De la Logique des obligations, des permissions et des interdictions
268 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

De la Logique des obligations, des permissions et des interdictions , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
268 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

La logique déontique s'applique aux discours éthiques et juridiques et s'attache à ce qu'il convient de faire dans une situation donnée en regard de ce qui est obligatoire, permis ou interdit. Elle peut être vue comme l'analyse de la structure des inférences normatives, c'est-à-dire des rapports entre les vérités admises. Formaliser un discours permet en effet de mieux en saisir toutes les relations.
Fruit d'une revue exhaustive de la littérature scientifique, ce livre présente les travaux les plus importants de ce domaine regroupés par sujets, méthodes et objectifs. On y aborde les problèmes et les paradoxes habituels, les notions de base formelles, ainsi que les divers courants qui animent cette discipline en les comparant entre eux. L'auteur s'adresse à un public qui montre un intérêt pour l'analyse des raisonnements éthiques et juridiques ainsi qu'aux étudiants en philosophie, en mathématiques, en informatique, en sciences humaines et en droit.
Ce livre fait partie d'un projet pilote de libre accès réalisé en collaboration avec la Direction des bibliothèques de l'UdeM. La version PDF est téléchargeable gratuitement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 août 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760635210
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Clayton Peterson
DE LA LOGIQUE DES OBLIGATIONS, DES PERMISSIONS ET DES INTERDICTIONS
De von Wright à aujourd’hui
Les Presses de l’Université de Montréal
Ce livre fait partie d’un projet pilote de publication de livres numériques en libre accès, en collaboration avec la Direction des bibliothèques de l’Université de Montréal. Le format PDF de ce livre est téléchargeable gratuitement sur :
www.pum.umontreal.ca/catalogue/delalogiquedesobligations
Mise en pages : Clayton Peterson
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Peterson, Clayton, 1985-
De la logique des obligations, des permissions et des interdictions : de von Wright à aujourd’hui
(Paramètres) Comprend des références bibliographiques et un index.
ISBN 978-2-7606-3520-3
1. Logique déontique. I. Titre. II. Collection : Paramètres.
BC145.P47 2016
160
e Dépôt légal : 3 trimestre 2016 Bibliothèque et Archives nationales du Québec cLes Presses de l’Université de Montréal, 2016
ISBN (papier) 978-2-7606-3520-3 ISBN (PDF) 978-2-7606-3521-0
C2016-940940-6
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
imprimé au canada
Avantpropos
Le présent ouvrage est le fruit de nombreuses années d’études en logique philosophique et résulte d’une revue de la littérature scientifique faite en vue de l’obtention de grades de second et de troisième cycles. Il s’adresse à un public qui n’est pas nécessairement familier avec la logique philosophique, mais qui désire s’initier à la vaste littérature sur la logique déontique, un domaine en expansion qui attire de plus en plus de chercheurs tant en philosophie qu’en droit. Idéalement, le lecteur aura une formation de base en logique philosophique, couvrant la logique classique et peutêtre même le calcul de premier ordre. Une formation en logique modale serait certes idéale,maisjairédigécelivredefac¸onàmadresseràunpublicaussilarge que possible, ce qui inclut les étudiants et les chercheurs en mathématique, en informatique, en science humaine et en droit. Afin de pallier toute diffi culté que pourraient poser les présupposés techniques de ce livre, le lecteur trouvera tout au long de la présentation des commentaires concernant les notions nécessaires à la compréhension du propos. En plus de la liste des symboles utilisés et de leur signification, il trouvera en fin de volume un index des concepts et des sujets.
Il existe peu ou pas d’ouvrages qui offrent une synthèse des principaux courants de la logique déontique. Or, c’est dans cet esprit que le présent livre a été rédigé. L’objectif est d’offrir une vue d’ensemble de la discipline, sans favoriser l’une ou l’autre des approches. Cet ouvrage est non seule ment une carte conceptuelle permettant de s’orienter dans le vaste domaine de la logique déontique mais est aussi un ouvrage de vulgarisation, expli quant certaines notions nécessaires à la compréhension des différents sujets abordés en logique déontique.
