L horreur du vide
139 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'horreur du vide , livre ebook

-

139 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

La Nuit du Siècle est la sensation croissante que mon destin, malgré tous mes efforts, ne peut plus s'unir à celui des autres. Que se passerait-il si au lieu de me chercher moi-même, de me réfugier dans la nostalgie ou de continuer à espérer que triomphe la Lumière, je me décidais à traverser le vide. Que se produirait-il si précisément parce que je veux vivre, j'éprouvais de l'horreur pour l'horreur du vide ? Ce livre se veut être un plan pour cette traversée de la Nuit du Siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 41
EAN13 9782296691315
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’horreur du vide

La traversée de la Nuit du Siècle
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10894-3
EAN : 9782296108943

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Santiago López Petit


L’horreur du vide

La traversée de la Nuit du Siècle


Traduction d’Erik Bordeleau révisée par l’auteur


L’Harmattan
Ouvrages de Santiago López Petit

Crítica de la Izquierda Autoritaria en Catalunya 1967-1974. Editorial Ruedo Ibérico, Paris, 1975. En collaboration avec José Antonio Diaz.
Entre el Ser y el Poder. Una apuesta por el querer vivir. Ed. Siglo XXI, Madrid, 1994
Horror Vacui. La travesia de la Noche de ! Siglo. Ed. Siglo XXI, Madrid, 1996
El Estado-guerra. Ed. Hiru, Hondarribia, 2003
El infinito y la nada. El querer vivir como desajio. Ed. Bellaterra, Barcelona, 2003
Lo Stato guerra. Terrorismo internazionale e fascismo postmoderno. Le Nubi, Roma, 2003
Amar y pensar. El odio del querer vivir. Ed. Bellaterra, Barcelona, 2005
Amare e pensare. L’odio del voler vivere. Le Nubi, Roma, 2007
La movilización global. Breve tratado para atacar la realidad. Traficantes de sueños. Madrid 2009
La traversée de la Nuit du Siècle
Horreur du vide que la nuit de cette fin de siècle ouvre devant nous. Horreur devant les certitudes élevées pour empêcher ou à tout le moins ralentir la traversée. Mais surtout, horreur devant le vide des illusions et des nouvelles sécurités édifiées afin d’habiter plus confortablement ce même vide. Horreur devant l’horreur du vide. Pour toutes ces raisons, ce texte se veut être un Manifeste pour traverser et approfondir la Nuit du Siècle. Écrit de manière fragmentaire, sans limites préfixées pour le circonscrire, mélangeant les genres littéraires, pourquoi alors s’engager à le qualifier de manifeste ? Un Manifeste, c’est avant tout un écrit qui révèle ce qui n’est pas évident et qui le fait dans la foulée d’un projet.
Étymologiquement, dans le mot latin manifestus , on retrouve manus, qui signifie « main », et fendere, qui provient de l’ancien verbe indo-européen fendo , qui signifiait « frapper ». En ce sens, tout manifeste ne serait-il pas un manifester, comme un « coup de main », – une attaque ? Horror vacui voudrait être une attaque contre les justifications et les renoncements, pour qu’à la fin puisse émerger une complicité. Chaque fois que quelqu’un lit ce texte avec avidité, ou au contraire le jette furieusement à la poubelle, surgit un nous. Si quelqu’un l’abandonne ou l’oublie sur une table où la poussière le recouvrira petit à petit, cela veut dire que ce nous vacille parce que le livre en tant que tel aura avorté. Ce livre n’aspire pas à être une digne expression de son époque ni à annoncer la naissance d’un nouveau mouvement social. Il n’affirme pas non plus que la traversée doive nous conduire hors de la nuit. En fait, il dit justement le contraire. Il n’annonce absolument pas la venue d’un temps nouveau. Ce que la radicalité théorique demande et annonce par contre, ce sont de nouveaux lecteurs. Telle est la petite prétention qui vit à travers ces lignes. Il faut des lecteurs qui sachent beaucoup mieux évaluer le nihilisme à l’aune du vouloir vivre, des lecteurs qui fassent sauter les limites de l’horreur au vide, des lecteurs enfin qui en finissent avec les peurs qui paralysent l’avancée de cette réflexion. Parce que de nos jours, en l’absence de mouvement sociaux, penser se fait nécessairement en son nom propre et cela est doublement dangereux, bien qu’en des sens différents. D’un côté, puisqu’il n’existe pas d’idéologie collective où s’abriter, il faut s’impliquer directement. De