Agir selon le non-agir
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Description

Convaincu de la nécessité d’agir dans et sur le monde, l’Occident a élaboré au fil des siècles l’idéal de l’homme d’action. Cette soif d’action est liée à la conscience d’avoir prise sur les événements comme d’ailleurs sur la nature. La pensée chinoise ne connaît pas ce clivage d’un sujet activiste et d’un monde considéré comme objet. Terre et Ciel, yin et yang : la relation entre les termes d’un couple n’est pas d’opposition ni de contradiction mais plutôt de complémentarité. Partie intégrante de l’univers, l’homme chinois ne se situe pas à l’écart du monde afin de mieux le penser et le transformer. Le « non-agir » est à l’honneur dans les propos des penseurs et des hommes politiques, quelle que soit leur école de pensée : confucianiste, taoïste, bouddhiste. Comprendre les lois du réel, tant physiques que morales, et s’y conformer : telle est la clé de l’équilibre et de l’harmonie. Immobile et silencieux, le Sage « agit selon le non-agir ».

Docteur en philosophie ancienne et titulaire d’une maîtrise de langue et civilisation chinoises, Ivan P. Kamenarovic a enseigné la pensée chinoise dans le cadre du Département de Philosophie de Paris IV Sorbonne.

Ses recherches et ses publications portent notamment sur les traditions de pensée des lettrés chinois, en particulier en relation avec les arts, ainsi que sur les perceptions occidentales de la culture chinoise.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 32
EAN13 9782803103171
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AGIR SELON LE NON-AGIR L'ACTION DANS LA REPRÉSENTATION IDÉALE DU SAGE CHINOIS
Ivan Kamenarovic
Agir selon le non-agir. L’action dans la représentation idéale du Sage chinois
Préface de Jacques Scheuer et de Camille Focant
Académie royale de Belgique
rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique
www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique
ISBN 978-2-8031-0317-1

© 2012, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche
Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant
Volume 6
Diffusion
Académie royale de Belgique
www.academie-editions.be
Crédits
Photo de couverture : www.musee-mariemont.be © Musée royale de Mariemont - Photo M. Lechien
Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Publié en collaboration avec
L'Aurore - Editions numériques
rue de Verlaine, 12 - 4537 Seraing-le-Château (Belgique)
contact@laurore.net
www.laurore.net

Informations concernant la version numérique
ISBN 978-2-87569-017-3

A propos
L’Aurore est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Préface
L’époque n’est pas très éloignée où l’Occident s’autorisait à considérer la Chine comme une fourmilière. L’image traduisait tant bien que mal la double impression d’une multitude quelque peu inquiétante et d’une activité laborieuse au service de la collectivité. À des fourmis, on ne demande pas de commenter librement les lois du fonctionnement de la tribu ; prendre des initiatives personnelles est encore moins imaginable.
Depuis un quart de siècle, face à la vertigineuse montée en puissance du monde chinois, les Européens sont partagés entre admiration, crainte et perplexité. Cette soudaine éclosion, qui a pris le monde par surprise, ces réalisations spectaculaires se succédant à un rythme que peu de sociétés ont connu dans les siècles passés, suggèrent-elles que les Chinois sont tout à coup devenus nos semblables ? Cette réussite indéniable, même si elle demeure fragile, même s’il est probable qu’elle connaisse encore de violents soubresauts, signifie-t-elle que les Chinois partagent avec nous – partagent enfin, diront certains – une même raison, une même rationalité ? Dans les images que nous nous forgeons du monde chinois, nous serions ainsi passés, en l’espace d’une génération, d’un extrême à l’autre…
Qu’il s’agisse de commerce et de relations internationales ou de contacts personnels et privés, l’épreuve concrète de la rencontre ne tarde pas à donner le démenti à ces images extrêmes. Les Chinois ont autant de raison et autant de passion que les peuples d’autres continents : cela ne nous permet pas pour autant de les comprendre en toute transparence. Et s’ils paraissent avancer par bonds dans cette modernité qui est – qui était ? – la nôtre, les Chinois n’ont pas effacé comme par enchantement quelques dizaines de siècles d’une histoire qui leur appartient en propre.
S’il accepte de se placer dans la perspective qui vient d’être évoquée, le lecteur ne sera pas trop surpris de l’entrée en matière choisie par Ivan Kamenarovic. Celui-ci nous invite à considérer, dans l’actualité récente, le fait suivant : s’agissant de relations commerciales et plus précisément de taux de change entre monnaies, les puissances économiques occidentales ont, en quelques années seulement, pressé les Chinois tantôt de dévaluer tantôt de réévaluer leur monnaie. Les Chinois n’en firent rien. S’agissait-il, de leur part, d’une décision ou, comme beaucoup le pensent à l’étranger, d’une incapacité à prendre des décisions ? S’agit-il de faiblesse et d’inaction, alors que l’action urge ?
Mais qu’est-ce que l’action ? Les conceptions européennes de l’action, qui nous paraissent aller de soi, ne sont-elles pas tributaires de visions du monde bien particulières, plus précisément du double héritage de la pensée grecque et du message biblique ? N’engagent-elles pas des représentations de l’être humain, du monde, enfin de la transcendance, qui n’ont pas leur équivalent dans les civilisations de l’Extrême-Orient ? Loin de l’idéal occidental de « l’homme d’action », le sage de la tradition chinoise – un sage qui peut exercer des fonctions de responsabilité dans la société et dans l’État – partage la conviction que rien n’est plus fécond que la « non-action », le « non-agir ».
Serait-ce immobilisme voire fatalisme ? Ne serait-ce pas plutôt l’art subtil de rejoindre le cours des choses dans ce qu’il a d’essentiel, de vital ? Au professeur Kamenarovic, qui enseigne la philosophie chinoise à l’Université de Paris 4 – Sorbonne, le lecteur saura gré de lui exposer, de la manière la plus abordable, ce qui constitue le fonds commun de la pensée chinoise tout en distinguant les accents propres aux Écoles confucéenne, taoïste et bouddhiste 1 .
Jacques Scheuer,
Professeur à l’Université catholique de Louvain
et Camille Focant,
Professeur à l’Université catholique de Louvain,
membre de la Classe des Lettres
et des Sciences morales et politiques

1 Les pages qui suivent reprennent des enseignements donnés au Collège Belgique dans le cadre d’un cycle de trois leçons consacrées à « la civilisation et la pensée chinoises » (mars 2012). Les deux autres leçons portaient sur les conceptions de la justice et de l’équité dans la Chine impériale (Françoise Lauwaert, Université libre de Bruxelles) et sur les rapports entre la tradition tibétaine du Dzogchen ou « Grande Perfection » et le bouddhisme chinois de l’École Chan (Philippe Cornu, Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve).
En 2001, une sévère crise financière avait ébranlé l’économie des pays asiatiques. Penchés sur cette question, les économistes américains, dont dès cette époque l’expertise ne pouvait être mise en doute, exposaient les raisons pour lesquelles la Chine ne saurait garder longtemps la parité entre le yuan et le dollar. Une dévaluation de la monnaie chinoise paraissait donc inéluctable, pour peu que les Chinois fussent conscients de leurs difficultés économiques.
Au cours de l’été 2002 et particulièrement en 2003, année d’élection présidentielle aux États-Unis, les Américains se sont aperçus que la Chine était devenue la première cause du déficit commercial de leur pays. Une inquiétude gagna tous les pays occidentaux qui tentèrent de faire pression sur les autorités chinoises pour mettre un terme à la concurrence déloyale créée par la faiblesse « objective » du yuan. Il fallait pour cela réévaluer le yuan. ...

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