La Valeur de l expérience religieuse
84 pages
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La Valeur de l'expérience religieuse , livre ebook

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Description

L’expérience religieuse !... est-il possible de la définir ? Si elle est, comme les hommes religieux généralement le prétendent, une expérience sui generis, peut-on la révéler vraiment par des mots à qui ne l’a pas faite, et même pour celui qui l’a faite, y a-t-il moyen de la formuler par le discours ?Une expérience... sui generis, soit... mais enfin c’est une expérience ! Si on croit pouvoir lui donner ce nom, on a sans doute des raisons pour cela ; ces raisons, il n’est pas interdit de les rechercher ; ce ne doit pas être une tâche désespérée que d’entreprendre de fixer en quelque mesure la notion de l’expérience religieuse en étudiant ses ressemblances et ses différences avec les autres espèces du genre expérience.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346070169
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Henri Bois
La Valeur de l'expérience religieuse
PRÉFACE
L’ouvrage de W. James sur l’ Expérience religieuse 1 a été un événement aussi heureux pour le monde scientifique que pour le monde religieux. Il a enrichi la science psychologique d’une province encore presque inexplorée et où abondent véritablement les découvertes à faire, dont la lumière est destinée à rejaillir sur toute la psychologie humaine, même la plus extra-religieuse. Et il a rendu au monde religieux l’immense service de détourner l’attention de bien des penseurs religieux des problèmes purement techniques et abstraits dont la discussion trop souvent est loin de mériter la peine qu’elle donne, pour les engager et les initier à l’investigation expérimentale des réalités concrètes et vivantes.
Précisément parce que le livre de W. James est un livre suggestif et profond, il soulève quantité de problèmes. C’est ce que fait observer avec beaucoup de sens M. Boutroux dans sa préface :

« Le livre de M. James, s’il contente sur beaucoup de points notre désir de savoir et de comprendre, le tient plutôt, sur d’autres, dans un état d’éveil et d’attente. Nous savons que ce volume n’a d’autre objet propre que la description psychologique des phénomènes, et qu’à un livre futur est réservée la partie la plus spécialement philosophique et explicative. Mais, dès maintenant, l’œuvre de M. James nous invite à réfléchir sur plusieurs questions de cet ordre, qu’elle soulève. »
Et M. Boutroux indique avec une précision admirable quelques-unes de ces questions :

