L’artérite à cellules géantes (ACG) ou maladie de Horton est une panartérite giganto-cellulaire segmentaire et focale non nécrosante qui touche les vaisseaux de gros calibre et en particulier ceux à destinée céphalique (aorte, troncs brachiocéphaliques, artères carotides externes mais aussi artères vertébrales…). Elle doit être distinguée des vascularites nécrosantes, en particulier des vascularites associées aux anticorps anticytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA) qui peuvent se localiser à l’artère temporale, avec une sémiologie céphalique identique à celle de l’ACG.La pseudo-polyarthrite rhizomélique (PPR) est un rhumatisme inflammatoire des ceintures (épaules et hanches) qui peut se présenter isolément ou en association avec l’ACG. Ainsi près de 50 % des patients ayant une ACG présentent-ils des symptômes de PPR, ce qui conduit à discuter les liens physiopathologiques entre ces deux entités bien que le passage d’une PPR vers une authentique ACG soit très rare.
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Extrait
Chapitre S03P01C15 Maladie de Horton et pseudo polyarthrite rhizomélique
A R L M LEXIS ÉGENT ET UC OUTHON
5 C1 1 P0 03 S
5 1 03P01C S
Lartérite à cellules géantes (ACG) ou maladie de Horton est une panartérite gigantocellulaire segmentaire et focale non nécrosante qui touche les vaisseaux de gros calibre et en particulier ceux à destinée céphalique (aorte, troncs brachiocéphaliques, artères carotides externes mais aussi artères vertébrales). Elle doit être distinguée des vascula rites nécrosantes, en particulier des vascularites associées aux anticorps anticytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA) qui peuvent se localiser à lartère temporale, avec une sémiologie céphalique iden tique à celle de lACG. La pseudopolyarthrite rhizomélique (PPR) est un rhumatisme inflammatoire des ceintures (épaules et hanches) qui peut se présenter isolément ou en association avec lACG. Ainsi près de 50 % des patients ayant une ACG présententils des symptômes de PPR, ce qui conduit à discuter les liens physiopathologiques entre ces deux entités bien que le passage dune PPR vers une authentique ACG soit très rare.
Épidémiologie
LACG et la PPR sont exclusivement observées chez des sujets de plus de 50 ans, avec un âge moyen de début de la maladie entre 70 et 80 ans. Il existe une prédominance féminine avec un sexratio de lordre de 2. La prévalence de lACG chez les patients de plus de 50 ans établit un gradient nordsud et varie de 278 pour 100 000 dans le comté dOlmsted, dans le Minnesota aux ÉtatsUnis à 25 pour 100 000 en Allemagne ou 1,47 pour 100 000 au Japon, et son inci dence est plus élevée chez les sujets blancs, même si elle a été rapportée chez les sujets dorigine asiatique, africaine ou arabe. Les facteurs de risque cardiovasculaires et le tabagisme pourraient favoriser la maladie (risque relatif de 4,5 et 6,3 respectivement) ainsi quune ménopause précoce (risque relatif de 3,5). La prévalence de la PPR est de 52,5 pour 100 000 dans le comté dOlmsted et de 41,3 pour 100 000 au Dane mark. La prévalence de lACG varie au cours du temps avec des « épi démies », bien que la périodicité soit inconstante dans les études, ce qui a fait évoquer lhypothèse dun facteur infectieux inaugural.
