Essai sur les conditions et les limites de la certitude logique
112 pages
Français

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Essai sur les conditions et les limites de la certitude logique , livre ebook

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Description

Nous ne manquons pas de mots pour exprimer qu’une chose nous apparaît comme impossible. Cela est incroyable incompréhensible, inconcevable, inimaginable, disons-nous, sans regarder de bien près au sens distinct que peut avoir chacune de ces expressions. Si cependant tous les cas où nous parlons ainsi impliquent en commun la croyance à une certaine impossibilité, la nature de cette impossibilité n’est pas toujours la même, et les motifs de notre opinion sont variés comme les circonstances où elle se produit.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346061532
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Gaston Milhaud
Essai sur les conditions et les limites de la certitude logique
A LA MÉMOIRE DE MON PÈRE ET DE MA MÈRE
 
 
 
 
 
A M. ÉMILE BOUTROUX
 
PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE A LA FACULTÉ DES LETTRES DE PARIS
 
HOMMAGE DE RESPECT ET DE RECONNAISSANCE
PRÉFACE
L’accueil bienveillant que ce livre a reçu du public m’engage à en donner une deuxième édition. Je n’y apporte que des changements de détail, sauf sur un point. (J’accepte comme établi par les néogéomètres que l’axiome d’Euclide ne peut se déduire des autres ; — convaincu d’ailleurs qu’il y a là un fait tout spécial, incapable de contredire à la thèse générale.)
Ce n’est pas que je n’eusse trouvé l’occasion de marquer, plus que par des nuances de détail, le désir de compléter ma pensée. En deux mots, je suis de plus en plus frappé de la puissance infinie de l’activité créatrice de l’esprit ; et, tandis que j’assignais quelquefois au concept un rôle négatif, celui de garantir la valeur logique des raisonnements, j’y vois davantage un principe fécond de l’élaboration scientifique. Plus que jamais je suis pénétré du rôle et de l’efficacité de l’idée, non pas seulement de cette idée qui n’est qu’une hypothèse devançant l’observation, mais du produit original de l’intelligence humaine. J’ai le sentiment d’avoir été parfois trop exclusivement logicien ; et il n’est pas jusqu’au cas extrême de la rigueur absolue, rêvée par le mathématicien, où je ne voie aujourd’hui se substituer à l’immobilité statique du principe d’identité l’identité vivante et dynamique de la pensée.
Fallait-il cependant toucher au fond même de cette thèse ? Il m’a semblé, après réflexion, que ce serait me placer dans les conditions de sincérité les plus parfaites, que de reproduire ce livre à très peu près tel qu’il était, sauf à le faire suivre d’une sorte de complément. Ce sera un second volume formé d’une série d’études, auxquelles plusieurs revues ont accordé déjà leur bienveillante hospitalité. Le lecteur y trouvera des extraits assez nombreux du cours que j’ai eu l’honneur de professer pendant ces deux dernières années à la Faculté des Lettres de Montpellier ; et il en dégagera suffisamment, à défaut d’un exposé systématique, la tendance dont j’ai indiqué le sens.
 
Montpellier, ce 3 octobre 1897.
 