l’autre, parce qu’en s’enfonçant dans cette implication, on s’éloigne toujours plus de la réalité sociale et collective. Les questions habituelles : « qui est l’auteur ? », « qu’est-ce qu’il veut ? », etc., sont sans intérêt et ne servent à rien, sinon à prouver l’existence de la nécessité de contrôler le texte. Laissons-les donc de côté. Ce qui importe, c’est d’envisager comment la relation avec ces lecteurs génère déjà un lieu d’énonciation collective, qui s’est mis en marche dans sa problématique propre à mesure que s’explicitait la pensée de l’unilatéralité. Certains accepteront cette pensée et la critique politique qu’elle comporte, quand bien même ils souligneront peut-être que la complicité recherchée se trouve de fait limitée par les difficultés propres au texte. Face à cette affirmation, différents horizons de réponse se profilent. Faire marche arrière et revenir au vieux langage commun de la Révolution, que nous connaissons tous, serait une première réponse envisageable ; dans ce cas-là, rien ne s’est produit et il n’y a pas de Nuit à traverser non plus. Une autre réponse consisterait à proposer un saut encore plus en arrière, bien que cette fois-ci il ne s’effectuerait pas dans le passé sinon dans le discours. Ce serait un saut dans le pré-discursif : retour à la pratique immédiate, à l’appui de telle ou telle lutte, à tel ou tel mouvement. Ainsi, la pensée critique sauverait la complicité comme quelque chose d’accessible à tous, au milieu d’innombrables théories coexistantes, incommensurables entre elles puisqu’elles correspondraient au fond à des conceptions du monde distinctes. Chacune de ces réponses refuse la crise au lieu de la traverser et pour cette raison, elles ne sont guère plus que des expressions de cette horreur du vide que précisément nous cherchons à combattre. Il faut donc se mettre à la recherche d’une autre voie de réponse et telle est l’intention de cet ouvrage. Assumer l’abîme qui existe entre ce que l’on dit et ce que nous sommes vraiment capables de vivre ; défendre la complicité qui surgit de l’expérimentation et dans l’expérimentation d’un autre mode de penser/vivre. En définitive, si la réalité qui nous a touchés est délirante, n’ayons pas peur des paradoxes et des contradictions. N’ayons peur que de la peur d’expérimenter les voies de désoccupation de l’ordre.
La Nuit du Siècle
« De oca en oca tiro porque me toca {1} » Le jeu serpents et échelles consiste à arriver à une fin – où se trouve la rédemption – le plus rapidement possible. Pour ce faire, les participante au jeu tirent chaque fois deux dés et avancent en les additionnant. Cependant, dépendamment des cases sur lesquelles ils arrivent, ils peuvent être pénalisés (revenir au début, etc.) ou récompensés (avancer jusqu’à…, etc.). L’intérêt de ce jeu se retrouve dans sa formule même : « De oca en oca y… ». Dans cette phrase, on découvre que le hasard ne se révèle pas en une seule fois : étape par étape, il se déroule à l’intérieur de la nécessité marquée par les cases. Et malgré tout, malgré le conservatisme avec lequel le hasard se trouve ainsi administré, le jeu réussit à nous emporter. Ses règles acceptées – parce qu’en définitive, nous sommes condamnés à vivre – le jeu nous mobilise ainsi que nos espérances, dans un mouvement qui nous porte au-delà de toute décision autre que celle d’y jouer. Il n’existe plus d’autres alternatives une fois les dés tirés. Ceci étant dit, on peut penser que ce jeu devient paroxystique, que le avancer/reculer joué indéfiniment multiplie le mouvement qui nous emporte au-delà y compris de la décision initiale, et, de ce fait, par-delà la fin même du jeu. Que le jeu se termine sans jamais pourtant arriver à sa fin, et qu’il ne peut commencer puisque qu’en réalité il est commencé depuis toujours. Que le jeu « Serpents et échelles », ou encore, le jeu de la vie, se déploie en somme comme une fuite en avant. Peut-être bien que cette fin de siècle est en fin de compte un jeu de serpents et échelles qui s’est emballé. Une fuite en avant, un chemin qui se dirige vers le vide parce que les alternatives se sont déjà toutes consumées. En 1922, se référant à un roman de Dostoïevski, Lukács écrivit que les intellectuels russes de l’époque, dans la mesure où ils cherchaient sincèrement un sens à leur vie, n’avaient d’autre cho

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents