La définition du polype est macroscopique, désignant une formation en relief faisant saillie dans la lumière digestive. Les polypes peuvent se développer sur tout segment digestif. Leur analyse histologique, quelle que soit leur localisation, est un élément fondamental, car elle guide la suite de la prise en charge (résection, surveillance ou non). Les polypes colorectaux sont une entité médicale importante et constituent un problème de santé publique compte tenu de leur fréquence (maximale entre 50 et 70 ans), de leur potentiel de malignité (qui diffère en fonction de leur histologie), et des possibilités de traitement, notamment endoscopique. Dans ce chapitre, ne seront pas abordés les polypes survenant dans un contexte de prédisposition génétique ou polypose (polypose adénomateuse familiale, cancer colorectal héréditaire sans polypose [HNPCC]…) ou lors de maladie inflammatoire chronique intestinale (correspondant le plus souvent à des pseudo-polypes inflammatoires).On estime à 25-30 % la prévalence des polypes colorectaux dans la population [16]. L’adénome est la lésion la plus fréquente parmi les polypes colorectaux, et la plus importante car à risque de dégénérescence [31]. Les polypes adénomateux sont à l’origine de plus de 75 % des cas de cancers colorectaux. Le cancer colorectal (CCR) représente actuellement la troisième cause de mortalité en France, tous sexes confondus (deuxième cancer chez la femme et troisième chez l’homme), avec, en 2011, 40 500 cas incidents par an, et 17 500 décès par CCR [24]. Aux États-Unis, le CCR est la deuxième cause de décès par cancer [9], [27]. Le CCR représente donc une cause majeure de morbidité et de mortalité dans les pays occidentaux [9], [10], [18]. Il a été montré que le dépistage du CCR est efficace pour réduire l’incidence et/ou la mortalité par CCR [1], [3], [15], [32]. Il est actuellement largement recommandé en Europe [30]. Il repose sur la détection pendant la coloscopie de lésions précancéreuses, représentées principalement par les polypes adénomateux, et leur résection [4], [33]. Dans une étude française récente de pratiques en endoscopie digestive, en 2013, le taux de détection d’adénome sur l’ensemble des coloscopies réalisées était de 17,7 %, avec une prévalence de cancer colorectal de 2,9 % [2].
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