De Kant à Hegel (Tome 2)
346 pages
Français

De Kant à Hegel (Tome 2) , livre ebook

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346 pages
Français

Description

Écrit entre 1920 et 1923, ce second volume de l'œuvre célèbre de Richard Kroner développe, comme dans un second tour de spire plus large, les résultats présentés par le premier. Schelling convertira l'idéalisme de Kant d'abord dans une philosophie de la nature (1797-1802), pour en faire une philosophie de l'identité évoluant elle-même vers une philosophie de l'esprit. Alors intervient Hegel pour produire une encyclopédie (1807-1830) intégrant la Logique, la Nature et l'Esprit, dans le cadre d'une philosophie de l'histoire.

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Date de parution 01 octobre 2013
Nombre de lectures 39
EAN13 9782336325125
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

La période de l’Idéalisme allemand, celle illustrée par la double figure de la philosophie critique puis romantique allemande, est justement celle qui va « De Kant à Hegel », d’environ 1780 à 1820. Cette période, d’abord fécondée par les courants multiples du luthérianisme, du développement scientifique (Newton, Lavoisier), et de la pensée prérévolutionnaire française, aura été à la source de toutes les grandes formules du génie moderne (Marx, Freud, Einstein…). La crise actuelle de la philosophie et de certains des savoirs connexes dans la culture (psychologie, psychanalyse, pensées économique et politique) devrait inviter à un retour, nécessaire et salutaire, aux sources de cette période 1780-1820, d’où ont surgi pour l’esprit moderne, après la phase préparatoire de la pensée française classique (Descartes, Pascal) puis des Lumières (Diderot, Voltaire, Rousseau), les deux démarches de pensée somme toute assez parentes de Marx et de Freud. Écrit entre 1920 et 1923, ce second volume de l’œuvre célèbre de Richard Kroner développe, comme dans un second tour de spire plus large, les résultats présentés par le premier. Schelling convertira l’idéalisme de Kant d’abord dans une philosophie de la nature (1797-1802), pour en faire une philosophie de l’identité évoluant elle-même vers une philosophie de l’esprit. Alors intervient Hegel pour produire une Encyclopédie (1807-1830) intégrant la Logique, la Nature et l’Esprit, dans le cadre d’une philosophie de l’histoire. Logique (Lacan), Nature (Deleuze), Esprit (Foucault), on n’aura encore parlé que de cela entre 1960 et 1990, mais dans le décousu et plutôt dans la polyphonie, voire parfois la cacophonie. Aujourd’hui que ces brillants oiseaux sont partis, on voudrait tout réduire à la Nature, cependant que celle-ci s’effiloche et se détruit sous nos yeux.
Émile Jalley
continue avec cette traduction son travail d’ouverture
Richard KRONER
DeKantàHegel
De la philosophie de la nature à la philosophie de l’esprit 2
Traduit de l’allemand par Marc Géraud
De Kant à Hegel De la critique de la raison à la philosophie de la nature
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01299-5 EAN : 9782343012995
Richard KRONER
De Kant à Hegel De la philosophie de la nature à la philosophie de l’esprit VOLUME2
Traduit de l’allemand par Marc Géraud
  La parution du deuxième volume a été repoussée, en partie en raison d’empêchements extérieurs, en partie en raison de difficultés relevant de la situation elle-même ; mais pendant cette période, ma position par rapport aux problèmes historiques ne s’est pas modifiée, si bien que je puis espérer que l’unité de pensée qui relie les deux volumes s’est conservée. Les difficultés à vaincre en ce qui concerne ce volume étaient doubles. Il s’agissait de frayer à nouveau le chemin presque entièrement éboulé menant à la compréhension de Hegel, tâche pour laquelle on ne trouve dans la littérature actuelle que très peu 1 d’aide ; on voit encore régner presque partout, conditionnée par l’hégélianisme et ses adversaires, la conception devenue stéréotype qui s’est installée comme un spectre devant le vrai Hegel. Il s’agissait de réparer le malheur causé par le slogan de « panlogisme » forgé par J.E. Erdmann ; ce qui ne pouvait se faire qu’en accentuant fortement le caractère antirationnel de la dialectique, et non son caractère rationnel, — y compris au risque de voir cette accentuation causer un nouveau malheur. La deuxième difficulté concernait la présentation elle-même ; critique de la raison et doctrine de la science sont relativement formelles face aux systèmes de Schelling et de Hegel ; dans la philosophie de la nature, c’est le contenu de la science de la