La Morale dans le drame, l épopée et le roman
111 pages
Français

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La Morale dans le drame, l'épopée et le roman , livre ebook

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Description

Émotions conservatrices. — Emotions sympathiques : l’amour et les sentiments tendres ; l’amour fraternel (conte égyptien des Deux frères) ; l’amitié (Nisus et Euryale) ; la pitié ; la sympathie. Nature mixte de la sympathie (la prière de Priam ; le fabliau de la Houce partie). — Extension de la sympathie humaine avec la croissance des sociétés (la Chanson de Roland comparée à l’Iliade). — Émotions intellectuelles ; idée de justice La composition pécuniaire (la Saga de Nial) ; le talion, forme primitive de la pénalité.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346081356
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Lucien Arréat
La Morale dans le drame, l'épopée et le roman
PRÉFACE
L’homme est un être moral, parce qu’il est un animal social. Cette vérité n’est pas nouvelle. L’existence de la plus infime tribu exige une action commune, par conséquent un ensemble de commandements et de défenses. Les mêmes besoins ont fait naître la société avec la moralité.
L’histoire des mœurs est inscrite dans les codes, dans les monuments des relations religieuses, juridiques et économiques. Elle est inscrite aussi dans les œuvres littéraires, qui sont une source d’information considérable. L’économie et le droit représentent certaines formes de notre adaptation au milieu politique, et, par le moyen de la société, au milieu physique. Le drame reproduit plutôt la vie qui est sous ces formes : les actions dramatiques imaginées par les poètes sont des expériences fictives, si je peux dire, qui répètent, en les interprétant, celles de la vie réelle.
Les systèmes de morale sont également des interprétations. Mais les idées qui sont à l’école matière spéculative, elles sont vécues dans le roman et au théâtre. Le drame participe à la fois de la vie du monde et de la philosophie. Ses créations semblent donc propres entre toutes à éclairer la critique des systèmes édifiés par les philosophes, en même temps qu’à illustrer la formation et le développement de la moralité même.
Sur cette remarque se fonde cet ouvrage.
Si nous avions à rechercher de plus près quelle relation existe entre la morale des philosophes et celle de la vie, entre la morale construite et la morale pratiquée, nous dirions que le héros d’une philosophie est une abstraction qui ne se trouve que dans les livres, que l’individu agissant, et de chair et d’os, ne personnifie jamais aucune doctrine ou y échappe toujours par quelque endroit. Ni le stoïque pur, ni le chrétien pur, ni le pur kantien, ni le froid utilitaire, n’existent véritablement. Ils sont des exemplaires fabriqués ou proposés par nos théories, non des figures prises au milieu de nous. Nulle discipline idéale ne prend l’homme tout entier.
Le personnage du drame n’est pas non plus ce héros abstrait ; mais il y confine, en même temps que l’individu agissant et réel demeure son modèle. Le poète, si inconscient ou indifférent qu’il soit, taille ses personnages en un relief voulu et choisit les circonstances qui lui permettront de les dessiner d’un trait précis. Il emprunte à l’histoire ou à la légende telles aventures qui ont remué le monde ou ému l’imagination des hommes, ou bien il invente une action qu’il jettera sur le canevas de la vie vulgaire. Dans tous les cas, il dispose les faits à dessein de faire ressortir un caractère qui l’intéresse ou une solution qui satisfait son jugement. Lui-même il est de son temps, il est imbu des opinions qui le gouvernent, et il prête donc un certain sens aux données qu’il met en œuvre. En créant, il institue une véritable expérience morale, et il a permission d’en conclure comme il lui plaît. Il suffit que l’action soit bien conduite, l’expérience bien faite. L’admiration des âges en décide ; elle reste acquise à des ouvrages et à des littératures dont le génie est grandement différent.
Le dramaturge, le romancier travaillent en définitive sur une masse d’observations positives. Il leur faut créer des figures vivantes, du possible. Leur observation personnelle de la nature humaine intervient sans cesse pour contrôler et quelquefois contredire leur propre doctrine ou leur sensibilité morale. Puis ils ont affaire au public, lequel les juge avec son sens commun, qui est aussi le produit d’expériences communes. Toutes les lois de leur art les ramènent forcément aux conditions de la vie.
