Le jeu de la vie
136 pages
Français

Le jeu de la vie , livre ebook

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Description

Vie et jeu. Cela pour dire à peu près que vivre, c'est jouer, et que jouer, c'est vivre. Reste en suspens la question de savoir s'il y a un joueur qui se divertit. Vivre : la seule chose qui compte, drame, rêve, jeu ? On peut penser ce que l'on veut, ou, avec Pyrrhon, ou mâllon ! (pas plus ceci que cela). Il vaut la peine de se risquer à vivre, de miser sur la vie, de jouer sa vie.

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Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 22
EAN13 9782336365770
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Paul Khoury
LE JEU DE LA VIE Méditations
LE JEU DE LA VIE
© L'HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-05163-5 EAN : 9782343051635
Paul Khoury LE JEU DE LA VIEMéditations
Du même auteur Publications de langue française
ISLAMCHRISTIANISME 1 2 Jean Damascène et l’Islam. 1957-1958, 1994. 1 2 3 Paul d’Antioche, Traités théologiques.1994, 2013. 1964, 1 2 3 Islam et christianisme, Dialogue religieux et défi de la modernité. 1973, 1997, 2011. Matériaux pour servir à l’étude de la controverse théologique islamo-chrétienne de langue e e arabe du VIII au XII siècle. I-VIII. 1989, 1991, 1997, 1999, 1999, 2000, 2001, 2002. e e Textes des théologiens arabes chrétiens du VIII au XII s.:Le Verbe incarné, I-II.2000. MONDE ARABE La crise libanaise dans le processus de mutation socioculturelle de l’Orient arabe.1976. 1 2 Une Lecture de la pensée arabe actuelle, trois études.1998 ; 1981, Pensée arabe 3 contemporaine, Tradition et modernité, 2012. 1 2 Tradition et modernité, Thèmes et tendances de la pensée arabe actuelle.1998, 1983, 3 2013. Tradition et modernité, Matériaux pour servir à l’étude de la pensée arabe actuelle, I-III.1981, 1984, 1985. Monde arabe et mutation socioculturelle, Problématique de la sécularisation et de la révolution 1 2 3 culturelle.1999 ; 1984, Monde arabe, religion et sécularité, 2012. L’Islam critique de l’Occident, Islam et Sécularité, I-III.1994, 1995, 1996. 1 2 L’Islam et l’Occident, Islam et Sécularité.2012. 1998, Les islamistes et les autres.2004. PHILOSOPHIE La Religion et les hommes, Essais sur les dimensions anthropologiques de la religion.1984. Esquisse d’une philosophie de la culture. 1974, cours polycopié.dans Remanié Le problème de l’homme, 2006. La dimension de transcendance en l’homme.1975, cours polycopié.Remanié dansLe problème de l’homme, 2006. Notes pour l’étude de la Métaphysique. 1985, cours photocopié.1990. Abrégé, Remanié, 2006. Notes pour l’étude de la Philosophie morale.1992, cours photocopié.Remanié, 2006. 1 2 Le Fait et le Sens, Esquisse d’une Philosophie de la Déception.2007. 1996, 1 2 Aporétique, ou “ Que sçay-je ? ”.2012. 2005, Le problème de l’homme.2006. Le Jeu de la vie.(2011-2013), 2014. RECUEILS Pour un dialogue interreligieux et interculturel.2012. La religion en question.2012 Le Liban en question.2012. Le Monde arabe en question.2012. Études.2012. Projets.2012.
Mercredi 16 novembre 2011 CES MÉDITATIONS…… pourraient paraître décousues, du fait qu’elles portent sur des thèmes aux titres variés. Pourtant, un lecteur attentif verra se dérouler, à travers cette tapisserie, un fil conducteur. Fil qui tient liés les deux termes du titre : vie et jeu. Cela, pour dire à peu près que vivre,c’est jouer, et que jouer, c’est vivre. Autrement dit: que, fiers humains que nous sommes, nous voilà, à y réfléchir un peu attentivement, en quelque sorte, tels des jouets, dont la manipulation constitue ce qu’on appelle vivre. Reste en suspens la question de savoir s’il y a un joueur qui se divertit, ou s’il n’y a que le fait du choc des jouets jetés dans le même bac et, du fait de leur frottement, forcés, pour coexister, d’arrondir leurs contours, au point, éventuellement, de finir par s’user et disparaître.Un aveu ! Ces méditations, je les vois dans le prolongement des réflexions réunies sous les deux titres :Le Fait et le Sens, Esquisse d’une Philosophiela Déception de , etAporétique ou « Que sçay-je ? ». Dans le premier, je voyais tous les efforts,dépensés par l’être humainen vue de son accomplissement, voués à l’échec. L’homme, être inachevé: son Fait et son Sens ne coïncident pas. Sur ce fait de la déception, de l’insatisfaction, je posais ce qui meparaissait être une pseudo-question : Pourquoi en est-il ainsi ? À quoi je donnais une pseudo-réponse : Il en est ainsi. C’était me rendre à l’évidence qu’aucune des réponses, proposées comme telles, ne faisait pencher la balance de l’assentiment en sa faveur. Par quoi je me voyais dire, avec Pyrrhon :ou mâllon (οὐȝᾶȜȜοȞ, pas plus ceci que cela), ou avec Montaigne :Que sçay-je ?Pourtant, par un entraînement, ou un entêtement, quasi naturel, et comme tout un chacun, je me suis demandé s’il n’y avait pas quelque mot à dire en guise de réponse à la question : Pourquoi en est-il ainsi ? Et me voilà en route vers le jeu de la vie. Sans, pour autant, me reposer dans la certitude d’avoir vu que la vie n’était que jeu. Jeu, sans autre signification, ou justification, que lui-même. Jouer,c’est vivre. Et vivre,c’est engager son existence, et risquer, ou mettre en jeu, sa vie, par jeu.
