Une journée entière avec James Joyce
197 pages
Français

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Description

Extrait de la présentation d’Alain Harly :

Cela ne va pas de soi. Ce sont des mouvements contradictoires qui saisissent le plus souvent le lecteur. Cette ambivalence caractérise d’ailleurs la manière dont cette œuvre fut reçue à l’époque par les éditeurs, le public, la gente littéraire, y compris lors de la publication de ses premiers textes, qui nous paraissent aujourd’hui d’une lecture plus aisée.
Pourtant quelques signes nous sont parvenus que quelques z’uns ou z’ unes avaient pu se laisser traverser par cet écrit, s’être laissés emporter, ambivalence comprise, un peu sur le mode de Molly dans son monologue, qui après avoir dit d’irrecevables vérités, peut donner une sorte d’acquiescement, un yes au sujet désirant, malgré tout, ou précisément avec ce qui rate au niveau de ce tout.
Nous avons retenu pour ce numéro trois grandes questions où viennent se loger les différentes contributions. […]


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782759812080
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,3050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

la celibataire REVUE DE PSYCHANALYSE clinique, logique, politique
UNE JOURNÉE ENTIÈRE la celibataire AVEC JAMES JOYCE
27 HIVER 2013
la célibataire Revue semestrielle
directeur
rédacteur en chef
comité derédaction
Assistante pour la rédaction
Charles Melman
Marc Nacht
Claire Brunet Marie-Charlotte Cadeau Roland Chemama Charles Melman Marc Nacht Esther Tellermann
Karine Poncet-Montange
la célibataire n°27 hiver 2013
la célibataire n°27 hiver 2013
directeur de la publication
administrateur
abonnements
création graphique
éditeur
impression
Claude Dorgeuille Marc Nacht
Martine Krief-Fajnzylberg
EDK/Groupe EDP sciences 17, avenue du Hoggar PA de Courtabœuf 91944 Les Ulis Cedex A, France téléphone : 01 69 18 75 75 télécopie : 01 69 86 06 78 e-mail : subscribers@edpsciences.org
couverture : Double maquette intérieure : Duplilog
EDK/Groupe EDP sciences 25, rue Daviel, 75013 Paris, France téléphone : 01 58 10 19 05 télécopie : 01 43 29 32 62 e-mail : edk@edk.fr site : www.edk.fr
Corlet Imprimeur, S.A. 14110 Condé-sur-Noireau N° d’Imprimeur : 160858
ISSN : 1292-2048 ISBN : 978-2-7598-1159-5
Les manuscrits sont à adresser à : EDK, 25, rue Daviel, 75013 Paris, France
La Revue n’est pas responsable des manuscrits qui lui sont adressés
Jean Périn
Thomas G. Dalzell
47
99
87
2 - Joyce, James : à-lire, re-lire, des-lire ?
Alain Harly
Écriture d’un portrait, une lecture à haute voix
Présentation
Une journée entière avec James Joyce
John Monahan
Claude Savinaud
Jean-Jacques Lepitre
1 - Joyce, l’illisible ?
3
la célibataire hiver 2013
5
33
9 23
La restauration du pÈre chez James Joyce
Des noms ottants –Floating names
Un souvenir d’adolescence de James Joyce La place de la scÈne de la raclée L'écriture et la voix
Nomen, TractatusetFama, et Joyce
Nora le Sinthome
« Mais que dit Molly ? »
109 119
129
Christian Fierens
Catherine Ferron
Flavia Goian
Banalité de Joyce, rencontre avec Lacan
Babel
JoYce, aU nom-dU-père-et-dU-îls – Les métamorphoses, du texte à sa traduction
Un pÈre, dit Stephen, luttant contre le découragement, est un mal nécessaire
Marie-Christine Salomon-Clisson
Grandir avec Joyce
79
Helen Sheehan
55 71
Pascal Bataillard
Jean-Louis Sous
147 161
171
179 187
3 - Alors, sommes-nous devenus joyciens ?
Cormac Gallagher
Muriel Drazien
Esther Tellermann
Pierre-Christophe Cathelineau
Marc Darmon et Flavia Goian
Nets to knots: the odyssey to a beyond of barbarism
Joyce et l’élangues
Les épiphanies de Joyce
Lacan avec Joyce Le symptôme et le sinthome
Le « Désabonné de l’inconscient »
Photo de couverture : Fond d’après ce portrait par Brancusi©.
Présentation
ALAIN HARLY
1 Une journée entière avec James Joyce