Plusieurs personnes ont contribué à ce livre, que ce soit de près ou de loin, et ce parfois même sans le savoir. Je tiens à remercier JeanPierre Marquis qui a su orienter mes travaux et mon parcours universitaire. Le fait de m’avoir si bien«perverti»dès le début de ma formation a sans aucun doutedéterminémavisiondelalogique.MerciaussiàFran¸coisLepage, Yvon Gauthier et Andrew Irvine pour leurs commentaires sur une version précédente de ce livre. Merci d’avoir participé au projet et d’avoir créé un
vide la logique des obligations, des permissions et des interdictions
environnement stimulant et productif. Je tiens aussi à remercier France Houle pour son soutien et son intérêt envers le projet. En dernier lieu, je tiens à remercier les évaluateurs anonymes, sans qui le livre ne serait pas dans son état actuel. Du côté personnel, un merci particulier à ma mère, Alberte, sans qui ce livre n’aurait probablement jamais vu le jour. Merci à mon épouse, Sarah Geneviève, pour son écoute, son soutien et ses conseils. Merci aux membres de ma famille pour leurs éternels encouragements. Finalement, je tiens à remercier mon entourage qui manifeste sans cesse de l’intérêt pour mes travaux. Cet ouvrage a été financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et par les Fonds de recherche du Québec  Société et Culture.
Clayton Peterson, Ph.D.
Chapitre 1
La logique déontique
La logique déontique se veut d’emblée une application de la logique aux discours éthique et juridique. Le terme«déontique»vient du grecδǫóντ ικ, où la racineδǫóνsignifie«ce qu’il convient de faire»et le suffixeικsignifie «qui porte sur». Littéralement, l’expression«logique déontique»signifie donc«la logique qui porte sur ce qu’il convient de faire»(McNamara 2010). Par conséquent, la logique déontique est souvent présentée comme la logique qui traite des obligations, des permissions et des interdictions.
Un peu d’histoire Même si l’étude des modalités déontiques se faisait à l’époque médiévale (Knuuttila 1981), la première tentative de formalisation est apparue avec 1 Ernst Mally (1926). C’est à la suite des travaux de von Wright (1951) que la logique déontique est devenue un domaine d’études en tant que tel. Plusieurs objections ont été formulées contre l’approche initiale de ce chercheur. La première, avancée par Prior (1954), visait à montrer que sa notion d’engagementn’était pas adéquate dans les contextes mettant en jeu des obligations dérivées. Von Wright (1956) prit cette objection au sérieux et présenta la base de ce qu’on nommera plus tard la logique déontique dyadique, où on trouve deux propositions dans la portée de l’opérateur déontique (une qui indique le contexte de l’obligation et l’autre qui indique ce qui devrait être dans ce contexte). Même si la logique déontique dyadique a intéressé plusieurs philosophes à l’époque, notamment Rescher (1958), le système initial de von Wright est demeuré l’objet de plusieurs critiques. En 1958, Prior présenta le paradoxe du bon Samaritain, précurseur du paradoxe du voleur (Nozick et Routley 1962), qui visait à montrer que la relation de conséquence déontique au sein du système de von Wright menait à des résultats indésirables.
1 Voir Føllesdal et Hilpinen (1970) et McNamara (2010) pour une introduction à la logique déontique.
8de la logique des obligations, des permissions et des interdictions
Cela dit, Chisholm (1963) formula l’objection la plus sérieuse contre l’approche initiale de von Wright et montra que la logique déontique mona dique n’est pas assez puissante pour rendre compte des obligations contraires audevoir.Àlasuitedecesobjections,vonWright(1967)introduisitplusieurs systèmes de logique déontique dyadique afin de répondre aux objec tions touchant aux obligations conditionnelles.
Malgré cela, son approche initiale a néanmoins été reformulée après les avancées faites en logique modale et après l’introduction de la sémantique des mondes possibles, ce qui a donné lieu au fameuxsystème 2 standard de logique déontique, à savoir le système modalKD. Par la suite, Forrester (1984) s’éleva contre le système standard afin de montrer que la relation de conséquence ne permettait pas de représenter adéquatement la conséquence déontique que nous trouvons au sein de nos inférences dans la langue naturelle.
