La Monadologie
140 pages
Français

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Description

Leibnitz nous apprend (Erdm. 701) que, de la philosophie des formes substantielles, qu’il avait d’abord adoptée, sous l’influence des anciens et des scolastiques, il avait passé, avec les modernes, au mécanisme et au culte des mathématiques, mais que, quand il chercha les dernières raisons du mécanisme et des lois mêmes du mouvement, il fut tout surpris de voir qu’il était impossible de les trouver dans les seules mathématiques, et qu’il fallait retourner à la métaphysique.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 7
EAN13 9782346059430
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Gottfried Wilhelm Leibniz
La Monadologie
AVANT-PROPOS
La Monadologie, n’a encore été publiée qu’une fois d’après les manuscrits. Cette publication a été faite par Erdmann, dans son édition des œuvres philosophiques, 1840. Les fautes évidentes que contient le texte de Erdmann 1 nous ont décidé à aller consulter les documents originaux ; et toute facilité nous a été donnée à cet égard par la gracieuse obligeance de M. Bodemann, conservateur de la bibliothèque royale de Hanovre.
Les manuscrits de la Monadologie sont au nombre de trois : 1° un brouillon écrit de la main de Leibnitz ; 2° et 3°, deux copies, de mains étrangères, revues et corrigées par Leibnitz, dont l’une, beaucoup plus chargée de corrections et d’additions, est évidemment plus ancienne que l’autre. Ces copies, peut-être faites sous la dictée, émanent de personnes peu familiarisées avec la langue française 2 , et même peu lettrées, comme le montrent les fautes que Leibnitz a dû corriger 3 . De plus, Leibnitz lui-même y a laissé quelques fautes qui ne se trouvent pas dans son propre brouillon 4 . Ces remarques suffisent déjà pour montrer qu’on ne doit pas s’en tenir, pour l’établissement du texte, à la seconde copie, ainsi que paraît avoir fait Erdmann. Mais il y a plus. Si l’on examine attentivement le brouillon autographe et les deux copies, on trouve que le rapport en est moins simple qu’il ne semblait au premier abord. Certaines corrections faites sur le brouillon autographe ne se retrouvent sur la copie A que faites de la main même de Leibnitz 5 , et l’analogue a lieu pour les copies A et B. Et même la copie A, bien qu’évidemment antérieure à la copie B, contient, écrites de la main de Leibnitz, certaines additions qui ne se retrouvent pas du tout dans la copie B. Tels sont les renvois à la Théodicée, et même une phrase terminant le § 42. De eet état de choses il paraît résulter que Leibnitz a revu et corrigé son brouillon, même après la confection de la première copie, et qu’il a revu la première copie, même après la confection et la correction de la seconde. Il y a donc lieu de tenir compte à la fois des trois manuscrits. Erdmann a eu raison de transcrire les renvois à la Théodicée qui ne se trouvent que dans la première copie : nous avons pensé qu’il fallait également admettre dans le texte la dernière phrase du § 42, qui, absente de la seconde copie, figure comme addition dans la première. D’une manière générale, nous avons, tout en prenant pour base la copie qui apparaît avec évidence comme le plus récent des trois manuscrits, rectifié à l’occasion cette copie elle-même à l’aide des notes autographes que contiennent les manuscrits antérieurs.
Nous avons respecté, non pas l’orthographe, qui n’a évidemment aucune importance, mais là ponctuation de Leibnitz dont les particularités, à vrai dire, tiennent principalement aux habitudes allemandes. Nous avons même maintenu le plus souvent les majuscules du manuscrit, à la suppression desquelles Leibnitz ne consentait pas volontiers, comme en font foi ses corrections sur les copies. Et, de fait, ces majuscules ne sont pas simplement, comme dans l’écriture allemande ordinaire, la marque d’un substantif : elles indiquent visiblement dans la pensée de l’auteur un mot important. C’est ainsi qu’il écrit : Monade, Perception, Appétition, tandis qu’il ne met pas de majuscules aux substantifs de la langue commune.
Nous nous proposons, dans ce travail, non seulement de donner le texte exact de la Monadologie, mais encore d’en faciliter l’intelligence. Or la Monadologie étant le résumé de la philosophie entière de Leibnitz, nous avons pensé qu’à des notes explicatives et à des textes pris dans les autres ouvrages de Leibnitz, il était bon de joindre une exposition du système considéré dans son ensemble.
Sur un point très important de ce système, les principes de la mécanique leibnitienne comparés à ceux de la mécanique cartésienne, M. Henri Poincaré, ingénieur des mines, professeur de physique mathématique à la faculté des sciences de Paris, a bien voulu rédiger une note que l’on trouvera à la fin du volume.
1 Ex., § 14, « ce qui a confirmé les esprits mal touchés dans l’opinion de la mortalité des âmes. » On verra que Leibnitz a écrit : tournés. Et encore, § 61, « une âme... ne saurait développer tout d’un coup ses règles . » On verra que Leibnitz a écrit : « ...ne saurait développer tout d’un coup tous ses replis . »
2 Au § 20 les deux copistes écrivent : « Nous nous souvenons de rien », tandis que Leibnitz avait écrit : « Nous ne nous souvenons de rien ».
3 Notamment dans les citations grecques.
4 Au § 25, la seconde copie porte : « ce qui passe dans l’âme » au lieu de : « ce qui se passe dans l’âme », qu’on lit dans le brouillon et même dans la première copie.
5 Ex. aux § 3 et 8.
NOTICE SUR LA VIE ET LA PHILOSOPHIE DE LEIBNITZ
VIE DE LEIBNITZ 1
Gottfried Wilhelm Leibnitz (altération méridionale de Leubnùtz) 2 était d’une famille d’origine slave. Mais ses ancêtres, Jusqu’à son bisaïeul au moins, avaient résidé en Allemagne, où ils avaient exercé des fonctions publiques. Il naquit à Leipzig le 1 er juillet 1646, et mourut à Hanovre, à l’âge de soixante-dix ans, le 14 novembre 1716.
Sa vie, extrêmement remplie et consacrée d’un bout à l’autre aux travaux les plus divers, se prête mal à une division en périodes. Toutefois, pour la netteté de l’exposition, on peut jusqu’à un certain point distinguer : 1° la période des études et des premiers travaux, s’étendant jusqu’en 1672 ; 2° la période des voyages, s’étendant de 1672 à 1876, époque où il devint bibliothécaire à Hanovre ; 3° la période des résultats, pendant laquelle le « philosophe de Hanovre » accomplit, dans les divers domaines où se déploie son activité, les œuvres qui ont manifesté en lui l’un des hommes les plus profonds comme les plus universels de tous les temps.
Nous allons exposer les principaux faits de ces trois périodes, en insistant surtout sur l’histoire de l’esprit de Leibnitz au point de vue philosophique.
PREMIÈRE PÉRIODE
ÉTUDES ET PREMIERS TRAVAUX
(1646-1672)
 