Cela ne va pas de soi. Ce sont des mouvements contradictoires qui saisissent le plus souvent le lecteur. Cette ambivalence caractérise d’ailleurs la maniÈre dont cette œuvre fut reçue à l’époque par les éditeurs, le public, la gente littéraire, y compris lors de la publica-tion de ses premiers textes, qui nous paraissent aujourd’hui d’une lecture plus aisée. Pourtant quelques signes nous sont parvenus que quelquesz’unsouz’ unes avaient pu se laisser traverser par cet écrit, s’être laissés emporter, ambivalence comprise, un peu sur le mode de Molly dans son monologue, qui aprÈs avoir dit d’irrecevables vérités, peut donner une sorte d’acquiescement, unyesau sujet désirant, malgré tout, ou précisément
avec ce qui rate au niveau de ce tout.
Nous avons retenu pour ce numéro trois grandes questions où viennent se loger les
différentes contributions.
Joyce, l’illisible ? Oh, yes,n’a pas entendu dire que Joyce était illisible ? Voire même qu’on ait pu qui soi-même l’éprouver peu ou prou à quelques moments de son approche du texte ? Nous
aborderons dans un premier temps cet aspect , non pour démontrer que c’est là une ques-tion qui signale un esprit réactionnaire, mais pour prendre en compte que cette œuvre vient indiquer une rupture dans la culture dont nous n’avons pas encore pris toute la mesure un
siÈcle plus tard.
Lire Joyce à haute voix, entendre la place qu’il a pu avoir pour les émigrés irlandais, le
situer en regard des mutations culturelles, et en particulier dans la clinique, tels pourraient être QUelQUes modes d’abord ; il Y aUrait aUssi la voie savante – QUe JoYce espérait – poUr cerner les métamorphoses dont la langue est le lieu.
Joyce, James : à-lire, re-lire, des-lire ? Alors,yes, of courses, il y a à lire dans Joyce , et même à re-lire : jamais nous n’éprou-vons autant que ce n’est plus le même livre que nous avons entre les mains. L’instabilité du sens, les migrations incessantes d’Une langUe à l’aUtre, le tritUrage inîni des mots ne sont pas sans produire chez le lecteur une relation d’incertitude avec le texte ; il ne lui reste
plus qu’à s’agripper à la lettre même, ou à laisser résonner les images sonores, ou encore à
Psychologue clinicien, psychanalyste
1. C’est sous cet intitulé que furent organisées deux journées d’étude à Poitiers par l’ALI-EPCO les 23 et 24 mars 2013. Ce numéro deLa Célibataires’il en reprend l’impulsion a porté au-delà son invitation. Nous avons ainsi le plaisir de publier les contributions de nos amis Irlandais : Thomas G. Dalzell, Cormac Gallagher, Helen Sheehan. On adjoindra ici John Monahan à ce trio. S’y ajoute aussi une relecture de l’épi-sode de la raclée dans « Portrait de l’artiste en jeune homme » par Chris-tian Fierens, un essai de Jean Périn d’interprétation de la geste joycienne avec les termes de la philosophie mé-diévale, une reprise du cheminement qui s’est imposée à Lacan à partir de la lecture de Joyce par Pierre-Christophe Cathelineau.
la célibataire n°27 hiver 20135
interpréter cette langue autre qui lui pose autant de devinettes. Du coup, nous voyons pro-liférer les commentaires, les analYses, les îlms, les mises-en-scènes ; chacUn noUs donnant
un-lire, une interprétation, une nouvelle œuvre parfois, qui assigne à résidence, au moins un instant, cesnoms ottantsqui poussent à l’exil du sens.
Alors, sommes nous devenus joyciens ? Lacan en sa jeunesse fréquenta les mêmes milieux artistiques parisiens que Joyce . Il aura entendu ce dernier lire Ulysse chez Adrienne Monier. Quarante ans plus tard, il a
témoigné de ce moment qui le toucha alors qu’il était engagé dans un remaniement de sa
doctrine. Il y entend ce jeu avec les langues tramées de phrases incomplÈtes, de silences, de traductions clandestines, d’assonances entre idiomes, de mots-valises, de purs bruitages ; et c’est comme un écho à ce que lui-même tentait alors laborieusement d’articuler en terme
de nodalité.
