La voix du sage dans une forêt de symboles
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Description

Trois sages nous transmettent leur enseignement dans les récits de Hay Ibn Yaqzân, d’Ibn Sînâ au XIe siècle, puis de l’Archange empourpré, de Suhrawardî au XIIe siècle. Le troisième fait écho à cette sagesse médiévale dans Les Feuilles du Jardin de Morya, dans l’Inde du XXe siècle. Malgré l’écart temporel qui les sépare, ils convoquent les mêmes symboles pour instruire l’âme humaine sur le chemin de la vérité. Le dédale narratif de chacun des récits des deux philosophes perses est une aventure philosophique à explorer dans son propre cheminement intérieur.
Comment les enseignements du Sage permettent-ils à l’humain d’éviter, puis de dépasser les embûches qui entravent son chemin, afin d’accéder au monde des Intelligibles ? Ces trois textes proposent un enseignement toujours d’actualité, alors que l’humain est en prise à de multiples questionnements sur la spiritualité. Afin d’évoluer sereinement dans le tourbillon planétaire et globalisé de nos vies individualisées et en perpétuel mouvement, les trois sages livrent des clefs universelles de compréhension aux randonneurs spirituels, en puissance, que nous sommes. Parviendront-ils, ainsi, à réveiller le sage angélique qui sommeille en nous ?
I-     INTRODUCTION I.1. La voix sur la voie de la sagesse Le sage est celui qui nous guide vers le bien et la non-souffrance. C’est aussi cette voix intérieure qui nous permet d’avancer et de ne pas s’égarer sur le chemin de notre propre existence. L’être humain vient au monde dans un environnement qui lui est d’abord inconnu et qu’il apprend à reconnaître au fil du temps. La vie se présente, ainsi, telle que nous l’a si bien dépeinte Charles Baudelaire : La Nature est un temple où de vivants piliersLaissent parfois sortir de confuses paroles ;L’homme y passe à travers des forêts de symbolesQui l’observent avec des regards familiers.[1] Nous sommes cet être humain parfois égaré dans le champ infini de signes que nous présente la vie. Il s’agit, alors, d’opérer le bon choix pour avancer selon nos désirs et nos convictions, tout en prenant en compte le monde extérieur qui nous entoure. Or, l’interprétation des signes peut prêter à confusion, comme le clame si justement Baudelaire. Les symboles, visibles dans son poème « Correspondances », peuplent les textes depuis la nuit des âges. Il faudrait plus d’une vie humaine pour explorer ces champs sémantiques aux sens inépuisables. Au sein d’une abondante littérature philosophique, la voix du sage résonne afin d’éclairer, au fil de ses lectures, l’aventurier spirituel sur son chemin de vie.Afin d’explorer cette thématique très vaste de la voix de la sagesse, le cadre de notre étude s’applique à deux terrains temporels où vont venir se croiser des symboles similaires : le Moyen-Âge et le XXe siècle. Ensuite, nous portons notre œil explorateur sur une aire géographique qui s’étend au-delà de notre Occident : les terres d’Orient. C’est la Perse médiévale à travers les récits philosophiques d’Ibn Sînâ[i][2] et de Suhrawardî[3], puis l’Inde spirituelle reflétée dans les aphorismes de Morya[4]. Pour compléter notre champ d’investigation, il nous faut un ancrage aux traits humains. C’est là qu’intervient la figure du sage dans les textes que nous allons présenter plus avant. Disons que le sage, au Moyen-Âge oriental apparaît sous les traits d’un ange. Il ne s’exprime qu’à travers des images symboliques, dans la mesure où il veut laisser libre le champ d’interprétation de celui qui reçoit ses messages. De la sorte, il guide l’âme humaine en quête de vérité spirituelle, afin de donner un sens profond à sa vie. Le sage suggère à celle ou celui qui veut bien le suivre, des pistes à explorer. Il ne lui donne pas des réponses en tant que telles. Via l’usage des symboles, son intention est d’éveiller le mental de l’être humain, dont l’imagination est frappée par certaines images que l’Instructeur transmet. C’est dans une forêt de symboles, aux accents baudelairiens, que prend forme l’environnement « familier » et immédiat dans lequel évolue l’homme. Les forêts abritent des arbres dont les feuilles changent de couleur, selon les saisons, puis viennent à mourir. À la saison de l’ère numérique, en ce vingt et unième siècle, les feuilles philosophiques des auteurs médiévaux sont relayées par Les feuilles du jardin de Morya, ouvrage du XXe siècle numérisé[5] pour atteindre le plus grand nombre d’aventuriers spirituels de notre temps. Ces feuilles, dont sont composés des livres de sagesse, sont de nature angélique, comme nous le verrons. Elles impliquent la croyance, de la part du lecteur, en l’existence des sages, mais aussi des anges.De fait, au Moyen-Âge, l’ange joue ce rôle de sage ainsi nommé dans les récits de nos deux philosophes perses, comme nous le verrons. Il s’agit donc de ne pas douter de son appartenance au monde réel : « Quiconque mécroit en Dieu et en ses anges (…) s’égare[6] ». Cet extrait de verset coranique nous indique que l'ange tient une place importante dans la culture islamique. Son existence est considérée comme étant réelle, ce qui – du point de vue de la gnoséologie – signifie que l’affirmation autour de son existence est vraie. Pierre Lory nous dit que : « [l'] affirmation de l'existence (...) des anges, fait partie intégrante du dogme[7]» en Islam. D’ailleurs, plus loin, l’auteur utilise le terme de « croyance » à propos des anges, terme qui, selon lui, semble être synonyme de « foi » en un fait réel et avéré. Souvenons-nous que la philosophie arabe, comme pour toute philosophie, cherche à donner accès à la vérité. Mais, de quelle vérité s'agit-il ? [1] BAUDELAIRE, Charles, « Correspondances » Les Fleurs du mal, Baudoin, Paris, p. 27.[2] AVICENNE, Le Récit de Hayy ibn Yaqzân, dans Avicenne et le Récit visionnaire, trad. Henry Corbin, Lagrasse, Verdier, 1999.[3] SOHRAVARDÎ, Le Récit de l’archange empourpré, dans Henry Corbin, L’archange empourpré, Quinze traités et récits mystiques, Fayard, 1976. [4] Feuilles du jardin de Morya (Les), L’Appel, Livre Un, 1924 [1953], trad. Association Agni yoga, Yerres, 1988.[5] Voir URL : http://fr.agni-yoga.com/telechargement.php (consulté le 13 mars 2022)[6] La citation complète est : « Ô les croyants ! Croyez en Dieu et en Son messager, au Livre qu’Il a peu à peu fait descendre sur Son messager, et au Livre qu’auparavant Il a fait descendre en bloc. Quiconque mécroit en Dieu et Ses anges et Ses Livres et Ses messagers et au Jour dernier, eh bien il s’égare loin dans l’égarement ! », dans Coran, 4, 136, trad. par Muhammad Hamidullah, 10è édition, 1981.[7] LORY, Pierre, « Les anges dans l’islam », Connaissance des religions, 2004, pp. 155-156.  