Telles sont les considérations que je soumis jadis à M. Littré en lui offrant ce travail, dont j’abandonnais la fortune à sa haute décision. Elles lui parurent justifier l’emploi qui est fait ici des analyses du drame, un riche tribut trop négligé jusqu’alors des moralistes. Mais je dois, à ce propos même, une explication à mes lecteurs.
Le sous-titre que portait cette étude, Critique des idées de la morale par le moyen de l’épopée, du théâtre et du roman, quand elle parut dans La Philosophie positive, en indiquait nettement le dessein. La première édition en volume, publiée sous le titre nouveau que garde l’ouvrage, n’y apportait aucun changement au fond. Mais je crus devoir, dans la seconde, élargir mon texte et donner le pas à l’évolution de la morale sur la critique des idées, à quoi l’ordre historique eût mieux convenu que le plan que j’avais d’abord suivi. De là, un défaut de composition et un apparent désordre dans la suite des chapitres. Il eût fallu aujourd’hui, pour y remédier, refondre tout l’ouvrage, l’enrichir peut-être de nouveaux exemples et en rajeunir quelque peu l’érudition. Différents motifs me déterminent à le laisser comme il est ; toute page a sa date, qu’on ne change point. Libre au lecteur de n’y voir que des études discursives, s’il ne lui plaît pas d’accorder son attention au développement continu de l’idée maîtresse.
Un des chapitres ajoutés à la seconde édition, le chapitre septième, a été supprimé dans la présente. Il était hors-d’œuvre, et j’ai eu l’occasion d’en reprendre le sujet en d’autres écrits. Déjà, dans le Journal d’un philosophe, j’avais fait remarquer que si la moralité n’est pas la fin de l’art, elle reste du moins une des conditions du plaisir dramatique. Il me suffira de rappeler ici cette formule, qui a été accueillie avec faveur ; elle résume sans doute assez exactement les rapports toujours discutés de la littérature avec la morale.
Je m’aperçois d’ailleurs, en relisant ces pages, qu’il s’y trouvait bien des germes qui ont levé heureusement depuis. Ainsi j’avais pris dès lors une position franche entre ce qu’on appelle de nos jours le moralisme et l’ amoralisme. Il m’avait paru que les besoins sociaux, d’un côté, les tendances psychologiques, de l’autre, suffisent à expliquer l’origine et les états successifs de la moralité ; je n’avais vu, dans les plus hauts exemples de vertu morale, que le déploiement de qualités positives et connaissables. Faute de quoi, le terrain se dérobe sous nos pas et toute théorie demeure en l’air. Peut-être n’est-il pas nécessaire, pour établir solidement cette vérité, d’entasser des volumes de dialectique.
Et puis, comment ne pas sourire de la prétention des gens d’école à changer le cours du monde, et peut-être aussi le cœur de l’homme, selon qu’ils ont arrangé d’une certaine façon dans leur cervelle les événements moraux ? Qu’il nous plaise à nous, philosophes de cabinet, d’invoquer l’altruisme ou l’égoïsme, la volonté de puissance ou la sympathie, l’utilité ou le bonheur, le plaisir du risque ou l’impératif catégorique, nous n’aurons modifié pour cela ni l’individu humain ni les conditions de l’existence. Nos doctrines restent dans l’abstrait ; la vie réelle, la vie vécue ne les connaît pas. L’aspect social des phénomènes moraux ne saurait se confondre, d’autre part, avec leur aspect psychologique. Les sociétés se transforment continuellement, et une partie de la morale avec elles. Selon les temps et les lieux, l’obligation se déplace et suit les lois ; invariable est le mécanisme intérieur qui l’assure, mais l’objet du devoir change. Hormis quelques principes généraux, qu’il s’agit toutefois d’interpréter, l’action et les faits restent nos maîtres. Et c’est pourquoi les véritables révolutionnaires en morale, ce ne sont pas les théoriciens, mais les hommes d’entreprise.
Parmi ces derniers il convient sans doute de classer les grands conducteurs d’âmes ; et je ne voudrais pas que l’on forçât ma pensée. Mais il reste vrai que la principale tâche du philosophe est de comprendre les situations qu’il résume sous ces termes généraux, devoir, remords, sanctions, etc., et c’est à quoi la présente étude s’efforce de contribuer. Du point de vue où nous sommes, les œuvres littéraires valent vraiment et surtout par l

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