Il se laisse à dire, parlant de Joyce : « un type comme moi ». Il prend en effet au sérieux son tressage inédit, cettel’élangue,pour y soupçonner comme une tentative de nouer ce QUi partait à la dérive en le maintenant aU-dessUs des ots. Contrairement à l’épopée homé-
rique, ce n’est pas avec le secours des Dieux qu’il s’en tire. Le sauvetage pour Joyce n’est pas plus religieux qu’œdipien, ce qui n’est pas sans interroger l’échafaudage freudien en même temps que la tentative de Lacan de cerner un
sujet de l’inconscient. Ce qui va pousser Lacan à l’invention d’une notion nouvelle, bien QU’emprUntant à l’étYmologie grecQUe, et joUant avec Un signiîant issU de la tradition théo-logique : le sinthome. Cette invention, il faut bien le dire, nous dérange, nous déplace. C’est du coup tout notre habitus théorique, clinique, méta-psychologique, fut-il bien inspiré, qui s’en trouve chamboulé. La bonne vieille métaphore du Nom-du-PÈre par
exemple semble vaciller à entendre cette déînition donnée dans « Portrait de l’artiste en jeune homme » : « Le pÈre, dit Stephen, luttant contre le découragement, est un mal néces-saire. » Cette haute lutte, James Joyce l’a réellement soutenue à la pointe d’un style, ce qui
le hissa à la dignité littéraire,donnant nomainsi à ce drôle de gars de Dublin.
Lacan en tout cas fait bonne réception à la leçon donnée par Joyce en reprenant le nouage des trois registres Réel, Symbolique, Imaginaire, ce qu’il avait déjà avancé, mais en faisant une distinction entre le symptôme comme détournement de la jouissance phallique
et le sinthome comme participation réelle à faire tenir ensemble les dits registres, soit à venir réparer une erreur dans le nœud. Cette invention aux allures joyciennes ouvre à bien des conséquences dont quelques-unes vont être développées dans ce numéro.
Alors nous autres, à nous rompre à l’enseignement de Lacan et à prendre au sérieux la rÈgle freudienne de l’association libre, serions-nous devenus joyciens sans nous en rendre compte ? Il faudrait sans doute commencer par interroger ce « nous » qui assurerait une
identiîcation collective. Et pUis assUrément il noUs faUdrait encore plUs de temps et plUs encore de détours, pour que quelquesz’uns, pas tous, répondentcertainly, yes.
la célibataire n°27 6hiver 2013
1 Joyce, l'illisible ?
D'aprÈs une photo du Fusain de Philémon.
Écriture d’un portrait, une lecture à haute voix
MARIECHRISTINE SALOMONCLISSON
Épigraphe d’Ovide, Métamorphose VIII :
Et ignotas animum dimittit in artes
(il tourne son esprit vers l’étude d’un art inconnu)
Psychanalyste
1 Légende de Dédale et Icare 1. Joyce,Portrait de l’artiste en jeune homme, Édition de Jacques Aubert, Gallimard Folio AMI LECTEUR, SI TU SOUHAITES ME LIRE TU DEVRAS ACCEPTER CETTE DOUBLE classique. Traduc-tion de Ludmila nécessité : ouvrir le livre de Joyce, « Portrait de l’artiste en jeune homme » et en faire Savitzky révisée par une lecture à haute voix. Ma participation aux journées de Poitiers prenant la forme Jacques Aubert, p. 44. d’un écrit, implique ce temps de retournement où le lecteur doit maintenant donner
de la voix. Lances-toi dans le premier chapitre, et vas jusqu’à laisser résonner cette
2 phrase redoublée : « Au revoir, Stephen, au revoir ! »
« Il était une fois, et c’était une très bonne fois, une meuh-meuh qui descendait le long de la route, et cette meuh-meuh qui descendait le long de la route rencontra un mignon petit garçon nommé bébé-coucouche… C’était son père qui lui racontait cette histoire son père le regardait à travers un verre ; il avait un visage poilu. Bébé-coucouche, c’était lui. La meuh-meuh descendait le long de la route où vivait
Betty Byrne. Elle vendait des nattes de sucre au citron.
Oh la rose sauvage euri
Sur le petit endroit vert…
2.Ibid., p. 45 à 48.
la célibataire n°27 9 hiver 2013
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