Physiopathologie
De nombreuses études ont eu comme objectif didentifier un pos sible agent infectieux inaugural en recherchant de lADN bactérien ou viral. Ainsi les ADN du parvovirus B19, du cytomégalovirus (CMV) ou de lherpès simplex virus (VHS) ontils été identifiés. Cependant, ces résultats nont pas pu être confirmés dans dautres études. Par ail leurs, les résultats de la recherche dherpès virus humain (HHV) 6, dHHV7, du virus varicellezona (VZV) ou du virus dEpsteinBarr (EBV) étaient négatifs. Enfin, des immunoglobulines M (IgM) sériques dirigées contre le virus parainfluenzæ de type 1 ont été détec
S03P01C15 • Maladie de Horton et pseudopolyarthrite rhizomélique
tées de façon plus fréquente dans une population de patients atteints dACG histologiquement prouvée que dans une population contrôle. Cependant, ce résultat na pas été confirmé depuis. LADN de Chlamydia pneumoniæa été mis en évidence par amplification génique (PCR) au sein de lésions dACG. Cependant, ces résultats nont pas non plus été confirmés depuis. Plus récemment, il a été rapporté en communication orale au congrès de lAmerican College of Rheumato logy (ACR) en 2012, que la bactérieStenotrophomonas maltophilia avait été identifiée, puis cultivée à partir dartères temporales de patients atteints dACG et que, injectée à des souris, elle pourrait induire une vascularite pulmonaire. Ces résultats, qui nont pas encore été publiés, devront être confirmés. Une prédisposition génétique a été suggérée par lassociation de cas dACG chez des apparentés au premier degré ou des jumeaux mono zygotes. De nombreux gènes de susceptibilité ont été identifiés au cours de lACG. En particulier, les haplotypes du complexe majeur dhistocompatibilité (CMH ou HLA) de classe II HLADRB1*04 sont associés à lACG et leur portage pourrait également être associé à un risque ophtalmologique accru et favoriser la corticorésistance. De même, HLADRB1 pourrait être associé à la PPR même si les résultats sont contradictoires. Des microsatellites (SNP poursingle nucleotide peptide) relatifs à des cytokines (interleukine [IL] 18,tumor necrosis fac tor[TNF]α, interféron [IFN]γ, IL10), à des facteurs endothéliaux (intercellular adhesion molecule[ICAM] 1,vascular endothelial growth factor[VEGF],endothelial nitric oxyde synthase[eNOS],matrix metal loprotease[MMP] 9) ou liés à limmunité innée (récepteur Tolllike [TLR] 4 ou encoreNOD like receptor pyrin containing domain [NLRP] 1) ont été associés à un risque accru dACG. Cependant, ces résultats nont pas été validés dans des cohortes de réplication ou nont pas été confirmés dans de larges populations. La survenue d« épidémies » dACG et lassociation entre certains haplotypes de CMH de classe II et la maladie sont deux éléments qui suggèrent quun antigène extérieur active les cellules dendritiques adventitielles. Cellesci pourraient alors acquérir un phénotype mature et exprimer les clusters de différenciation CD80/CD86. Alors quau cours de la PPR, les cellules dendritiques restent localisées au niveau de ladventice, elles infiltrent les trois tuniques artérielles au cours de lACG. Les cellules dendritiques vont sécréter des chimiokines CC che mokine ligand(CCL) 18, CCL19, CCL20 et CCL21 et exprimer le CC chemokine receptor(CCR) 7, un ligand de CCL19 et CCL21, ce qui conduit à une activation autocrine. Le défaut de migration de ces cellules dendritiques vers le ganglion de drainage conduit à un recrute ment et à une stimulation des lymphocytes T CD4+ dans la paroi arté rielle. Dans un modèle de greffe de biopsie dartère temporale chez des souris nayant ni lymphocytes B, ni lymphocytes T, la déplétion en cellules dendritiques ou en lymphocytes T réduit notablement les lésions de vascularite ce qui témoigne de limportance de ces popula tions cellulaires dans le processus pathologique. Lenvironnement cytokinique va polariser les lymphocytes T. Ainsi, sous linfluence de lIL12 et de lIL18, les lymphocytes Thelper1(TH1) générés vont produire de lIFNγet, sous linfluence dIL6, dIL1βet dIL23, les lymphocytes TH17 générés vont produire de lIL17. Il existe parallè lement un déficit quantitatif en lymphocytes T régulateurs sanguins, population lymphocytaire quasi absente des lésions vasculaires. Lenvi ronnement cytokinique va conduire à une activation des macrophages et des cellules musculaires lisses vasculaires. Sous linfluence de lIFNγ,