L’objet de la logique déontique D’entrée de jeu, la logique déontique visait la modélisation de la structure des inférences normatives. L’idée de von Wright était de faire un parallèle entre les notions d’obligation et de permission, d’un côté, et les modalités aléthique de nécessité et de possibilité, d’un autre. Ainsi, depuis l’article fondateurdevonWright,lalogiquedéontiqueestsouventconc¸uecomme une logique modale.
Bien qu’un tel mode de présentation soit réducteur, la logique est sou vent présentée comme l’étude de la transmission des valeurs de vérité entre 3 des énoncés. Lorsque la logique est utilisée à des fins d’analyse d’arguments et de raisonnements, les connecteurs sont considérés comme vérifonctionnels et les propositions étudiées sont présupposées êtredéclaratives, c’estàdire qu’elles doivent minimalement avoir le potentiel d’être vraies ou fausses (Peterson 2013b, chapitre 3).
Pour déterminer si un énoncépest déclaratif, il suffit de déterminer si la question«Estce quepest vrai ?»a un sens. Si oui, alors l’énoncé a la possiblité, en principe, d’être vrai ou faux. Dans ce cas, l’énoncé est déclaratif. Par exemple, les impératifs (p. ex.«!Ouvre la porte ») et les énoncés interrogatifs ne sont pas déclaratifs. Parmi les énoncés déclaratifs, on trouve les propositionsdescriptives, qui portent sur comment le monde est, et les propositionsnormatives, qui disent comment le mondedevrait être. Contrairement aux énoncés descriptifs, les propositions normatives
˚ 2 Voir Aqvist (2002). Soulignons que le système initial de von Wright n’est pas équi-valent au système standard. 3 Le concept de vérité n’est pas indispensable en logique. Nous n’avons qu’à penser à la théorie de la preuve ou encore aux logiques d’action afin d’avoir des logiques qui ne portent pas nécessairement sur les énoncés déclaratifs.
la logique déontique9
sont prescriptives et visent à guider l’action. Notons que la notion d’énoncé déclaratif ne présuppose aucune théorie particulière de la vérité. Lalogiquedéontiqueestsouventconc¸uecommeunelogiquemodale. Or une modalitéest un opérateur qui transforme un énoncé déclaratif en un autre énoncé déclaratif. En ce sens, une modalitéest une chose qui influence la valeur de vérité d’une propositionϕ. Un exemple de modalité serait la modalité temporelle dupassé. Au même titre que la proposition «Jean commet l’adultère»n’est pas vraie dans les mêmes conditions que «Jean a commis l’adultère», le premier énoncé n’est pas vrai dans les mêmes conditions que«Jean ne devrait pas commettre l’adultère». De fait, lorsqu’elle est considérée en tant que logique modale, la logique déontique met en jeu des opérateurs, telles l’obligation, la permission et l’interdiction, qui modifient la valeur de vérité des énoncés déclaratifs. En logique déontique, l’obligation, la permission et l’interdiction sont 4 respectivement représentées par les opérateursO,PetFs’agit. Il d’opérateursplutôt que deprédicatsdans la mesure où les modalités déon tiques peuvent être appliquées à des propositions pour former de nouvelles propositions (pouvant être d’un autre type). Initialement, chez von Wright, les opérateurs déontiques étaient appliqués à desactionsplutôt qu’à des propositions. En ce sens, l’approche initiale de von Wright proposait un pa rallèle entre la logique déontique et la logique modale aléthique, sans pour autant présenter l’opérateurOcomme une modalité, c’estàdire comme un opérateur qui influence la valeur de vérité d’une proposition déclarative. Cette remarque nous amène à une distinction importante au sein de la littérature scientifique : les modalités déontiques peuvent être interprétées de deux manières distinctes et mutuellement exclusives (von Wright 1999). D’un côté, il y a l’interprétation de typeoughttodo, où les propositions qui se trouvent dans la portée des opérateurs déontiques font référence à des actions. Selon cette interprétation, les opérateurs déontiques expriment«ce qui doit être fait». Considérant que ce sont lesactionsqui sont faites, et non les propositions, l’interprétationoughttodocontraint la définition des énoncés bien formés : seule une action peut se trouver dans la portée d’un opérateur déontique, et, par conséquent, l’itération des opérateurs déontique n’est pas possible. En effet, selon cette interprétation et étant donné une actionα,est une proposition, et non une action. Àlopposé,ilyalinterprétationdetypeoughttobe, où les proposi tions dans la portée des opérateurs déontiques sont déclaratives. Il s’agit là de l’interprétationmodalede la logique déontique, où les opérateurs sont
4 La logique déontique est majoritairement entendue comme une logique modale. Cela dit, soulignons qu’il y a néanmoins plusieurs approches qui ne la traitent pas ainsi. Outre ceux qui traitent les notions déontiques comme des prédicats, on trouve aussi la logique input/output.