nature empirique qui coule dans la pensée ; dans la philosophie de l’esprit, c’est l’ensemble du contenu lié à l’histoire du monde. Alors qu’il était possible, dans le premier tome, de mettre en relief comme seul élément crucial la dimension principale, fondamentale, le point de vue, et de le mettre au jour dans son mouvement, il devenait ici nécessaire de présenter l’élaboration de ce contenu crucial lui-même. Mais comme le but principal de mon livre est l’étude de la grande ligne de développement du point de vue de l’histoire des problèmes, la restitution des pensées qui élaborent la matière faisait courir le risque de perdre des yeux cette ligne ; je devais donc aboutir ici à un compromis. Je ne devais pas me laisser refouler de mon point de vue directeur par la multitude des formes, mais je ne pouvais pas non plus me limiter à ne mettre en évidence que la dimension principale, précisément parce que son accomplissement est partout ce qui est caractéristique, — ce qui s’applique en particulier à Hegel. J’ai donc extrait deux sections de la phénoménologie de
1 Je dois beaucoup de stimulation aux écrits de G. Lasson. Je n’ai reçu le précieux travail de Hermann Glockner, paru il y a peu, « Der Begriff in Hegels Philosophie » (Heidelberger Abhandlungen zur Philosophie und ihrer Geschichte, Heft 2), qu’après achèvement de mon livre. Pour la littérature récente sur Hegel, cf. du même auteur le rapport de bibliographie paru dans la Deutsche Vierteljahrsschrift für Literaturwissensch. und Geistesgeschichte (Jahrg. 2, Heft 1, p. 131 sq.) ; malheureusement, ce rapport ne compile que les écrits allemands. — Je signale encore le petit livre intelligent de S. Marck, Kant und Hegel, 1917, ainsi que la belle présentation globale de Hegel par Hugo Falkenheim dans les Große Denker édités par E. v. Aster.
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l’esprit et un petit chapitre de la logique, pour m’en servir de modèle afin d’expliquer la méthode de Hegel ; à vrai dire, la tâche d’interprétation dans le détail de ces œuvres n’en est pas pour autant accomplie, elle reste réservée à un travail ultérieur. Pour l’Encyclopédie, je me suis limité à rendre à grands traits la démarche et l’articulation du système global ; on a trop négligé jusqu’à présent le fait que les parties de ce système lui-même entretiennent l’une envers l’autre un rapport dialectique, et ne peuvent être comprises qu’à partir de ce rapport ; ouvrir la voie à cette compréhension constitue l’intention du chapitre final de ce volume. Le meilleur chemin menant à la compréhension du système de Hegel est celui que l’idéalisme allemand a lui-même parcouru dans son développement de Kant à Hegel ; c’est pourquoi je suis parti dans mon ouvrage de Kant ; le deuxième volume suppose donc la connaissance du premier, et poursuit la considération qui y est commencée. Afin de rendre utile pour la réalisation de la tâche principale l’apport global de ce travail préliminaire, j’ai donné forme dans le septième chapitre à une sorte d’introduction à la philosophie de l’esprit, j’ai mis en lumière son rapport à la critique de la raison et à la doctrine de la science (I), présenté dans sa signification pour l’ensemble l’acte le plus propre de Hegel, sa logique (II) et déroulé de façon indépendante le problème central de la dialectique dans des discussions fondamentales sur le rôle méthodologique de la contradiction (III). — Nous avons aujourd’hui beaucoup à apprendre de Hegel ; que nous reconnaissions ou que nous rejetions sa philosophie — son étude doit devenir la haute école dans laquelle l’accès scientifique aux problèmes de la métaphysique se révèle à l’esprit ; car quelque soit la position finale par rapport aux solutions que Hegel donne — tout ceux qui ne craignent pas la patience et la peine requises pour pénétrer dans son système reconnaitront qu’il n’a jamais été dit chose plus profonde et plus fondamentale sur ces problèmes ni avant ni après lui. On doit exiger que chacun témoigne du respect minimal dont ce système est digne, que chacun le prenne comme lui-même a pris la cause qu’il sert : c’est-à-diresérieusement. La faculté violente qu’a Hegel de se mouvoir pour ainsi dire avec une facilité ludique dans l’élément des concepts les plus abstraits a fait méconnaître le sérieux non moins violent qui anime le maître de ce jeux et ce jeux lui-même. Une génération qui avait totalement perdu l’habitude de traiter scientifiquement les problèmes métaphysiques a cru avoir devant elle en Hegel un prestidigitateur virtuose qui tenait moins à l’étude de la