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 novembre 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782379799358
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La voix du sage dans une forêt de symboles
dans les textes d Ibn Sînâ, Suhrawardî et Morya

Aïsha Noez

Iggybook 2022
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

I- INTRODUCTION
II- DES RÉCITS AUX APHORISMES
III- LA REPRÉSENTATION DE L’ANGE DANS LES DEUX RÉCITS
IV- LA VOIX DU SAGE DANS L’APPEL DE MORYA
V- LA FORÊT DE SYMBOLES
VI- LA LIBÉRATION DE L’ÂME PAR LA SOURCE DE VIE
VII- CONCLUSION
VIII- BIBLIOGRAPHIE
IX ANNEXES
Biographie
I- INTRODUCTION
 

 
I.1. La voix sur la voie de la sagesse
 
Le sage est celui qui nous guide vers le bien et la non-souffrance. C’est aussi cette voix intérieure qui nous permet d’avancer et de ne pas s’égarer sur le chemin de notre propre existence. L’être humain vient au monde dans un environnement qui lui est d’abord inconnu et qu’il apprend à reconnaître au fil du temps. La vie se présente, ainsi, telle que nous l’a si bien dépeinte Charles Baudelaire :
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers. [1]
 
Nous sommes cet être humain parfois égaré dans le champ infini de signes que nous présente la vie. Il s’agit, alors, d’opérer le bon choix pour avancer selon nos désirs et nos convictions, tout en prenant en compte le monde extérieur qui nous entoure. Or, l’interprétation des signes peut prêter à confusion, comme le clame si justement Baudelaire. Les symboles, visibles dans son poème « Correspondances », peuplent les textes depuis la nuit des âges. Il faudrait plus d’une vie humaine pour explorer ces champs sémantiques aux sens inépuisables. Au sein d’une abondante littérature philosophique, la voix du sage résonne afin d’éclairer, au fil de ses lectures, l’aventurier spirituel sur son chemin de vie.
Afin d’explorer cette thématique très vaste de la voix de la sagesse, le cadre de notre étude s’applique à deux terrains temporels où vont venir se croiser des symboles similaires : le Moyen-Âge et le XXe siècle. Ensuite, nous portons notre œil explorateur sur une aire géographique qui s’étend au-delà de notre Occident : les terres d’Orient. C’est la Perse médiévale à travers les récits philosophiques d’Ibn Sînâ [i] [2]  et de Suhrawardî [3] , puis l’Inde spirituelle reflétée dans les aphorismes de Morya [4] . Pour compléter notre champ d’investigation, il nous faut un ancrage aux traits humains. C’est là qu’intervient la figure du sage dans les textes que nous allons présenter plus avant. Disons que le sage, au Moyen-Âge oriental apparaît sous les traits d’un ange. Il ne s’exprime qu’à travers des images symboliques, dans la mesure où il veut laisser libre le champ d’interprétation de celui qui reçoit ses messages. De la sorte, il guide l’âme humaine en quête de vérité spirituelle, afin de donner un sens profond à sa vie. Le sage suggère à celle ou celui qui veut bien le suivre, des pistes à explorer. Il ne lui donne pas des réponses en tant que telles.  Via l’usage des symboles, son intention est d’éveiller le mental de l’être humain, dont l’imagination est frappée par certaines images que l’Instructeur transmet. C’est dans une forêt de symboles, aux accents baudelairiens, que prend forme l’environnement « familier » et immédiat dans lequel évolue l’homme. Les forêts abritent des arbres dont les feuilles changent de couleur, selon les saisons, puis viennent à mourir. À la saison de l’ère numérique, en ce vingt et unième siècle, les feuilles philosophiques des auteurs médiévaux sont relayées par  Les feuilles du jardin de Morya , ouvrage du XXe siècle numérisé [5]  pour atteindre le plus grand nombre d’aventuriers spirituels de notre temps. Ces feuilles, dont sont composés des livres de sagesse, sont de nature angélique, comme nous le verrons. Elles impliquent la croyance, de la part du lecteur, en l’existence des sages, mais aussi des anges.