G. MILHAUD,
CONDITIONS ET LIMITES DE LA CERTITUDE LOGIQUE
Nous voulons montrer que la contradiction logique, par les conditions qu’elle exige pour se reconnaître, n’autorise aucune affirmation en dehors des faits particuliers directement observés, et dénoncer l’illusion de tous ceux qui nous apportent, au nom du principe de contradition, la solution définitive de problèmes dont la portée dépasse le domaine de l’expérience. Notre méthode reposera sur la distinction, fondamentale à nos yeux, de ce qui est donné et de ce qui est construit, dans les éléments de la pensée. Quant au plan, le voici en peu de mots :
La première partie a pour objet d’établir directement notre thèse.
La deuxième partie la confirmera par un appel au témoignage des mathématiques.
Nous nous attacherons, dans la troisième partie, à ruiner, par un examen direct, ce que les opinions couramment formulées sur quelques problèmes philosophiques présentent de manifestement contradictoire avec nos conclusions.
PREMIÈRE PARTIE
CONDITIONS DE LA CONTRADICTION LOGIQUE
Nous ne manquons pas de mots pour exprimer qu’une chose nous apparaît comme impossible. Cela est incroyable incompréhensible, inconcevable, inimaginable, disons-nous, sans regarder de bien près au sens distinct que peut avoir chacune de ces expressions. Si cependant tous les cas où nous parlons ainsi impliquent en commun la croyance à une certaine impossibilité, la nature de cette impossibilité n’est pas toujours la même, et les motifs de notre opinion sont variés comme les circonstances où elle se produit. Peut-on attribuer certains cas d’inconcevabilité au contradictoire ? En d’autres termes, peut-on ramener certaines affirmations qui nous répugnent à celle que A serait non-A ? A quelle condition cela sera-t-il possible, au moins dans certaine mesure ? Et enfin notre connaissance des choses pourra-t-elle en tirer un profit spécial ? Telles sont les questions auxquelles nous voudrions essayer de répondre.
Nous croyons que, pour étudier le rôle du contradictoire, il n’y a pas lieu de séparer en deux catégories distinctes les cas d’inconcevabilité, mais seulement de mesurer, en présence des mêmes propositions, le degré d’objectivité ou de subjectivité qu’on laisse aux termes, dans la signification qu’on leur attribue.
Essayons de nous faire comprendre.
Et d’abord évitons tout malentendu sur le sens de ces termes : objectif et subjectif, qui reviendront quelquefois sous notre plume. Nous ne concevons pas que l’esprit puisse sortir de lui-même : il ne connaît des choses que les états qu’elles suscitent en lui, que ses sensations, les idées qu’il acquiert ou qu’il peut se former, en vertu de sa nature, sur les données de la conscience et des sens. Ce domaine exclusif de sensations et d’idées est le seul où il ait accès. Sans doute, nous sommes ainsi faits que nous projetons au dehors le contenu de toute pensée. Un jugement que nous énonçons est toujours accompagné dans notre esprit d’un doute ou d’une croyance qui, à coup sûr, veut viser au delà du fait de conscience. Cela est si vrai, qu’il a fallu à l’homme un degré de culture fort avancé, il a fallu des siècles de méditation pour suggérer la distinction du sujet et de l’objet dans l’acte de pensée le plus simple. Mais où aboutit l’esprit dans cet effort instinctif de sortir de lu même ? Lorsqu’il veut envisager, dans tout phénomène, en dehors de l’impression même qu’il reçoit, quelque chose qu’il lui oppose, à quoi parvient-il, sinon, à former une idée encore ? Retenu en lui-même par une barrière infranchissable, même au degré le plus élevé de l’objectivation apparente, l’esprit ne saurait trouver d’autre matière à ses idées que celle qu’il se forme lui-même par son fonctionnement naturel. Notre connaissance est donc, dans ce sens, essentiellement subjective,) et la signification que nous donnerons à un terme quelconque ne peut s’énoncer, en dernière analyse, qu’en éléments empruntés au domaine des sensations et des idées.
Mais ne nous accordera-t-on pas, en retour, que l’esprit, placé en face de ce domaine, peut jouer un rôle plus ou moins actif dans la formation de ses idées, et que, suivant que sa part dans cette élaboration est plus ou moins faible, l’idée se présente avec un aspect plus ou moins nécessaire, ou, si l’on veut, plus ou moins réel, c’est-à-dire plus ou moins semblable à ce qu’offre tout naturellement l’expérience ou l’intuition, à ce qui est emprunté de toutes pièces à la série des sensations et des images qui défilent devant la conscience ? N’accordera-t-on pas que, suivant le rôle plus ou moins créateur, personnel, de l’intelligence, se dédoublant pour assister à ce défilé, le langage pourra désigner des choses s’offrant d’elles-mêmes ou des concepts plus ou moins artificiellement construits ?
Certes, si nous portions notre attention sur le sens ordinaire de certains mots, il nous serait aisé d’éclairer notre distinction par quelques exemples. Que l’on compare entre eux les mots bleu, rouge , ce pap

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