Des mots (Leibniz)
247 pages
Français

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Description

Livre III de l’œuvre de Leibniz : « Nouveaux essais sur l’entendement humain ».
Chap. Ier. Des mots ou du langage en général
Chap. II. De la signification des mots
Chap. III. Des termes généraux
Chap. IV. Des noms des idées simples
Chap. V. Des noms des modes mixtes et des relations
Chap. VI. Des noms des substances
Chap. VII. Des particules
Chap. VIII. Des termes abstraits et concrets
Chap. IX. De l’imperfection des mots
Chap. X. De l’abus des mots
Chap. XI. Des remèdes qu’on peut apporter aux imperfections et aux abus dont on vient de parler

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Date de parution 19 juin 2023
Nombre de lectures 4
Langue Français

Extrait

Gottfried Wilhelm Leibniz
Des mots
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èes mots Livre III de l’œuvre de Leibniz « Nouveaux essais sur l’entendement humain »
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èes mots Table des matières Chap. Ier. èes mots ou du langage en gĨnĨral Chap. II. èe la signification des mots Chap. III. èes termes gĨnĨraux Chap. IV. èes noms des idĨes simples Chap. V. èes noms des modes mixtes et des relations Chap. VI. èes noms des substances Chap. VII. èes particules Chap. VIII. èes termes abstraits et concrets Chap. IX. èe l’imperfection des mots Chap. X. èe l’abus des mots
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èes mots Chap. XI. èes remħdes qu’on peut apporter aux imperfections et aux abus dont on vient de parler
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CHAP. I. èes mots ou du langage en gĨnĨral § 1. Ph. Dieu, ayant fait l’homme pour être une créature sociable, lui a non seulement inspiré le désir et l’a mis dans la nécessité de vivre avec ceux de son espèce, mais lui a donné aussi la faculté de parler, qui devait être le grand instrument et le lien commun de cette société. C’est de cela que viennent les mots qui servent à représenter, et même à expliquer les idées. Th. Je suis réjoui de vous voir éloigné du sentiment de M. Hobbes, qui n’accordait pas que l’homme était fait pour la société, concevant qu’on y a été seulement forcé par la nécessité et par la méchanceté de ceux de son espèce. Mais il ne considérait point que les meilleurs Mawarid Publishing5
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hommes, exempts de toute méchanceté, s’uniraient pour mieux obtenir leur but, comme les oiseaux s’attroupent pour mieux voyager en compagnie, et comme les castors se joignent par centaines pour faire
de grandes digues, où un petit nombre de ces animaux ne pourraient réussir ; et ces digues leur sont nécessaires, pour faire par ce moyen, des réservoirs
d’eau ou de petits lacs, dans lesquels ils bâtissent leurs
cabanes et pêchent des poissons, dont ils se nourrissent.
C’est là le fondement de la société des animaux qui y sont propres, et nullement la crainte de leurs semblables, qui ne se trouve guère chez les bêtes.
Ph. Fort bien, et c’est pour mieux cultiver cette société que l’homme a naturellement ses organes
façonnés en sorte qu’ils sont propres à former des sons
articulés, que nous appelons mots.
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Th. Pour ce qui est des organes, les singes les ont en
apparence aussi propres que nous à former la parole, cependant il ne s’y trouve point le moindre acheminement. Ainsi il faut qu’il leur manque quelque
chose d’invisible. Il faut considérer aussi qu’on pourrait parler, c’est-à-dire se faire entendre par les sons de la bouche sans former des sons articulés, si on se servait
des tons de musique pour cet effet ; mais il faudrait plus
d’art pour inventer un langage des tons, au lieu que celui
des mots a pu être formé et perfectionné peu à peu par des personnes qui se trouvent dans la simplicité naturelle. Il y a cependant des peuples, comme les
Chinois, qui par le moyen de tons et accents varient leurs mots, dont ils n’ont qu’un petit nombre. Aussi était-ce la pensée de Golius[1], célèbre mathématicien et grand connaisseur des langues, que leur langue est artificielle, c’est-à-dire qu’elle a été inventée tout à la fois
par quelque habile homme pour établir un commerce
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de paroles entre quantités de nations différentes ; qui habitaient ce grand pays que nous appelons la Chine, quoique cette langue pourrait se trouver altérée maintenant par le long usage.
§ 2. Ph. Comme les Ourangs-Outangs et autres singes ont les organes sans former des mots, on peut dire
que les perroquets et quelques autres oiseaux ont les mots sans avoir de langage, car on peut dresser ces oiseaux et plusieurs autres à former des sons assez
distincts ; cependant ils ne sont nullement capables de
langue. Il n’y a que l’homme qui soit en état de se servir
de ces sons comme des signes des conceptions intérieures, afin que par-là elles puissent être manifestées aux autres.
Th. Je crois qu’en effet sans le désir de nous faire entendre nous n’aurions jamais formé de langage ; mais
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étant formé il est encore à l’homme à raisonner à part
soi, tant par le moyen que les mots lui donnent de se
souvenir des pensées abstraites, que par l’utilité qu’on trouve en raisonnant à se servir des caractères et de pensées sourdes ; car il faudrait trop de temps, s’il fallait
tout expliquer et toujours substituer les définitions à la
place des termes. § 3. Ph. Mais, comme la multiplication des mots en
aurait confondu l’usage, s’il eût fallu un nom distinct
pour désigner chaque chose particulière, le langage a été encore perfectionné par l’usage des termes généraux, lorsqu’ils signifient des idées générales. Th. Les termes généraux ne servent pas seulement à
la perfection des langues, mais même ils sont nécessaires
pour leur constitution essentielle. Car, si par les choses particulières on entend les individuelles, il serait
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impossible de parler s’il n’y avait que des noms propres
et point d’appellatifs, c’est-à-dire, s’il n’y avait des mots que pour les individus, puisqu’à tout moment il en revient de nouveaux lorsqu’il s’agit des individus, des
accidents et particulièrement des actions, qui sont ce qu’on désigne le plus ; mais, si par les choses particulières on entend les plus basses espèces (species
infimas), outre qu’il est difficile bien souvent de les déterminer, il est manifeste que ce sont déjà des universaux, fondés sur la similitude. Donc, comme il ne
s’agit que de similitude plus ou moins étendue, selon
qu’on parle des genres ou des espèces, il est naturel de marquer toute sorte de similitudes ou convenances et par conséquent d’employer des termes généraux de tous
degrés ; et même les plus généraux, étant moins chargés
par rapport aux idées ou essences qu’ils renferment, quoiqu’ils soient plus compréhensifs par rapport aux individus à qui ils conviennent, ils étaient bien souvent
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