« Qu’est-ce au fond, par exemple, que cette expérience spéciale, dénommée expérience religieuse ? N’est-ce qu’un état purement subjectif, ou est-ce une communication effective avec quelque être différent ou distinct du sujet conscient proprement dit ? 2 ... Pour traiter ce problème de façon complète, la psychologie suffit-elle ? Il ne semble pas. La psychologie décrit ce qui se passe dans l’âme de l’homme religieux, analyse, coordonne, généralise. Mais peut-elle nous montrer l’âme en relation effective avec ce qui la dépasse ? Peut-elle, comme on dit, nous garantir la valeur objective des phénomènes qu’elle étudie, de certains de ces phénomènes, à tout le moins ? C’est là, si je ne me trompe, une question d’un grand intérêt. Je l’appellerais la question de la critique de l’expérience religieuse. De même que Locke et Kant ont institué la critique de l’expérience sensible, afin de savoir dans quelle mesure et en quel sens cette expérience atteint des réalités, n’y aurait-il pas lieu de soumettre à la critique l’expérience religieuse pour en déterminer la portée, la valeur objective et universelle ? Certes, pour l’individu qui sent, croit et vit, sa foi, son sentiment et sa vie ont une réalité indéniable. Mais sur quoi reposent ces croyances et cette vie ? Est-ce sur des vérités, ou sur des suggestions et des auto-suggestions d’origine purement psychologique ou physiologique ? Ont-elles une valeur véritable ou imaginaire ? Questions dont la solution est sans doute très délicate, car les problèmes religieux sont de nature très spéciale. » 3
Je n’ai point la prétention d’apporter ici tout achevée cette critique de l’expérience religieuse que réclame M. Boutroux. Quand même les limites où je dois me renfermer ne me l’interdiraient pas, ce ne serait pas trop pour mener à bien une tâche si complexe et si difficile de l’ingéniosité, de la souplesse et de l’originalité d’un W. James, ou de la profondeur et de la pénétration d’un Boutroux. Mon dessein est plus modeste. Je voudrais simplement essayer d’indiquer la voie sur laquelle il me parait possible de chercher et de trouver.
1 L’Expérience religieuse. Essai de psychologie descriptive, par William James. Traduit avec l’autorisation de l’auteur par Frank Abauzit, avec une préface d’Emile Boutroux. Paris, Alcan, 1906. — Croyants et savants doivent s’unir, me semble-t-il, pour dire un cordial merci à M. Abauzit, qui a bien voulu consacrer tant de soin, d’intelligence, d’habileté, à mettre à leur portée l’ouvrage américain dans une langue bien française, claire, alerte et vive, où rien de l’original ne se perd.
2 Préface de l’ouvr. cité, p. XVIII.
3 Art. de M. Boutroux dans la Revue Foi et Vie, 16 déc. 1905, p. 755.
CHAPITRE I
LA DÉFINITION DE L’EXPÉRIENCE RELIGIEUSE
L’expérience religieuse !... est-il possible de la définir ? Si elle est, comme les hommes religieux généralement le prétendent, une expérience sui generis, peut-on la révéler vraiment par des mots à qui ne l’a pas faite, et même pour celui qui l’a faite, y a-t-il moyen de la formuler par le discours ?
Une expérience... sui generis, soit... mais enfin c’est une expérience ! Si on croit pouvoir lui donner ce nom, on a sans doute des raisons pour cela ; ces raisons, il n’est pas interdit de les rechercher ; ce ne doit pas être une tâche désespérée que d’entreprendre de fixer en quelque mesure la notion de l’expérience religieuse en étudiant ses ressemblances et ses différences avec les autres espèces du genre expérience.
Tout ce qu’il y a à retenir du scrupule qui vient d’être indiqué, c’est que nous ne devrons pas attacher une importance excessive à notre définition, quelle qu’elle soit, et que nous ne devrons pas oublier que ceux-là seuls comprennent bien une définition qui possèdent par eux-mêmes l’intuition des réalités définies, comme ceux-là seuls connaissent la valeur d’un signe extérieur qui peuvent saisir derrière sa forme l’esprit dont il est représentatif. D’ailleurs, il ne peut être question en ce moment que d’une définition provisoire que tout l’ensemble de notre travail aura pour but et pour résultat de préciser, de corriger et de compléter.
 
A quelles autres expériences y a-t-il lieu de comparer l’expérience religieuse ?
Il est assez naturel de la comparer à l’ expérience scientifique, et on n’y a pas manqué. Les savants areligieux ou irreligieux protestent. Leur protestation n’a rien de très surprenant. Quelques ressemblances qu’il puisse y avoir entre expérience religieuse et expérience scientifique, on peut bien s’attendre a priori à ce qu’il y ait des différences profondes. Et il n’est pas aisé de faire admettre au savant qui d’une part ne connaît pas l’expérience religieuse... par expérience et qui, d’autre part, se trouve être possesseur d’un type d’expérience... éprouvé et universellement reconnu, l’existence de types plus ou moins différents qui doivent lui apparaître comme vagues ou contradictoires. Plus sérieuse, plus grave, est l’opposition d’un penseur sympathique aux choses religieuses comme M. Boutroux. Or à la question qu’il pose lui-même en ces termes : « L’expérience religieuse est-elle « bien l’analogue de l’expérience sensible ? » il répond en relevant les profondes et essentielles différences qui lui paraissent exister entre l’expérience religieuse et l’expérience scientifique soit au point de vue de la forme soit au point de vue de la portée.
Examinons ces différences :

« Ce qui caractérise l’expérience scientifique, c’est la possibilité constante et universelle d’une exacte répétition. Les conditions d’une expérience scientifique sont rigoureusement supputées et définies, et tout homme est en mesure de les réaliser et de vérifier par lui-même

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