Bouddha et Epicure
136 pages
Français

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Bouddha et Epicure , livre ebook

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Description

Bouddha et Epicure : deux maîtres de vie que la postérité a qualifiés de "médecins de l'humanité", tant leur message n'a cessé de répondre aux inquiétudes des hommes. Cet ouvrage montre leurs surprenantes similitudes : une théorie de l'atome et du vide comme trame de la réalité, le rejet de toute transcendance, le "juste milieu" du sage indien et le "plaisir mesuré" du philosophe grec. Si la comparaison est donc possible, il n'en demeure pas moins deux visions distinctes, riches, d'une incroyable modernité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 71
EAN13 9782296479784
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Soyez attentifs et vigilants
BOUDDHA ET ÉPICURE
Collection « Souffle bouddhique »
dirigée par Serge Lauret

Maquette de couverture
composé epar Gabrielle Lévy

Dessin de faux-titre
© Justine Richard, Bouddha et Épicure, 2011.


Illustration de couverture
© Beboy – Fotolia. Com

© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’école Polytechnique
75 005 Paris
ISBN : 978-2-296-55703-1
EAN : 9782296557031

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Christophe Richard


BOUDDHA ET ÉPICURE
Du même auteur

Bouddha. De Siddhârtha Gaoutama à Châkyamouni Bouddha, éditions Thélès, Paris, 2008.

Le Bouddhisme : philosophie ou religion ?, éditions L’Harmattan, collection « Religions & Spiritualité », Paris, 2010.
À la mémoire de Sarah Kofman
Avant-propos



E n 1980, je trouvais, dans une solderie parisienne, un livre d’une certaine Sarah Kofman (1934-1994) : Nietzsche et la scène philosophique {1} . Étant grand lecteur de Nietzsche depuis déjà plusieurs années, je me procurais, sur le champ, l’ouvrage. Pour la première fois, je découvrais Épicure, un Épicure, précisons-le, revisité par Nietzsche {2} .
Un an plus tard, je m’inscrivais à la Sorbonne pour y poursuivre des études de philosophie. Quelle ne fut alors ma surprise de découvrir dans la liste des enseignants le nom de Sarah Kofman ! De nombreuses années durant, je pus suivre ses cours. C’est elle qui d’ailleurs dirigea mes travaux de maîtrise, puis de DEA et, enfin, de doctorat. Philosophiquement, je lui dois quasiment tout, dans la mesure où elle m’apprit à lire et à écrire.
À l’âge de trente-quatre ans, je connus le chômage. Convoqué à l’ANPE, la personne en charge de mon dossier m’interrogea sur mes compétences. Sans hésiter, je lui répondis que je savais à peu près lire et écrire. Elle crut à un trait d’humour. Pourtant, j’étais on ne peut plus sérieux.
Aujourd’hui, je professe en lycée et interviens dans plusieurs universités, initiant jeunes et adultes au logos occidental. Compte tenu de mon attirance pour les penseurs qualifiés de « matérialistes », j’aborde fréquemment Épicure (341-270) et son principal interprète, Lucrèce (98-54). Ce faisant, je me réfère essentiellement aux traductions et commentaires de Marcel Conche, dont j’ai pu profiter des enseignements {3} , au classique Épicure et ses dieux {4} d’André-Jean Festugière, à l’incontournable Épicure et son école {5} de Geneviève Rodis-Lewis, à L’atomisme antique {6} de Jean Salem et au Lucrèce, poète et philosophe {7} d’André Comte-Sponville, que j’apprécie tout particulièrement.
Du bouddhisme, Sarah Kofman ne connaissait que la version nietzschéenne qui réduit celui-ci à une forme de nihilisme passif et en fait un symptôme de la lassitude de vivre {8} . Pour ma part, je me gardais bien de lui signaler mon appartenance à la communauté bouddhique. Non, bien sûr, que j’en éprouvasse une quelconque gêne. Toutefois, il me semblait, à cette époque, que mon engagement spirituel devait demeurer dans la sphère privée et ne regardait que moi. Désormais, mon attitude a quelque peu changé. Deux raisons majeures à cela. D’abord, parce que, depuis plusieurs années, je transmets les fondements de la pensée bouddhique au Centre d’étude et de pratique du bouddhisme tibétain Dachang Vajradhara-Ling où je m’occupe plus particulièrement des néophytes que je prépare à la méditation et auprès desquels je joue le rôle de conseiller spirituel. Ensuite, parce que je me suis décidé, depuis quelque temps, à écrire et à publier sur cette voie essentielle qu’est le bouddhisme. Difficile, dans ces conditions, de persister dans ma discrétion.
Bouddhisme comme philosophie sont indéniablement au goût du jour. Goûters-philo, cafés-philo, cabinets de philosophie, passages télé d’enseignants et d’essayistes, que les journalises s’empressent de qualifier, pour l’occasion, de « philosophes », témoignent de cet engouement actuel pour le lieu de la pensée. Côté bouddhisme, monastères, conventicules et autres centres de méditation qui fleurissent un peu partout dans l’Hexagone montrent l’attirance de nos compatriotes pour le chemin tracé par le Bouddha. À cela s’ajoute que de plus en plus d’intellectuels français évoquent le bouddhisme, quand ils ne s’y intéressent pas de près. Il faut dire que C. Lévi-Strauss, G. Deleuze, J. Derrida ou encore E.M.Cioran, pour ne citer qu’eux, avaient, chacun à leur façon, ouvert la voie. Par là s’expliquent, sans doute, les diverses tentatives auxquelles on assiste à l’heure actuelle, visant à faire dialoguer l’Éveillé indien avec tel ou tel penseur occidental.
Étant moi-même professeur de philosophie et pratiquant du bouddhisme, il m’a semblé intéressant d’organiser la rencontre de ces deux maîtres de vie que furent Bouddha et Épicure.
Contrairement à ce qu’avançait l’archéologue Daniel Schlumberger (1904-1972), le Bouddha n’a probablement jamais eu vent de la pensée d’Épicure. Partant de l’hypothèse selon laquelle le Bouddha n’aurait vécu que quelques années avant le règne du roi Ashoka (III e siècle avant notre ère), « au moment même où l’Inde avait avec le monde grec […] des relations étroites » {9} , l’auteur en arrive, en effet, à la conclusion que la doctrine du Bouddha est ni plus ni moins issue de la philosophie grecque et, plus particulièrement, de celle d’Épicure. Ce qui, avouons-le, est peu vraisemblable. Il y a bien, ici ou là, des ressemblances entre la doctrine du Bouddha et la philosophie d’Épicure, mais on ne saurait, pour autant, les relier généalogiquement et réduire la première à n’être qu’un rejeton de la seconde. En fait, bouddhisme et épicurisme constituent deux visions originales du monde et de l’homme dont on peut, certes, souligner les convergences, à condition, toutefois, de ne point passer sous silence leurs divergences. C’est, pour notre part, ce à quoi nous nous sommes attelés dans le présent ouvrage.
Introduction
Bosquet de Djéta et Jardin d’Épicure