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Et je vois que, partant de là, le jeu de la vie pouvait aussi bien être le jeu du tout de l’univers. En répétant, avec un grain d’ironie et de scepticisme, les mots de macrocosme et de microcosme, je voyais, disons comme par jeu, que l’infinie diversité des êtres pouvait bien se ramener à une sorte d’unité. Laquelle serait comme une partie immense de jeu sans fin, les pièces du jeu, ou les jouets, si l’on veut, partant en fumée et laissant la place à d’autres. Au bout, si bout on pouvait supposer, nul n’est gagnant, nul n’est perdant, chacun jouant sa partie et s’évanouissant dans les coulisses du néant ou du vide, où sa décomposition permet aux éléments dont il était formé de se recomposer en de nouvelles formes. Ce n’était que jeu! Jeu de la vie : la philosophie, les philosophies, elles aussi, ne seraient-elles que jeu, autant que le seraient le vivre et le parler. C’est peut-être là ce que j’ai essayé de dire dans mon livret Aporétique ou Que sçay-je ?se forme une sorte de trilogie Ainsi où j’exprime mes doutes, peut-être mes illusions, mon jeu de la vie comme tout un chacun le fait, exprimant son jeu de la vie. «Sous l’histoire, la mémoire et l’oubli.Sous la mémoire et l’oubli, la vie. Mais écrire la vie est une autre histoire. Inachèvement. » «Paul Ricœur» (Jean Grondin,Paul Ricœur, Que sais-je ? 3952, p. 8, 119)
VIEVIVRE Si l’on s’aventure à dire que la vie est ce qui permet de vivre,et qui se sédimente en vécus, on suppose gratuitement trop de choses dont l’existence est discutable, et on manque de dire ce qui se passe effectivement. La vie ne se constate point. On constate des êtres vivants, êtres qui vivent. Ce qui revient à dire que ce qui se constate,c’est l’acte de vivre, ou les actes posés par un être qui vit, ainsi que ce qu’il subit ou éprouve. Le vécu,ce n’est que tel ou tel acte de vivre effectué, ou ce qui est éprouvé effectivement, dans telle ou telle situation définie. Bref, on ne constate que le vivre tel qu’un être vivant l’accomplit ou l’éprouve dans les diverses situations auxquelles il s’adapte.Dire être vivant, ce n’est point poserêtre comme en soi cet avant qu’il ne se mette à vivre. C’est, plutôt, le désigner, ou le reconnaître, dans ce qu’il fait ou éprouve. Il n’est pas en soi, ni pour soi, ni en soi pour soiIl se réduit à l’ensemble successif de ce qu’il fait et de ce qu’il éprouve.Dire situationsc’est poser d’emblée cet être vivant en relation avec d’autres êtres vivants. Dire relation des êtres vivants entre eux, c’est rejeter d’emblée l’illusion d’un être en soi, d’un sujet existant d’abord en lui-même et prenant conscience de lui-même, puis se posant la question de savoir comment il entre en relation avec d’autres sujets. Contre cette illusion du subjectivisme, du solipsisme, du monadisme, l’expérience, vécue et pensée ou réfléchie, pose les sujets en relation, au sens où un sujet n’existe et ne se constate qu’en rapport avec d’autres sujets. On a fait de l’intersubjectivité un problème fondamental, du fait qu’arbitrairement on a posé des sujets existant chacun d’abord en soi et auto-conscient, puis se mettant à chercher comment il est possible qu’il entre en relation avec d’autres sujets eux aussi existant chacun en soi et auto-conscient. Mais une telle manière de voir fait cercle, et même cercle vicieux. Si un sujet existe pleinement en soi et est par définition auto-conscient, on se demande comment il lui vient de savoir qu’il existe d’autres sujets,
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alter ego, avec lesquels pour lui la relation ferait problème. Le sujet, posé comme être plein ou à s’accomplir dans son monde, ne peut pas supposer l’existence d’autres sujets que lui et, qui plus est, qui seraient aussi sujets que lui. Bref le subjectivisme de cette sorte se contredit, et son problème de l’intersubjectivité est insoluble parce que inexistant. Ce qui est donné d’emblée, c’est le fait de l’intersubjectivité. Une fois donnée, cette intersubjectivité se trouve reconnue par les subjectivistes conséquents, ou inconséquents, comme ce qui permet à chaque sujet de se reconnaître lui-même comme sujet. Au sens où le sujet ne se constitue comme sujet, et ne prend conscience