbole du printemps, de la vie, mais aussi de l’évolution qui permet à l’homme de passer de l’

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