Kulturkritik et philosophie thérapeutique chez le jeune Nietzsche
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Description

Dans la Grèce ancienne, on considérait la philosophie comme un remède aux maux de l'âme, comme une thérapeutique permettant à l'individu d'atteindre l'indépendance et la tranquillité d'esprit par la connaissance de soi. Il n'est pas étonnant de retrouver des échos de cette pensée sous la plume du jeune philologue Friedrich Nietzsche. Dans ses premiers écrits, Nietzsche, alors professeur à l'Université de Bâle, donne à cette préoccupation thérapeutique la forme de la Kulturkritik : le philosophe est un médecin qui lutte contre la maladie de la civilisation, en s'en prenant à la fois aux causes et aux manifestations du mal. Cette entreprise l'amène à critiquer les postures caractéristiques du moderne : l'optimisme théorique, l'esprit scientifique, le relativisme historique, l'esthétique de l'imitation, la dignité accordée au travail.
Martine Béland retrace les formes de la Kulturkritik en la rattachant au projet philosophique de Nietzsche d'entre 1869 et 1976. une époque essentielle pour comprendre la genèse de la pensée nietzschéenne.
Martine Béland est titulaire d'un doctorat en philosophie (EHESS, Paris). Elle est professeur au Département de philosophie du Collège Édouard-Montpetit (Longueuil) et chercheur associé au Centre canadien d'études allemandes et européennes (Université de Montréal).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 septembre 2012
Nombre de lectures 2
EAN13 9782760631021
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

kulturkritik et philosophie thérapeutique chez le jeune nietzsche
Pensée allemande et européenne
collection fondée par Guy Rocher
dirigée par Philippe Despoix et Augustin Simard

Universels quant à leurs préoccupations critiques, les ouvrages publiés dans cette collection pluridisciplinaire sont indissociables de l’univers intellectuel germanique et centre-européen, soit parce qu’ils proviennent de traditions de pensée qui y sont spécifiques, soit parce qu’ils y ont connu une postérité importante. En plus des traductions d’auteurs aujourd’hui classiques (tels Simmel, Weber ou Kracauer), la collection accueille des monographies ou des ouvrages collectifs qui éclairent sous un angle novateur des thèmes propres à cette constellation intellectuelle.
Martine Béland
Kulturkritik et philosophie thérapeutique chez le jeune Nietzsche
Les Presses de l’Université de Montréal
La collection Pensée allemande et européenne est parrainée par le Centre canadien d’études allemandes et européennes (CCEAE, Université de Montréal), publie des ouvrages évalués par les pairs et reçoit l’appui du Deutscher Akademischer Austausch Dienst (DAAD).
http://www.cceae.umontreal.ca/La-collection-du-CCEAE


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Béland, Martine, 1977-
Kulturkritik et philosophie thérapeutique chez le jeune Nietzsche
(Pensée allemande et européenne)
Comprend des réf. bibliogr.
ISBN 978-2-7606-2289-0
1. Nietzsche, Friedrich Wilhelm, 1844-1900. 2. Philosophie et civilisation.
3. Philosophie - Pratique. 4. Criticisme. 5. Counseling philosophique. I. Titre.
B3318.C54B44 2012 193 C2012-941057-8

Dépôt légal : 3 e trimestre 2012
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2012

ISBN (papier) 978-2-7606-2289-0
ISBN (epub) 978-2-7606-3102-1
ISBN (pdf) 978-2-7606-3101-4

Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition.
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération canadienne des sciences humaines, de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