Leibnitz commença par étudier dans les livres choisis et variés que lui avait laissés son père, jurisconsulte et professeur de morale à l’université de Leipzig. Sa curiosité et son plaisir étaient à peu près ses seuls guides. Ayant appris le latin et le grec dès l’âge le plus tendre. et comme en se jouant, il lut d’abord les anciens, Virgile, Platon, Aristote, et s’imprégna de leur pensée comme de leur style : utque in sole ambulantes etiam aliud agenda colorantur, tincturam quamdam non dictionis tantum, sed et sententiarum contraxerat (In specim. Pac., Erdm. 91). Dans les pensées il rechercha la virilité et la grandeur, dans le style l’exacte conformité à la pensée. Il adopta la règle suivante : guærere semper in verbis exterisque animisignis claritatem, in rébus usum. (Ibid.)
Il s’assimila de bonne heure la philosophie et la théologie scolastiques ; et il trouva, lui, si grand admirateur des anciens, qu’il y avait « de l’or caché dans ce fumier scolastique de barbarie », que les modernes dédaignent de fouiller, aurum latere ira stercore illo scholastico barbariei (Erdm., 704 b).
Ce ne fut qu’à partir de l’Age de quinze ans qu’il lut les modernes, Bacon, Cardan et Campanella, Keppler, Galilée, Descartes, et cela avec la même curiosité enthousiaste.
Mais le hasard qui semblait la seule loi de ses lectures ne régnait pas sur son intelligence. Entre les innombrables idées qui s’offraient en quelque sorte à son adhésion, il s’occupait déjà de choisir ; et la vigueur de son esprit croissait avec son érudition. « Je me souviens, écrit-il en 1714 à

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