De fait, au Moyen-Âge, l’ange joue ce rôle de sage ainsi nommé dans les récits de nos deux philosophes perses, comme nous le verrons. Il s’agit donc de ne pas douter de son appartenance au monde réel : « Quiconque mécroit en Dieu et en ses anges (…)  s ’égare [6]  ». Cet extrait de verset coranique nous indique que l’ange tient une place importante dans la culture islamique. Son existence est considérée comme étant réelle, ce qui – du point de vue de la gnoséologie – signifie que l’affirmation autour de son existence est vraie. Pierre Lory nous dit que : « [l’] affirmation de l’existence (…) des anges, fait partie intégrante du dogme [7]  » en Islam. D’ailleurs, plus loin, l’auteur utilise le terme de « croyance » à propos des anges, terme qui, selon lui, semble être synonyme de « foi » en un fait réel et avéré. Souvenons-nous que la philosophie arabe, comme pour toute philosophie, cherche à donner accès à la vérité. Mais, de quelle vérité s’agit-il ?
En fait, le mot arabe  haqq  désigne autant la réalité que la vérité [8] . En effet, ce dernier ne désigne pas seulement la « vérité » comme on pourrait l’entendre, en relation avec la subjectivité ainsi que l’épistémè d’un sujet [9] , mais aussi la réalité. Si les anges sont admis comme étant « haqq », alors cela signifie que leur existence n’est pas seulement admise dans le mode de pensée islamique, mais qu’elle est considérée comme réelle : qu’elle possède le même coefficient de réalité qu’un fait tangible. En bref, les anges sont considérés comme vrais car on admet leur existence et ils sont réels, objectivement parlant. Donc, l’existence des anges renvoie à la réalité comme à la vérité dans la mesure où elle est perçue par l’homme. L’homme conçoit la réalité de l’existence des anges, d’une part, selon Ibn Sînâ [10] ,  via  la connaissance, et d’autre part, selon Suhrawardî,  via  l’imagination [11] . Cela peut expliquer pourquoi les philosophes arabes de la période classique ne semblent pas remettre en question l’existence même des anges. Du point de vue de la philosophie arabe, nous ne poserons pas, ici, la question d’une telle existence. Ce n’est pas là l’objet principal de cet essai. Celui-ci questionnera plutôt la place du sage (représenté par l’ange dans les récits médiévaux à l’étude) dans l’univers spirituel de notre humanité, à travers les symboles et les métaphores filées dans les textes que nous avons sélectionnés. Dans ce domaine, les philosophes arabes de la période médiévale ont offert un vaste terrain d’investigation en termes d’angélologie. Nombre d’entre eux ont analysé le rôle des anges en tant que lien entre le monde céleste et le monde terrestre, dans lequel évoluent les êtres humains. Ce questionnement philosophique sur l’angélologie peut être décrit comme « une spéculation ou une doctrine relative aux anges [12]  ». Le dictionnaire du  Grand Robert  évoque aussi cette double idée de « spéculation et de doctrine [13]  » ou encore d’étude consacrée aux anges. Nous considérerons, pour la question de l’angélologie en philosophie arabe classique, l’aspect de « doctrine » comme un ensemble de notions considérées comme « vraies » afin de « diriger l’homme dans le domaine religieux, philosophique [ou] scientifique [14]  ». L’angélologie étudie notamment le plan et la fonction des anges dans la hiérarchie divine.
Tout comme l’ange, le sage se situe à un degré plus élevé d’évolution spirituelle que l’homme attelé aux mondes des affaires humaines. Nous pourrions alors nous demander quel rôle joue le sage angélique en termes spirituels ? Comment intervient-il dans la vie de l’homme ? Bien des questions foisonnent sur ce sujet de philosophie spirituelle. Aussi allons-nous lui poser certaines limites, afin de mieux cerner la problématique spécifique du sage en tant que médiateur spirituel entre Dieu et l’homme.
 
