Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est une pathologie fonctionnelle digestive qui représente le motif de consultation le plus fréquent en gastroentérologie mais aussi en médecine générale. La fréquence du SII en France atteindrait environ 4,7 % de la population française mais cette proportion est probablement sous-estimée car une large proportion de malades ne consulte généralement pas et a recours à l’automédication. Le diagnostic de SII repose sur l’application des critères cliniques de Rome IV qui sont régulièrement réactualisés et associent des douleurs abdominales ou un inconfort digestif persistant amélioré par la défécation et associé à des troubles de la fréquence et de la consistance des selles. En pratique clinique, le diagnostic de SII est très rapidement porté après quelques examens complémentaires orientés de manière individuelle qui incluent souvent un bilan endoscopique et un examen morphologique abdominal. L’identification des troubles du transit, au mieux aidés d’un carnet de bord du transit avec une échelle qualitative des selles de Bristol, permet d’identifier des phénotypes cliniques particuliers du SII, avec diarrhée ou constipation prédominante ou une alternance des symptômes au cours de la même semaine. Des scores cliniques sont également facilement utilisables en pratique clinique pour apprécier la sévérité des symptômes qui ne se limitent pas seulement à la perception douloureuse et l’inconfort. En effet, les ballonnements, la sensation de météorisme abdominal, une exagération de la perception des flatulences, un reflux gastro-œsophagien le plus souvent sans œsophagite, sont très souvent associés au SII. De même, de nombreuses manifestations extra-intestinales sont également très fréquemment rapportées par les malades incluant la fatigue chronique, des migraines, des traits anxieux ou dépressifs, des dysfonctionnements temporomandibulaires, une pollakiurie attribuée à une cystite interstitielle, des douleurs articulaires, un syndrome prémenstruel marqué, des troubles sexuels voire des douleurs pelviennes qui font du SII une entité clinique systémique dont la complexité physiopathologie est de mieux en mieux comprise.
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