vérité qu’à l’achèvement de son système. Si ce point de vue était peut-être encore 2 pardonnable hier, il serait aujourd’hui punissable . Car nous nous trouvons 2 On verra dans le jugement que Windelband porte sur la Logique combien l’appréciation de Hegel était incertaine dans la génération passée. Il appelle d’une seule phrase Hegel le plus grand logicien que l’histoire ait connu après Aristote et Kant, et il dit « que la science des concepts que Hegel a donnée laisse transparaître le mariage le plus étonnant qui soit du scintillement de l’imagination et de l’entendement (Gesch. d. neueren Phil. 3, Bd II, 310, 323). Ces deux prédicats vont difficilement ensemble. Comment celui qui « fait transparaître le mariage du scintillement » de l’imagination et de l’entendement peut-il compter parmi les plus grands logiciens ? Et
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encore confrontés à la tâche-même que l’idéalisme allemand entreprenait de résoudre à sa manière, nous luttons de nouveau avec les problèmes-mêmes pour lesquels le système de Hegel offre la solution jusque-là la plus grandiose. C’est la meilleure tradition de la pensée européenne en général qu’a continué Hegel ; ce sont les motifs de la métaphysique grecque, chrétienne-médiévale et moderne qu’il a repris et fondus avec ceux de l’idéalisme allemand en une synthèse qui peut véritablement être qualifiée de classique. On a souvent été obsédé en Allemagne par l’idée que cette tradition avait été entièrement brisée par la critique kantienne, et qu’elle avait une fois pour toutes été jetée par-dessus bord ; c’est peut-être l’aperçu le plus important qui résulte de la considération du développement post-kantien que de voir, au stade de pensée révélé par Kant, se poser de façon renouvelée les problèmes de l’ancienne métaphysique, de la métaphysique « dogmatique », et de voir que maintenant se font jour des possibilités de résolution qui ne pouvaient 3 nécessairement pas être découvertes avant Kant . Les fils déchirés sont de nouveau noués et tissés. Celui qui a accompli ce travail avec le plus de scrupulosité et de rigueur est Hegel. Il a, de cette manière, conservé l’antique fonds de pensée de l’humanité européenne et l’a adapté à l’état de la philosophie que Kant a mis en révolution. — Depuis Hegel, la vie de l’esprit a bien changé ; non seulement les sciences individuelles, mais encore les formes de l’existence économique et sociale on gagné un nouveau contenu. Les conditions et les prémisses de l’activité philosophique se sont transformés de fond en comble ; nous ne vivons plus dans le monde dont le contenu d’éternité est reflété par le système de Hegel. Mais si nous voulons par la pensée maîtriser les changements, si nous voulons faire accéder scientifiquement à notre conscience l’idée de notre propre monde, nous devons élaborer indépendamment la grande tradition de la pensée historique et faire nôtre l’héritage reçu. Notre monde n’est paspurementle nôtre, nous nous tenons sur les épaules de nos prédécesseurs ; ce que nous sommes, nous leur en restons redevables. Il s’agit, aujourd’hui comme toujours, [XII] d’« appréhender » l’ancienne vérité, la vérité éternelle. C’est pourquoi nous ne pouvons espérer créer quelque chose de vivant et en même temps d’éternel si nous négligeons l’œuvre de Hegel. Nous ne devons pas non plus recourir immédiatement à Aristote, Saint Thomas ou Leibniz, comme y tendent beaucoup aujourd’hui ; nous ne pouvons plus depuis Kant penser avec bonne comment celui qui trouve ce scintillement non pas logiquement nécessaire, mais « étonnant », peut-il compter Hegel au nombre des plus grands logiciens ? — Mais même les hégéliens eux-mêmes n’ont pas pris Hegel avec le sérieux que nous avons mentionné. Ou peut-on en parler lorsque le meilleur d’entre eux, Joh. Ed. Erdmann, dans son Esquisse de la logique et de la métaphysique — une paraphrase libre de la Logique de Hegel — trouve confirmé le passage de l’être au néant dans l’expression : « L’être est être et riende plus» (ibid., 2, § 30) ? 3 C’est le mérite immortel de Schelling que d’avoir vu et exprimé le premier cela en toute clarté. Il dit déjà, dans les Lettres sur le dogmatisme et le criticisme : « « Aussi longtemps qu’elle (c’est-à-dire la critique de la faculté de connaître) reste sur le domaine de la synthèse, elle domine le dogmatisme ; dès qu’elle quitte ce domaine (et elle doit tout aussi nécessairement le quitter qu’il était nécessaire qu’elle le pénètre), le combat recommence à nouveau » (I, 297).
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