Casanova en mouvement
249 pages
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Casanova en mouvement , livre ebook

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Description

Sophie Rothé explore dans cet ouvrage un des paradoxes qui jalonnent les écrits de Giacomo Casanova (1725-1798). Imprégné de philosophie éclairée, le chevalier de Seingalt exprime son mépris pour les pratiques superstitieuses. Pourtant il devient charlatan et met ses talents théâtraux au service de la duperie, développant ainsi une « esthétique de la superstition ». Au cours de son existence, en particulier lors de l’expérience des Plombs, l’imposteur devient victime de ses craintes irrationnelles. Incapable de fixer ses convictions, ses prises de positions philosophiques demeurent contradictoires. Passant des attraits de la raison aux plaisirs de la croyance, l’aventurier s’abandonne plaisamment au mouvement, non seulement avec les femmes mais aussi en littérature et en philosophie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782304046175
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0025€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Casanova en mouvement
Des attraits de la raison aux plaisirs de la croyance

Sophie ROTHÉ

Editions le Manuscrit 2016
ISBN:9782304046175
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Collection « Réseau Lumières » dirigée par Jean-Jacques Tatin-Gourier
 
François Bouchard et Tatiana Crivelli, La chute du Royaume d’Italie (1814) et la culture du Risorgimento , 2014
Antoine Eche, Lectures de Jean-Jacques Rousseau , 2014
Esra Arici, Imaginaires de l’Antiquité (1770–1800) , 2013
Iman Abou El-Seoud, Complicité et sédition dans la littérature pamphlétaire de l’Ancien Régime , tomes 1 et 2, 2013
Marie-Paule de Weerdt-Pilorge (sous la direction de), Mémoires et Journaux sous l’Ancien Régime , 2013
Anouchka Vasak (sous la direction de), Entre deux eaux , 2012.
Lhoussain Bouddouh, L’écriture de l’événement révolutionnaire et la mémoire des Lumières : de l’exaltation à l’ère du soupçon , deux tomes, 2012.
Jean-Jacques Tatin-Gourier et Thierry Belleguic (sous la direction de), De l’homme de lettres au philosophe des Lumières , 2011.
Dragan Bogojević, L’imaginaire du Monténégro dans la littérature de voyage au XIX e siècle et au début du XX e siècle , 2011.
Jasmina Nikčević, Les représentations de la Grèce de 1780 à 1830. Des modèles esthétiques et politiques classiques à l’exaltation de la Grèce en lutte pour sa liberté , 2011.
Pierre Bonnet (textes réunis et publiés par), Littérature de contestation : Pamphlets et polémiques du règne Louis XIV aux Lumières , 2011.
Jean M. Goulemot (études réunies par), Temps, durée dans la littérature des lumières et ses marges , 2010.
Marie-Paule de Weerdt-Pilorge (textes réunis et publiés par), La réception des mémoires d’Ancien Régime : discours historique, critique littéraire , 2009.
 
Photo © Archives Alinari, Florence, Dist. RMN-Grand Palais / Mauro Magliani
 
 
Cet ouvrage a été réalisé avec l’aide financière de l’école doctorale «  Sciences de l’Homme et de la Société » et de l’équipe d’accueil « Interactions Culturelles et Discursives » (EA 6297) de l’université François-Rabelais de Tours.
Introduction
 

 
En février 2010, la Bibliothèque nationale de France acquiert le manuscrit de l’ Histoire de ma vie , autobiographie de l’aventurier Giacomo Girolamo Casanova (1725–1798). À l’automne 2011, une exposition dévoile pour la première fois au grand public un document jusque-là inaccessible [1] . Les ratures, les corrections et les ajouts, l’orthographe et la graphie toute personnelle de l’auteur, les traces visibles de taches d’encre, d’eau, de café, d’huile, de cire à cacheter provoquent l’émotion de l’amateur et du chercheur car elles donnent chair à un auteur devenu figure mythique [2] . Ce dévoilement des preuves matérielles de son existence fait passer l’auteur du personnage à la personne, du légendaire au réel ; il est le reflet d’un tournant majeur dans la recherche casanovienne.
 
