Du beau moral et du beau formel
23 pages
Français

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Du beau moral et du beau formel , livre ebook

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Description

C’est une opinion trop répandue que celle qui prête à l’œuvre d’art une action moralisatrice. Trop répandue, parce qu’elle ajoute à la nuée de confusions dont reste enveloppée la notion du Beau et que, d’autre part, elle empêche d’apprécier sainement la valeur intrinsèque des œuvres. Croire à l’influence moralisatrice de l’art, c’est se payer de mots.Et d’abord, il s’agit de préciser ce qu’on entend par art, l’abus qu’on a fait de ce mot exige cette précaution.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 2
EAN13 9782346021291
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Alphonse Germain
Du beau moral et du beau formel

Du beau moral et du beau formel
C’est une opinion trop répandue que celle qui prête à l’œuvre d’art une action moralisatrice. Trop répandue, parce qu’elle ajoute à la nuée de confusions dont reste enveloppée la notion du Beau et que, d’autre part, elle empêche d’apprécier sainement la valeur intrinsèque des œuvres. Croire à l’influence moralisatrice de l’art, c’est se payer de mots.
Et d’abord, il s’agit de préciser ce qu’on entend par art, l’abus qu’on a fait de ce mot exige cette précaution. On dit couramment l’art pour l’art poétique, l’art plastique, etc ; on appelle volontiers aussi de ce nom toute somme d’harmonie réalisée dans un travail. Mais L’ART, ce mystère dont tout le monde civilisé parle avec respect et que si peu savent reconnaître, qui le définira de manière satisfaisante ? J’estime que ce doit être non seulement l’excellence en ces créations harmonieuses que sont les chefs-d’œuvre, tout effort vers le mieux, vers le Beau, couronné de succès, mais encore l’action d’avoir embelli moralement un esprit, ouvert une âme au Divin. « L’art des arts est le gouvernement des âmes », déclare S. Grégoire 1 . Composer un poème eurythmique, construire une figure aux proportions admirables qui éveille en nous d’intimes correspondances, suscite un de nos éréthismes les plus purs, — voilà l’Art. Annoncer les vérités indéfectibles, semer les idées hautes et généreuses, préparer les âmes à la pratique des vertus, à la vie intérieure ; bref, travailler, selon un mode harmonieux, à rendre l’homme meilleur,  — voilà l’Art encore ; et à son point culminant, car il oriente vers Dieu.
Telle n’est pas l’opinion générale. Pour la plupart de nos contemporains, l’œuvre est d’art, qui a été conçue sans autre vouloir arrêté que de créer de l’harmonie, des beautés d’images ou de formes, de provoquer des joies esthétiques, c’est-à-dire de pures sensations. D’après cela, un livre exécuté en vue de moraliser peut être écrit avec art, on ne saurait le dire œuvre d’art, pas plus que l’argumentation spéculative et tout travail de raisonnement pur, en un mot, quoique de style. Écrite en vers ou en prose, figurée sur la toile ou taillée dans le marbre, l’œuvre d’art serait donc celle qui, parmi les créations imaginatives et les interprétations originales des réalités, dégage de l’indicible. « L’art est l’interprète de l’inexprimable », formula Gœthe. Adoptons ce sens pour la clarté de notre thèse.
Qu’il paraphrase les merveilles créées ou balbutie son intuition de l’invisible, l’artiste nous présente le réel selon la vision qu’il en a, l’idée qu’il s’en fait, et c’est par quoi il nous charme ; entre les choses et nous, il applique le prisme de son imagination, il ne nous montre jamais le sensible sans nous élever au-dessus ou nous promener à côté. L’art d’écrire et l’art de dessiner, qu’est-ce ? sinon l’élaboration d’exquis mirages, de philtres enchanteurs, source de quiètes joies et, pour beaucoup, Léthé aux maux quotidiens. A ces arts, nous avons donc à demander des sensations, des enthousiasmes rassérénants, non des préceptes de conduite. On a vu cependant, objecteront certains, des fictions anagogiser. Sans doute, mais par exception et, n’ayons garde de l’oublier, par des moyens étrangers à l’art. La Divine Comédie peut éveiller ou exalter, en de nombreux cœurs, l’amour du Tout-Puissant, ce n’est pas ce qui la sacre œuvre d’art magnifique entre toutes. Corneille, par Polyeucte, Racine, par Athalie, excitent la piété et d’altiers sentiments, le thème choisi en est la cause, non l’art du poète, simplement subsidiaire. Mais laissons de côté l’art du verbe pour ne nous occuper que des arts du dessin.
Expressif ou décoratif, l’art plastique se ramène à l’art d’harmoniser des lignes, cela est péremptoire.

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