1. Le Bosquet de Djéta
VI e siècle avant notre ère, Inde centrale : celui que l’on appelle désormais « Bouddha », c’est-à-dire l’« Éveillé », voyage de ville en ville accompagné de ses moines. Son but ? Atteindre Râdjagriha, la capitale du Magadha, afin d’honorer la promesse faite autrefois au roi Bimbisâra de venir le voir, une fois l’état de Bouddha actualisé. Sur place, le Parfait – un des surnoms du Bouddha – convertit le roi qui lui offrit, à cette occasion, son jardin de plaisance, le Parc des bambous, situé au nord de la cité afin qu’y soit édifié un monastère. Mais, ce n’est pas tout.
À Râdjagriha, le Bouddha rencontra un riche commerçant du nom de Sudatta. Ce dernier avait fait fortune grâce à la vente de poissons et nombreux étaient les marchands qui avaient coutume de lui emprunter de l’argent. L’homme était si généreux qu’on le surnommait le Pourvoyeur des Nécessiteux {10} . Ce qui n’a rien de surprenant lorsque l’on sait que tous ceux qui venaient à lui pour mendier repartaient chargés d’aumônes {11} .
Là, pour affaires, Sudatta logeait chez le frère de son épouse. Or, celui-ci s’apprêtait précisément à recevoir chez lui l’Éveillé. Après qu’on lui eut expliqué qui était ce grand sage, Sudatta fut tellement impatient de le rencontrer qu’il partit en pleine nuit le rejoindre. L’ayant trouvé, Sudatta se vit alors transmettre un enseignement à l’issue duquel il comprit la non-substantialité du prétendu « ego », ressentit une confiance totale dans le Bouddha et fut délivré de tout attachement aux pratiques religieuses inutiles. Ce qui fit de lui un « Entré dans le courant », le « courant » en question étant celui qui mène à la présentification de la Perfection {12} .
Le lendemain, le Bouddha se rendit, comme prévu, chez le beau-frère de Sudatta. À l’issue du déjeuner, Sudatta invita le Bouddha à venir s’installer dans sa ville, Srâvastî, la capitale du Kosala. Il lui proposa alors d’y trouver un lieu paisible propice à la mé

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