Du personnage mythique à la personne réelle : la recherche casanovienne depuis les années 1820
Le nom seul de Casanova, devenu substantif, désigne, tel celui de Don Juan, un glorieux séducteur. Pourtant, il n’est pas qu’un « casanova » [3] . Le mythe casanovien, envers et contre son créateur, a longtemps réduit l’individu à un charmeur écervelé ; il a amplement masqué la complexité d’une personnalité et en particulier son statut d’écrivain. Séducteur et amateur de bonne chère, il est aussi aventurier, acteur, voyageur, joueur de violon, danseur de forlane, soldat portant un « uniforme de caprice » ( HV , I, 260 [4] ), médecin de fortune, mathématicien, chimiste, alchimiste, astrologue, charlatan, mais encore écrivain, voire philosophe. L’acquisition du manuscrit par la BNF atteste le nouveau regard que les institutions officielles posent sur l’aventurier et célèbre en quelque sorte son « avènement ».
L’histoire des recherches consacrées à Casanova témoigne d’une lente appropriation de son oeuvre, dans sa complexité, doublée d’une distinction plus lente encore du mythe et de l’homme. En 1981, cent quatre-vingt-trois ans après la disparition de l’auteur, Marie-Françoise Luna, chargée de proposer une synthèse des travaux qui lui sont consacrés, exprime le souhait de sortir l’oeuvre casanovienne de la confidentialité : « trop connu, méconnu et dans une certaine mesure inconnu, tel apparaît aujourd’hui encore Casanova » [5] . Elle confirme ici le caractère approximatif et ambigu du regard posé sur le chevalier de Seingalt : perception populaire erronée qui repose sur la réduction de l’être au cliché du séducteur ou étude érudite des casanovistes qui s’appuie néanmoins sur une édition princeps tronquée et censurée de l’ Histoire de ma vie . Au terme d’un long processus, constitué de quatre grandes périodes, la valeur littéraire de l’ouvrage sera cependant reconnue [6] .
Tout d’abord, entre 1822 et 1828 paraît la première édition des Mémoires (édition « Schütz »), publication allemande « épurée », suivie, de 1826 à 1838, par une première édition française (édition « Laforgue »), révisée en profondeur. Il faudra attendre près de cent quarante ans pour découvrir le texte original. Néanmoins, dès ces parutions s’est développée une attention principalement biographique autour de l’aventurier. Ensuite, entre 1960 et 1962, tandis que des anthologies des Mémoires se concentrent sur des épisodes érotiques, focalisant ainsi l’attention des lecteurs sur le mythe casanovien, paraissent d’une part des inédits dans des publications confidentielles, de l’autre, la première édition du texte original chez Brockhaus et Plon. Selon Gérard Lahouati et Marie-Françoise Luna, « on commence à pouvoir le lire et l’étudier vraiment » [7] . Toutefois, dans les années 1960, la « lecture [demeure] essentiellement sexualisée » et ses idées « parfois évoquées dans une biographie ou une préface, sont encore assez peu étudiées pour elles-mêmes » [8] .
C’est à partir des années 1960–1980 que l’étude de l’oeuvre casanovienne s’étend. Les archives casanoviennes sont encore explorées (en particulier dans la revue Casanova gleanings dirigée par Francis L. Mars, à laquelle succédera, en 1984, L’Intermédiaire des casanovistes sous l’impulsion de Furio Luccichenti et Helmut Watzalwick). La recherche s’ouvre à l’étude littéraire de l’oeuvre : Francis Furlan s’intéresse à sa réception ; Suzanne Roth propose quant à elle une thèse de sociologie littéraire sur les aventuriers des Lumières, au nombre desquels figure Casanova [9] . On ébauche également une réflexion sur ses idéaux politiques et religieux.
Puis les années 1990–2000 connaissent un nouvel élan de la recherche casanovienne grâce, en 1993, à la réédition, chez Robert Laffont, de l’ Histoire de ma vie , qui, reprenant et prolongeant l’apparat critique de l’édition Brockhaus-Plon, place en annexes des textes rares et inédits. Cette impulsion est renouvelée à l’occasion du bicentenaire du décès de l’aventurier, en 1998, année qui voit naître plusieurs publications collectives de travaux de recherches [10] . Si la véracité des faits énoncés ne fait plus de doute, on s’intéresse plus avant à la part de « construction littéraire et de mythification » de l’ Histoire de ma vie . L’essentiel de la recherche casanovienne se focalise sur son autobiographie ; toutefois, on commence aussi à s’intéresser à ses autres écrits. Les chercheurs voient en lui « un écrivain qui fut aussi un polygraphe bouillonnant d’idées » et en son oeuvre une « valeur historique et littéraire » [11] . Déjà, en 1988, Gérard Lahouati fait émerger une réflexion approfondie sur le rapport de l’auteur aux idéaux de son époque ; il soulève les contradictions et la complexité de la pensée et de l’écriture casanoviennes [12] . Après lui, Marie-Françoise Luna, travaillant sur l’ensemble de l’oeuvre de ce polygraphe, confirme la dimension littéraire de l’aventurier et, par l’étude de ses incohérences philosophiques, spécialement religieuses, étend le portrait du libertin [13] . Enfin, la thèse de Jean-Christophe Igalens publiée en 2013 se concentre sur les différentes facette

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