Du salut au savoir
288 pages
Français

Du salut au savoir , livre ebook

-

288 pages
Français

Description

Ce deuxième tome de La Philosophie captive, Du salut au savoir, retrouve la réflexion philosophique dans les débats qui naissent de la Renaissance et qui se nourrissent du développement des sciences expérimentales, après la révolution galiléenne et la synthèse newtonienne. Trois sortes de discours animent les voix de la civilisation occidentale : le discours religieux, le discours philosophique, le discours scientifique. Ces essais voudraient éclairer les raisons qui, au cours de deux millénaires, ont tenté de mettre la philosophie sous tutelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 123
EAN13 9782296454187
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du salut au savoir
© L’HARMATTAN, 2010 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13860-5 EAN: 9782296138605
Jean-Paul Charrier
Du salut au savoir
La Philosophie Captive 2
Ouverture philosophique Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau et Bruno Péquignot Une collection d'ouvrages qui se propose d'accueillir des travaux originaux sans exclusive d'écoles ou de thématiques. Il s'agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu'elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n'y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu'habite la passion de penser, qu'ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Marly BULCÃO,Promenade Brésilienne dans la poétique de Gaston Bachelard,2010. Martin MOSCHELL,Divertissement et consolation Essai sur la société des spectateurs, 2010. Sylvain TOUSSEUL,Les principes de la pensée ou la philosophie immanentale, 2010. Raphaëlle BEAUDIN-FONTAINHA,L'éthique de Kropotkine, 2010. Arnaud TRIPET,L'éveil et le passage. Variations sur la conscience, 2010. Stanislas R. BALEKE,Ethique, espérance et subjectivité, 2010. Faten KAROUI-BOUCHOUCHA,Spinoza et la question de la puissance, 2010. Arnaud ROSSET,Les Théories de l'Histoire face à la mondialisation, 2010. Jean PIWNICA,L'homme imaginaire. Essai sur l'imagination, 2010. Dominique LEVY-EISENBERG,Le Faune revisité. Figures du souhait dansL'Après-midi d'un faunede Mallarmé, 2010. Céline MORETTI-MAQUA,Bacchus de la civilisation pompéienne au monde médiéval, 2010. Michel FATTAL,Saint Paul face aux philosophes épicuriens et stoïciens, 2010.
À Claudine
Sommaire
Avant-propos Chapitre 1Chapitre 2Chapitre 3
Humanisme et Réforme
La révolution galiléenne et la genèse du scientisme
Le siècle des lumières et la révolution kantienne
1 AVANT-PROPOS La Philosophie est un discours critique et souvent subversif qui, dès les débuts du premier millénaire de notre ère, s’est trouvé aux prises avec des tentatives de récupération, d’annexion, d’instrumentalisation, par des puissances religieuses, politiques et idéologiques qui ont inscrit sa réflexion dans des champs et des intentions étrangères à sa vocation primordiale et à son objet. Le discours philosophique, en effet, se distingue du discours religieux et du discours scientifique, car son objet estla quête du sens, celui que peut avoir l’existence humaine, vouée à persévérer dans sa volonté de vivre son aventure fragile, malgré toutes les déconvenues - les souffrances et les illusions -qu’elle peut comporter. En cela, elle se distingue du discours religieux dont l’objet est le salut (ses attitudes spirituelles, ses médiations mythiques et rituelles, ses manifestations communautaires). Quant au discours scientifique, il a pour objet la connaissance systématique de l’ordre dans lequel les phénomènes, offerts à notre observation, se déroulent, se conditionnent et se nouent les uns aux autres, dans l’espace et le temps. Religion, philosophie et science sont donc des pratiques discursives dont l’objet, les méthodes, les fins et les langages sont inscrits dans des ordres radicalement différents, même si des interfaces de leurs interventions se sont manifestées, au cours de l’histoire. Or, la lecture, qui est ici faite des philosophes et de leur philosophie, suggère que leur entreprise fut, par deux fois, gravement altérée, dévoyée et contrainte par des forces qui n’étaient pas ou n’étaient plus celles de la philosophie elle-même. e Une