10de la logique des obligations, des permissions et des interdictions
vus comme des modalités qui influencent la valeur de vérité des énoncés. Selon cette interprétation, une modalité déontique indique ce qui doitêtre plutôt que ce qui doit être fait. Souvent, l’interprétation de typeoughtto beprendra place dans le cadre d’une sémantique des mondes possibles. Par exemple, alors que selon la première interprétation«il est obligatoire de respecter la loi»signifie que l’actionrespecter la loidoit être accomplie, selon la seconde, cela signifie plutôt que la description«la loi est respectée» doit être vraie.
Le dilemme de Jørgensen La logique déontique, lorsqu’elle est interprétée en tant que logique modale, porte sur les énoncés déclaratifs. Or cela pose problème si on considère le dilemme formulé par Jørgensen (1937), lequel remet en cause la possibi litémêmedappliquerlanalyselogiqueaudiscoursnormatif.Àlabase,le problème soulevé par Jørgensen repose sur la dichotomie sémantique qu’on 5 retrouve entrefaitsetnormes. En d’autres termes, il s’agit d’une dichoto mie sémantique entre les énoncés descriptifs et normatifs. Dans la littérature scientifique, on fait référence à ce problème en tant que thèse de l’êtredevoir (isought thesis). Ce fossé sémantique entre les propositions normatives et descriptives, aussi connu sous le nom desophisme naturaliste, consiste à dire qu’une conclusion normative ne peut pas être la conséquence d’un en semble de prémisses purement descriptives, et à l’inverse qu’une conclusion descriptive ne peut être la conséquence de prémisses purement normatives. Autrement dit, un argument qui conclut undevraità partir d’unest(ou 6 vice versa) est toujours invalide. Par exemple, ce n’est pas parce qu’il est interdit de volerque nous pouvons conclure quePierre ne vole pas: ce n’est pas parce qu’une personne a une obligation qu’elle va nécessairement la respecter ! Dans le même ordre d’idées, une personne peut très bien agir sans pour autant être obligée de le faire : ce n’est pas parce que Paul paie ses taxes qu’il est nécessairement obligatoire qu’il le fasse. Outre la dichotomie sémantique, la difficulté relative au dilemme de Jørgensen repose sur la thèse réaliste de vérité correspondance. Cette thèse, dont on trouve l’équivalent formel dans un article de Tarski (1944), repose sur l’intuition que la valeur de vérité d’un énoncé dépend de sa correspon dance avec le monde, voire de l’état actuel des choses. Selon cette thèse, une proposition comme«le ciel est bleu»est vraie si et seulement si le cielest, dans le monde, effectivement bleu.
5 Leproblème,queJørgensenanalysedefa¸conpluscontemporainequesesprédéces-seurs, apparâıt entre autres chez Hume (1993) et Poincaré (1913). 6 Un argument est valide lorsqu’il est impossible que les prémisses soient vraies alors que la conclusion est fausse (Peterson 2013b, chapitre 7).
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents