Entre Heidegger et Hegel
195 pages
Français

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Entre Heidegger et Hegel , livre ebook

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Description

Selon un propos de Heidegger, lui-même et Hegel pensent la même chose, l'être, qui n'est pourtant pas une chose identique. Interdisant définitivement toute articulation positive, l'être partagé par Hegel et Heidegger ne se laisse aborder que dans le conflit. On reconnaît dans ce livre l'intérêt de la question de l'être ouverte par Heidegger. En l'adressant à Hegel, on découvre la possibilité d'une pensée de la vie naturelle, et non plus théologique, qui inquiète la pensée de l'éclosion de l'être.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 232
EAN13 9782296706156
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Entre Heidegger et Hegel

Éclosion et vie de l’être
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.


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Susanna Lindberg


Entre Heidegger et Hegel

Éclosion et vie de l’être


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12731-9
EAN : 9782296127319

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
INTRODUCTION COMMENT ÉCOUTER AVEC DEUX OREILLES ?
Le dernier mot de Heidegger sur Hegel, prononcé avec force dans la « Constitution onto-théologique de la métaphysique », est d’une complexité redoutable : Heidegger et Hegel pensent la même chose – l’être –, mais le « même » n’étant pas l’« identique », il est impossible de concilier l’être comme pensée avec l’être selon la différence ontologique {1} . Quelle est donc la « chose » partagée par Hegel et Heidegger ?
La complexité de la question se signale dès l’abord. Heidegger plonge en effet son lecteur dans le désarroi aussitôt qu’il situe la mêmeté dans la question de l’être – car il n’est pas facile de se représenter un « Hegel penseur de l’être » tout en sachant que, pour Hegel, l’« être » n’est qu’une détermination abstraite et que la véritable cause de la pensée s’appelle « esprit » {2} . Afin d’aborder sérieusement la mêmeté de Hegel et de Heidegger, il est nécessaire de chercher le supposé « être hégélien » sous d’autres termes de Hegel, tels l’« effectivité », la « pensée », la « vie » et l’« esprit ». Comme Heidegger le montre mieux que personne, les mots ne sont pas indifférents à la pensée. Bien qu’elle soit revendiquée dans le dessein d’aggraver le questionnement, la traduction d’« effectivité », de « pensée », de « vie » ou d’« esprit » par « être » risque de défigurer le cœur de la pensée hégélienne. Jusqu’où va la question heideggérienne du sens de l’être ? Comment comprendre le moment où elle se replie sur elle-même, s’obstinant à se répéter mais ne s’adressant plus aux oreilles hégéliennes et leur devenant finalement inaudible ? Entre les confusions et la profondeur d’une pensée se cherchant aux limites du sens, Heidegger nous lègue l’obligation de bien situer la région dans laquelle les pensées de Hegel et de Heidegger commencent à se confondre, afin d’y distinguer le véritable conflit. {3}
Afin de situer la chose partagée par Hegel et Heidegger et les séparant aussitôt, il faut discerner leurs pensées dans leur différence. Par exemple, il est possible de commencer par le principe selon lequel la différence entre Hegel et Heidegger est la différence entre la pensée et l’être. Mais chacun a aussi adopté la parole de Parménide, « le même est en effet penser aussi bien qu’être », et nous verrons dans ce livre comment, plus le lecteur analyse l’écart entre la pensée selon Hegel et l’être selon Heidegger, moins leur différence apparaît, jusqu’à ce qu’elle semble ne plus tenir qu’au vocabulaire : l’un parle au nom de la pensée, l’autre au nom de l’être. Incapables d’identifier la mêmeté et la différence de la chose de la pensée, nous sommes cependant confrontés à deux discours incomparables, l’un se développant dans le rythme de l’effectivité, de la vie et de l’esprit, et l’autre rimant avec l’apparaître, la mort et l’être, chacun puisant son unique sens dans un dire strictement singulier et irréductible à son homologue. Afin de rendre le conflit audible, il ne suffit donc pas de fixer le regard sur la chose même-et-autre, mais il faut aussi articuler les propos des deux penseurs chacun selon son propre dire.
Mais comment entendre à la fois deux discours philosophiques, dont la différence ne se réduit pas à deux méthodes (disons, pour faire vite, à la dialectique et à la phénoménologie) mais affecte jusqu’aux recoins les plus intimes de la langue en produisant deux idiomes philosophiques le plus souvent incompatibles ? Comment les entendre en même temps si les mots (par exemple « penser » et « être »), auxquels nous sommes après tout condamnés à prêter l’oreille, changent constamment de sens de sorte qu’il ne suffit plus de savoir « qu’appelle-t-on penser ? » mais « qui l’appelle ainsi ? » Comment écouter avec deux oreilles captant deux langues différentes – comment écouter et pouvoir encore penser, en quelque langue que ce soit ? Nous verrons dans ce livre que dans l’explication de Heidegger avec Hegel, les mots se croisent constamment, se substituent et se traduisent de manière à peine contrôlable : mots communs sans commune mesure. Hegel et Heidegger ne s’entendent pas, et pourtant ils s’entendent au sens du mot allemand überhören. Ils ne veulent pas s’entendre, ils font semblant de ne pas s’entendre, ils se font la sourde oreille, ils restent sourds l’un à l’autre, ils ne font pas attention l’un à l’autre – et pourtant, ils se répètent sans cesse. La position du lecteur de ce débat est fort incommode, cherchant à faire entendre deux idiomes (ne) s’entendant (pas), deux discours incommensurables se mesurant l’un à l’autre. Afin de faire entendre ce que disent Hegel et Heidegger sur la chose supposément « même », il faudra les exposer chacun à son idiome bien que, chaque fois, le monologue de l’un n’apparaisse que comme une pensée sans concept ou sans question depuis le point de vue rigoureux de l’autre. Voici pourquoi la tâche d’une comparaison impartiale de Hegel et Heidegger semble condamnée à n’être qu’un bouquet de divagations sans foyer assuré.
Contre ce désarroi, il convient d’assumer la situation inconfortable entre Hegel et Heidegger – l’obscurité des enjeux du débat et l’incertitude de ses positions – en tant qu’elle n’est pas une simple perturbation provisoire qu’un travail plus assidu pourrait dissiper. Elle est au contraire la conséquence nécessaire de la prise au sérieux du caractère exceptionnel de ce débat qui requiert de nous d’ajuster nos attentes méthodologiques. L’objectif du dialogue heideggérien avec Hegel n’est pas simplement d’inquiéter une thèse sur l’être mais également d’ébranler la pensée thétique comme telle. Heidegger vise l’être en tant qu’il se montre en retrait et en conflit : l’être doit donc être discern&#

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