de lui-même comme sujet, que dans la mesure où son image lui est renvoyée par les autres sujets. Dans la mesure aussi où la relation entre sujets délimite chacun et en fait un sujet. C’est ce qui a fait dire que l’on est —outre ce qu’on est, ce qu’on a été, ce qu’on sera, ce qu’on cherche à être, ce que l’on croit être —ce que les autres pensent ce que tel sujet est, et font qu’il soit ce qu’il est. Bref, le sujet se construit comme sujet grâce à la relation, ou aux relations diverses, qu’il entretient avec les autres.Les autres, on a accoutumé de les qualifier d’alterego. Si l’on entend par là qu’ils sont,non tant à l’image et ressemblance du sujet qui les pose comme autres, que plutôt à l’identique, c’est là un retour au solipsisme subjectiviste, pour qui les autres sont tels des duplicata du sujet qui les qualifie d’alterego. Mais si l’on insiste sur l’altérité, en entendant par l’egola similitude de condition ou d’état de sujet, alors la formule peut être recevable. Dans le même ordre d’idées, on entend dire que dans certaines conditions, pour comprendre l’autre, le sujet doit se mettre à sa place. C’est làproposer l’impossible. Etcela implique une contradiction: si l’autre est vraiment autre, je ne puis me mettre à sa place. Si je parvenais à me mettre à sa place, ou bien je perdrais mon égoïté, ou bien la place de l’autre serait ma place, et l’autre serait éliminé.Se mettre à la place de l’autre revient, ou bien à s’éliminer commeegoen devenant autre, ou à éliminer l’autre en me substituant à lui. Dans les deux cas, on ne voit pas que cela permette de comprendre l’autre. L’intention de ce conseilreste pourtant valable si l’on précise qu’il s’agit d’une fiction, soit d’une
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substitution qui ferait que l’ego tente de devenir presquel’autre, le 1 « presque »d’Umberto Eco. Si donc les sujets, disons plutôt les êtres humains, se construisent du fait des relations multiples et diverses qu’ils entretiennent entre eux, reste à savoir comment s’opère cette construction, quelles formes elle prend, dans quelles situations elle s’opère.Et d’abord, que faut-il entendre par le terme de construction appliqué à l’être humain. Construire consiste à donner forme à une matière préexistante. Ce qui suppose que ce qu’on appelle être humain, ou personne, n’est au départ qu’une sorte de pâte, se prêtant à être modelée, à prendre telle ou telle autre forme, ou telles autres formes selon les situations diverses où l’être est engagé et se voit en demeure de s’y adapter. Se construire, pour l’être humain, revient ainsi à s’adapter. Or les situations se trouvant définies par le type de relations entre êtres humains, chacun se voit mis en demeure de s’adapter, de prendre telle forme dans tel type de relation, et telle autre forme dans tel autre type de relations. On le voit, par exemple, dans le cas de l’enfant. Il se trouve mis en relation avec ses parents, et avec chacun de ses parents d’une manière différente ; mis en relation avec ses frères et sœurs; mis en relation avec ses maîtres d’école et professeurs, ainsi qu’avec ses camarades. Il est patent que cet enfant, considéré comme étant le même être, apparaît sous différentes formes suivant la différence des autres êtres avec lesquels la vie, sa vie, le met en relation. Il ne se comporte pas de la même manière avec son père, avec sa mère, avec tel ou tel de ses frères, avec telle ou telle de ses sœurs. De même son comportement diffère suivant la différence des personnes avec lesquelles il se trouve en relation : directeur de l’école, tel ou tel professeur, tel ou tel camarade.On peut supposer que la relation qui commande l’adaptation des êtres en relation entre eux se réduit à deux types : relation de force et de faiblesse, relation de sympathie et d’antipathie.On a accoutumé de distinguer nature et culture, pour distinguer les relations entre animaux sauvages à l’état de nature, et les relations entre humains formés par ce qu’on appelle la culture, que 1 Dire quasi la stessa cosa, Esperienze di traduzione, Bompiani, Milano, 2003 ; Dire presque la même chose, Expériences de traduction, traduit par Myriem Bouzaher, Grasset, Paris, 2006.
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