 
 
I.2. De l’ange au sage angélique au Moyen-Âge oriental
 
Le sage angélique est bien cet ange qui, comme le sage, contacte l’humain pour lui prodiguer des conseils spirituels. Morya est un maître de sagesse, tandis que les anges des textes perses sont des sages venus des cieux divins.
Avant d’aborder le texte plus récent de Morya sur ce même sujet, voyons ce que nous proposent les deux philosophes, qui attirent notre attention pour cette étude, à savoir, Ibn Sînâ (mort en 1037) et Suhrawardî (décédé en 1191). Ces derniers ont rendu vivante la médiation spirituelle du sage angélique dans leurs récits philosophiques. Pour l’instant, nous adoptons le qualificatif neutre « philosophiques » pour les récits avicenniens et suhrawardiens car l’adjectif, attribué à ces textes, est l’objet de débats que nous aborderons plus avant [15] . Retenons surtout que cette médiation angélique permet de transmettre à l’homme une connaissance et un savoir divins. L’être humain accède alors à un fragment de vérité philosophique et spirituelle, à une nouvelle réalité à travers des voyages mis en scène, notamment, dans le  Récit de Hayy ibn Yaqzân , écrit par Ibn Sînâ aux alentours de 1023–1024, et le Récit de l’Archange empourpré [16]  de Suhrawardî, composé plus d’un siècle après. Nous n’avons pas la date précise des œuvres de Suhrawardî. Nous savons seulement qu’ils ont été écrits durant sa jeunesse [17] .
Dans leurs récits respectifs, les deux philosophes accordent une place particulière à l’ange, qui tient, avec l’homme qu’il guide, le rôle principal :
L’idée que les sphères célestes sont habitées, animées par des êtres angéliques a étayé de puissantes constructions philosophiques, celles de Fârâbî notamment, ou plus encore Avicenne. On ne peut pas non plus omettre de mentionner l’œuvre de Suhrawardî d’Alep, dont tout le système doctrinal est fondé sur une vision des processus angéliques. [18]
 
Autant pour Ibn Sînâ que pour Suhrawardî, les cieux sont « habités » par les anges. L’un d’eux, dans le  Récit de Hayy ibn Yaqzân , apparaît bien comme médiateur spirituel entre Dieu et l’homme. Cette thématique de l’inter

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