Version ePub réalisée par: www.Amomis.com
avant-propos
La conception de la philosophie comme médecine possède une longue histoire. Les écoles hellénistiques — en premier lieu, l’épicurisme et le stoïcisme — considéraient la philosophie comme un remède aux maux de l’âme, comme une thérapeutique permettant à l’individu d’atteindre l’autarcie et l’ataraxie, c’est-à-dire l’indépendance et la tranquillité d’esprit chères à Épicure et à Plutarque, par la connaissance de soi. Il n’est pas étonnant de retrouver des échos de ces écoles grecques sous la plume du philologue qu’était Friedrich Nietzsche.
Dans ses premiers écrits, Nietzsche donne à cette préoccupation thérapeutique la forme de la Kulturkritik : le philosophe est un médecin qui lutte contre la maladie de la civilisation ( Kultur ), en s’en prenant à la fois aux causes et aux manifestations du mal. Cette entreprise l’amène à critiquer les postures caractéristiques du moderne : l’optimisme théorique, l’esprit scientifique, le relativisme historique, l’esthétique de l’imitation, la dignité accordée au travail, etc. Ces maux qu’il diagnostique renvoient à des problèmes d’ordre moral — illusions (quant à la nature des phénomènes esthétiques) et mensonges (sur les fondements de l’État), fausses opinions (véhiculées par le journalisme sous toutes ses formes) et gonflement de l’orgueil (expression d’une nation ayant vaincu la France par les armes). En tant que tels, ils trouveront leur antidote dans une perspective philosophique fondamentalement différente de celle qui anime ce que Nietzsche appelle la civilisation « théorique » ou « alexandrine ». La Kulturkritik se donne donc pour tâche d’assainir la civilisation contemporaine (l’Allemagne de Bismarck), en modifiant la perspective philosophique sur laquelle elle repose. Il s’agit alors pour le philosophe de préciser les limites que doit respecter le savoir scientifique, d’affermir les fondements d’une nouvelle esthétique et de fonder, sur ces bases, des orientations pédagogiques respectueuses d’une hiérarchie que Nietzsche considère comme naturelle.
Ces tâches, encore une fois, ramènent Nietzsche aux Grecs. En tant que thérapeutique, la philosophie est d’abord une praxis . Plutôt que d’avoir son but en elle-même, la recherche philosophique doit déboucher sur une pratique, comme l’exprime déjà la Lettre à Ménécée d’Épicure : il faut faire des principes philosophiques l’objet d’une réflexion pratique. La philosophie a un effet direct sur l’individu, puisqu’elle est un exercice constant qui invite à l’adoption d’un certain mode de vie. Cet exercice prend d’ailleurs la forme, chez le jeune Nietzsche, d’une interrogation incessante sur la nature de la philosophie. Mais davantage encore, la question qui l’intéresse est : « Qu’est-ce qu’un philosophe ? » Dans sa volonté de « devenir philosophe », Nietzsche suit les préceptes d’Épicure qui invite son lecteur à s’exercer à devenir sage nuit et jour, en réfléchissant dans l’intimité d’une pensée solitaire et de discussions avec ses amis.
Cette démarche pour vivre en philosophe entraîne très tôt chez Nietzsche un conflit entre sa vocation et son métier de philologue et de professeur. La philosophie, en effet, commande une indépendance, une autonomie et un déracinement qui vont à l’encontre des attaches que suppose un métier. La pratique philosophique que Nietzsche développe à Bâle, pendant ses années de professorat, et qui se réclame autant des anciens Grecs que de Schopenhauer, aboutit ainsi à interroger la professionnalisation de la philosophie et le découpage disciplinaire dont elle répond encore aujourd’hui. Mais s’il s’agit pour Nietzsche de devenir philosophe plutôt que de faire carrière, sa réflexion entraîne aussi des questions sur l’orientation de la pratique philosophique comme telle. En ce sens, la deuxième Considération inactuelle souligne que plutôt que de savoir, il faut savoir agir . La troisième Inactuelle invite le penseur à donner un exemple par sa vie plus que par ses livres. Et la maxime que Nietzsche emprunte à Pindare, et qu’il répète depuis ses tout premiers travaux philologiques jusqu’à Ecce homo , commande au lecteur : « Sois tel que tu as appris à te connaître. »
Pour le jeune Nietzsche, la philosophie va finalement plus loin que la Kulturkritik . Elle doit certes contribuer à purger la civilisation, mais elle est aussi essentiellement une discipline constante pour se connaître soi-même et se former. En ce sens, les textes philosophiques de l’Antiquité et de la modernité, que Nietzsche examine, témoignent des réponses qu’il est possible d’apporter aux questions existentielles qui préoccupent le penseur : dans ses écrits, un philosophe donne un exemple de vie qu’il faut tester, évaluer et peut-être même réactualiser. L’activité critique du philosophe médecin de la civilisation fonde ainsi un mode de vie que Nietzsche a défini, qu’il a exercé, et qu’il a enfin abandonné. C’est ce projet et cette définition de la philosophie que cet ouvrage retrace.
remerciements
Je tiens à remercier avant tout le Centre canadien d’études allemandes et européennes de l’Université de Montréal pour l’environnement vif et stimulant qu’il offre aux chercheurs qui s’intéressent à la pensée allemande, ainsi que pour son appui lors des recherches ayant mené à la préparation de ce livre. Je souhaite aussi remercier monsieur Jean Grondin et le Département de philosophie de l’Université de Montréal pour leur accueil lors de mon stage postdoctoral, pendant lequel j’ai pu travailler à la rédaction du manuscrit. Des remerciements particuliers sont offerts à messieurs Philippe Despoix, Pierre Manent et Jean-François Mattéi, qui m’ont donné de précieux commentaires sur différentes versions du manuscrit et, surtout, qui m’ont encouragée à le préparer en vue d’une publication. Enfin, je remercie vivement mon institution, le Collège Édouard-Montpetit, qui appuie la recherche chez ses professeurs.
note sur les citations
Dans la mesure du possible, on renvoie à l’édition critique des écrits de Nietzsche, établie par Giorgio Colli et Mazzino Montinari. On cite la traduction française lorsqu’elle existe, et dans les cas où les textes utilisés n’ont pas été publiés en français, on traduit à partir de l’original allemand. À moins d’indication contraire en note, le texte qui apparaît en italiques dans les citations est souligné par Nietzsche.
Les références aux fragments posthumes renvoient aux volumes de l’édition Colli et Montinari chez Gallimard ( fp1, fp 2 ou fp 3). Pour l’édition allemande, lorsqu’il y a lieu de la citer, on indique le numéro du volume ( ksa , vol. 7, Nachlaß 1869-1874 , ou vol. 8, Nachlaß 1875-1879 ).
Les données biographiques sur les contemporains de Nietzsche, qui apparaissent au fil de cette étude, proviennent en partie du travail publié par Hauke Reich, Nietzsche-Zeitgenossenlexikon (2004), mais aussi de la bibliographie établie par R. F. Krummel (1998) et de données recueillies dans des dictionnaires, des biographies et des index. À moins d’indication contraire, toutes les références au livre de Krummel, Nietzsche und der deutsche Geist , renvoient à la deuxième édition revue et augmentée (1998). Les quelques références à la première édition (1974) sont identifiées par la lettre « B ».
Dans le but d’alléger les notes de bas de page, les références complètes aux ouvrages cités apparaissent seulement dans la bibliographie. Les citations tirées d’ouvr

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