première fois, lorsque la philosophie fut instrumentalisée, du 4 siècle jusqu’à la Renaissance, par un statut que lui octroyait une communauté étrangère à sa discipline, celui de « servante » de la théologie, (l’ancilla theologiaedes scolastiques). Certes, la philosophie « païenne » avait eu affaire avec des phénomènes religieux ; mais ceux-ci n’étaient pas inscrits dans une théologieofficielle et universaliste, comme norme de ses pratiques rituelles, en un système des dogmes de la foi, fondés sur un corps de doctrines élaborées par une communauté hiérarchisée de spécialistes, ayant autorité sur tout discours sur le monde et la destinée humaine. Les affinités de l’hellénisme tardif avec le christianisme primitif, de langue grecque, les besoins d’un appareil argumentaire pour combattre les hérésies, le prestige
1 Cet avant-propos est la version abrégée de celle qui figure intégralement, aux premières pages, dans le tome 1 deLa philosophie captive(La construction des arrière-mondes). 9
d’une spiritualité qui fait cause commune avec la sagesse inspirée par la réflexion, l’autorité que l’onction du sacré confère aux chefs politiques, produisirent l’amalgame aberrant d’une philosophie au service d’une religion. Or la foi, par définition, se passent de « preuves », d’arguments issus d’un exercice de la raison et nous pensons, avec Émile Bréhier, qu’il ne saurait y avoir de « philosophie chrétienne », pas plus, disait-il, qu’il n’y a de mathématiques ou de chimie chrétiennes. Penser, disait encore Alain, n’est pas croire. Ce n’est pas par l’usage d’arguments philosophiques que le Christ sauve le monde ; c’est par le mystère et l’efficace surnaturel de sa vie et de sa mort que s’opère la rédemption du monde, disent eux-mêmes croyants et théologiens. Et si des chrétiens hautement cultivés, comme saint Augustin, pratiquaient la philosophie, ce qu’ils y cherchaient devait être autre chose que la confirmation de leur foi chrétienne, car celle-ci est d’un ordre radicalement différent de celui de la rationalité philosophique. Pourtant, pendant plus d’un millénaire, la soumission de la philosophie aux dogmes chrétiens va infléchir son cours, en altérant sa nature et sa fin, à travers ce que les théologiens appelèrent « la suprématie de la foi sur la raison », alors que cette hiérarchie n’avait pas de sens, dès lors qu’on s’avisait que la théologie et la philosophie n’avaient ni le même objet, ni la même fonction ou le même statut, au sein de la culture occidentale. Pendant des siècles, ce qu’on appelait encore la philosophie ne fut plus qu’un discours religieux, transfiguré par une écriture platonicienne ou aristotélicienne tourmentée, qui s’empêtrait dans un dogme et des mystères, traités comme des problèmes philosophiques. Mais les articles de la foi étaient des énoncés, non seulement indémontrables, mais encore soustraits à toute critique, alors que tout ce qui est de l’ordre de la philosophie s’inscrit dans le champ d’une argumentation exotérique que chacun peut librement examiner, amender ou contester parce qu’elle reste ouverte sur un dialogue où les arguments d’autorité n’ont pas leur place. La philosophie ne connaît pas d’autre orthodoxie que celle de la cohérence logique et celle de la personnalité du jugement. Le concile de Nicée (325) compléta l’édit de Milan (313), en instituant lecredoquiouvrit l’ère de l’orthodoxie religieuse et de l’hérésie, clôturant ainsi le temps où la philosophie menait une existence heureuse. L’arraisonnement de la philosophie par l’esprit religieux s’est alors étayé sur l’espoir du salut individuel et celui-ci sur la misère spirituelle, morale et sociale qui fermentait dans la décomposition des institutions romaines, sous la poussée dévastatrice des invasions barbares. Pendant des siècles, l’imagination et la recherche philosophiques seront soumises à la censure et au dogmatisme d’une caste sacerdotale qui alla jusqu’à requérir la mort pour ceux qui voulaient librement pratiquer la philosophie, devenue subversive dès lors qu’elle revendiquait un exercice distinct de la foi. Giordano Bruno, brûlé vif sur leCampo dei fiori, en 1600, est le héros exemplaire de cette volonté.
10
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents